
des centimes additionnels , ou des impositions diverses , les gouverneurs de
l’Egypte nous paroissent avoir eu un intérêt particulier à ne pas surhausser |a
valeur de la pataque dans la perception des impôts.
Le myry ( i) , impôt territorial établi par Selym (2), ou plutôt par son suc-
cesseur Solymân I." (3), pour être versé au trésor des sultans de Constantinople
étant perçu en pataquès monnoie de compte, dont la valeur restoit la même
on ne payoit au sultan, pour le myry, que la même quantité de médins qu’an,
ciennement ; et tous les prélèvemens additionnels établis par les mamlouks ou I
les gouverneurs, et même par les moultezim, tournoient à leur profit.
Les fortes sommes s’évaluent en bourses ou sacs (4 ) de 25 000 médins. A I
Constantinople, le sac n’est que de 20 000 paras.
CHA P IT R E II.
Forme et Module.
§. I ."
Forme.
L es Arabes, avant l’islamisme, si l’on en croit Maqiyzy, ne se servoient que de I
morceaux d'or et d’argent informes, dont les divisions coïncidoient avec les poids!
et en portoient les noms. Quelques peuples ont eu des monnoies carrées. On I
fabrique encore ou l’on fabriquoit, il y a peu d’années, en Barbarie, des piècesI
d’argent ovales (5), ou de la forme d’un parallélogramme dont les côtés sont!
légèrement convexes (6) : mais l’usage général a toujours été d’arrondir les mon-|
noies, parce que cette forme est la plus commode et la moins sujette à s’altérer!
par le frottement.
Uémyr des fidèles A 'bd-Allah ben-el-Zobeyr (7), qui se fit déclarer klialyfe à lai
Mekke, l’an 64 de l’hégire [683 de notre ère], fut le premier qui fit arrondir ;
les monnoies d’argent ; celles qu’on avoit fabriquées jusqu’à lui étoient aplaties et I
grossièrement exécutées : mais il est probable que la forme ronde qu’on leur donna I
ne fut pas encore bien parfaite, qu’on aplatissoit le métal au marteau, qu’on le frap-1
poit au poinçon, et qu’on ne connoissoit point le laminoir, le coupoir et le balancier. I
T e l étoit l’usage suivi anciennement chez les Grecs et les Romains, et depuis!
en Europe. En France, ce ne fut que sous Henri II que le lamin'oir fut adopté, I
(0 cijJI
(2) Voye^ le Mémoire de Michel-Ange Lancret,
cité ci-dessus, pag. 343, note 4*
(3) Voye^ ibid.
(4) En a r a b e s a c . On appellesourrai[o
bourse, le présent ou tribut envoyé à la Mekke. Voye^ la
Chrestomathie Arabe de M. de Sacy, tom. 111, pag.yo8
et $62.
(5) Nous avons une de ces pièces ovales, avec un
cordon sur la tranche, pesant 27tnmma,^ o , laquelle paroît
d’un bon aloi, et porte d'un côté : « Frappé à Rabat tl• 1
Fetah,\_^j&.Jl et de l’autre, entrois lignes, Ahed, I
ahed, upi [o^-l 1191 ] ; c’est-à-dire seul, unique, 1
1191 [de l’hégire, 1777 de notre ère]. Les chiffres sont de
forme européenne et non arabe. Voyez pag. 437, alin. 4-
(6) L’autre pièce n’a point de cordon et paroft coulée; I
elle est semblable du reste à la précédente pour les j
légendes, excepté que le millésime est x 188 [ 1774 ^ 1
notre ère ] ; elle pèse 28*"""“, 180.
(?)
et I
et ce ne fut que sur la fin du règne de Louis XIII que le coupoir avec lé
balancier fut appliqué à la fabrication des monnoies (i).
El-Maiek el-Kâmel, qui démonétisa, comme nous l’avons rapporté ( z ) , les
espèces qui circuloient en Egypte, fit fabriquer en 622 [ 1 225 de notre ère] des
iirhem ronds.
Nous ignorons à quelle époque le découpoir aura été adopté en Egypte. Il ne
seroit pas impossible qu’il l’eût été antérieurement au temps où l’on commença
à en faire usage en Europe; car on sait que, lorsque les arts et les sciences floris-
soient chez les Arabes, l’Europe étoit encore presque dans la barbarie.
Aujourd’hui même on ne taille p o in t en Egypte les pièces d ’o r au découpoir.
Il résulte du procédé qu’on emploie pour les arrondir et de l’habitude de les
frapper à coin libre (3), que le diamètre des diverses pièces n’est jamais rigoureusement
le même; que rarement elles sont parfaitement circulaires et d’une égale
épaisseur; qu’elles sont quelquefois fendues sur le bord; qu’une des deux empreintes
ne marque pas entièrement, si la pièce est trop petite, si l’ouvrier la
pose mal sous le balancier, ou si les coins sont mal ajustés. Enfin il arrive assez
souvent qu’une partie do la légende ou le millésime manque, ou que l’on a
bien de la peine à les d'échiffier.
Les pièces d’argent, ou ghroucli, fabriquées sous A ’Ly-bty et pendant le séjour
des Français en Egypte (4 ), étant taillées au découpoir, sont, ainsi que les médins,
d’un diamètre plus uniforme, et mieux arrondies, excepté celles qui se déforment,
étant frappées à coin libre; telle est la pièce d’A ’ly-bey gravée sous le n.° 18, et
quelques-uns des médins, n.°! 20 et 21 ( y ). Ce qui contribuoit sur-tout à rendre les
pièces de 4 ° et de 20 médins moins exactement rondes, c’est qu’on avoit la mauvaise
coutume, pour les ajuster, de les limer sur la tranche, au lieu de les limer sur
face, comme en France, ou, mieux encore, d’enlever, suivant le procédé adopté
à Paris et dans quelques autres monnoies, une légère couche de l’une ou l’autre
surface, au moyen du fer à rabot de la machine à ajuster.
Les monnoies de cuivre sont, en général, celles qui présentent le plus d’irrégularité
dans leur forme et d’imperfection dans l’exécution ; soit qu’on crût devoir
attacher moins de prix à leur bonne fabrication, à cause de leur moindre valeur;
soit que les ouvriers y eussent mis beaucoup d’impéritie ou de précipitation,
lorsqu’on en frappa de grandes quantités dans les temps les plus malheureux et
où les monnoies devoient être le plus mal administrées.
(1) Voyez le mémoire intitulé Considérations générales (2) Voyez p. 334» alin. 3 , et pag. 330, alin. 2 et not.4.
sur les Monnoies, par M. Mongez, lu à la 2.c classe de (3) Voye% pag. 379, dern. alin.'
l’Institut, le 17 germinal an 4 [6 avril 1796], publié, la (4) Voyeçp. 333, alin. i.cr et 6. Voye^ aussi p. 427 »
meme année,chez Agasse, libraire, rue desPoitevins. Cet alin. dern.
excellent ouvrage est un de ceux qui ont le plus contribué (5) Voyeç la planche ci-jointe. Ces pièces ont été prises
a mettre à la portée de tout le monde des notions aussi au hasard parmi celles qui ont quelque irrégularité, et le
claires qu’exactes sur l’art monétaire, dont on avoit fait graveur a peut-être un peu exagéré les défauts qu’elles
long-temps une espèce de science occulte, qui avoit une présentoient. .
langue particulière, barbare et presque inintelligible.
É. M . TO M E I I . X