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 varioit  de  8  à  20  zer-mahboub. 
 On  conçoit  que,  les  esclaves  étant  le  principal  objet  des  importations  de  
 cette  caravane.il faut, pour le  transport de  l’eau et des autres provisions de bouche  
 nécessaires  à leur nourriture  pendant le voyage, un nombre de chameaux beaucoup  
 plus  considérable  que  celui  dont  elle  a  besoin  pour  son  retour. 
 Lors  de  son arrivée à  Syout, elle payoit au bey ou sangaq qui y  résidoit un  droit  
 de 4  zer-mahboub  par  tête  d’esclave,  et  de  2  rer-mahboub  4  par  tête  de  chameau  
 chargé  ou  non  chargé.  On  percevoit  au  vieux  Kaire  le  droit  d’une  pataque  et  
 demie  par  chameau. 
 Enfin,  à  son  entrée  au  Kaire,  elle  payoit  encore  à  la  douane  un  zer-mahboub  
 par  tête  d’esclave,  et 5  zer-mahboub pour  l’usage  ou  location  de  l'o'kel ou  marché  
 où  ils  étoient  exposés  en  vente. 
 E X P O R T A T I O N S . 
 Les  affaires  de  commerce  que  les  caravanes  de  Dârfour  traitent  en  Égypte,  
 les  obligent  ordinairement  d’y  prolonger  leur  séjour  pendant  six  ou  huit mois,  
 de  sorte  qu’il  n’est  pas  rare  d’en  voir  arriver  une  au  Kaire  avant  le  départ  de  
 celle  qui  l’a  précédée. 
 Ces  caravanes  achètent,  en  retour  des  différens objets de leurs  importations en  
 Egypte, soit des productions  de  ce  pays,  soit  des marchandises  d’Europe, &c. 
 .  Parmi  les  productions  de  l’Orient,  elles  achètent  des  étoffes  de'soie  et  de  
 coton  d’Egypte  et  de  Syrie, des  toiles  de  lin  et  de  coton  du Delta  et  de  Syout,  
 d’autres  étoffés  appelées  alâgâ,  des  mousselines  et  des  châles  blancs  de  l’Inde,  
 des  équipages  de  chevaux,  des  cottes  d’armes, du  café,  du  sucre,  un  peu  de riz,  
 et  quelquefois  un  petit  nombre  de  chevaux. 
 Parmi  les  marchandises  d’Europe  que  la  caravane  de Dârfour  se  procure  en  
 Égypte,  il  faut  placer  au  premier  rang  les  verroteries  de  Venise,  et  spécialement  
 celles  dont  les grains  sont  rouges, blancs  et noirs  ;  des  anneaux  de  verre  de  
 diverses  couleurs,  destinés  à  servir  de bracelets ; des  grains  d’ambre  et  de  corail,  
 une certaine espèce de grelots destinés aussi à servir de parure aux femmes, du drap,  
 du  velours,  des  rasoirs,  des  limes,  de  l’étain, du  plomb,  du  cuivre,  des fusils  et  
 pistolets, des  sabres  et  de  la poudre à  canon  ;  enfin  une  espèce  de coquillage  appelée  
 cauris [cuprea moneta] ,  qui sert de petite monnoie dans l’intérieur de l’Afrique. 
 On  conçoit  que  les  quantités  et  les  valeurs  des marchandises  qu’emportent  les  
 caravanes de Dârfour en s’en  retournant, varient  suivant les circonstances  :  il  faut  
 donc  considérer  les  détails  dans  lesquels  nous  allons  entrer  comme  les  résultats  
 moyens  de  plusieurs  années. 
 Les  pièces  d étoffe  de  soie  et  de  coton  appelées  qotny,  qui  sont  le  premier  
 objet  des  exportations  faites  par  la  caravane  de  Dârfour,  s’élevoient  au  nombre  
 de mille  environ.  Chacune  de  ces  pièces,  de  12 pyh  de  longueur,  coûte  de  10  
 à  1 y  pataquès. 
 Le  second  objet de ces exportations consiste en  vingt ou vingt-cinq mille pièces  
 de  toile de Mehallet el-Kebyr  :  chacune, de  18 pyh  de  longueur, coûte  1 3 5  parats. 
 Le  troisième  objet  provenant  des  manufactures  du  pays  consiste  en  cent  ou  
 deux  cents  pièces  de  l’étoffe  appelée  alâgâ;  le  prix  de  chaque  pièce  est  de  y  pataquès  
 :  on  doit  ajouter  à  cet  article  cinq  à  six  mille  pièces  de  toile  de  lin  de  
 Syout,  de  27 pyh  de  longueur  chacune,  et  du  prix  d’une  pataque  et demie. 
 Un  quatrième  article  se  compose  de  2000  qantâr  de  cliybeh,  ou  de  tiges  et  
 feuilles  d’absinthe  [ artemisia  juddica,  Linn.  ],  que  l’on  emploie  comme  médicament, 
  ou  comme  parfum  en  les  brûlant  avec  du  bois  d’aloès ;  le  prix  du  qantâr  
 de  chybeh  est  de  2  pataquès. 
 On  sait  que  les  Égyptiens  et  les  Arabes  posent  la  selle  de  leurs  chevaux  sur  
 une pièce  de  feutre  de  laine plus  ou moins  épaisse,  et pliée en  plusieurs doubles  ;  
 la  caravane  de Dârfour  emporte  environ  trois  cents de  ces  feutres,  dont  chacun  
 se  vend  90  médins. 
 Elle  emporte  aussi  cent  à  cent  cinquante  cottes  d’armes  du  prix  de  yo  zer-  
 mahboub.  Il  paroît  que  les  gens  de  guerre  de  cette  partie  de  l’Afrique  font  usage  
 aujourd’hui  de  cette  arme  défensive. 
 Quant  aux marchandises  de  l’Inde  et de l’A sie, celles  qu’on  exporte de  l’Égypte  
 par  la ‘caravane  de  Dârfour,  sont, 
 Mille  à  deux  mille  pièces  d’étoffe  de  soie,  chacune  de  6  à  8  pataquès  ; 
 Environ  huit  cents  pièces  de mousseline,  de  7  à  10  pataquès  la  pièce  ; 
 Deux mille  châles,  de  y  à  6  pataquès  l’un; 
 Cinquante  qantâr  de  café  d’Yémen,  chacun  de  100  rotl  et  du  prix  de  20  à  
 2 y  piastres ; 
 Enfin  cent  qantâr  de  sucre  d’Égypte. 
 La  caravane  n’emporte  de  riz  que  pour ses  besoins pendant  la  route. 
 Année  commune,  elle  emmène  cent  chameaux  chargés  de  verroteries  de  
 Venise;  la  charge  de  chameau  de  ces'verroteries  pèse  y  qantâr  de  io y   rotl:  le  
 prix  du  qantâr  est  de  12  zer-mahboub. 
 Elle  emmène  cinquante  chameaux  chargés  de  sembal  ou  splca  celtica [ valeriana  
 celtica,  Linn.]  ;  cette  plante  séchée  vient  de Trieste,  et  sert,  entre  autres  usages,  
 à  composer  avec  de  l’huile  un  onguent  cosmétique  :  la  charge  est  du  poids  de  
 2  qantâr  7  de  iy o   rotl l’un,  et  le  prix  du  qantâr,  de  30 ou  32  pataquès. 
 Elle  exporte  aussi  d’Égypte, en marchandises  d’Europe,  1.°  10  qantâr  de grains  
 d’ambre  ( le  poids  du  qantâr de  cette marchandise  est  de  100  rotl,  et  le  prix du  
 rotl, de  7  à 8 pataquès) ;  2 4  qantâr de grains de corail, dont  le rotl se vend de  1 y  à  
 20 zer-mahboub ;  3.° de cinq cents à mille mesures d’une espèce de petits grelots qui,  
 de  meme  que  les deux  articles  précédens,  sont  consacrés  à la  parure  des femmes  
 de  1 intérieur de  l’Afrique  ;  on  les  achète  communément  une  pataque  la mesure. 
 La  caravane  de  Dârfour  n’emporte  point  de  draps  en  pièce,  mais  environ  
 mille  béniches  toutes  faites  ;  il  entre  dans  ce  vêtement  4  à  y  pyh de  drap,  de  y  
 à  6  pataquès  le  pyh:  une  de  ces  béniches  revient  communément  à  30  pataquès.  
 Les  couleurs  les  plus  recherchées  sont  le  rose,  le  vert,  le  rouge,  le  jaune,  et  
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