Les mêmes fabricàns de toile de coton unie et de châles rayés fabriquent
aussi les étoffes grossières de laine brune dont l’usage est général dans les campagnes.
Le métier à tisser la laine est représenté sur la planche X IV , volume //,
Ê. M.
La laine est filée par les hommes et par les femmes pendant qu’ils gardent
les troupeaux, ou dans les momens de loisir qu’ils trouvent entre leurs occupations
habituelles. On voit un fileur de laine accroupi, pl. X V , vol. II , Ê. m .
Ils travaillent aussi en marchant.
La filature d’un rot/ de laine se paye de 8 à 10 parats.
Il entre de quatre à cinq rot/de ce fil de laine'dans une pièce dctoffe, qui
a seize pyk beledy de long, sur un pyk de largeur-; il faut quatre journées de
tisserand pour sa fabrication, qui revient ainsi à 2J ou 30 médins. Cette espèce
d’étoffe est, comme nous l’avons dit, spécialement employée pour le vêtement
des fellâh. Les châles de laine dont^ils forment leurs turbans, sont d’un brun
moins’ foncé ; chaque pièce, qui en contient deux, pèse environ cinq rotl du
Kaire; elle coûté de façon 35 médins, et se vend 180.
Outre ces étoffes de laine brune, on fait encore à Qené des châles à turban
, d’une laine blanchâtrfef'qui pour la filature ne reçoit d’autre préparation
qu’un simple arçonnage, après avoir été lavée.
Le rotl de cette laine filée se vend jo parats; il en faut un rotl et demi pour
faire un châle de 6 pyk de longueur ; le tissage de ce châle revient à 30 parats,
et son prix le plus ordinaire est de 120.
On fabrique aussi à Qené, comme à Girgeh et à Farchyout, des toiles de coton
et des châles d’un tissu beaucoup plus serré. Ceux-ci sont communément rayés
de rouge et de bleu. Les femmes s’en enveloppent de la tête aux pieds ; c’est
leur seul vêtement apparent. C ’est aussi une espèce de parure pour les cheykhs
de village un peu aisés; ils s’en couvrent les épaules et la poitrine.
Le coton que l’on met en oeuvre dans ces trois villes, vient de la Syrie et du
Delta. Celui que l’on recueille dans le pays n’est guère employé qu’à Esné, où
l’on fait cependant, comme nous l’avons déjà dit, les plus belles toiles de coton
de la haute Egypte.
La toile de lin commence à devenir d’un usage plus général à Syout et aux
environs; presque tous les habitansde ce c’anton en sont vêtus pendant l’été : cette
toile est préalablement teinte en bleu avec l’indigo, couleur presque exclusivement
employée pour la teintùre du lin et du coton.
Nous avons pu recueillir à Beny-Soueyf, pendant le séjour que nous y avons
fait à diverses reprises, des notions plus étendues sur la fabrication des toiles;
nous nous y sommes assurés que le tissage du lin y étoit presque entièrement
remplacé par celui du coton que l’on tire de la Syrie ou de la basse Egypte :
année commune, il en est importé dans cette ville et dans la province du
Fayoum, de six cents à mille qantâr du Kaire, chacun de cent vingt rotl.
Le prix de ce rotl de quatorze onces est de 28 à 30 parats; on paye 3 parats
seulement pour son arçonnage, et ro pour sa filature.
Dans une pièce de toile de coton, il entre environ déùx rotl de fil. La longueur
de chaque pièce est de dix-neuf pyk beledy ; sa largeur, de vingt-deux
doigts, c’est-à-dire, de 7-7d e pyk.
Un ouvrier fabrique cinq de ces pièces en huit jours; la façon de chacune
est payée 1 5 parats. On compte à Benÿ-Soueyf cinq à six cents ouvriers tisserands
et trente arçonneurs.
Les toiles de coton de Beny-Soueyf ne sont point envoyées au Kaire ni dans
la basse Egypte ; elles restent dans le pays pour l’usage des habitans et des tribus'
d’Arabes de l’Egypte moyenne : on est d’ailleurs obligé de faire venir du dehors
les étoffes de laine et les toiles de lin qui peuvent être nécessaires, le nombre
de métiers consacrés à la confection de ces derniers tissus se trouvant réduit
dans cette ville à huit ou dix au plus.
Si la province de Beny-Soueyf borne son industrie à l’emploi du coton dans la
fabrique des toiles, la province limitrophe dû Fayoum étend la sienne sur toutes
les substances propres au tissage: ainsi l’on trouve dans la ville de Médine, sa
capitale, un grand nombre d’ouvriers qui font des toiles de coton et de lin et
des étoffes de laine. •
Le coton qu’ils emploient vient du Kaire, par le Nil, jusqu'au village de
Bouch, ou jusqu’à la ville de Beny-Soueyf, d’où on le transporte par terre dans le
Fayoum.
On compte à Médine quatre-vingts ou cent métiers pour la toile de coton.
L’arçonnage, qui rend le coton propre à être filé, revient par rotl à 2 parats 7.
Après cette préparation, il est acheté par les fileuses, qui sont ordinairement des
femmes de fellâh:
Le fil de coton, suivant son degré de finesse et ses autres qualités, sert à la
confection de deux sortes de toiles que l’on distingue aussi par l’étendue des pièces
qu’ori en fabrique. Elles ont toutes vingt pyk beledy de longueur ; mais les pièces
de la qualité la plus estimée ont un pyk beledy de large : leur façon, qui exige
trois jours environ de travail, revient à 35 parats; leur prix dans le commerce
en détail’ est de 160. Les pièces de qualité inférieure n’ont de largeur que trois
quarts de pyk : on les fait en deux jo u rse lle s coûtent 1 y parats de façon, et se
vendent 100 parats seulement.
Le lin, que l’on cultive en assez grande quantité dans le Favoum, est mis en
oeuvre par un grand nombre de tisserands répandus dans les différens villages
de la province ; on en compte de cent à cent trente dans la seule ville de Médine.
On sépare le lin de l’étoupe, en le faisant passer, comme en Europe, entre les
dents d’un peigne de fer. Le lin peigné est mis en paquets, du prix chacun de
7 on 8 parats. Lorsqu’il est ainsi préparé, les fileuses viennent s’en approvisionner
dans les marchés de la ville ou des principaux villages.
On blanchit le fil qu’elles fournissent en le faisant bouillir dans une lessive
de natron et de chaux vive; on le lave ensuite dans l’eau froide, on le fait sécher
et on le livre aux tisserands.
Les toiles qu’ils en fabriquent sont de trois qualités, qui se vendent 90, 120,