Norden ( i ) n’en offre qu’une seule; et encore la copie en est tellement altérée,
quelle en devient méconnoissable et presque entièrement illisible.
Sonnini (2 ) , ancien officier et ingénieur de la marine Française, membre de
plusieurs sociétés savantes et littéraires, qui a aussi parcouru l’Égypte par ordre
du Gouvernement , s’est principalement occupé de l’histoire naturelle et de la
géographie de lÉgypte : il y a peu observé les antiquités, et n’a recueilli, pendant
son voyage, aucune inscription.
Savary (2), malgré son enthousiasme pour la langue et la littérature des Arabes (4) >
et M. de Volney (5), dont l’ouvrage est si estimable à tous égards, n’ont rapporté
d Égypte aucune inscription : ils semblent s’être bornés, le premier, à la description
topographique du pays, qu’il a embellie de tous les charmes de son imagination
ardente et romanesque, et le second, à des considérations profondes sur
les moeurs, l’histoire et l’état politique de cette contrée.
Postérieurement encore a ces deux célèbres voyageurs , et même en partie à
notre expédition en Égypte, Browne (6) etHornemann (7) ont visité trop rapidement
cette contrée pour y rien recueillir sur les inscriptions qu’elle présente,
et elle n’a été pour eux qu’un lieu de passage, qui n’avoit, à leurs yeux, d’autre
intérêt que celui de les conduire à un but plus éloigné.
Cependant les inscriptions des Arabes dévoient paroître d’autant plus importantes
a tous ces voyageurs, qu’ils n’ignoroient pas que les peuples chez lesquels le
culte Musulman est établi, n’ornant pas, comme les autres nations, leurs temples
et leurs palais de tableaux , de bas-reliefs et de statues, puisque leur religion leur
(1) Voyage d’Egypte et de Nubie, par Frederic-Louis tances, vient d'être terminée à l’Imprimerie impériale
Norden ; nouvelle édition, soigneusement conférée sur sous le double titre suivant :
I originale, avec des notes et des additions tirées des au- Grammaire de la langue Arabe vulgaire et littérale,
teurs anciens et modernes et des géographes Arabes, par ouvrage posthume de M . Savary j traducteur du Coran,
L. Langlès, auteurdel Alphabet Tartare-Mantchou,&c. augmenté de quelques contes Arabes par l'éditeur. Paris,
Paris, ryyy et rypS. 5 de l’Imprimerie impériale, iS ç j.
(a) Voyage dans la haute et basse Égypte, fait par Grammatica linguoe Arabica vulgaris neenon litteralis,
ordre de l’ancien Gouvernement, et contenant des obser- dialogps complectens ; auctore D . Savary. Opusposthumum
varions de tous genres, par C . S. Sonnini; avec une col- aliquot narratiunculis Arabicis auxit éditer. Parisiis, è
lection de quarante planches, contenant des portraits, Typographia imperiali, 1813.
vues, plans , -carte géographique, antiquités, plantes, (5) Voyage en Syrie et en Égypte pendant les années
animaux, &c. Parts, an YlJ. 1783, 1784 et 1787, avec deux cartes géographiques, et
(3) Lettres sur 1 Egypte, ou lonoffrele parallèle des deux planches gravées, représentant lesruines du temple du
meeurs anciennes et modernes de ses habitans; où l’on Soleil à Balbek, et celles de la ville de Palmyre dans le
décrit l’état, le commerce, l’agriculture, le gouverne- désert de Syrie;’ par M . C-F. Volney. Paris, ,7 S7 tt t79o.
ment,-l’ancienne religion du pays, et la descente de (6) Nouveau Voyage dans la haute et basse Égypte,
S. Louis a Damtette, tirée de Joinville et des auteurs la Syrie, le Dar-four, où aucun Européen n’avoit pé-
Arabes; avec des cartes géographiques; par M. Savary. nétré; fait depuis les années 1792 jusqu'en 1798, par
Partsj sy86. AV. G. Browne; contenant des détails curieux sur di-
(4) Savary est aussi auteur d’une traduction élégante verses contrées de l’intérieur de l’Afrique, &c. ; traduit
du Qorân, qui a paru sous le litre suivant: de l’anglais, sur la deuxième édition, par J. Castera.
Le Coran traduit de l'arabe, accompagné de notes et Paris 1800.
précédé d'un abrégé de la vie de Mahomet tiré des éeri- (7) Voyage de F. Hornemann dans l’Afrique septen.
vatns Orientaux Us plus estimés. Paris, .783. trionale, depuis le Caire jusqu’à Mourtouk, capitale du
Un troisième ouvrage dont on lui est redevable, est royaume de Fezzan ; suivi d’éclaircissemens sur la géoune
Grammaire de la langue Arabe expliquée en français graphie de l’Afrique, par M. Renne» ; traduit de l’an-
eten latin, à 1 édition de laquelle M. Langlès a bien voulu glais, et augmenté de notes et d'un mémoire sur les Oasis,
donner sessoins, et dont l’impression, commencée depuis composé principalement d’après les auteurs Arabes, par
près de douze ans, et interrompue par différentes circons- L. Langlès. Paris, i 8o j.
défend de faire, soit en peinture, soit en sculpture, des représentations dé figures
humaines et d’animaux, n’ont eu, pour décorer les édifices qu’ils construisbient
d’autre moyen que leurs inscriptions, qui réunissoient d ailleurs le double avantage
de l’ornement architectural, par l’élégance et la richesse variées des lettres qui
les composent, et de l’utilité historique, par la détermination des dates et dés
époques que ce genre d’embellissement leur permettoit d’y constater d’une manière
certaine et précisé : aussi se sont-ils plu à multiplier de toutes parts dans leurs, mo-
numens les inscriptions en diverses espèces de caractères, et à développer dans
ce genre d écriture toute la magnificence des formes et le luxe des variantes dont
leur calligraphie étoit susceptible.
V Combien donÇ a dû Être vive la satisfaction que j’ai éprouvée, lorsqu’appelé
a faire partie de 1 expédition mémorable d’Égypte par le Héros dès-lors si univeb
tellement illustre, et a qui l’Empire Français se félicite aujourd’hui de devoir le
cours glorieux de scs nouvelles destinées, je me trouvai, au gré de mes plus chèrs
désirs, transporté au milieu des palais jadis si splendides des Saladin (t) et des
Nouradm (2 ) , noms célèbres même parmi nos peuples Occidentaux, et qui
avoient toujours inspiré un si vif enthousiasme à ma jeune imagination nourrie
de leurs histoires! Et dans cette circonstance aussi favorable qu’inespérée tout
me promettoit une riche moisson en antiquités Orientales, et principalement en
(1) C ’est ainsi que les historiens des croisades écrivent
le nom de ce prince, qu’ils nous ont fait connoître d’une
manière si remarquable. Son nom entier est el-Melek el-
Nâser Salâh ed-dounyâ ou-ed-dyn Gelyl ben Ayoub
U* (M * U-WI -A_jjf ciLUf
Ce prince étoit Kurde d’origine, et vint, avec son frère
Asad ed-dyn Chyrboueh 0-.I, se mettre au
service de Nour-ed-dyn, dont il sera question dans la note
suivante, et qui étoit souverain de la pins grande partie
de la Syrie et de la Mésopotamie. Les deux frères ac-
quirentbientôt une grande réputation militaire;« le kha-
Iyfe d’Egypte ayant demandé des secours à Nour-ed-dyn
contre les Francs, ce prince ne cnit pas pouvoir mieux
faire que de donner aux deux capitaines Kurdes le commandement
des forces qu’il envoyoit en Égypte. Saladin,
après avoir, au nom de son maître, dépouillé lekha-
Iyfede son royaume, s’en emparapour son propre compte,
et y devint ainsi le fondateur de la dynastie des Ayou-
bites, qui occupa le trône pendant environ quatre-vingts
ans, et qui offre une succession de huit souverains,
baladin mourut à l’âge de cinqnante-sept ans, l’an 580
de hegire [1,93 de l’ère Chrétienne], dans le château
de la ville de Damas.
L histoire de Saladin a été écrite par le qâdy Bohî-
S B i P P i S 1 * ^ 4 Gel ouvrage a
ete publie a Leyde, avec une traduction Latine, d’après
divers manuscrits de la bibliothèque de cette ville, par
Albert Schultens, qui y a joint différons extraits des ouvrages
iAbou-l-fedâ U I I „ l e t d 'O'midedeéyn Isfahdny
uHoJt bLp sur la vie de ce prince.
Cette édition porte le titre suivant:
«LU iA—(Ut UÜJ_J| Sgj!
► L
Vita et res gesta Sultani Almalichi Alnasiri, Salas
dim, abi Modajfiri Josephif. Jobif. Sjadsi, aùctorc Bo-
hadino f . Sjeddadi, neenon Excerpta ex Historia unis
versait Abulfedx, itemque Specimen ex Historia majore
Saladini, grandiose cothumo conscrìpta ab Amadoddino
Ispahanensi: ex Mss. Arabicis academiæ Lugduno-Ba-
tava■, edidit ac latini vestii Albertus Schultens. Lugduni
Batavorum, 1732.
(2) Ce prince, que l’histoire des croisades a également
rendu célèbre parmi nous, se nommoit Nour-ed-dyn
Mahmoud otîoJÎ j j : il prit lé surnom à’el-Melik
el-A'âdel Ji l-----*J| (À----Ul. Il étoit fils d'O'mâd eddyn
Zenhy jL - J j sL j= , et il fht le second
prince de la dynastie des Atâbeks [Athâek csLLfl ] de
Syrie. II naquit l’an 511 de l’hégire, qui répond à l’an
I I 17 de l’ère Chrétienne, et succéda à son père dans
ses états de Syrie et d’Arabie, l’an de l’hégire 544 [ 1,49
de l’ère Chrétienne].
Maître déjà des villes d’AIep [Haleb uxU ] et d'Émesse
[Hems t y - f ] , il s’empara de la ville de Damas, et de-
vint si puissant, que, comme nous l’avons vu dans la
note précédente, le dernier khalyfe Fatémite d’Égypte,
el-A'âded le-dyn illah *»f o-*UI, fut obligé d’implorer
son assistance contre les Francs. Nour-ed-dyn envoya
à son secours Saladin avec une armée considérable,
avec laquelle, quelque temps après, il dépouilla ce même
khalyfe et se rendit maître de l’Égypte. S’étant brouillé
ensuite avec son général, il entra lui-même en Égypte
à la tête d’une puissante armée, prit d’assaut le Kaire,
et contraignit Saladin à prendre la filite. Il retourna
peu de temps après en Syrie, et mourut d’une esqui-
nancie dans le château de Damas, l'an de l’hégire 569
[1173 de l’ère Chrétienne].