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trois à quatre mètres, près d’un okel ou caravansérail que les Français désignèrent
sous le nom de la Maison carrée.
4 . ° B o h e y r e h B o r o l l o s . ^ L î c Bourlos.
L e lac Bourlos occupe la plus grande partie de la côte maritime comprise
entre les branches de Rosette et de Damiette. Ce lac, dont la plus grande largeur
est de trente-cinq mille mètres [dix-sept mille neuf cent cinquante-sept
toises ], doit son nom à un cap bas et sablonneux, anciennement connu sous le
nom de Bronllo et de Parallou chez les Qobtes. Il semble que là mer envahisse
progressivement cette côte ; car on trouve aujourd huf sous les eaux les ruines
d’une mosquée et d’un village.
La profondeur des eaux du lac Bourlos n’est en général que d’un mètre : aussi y
navigue-t-on difficilement. Il reçoit divers canaux dérivés du Nil : le plus considérable
est le canal de Tabanyeh, qui part de Semennoud dans la branche de Damiette.
Le boghâz de Bourlos, dans sa largeur variable de deux cents a deux cent cinquante
mètres, offre trois à cinq mètres de profondeur, suivant l’état du fleuve.
5.0 B o h e y r e h M e n z a l e h . L ac Menzaleh.
L e lac Menzaleh s’étend depuis Damiette jusqu’au-delà du château de Tynch,
près et au nord des ruines de Péluse (1). Il est séparé de la mer par un banc de
sable de peu de largeur, coupé par diverses bouches a la mer, dont les. deux plus
considérables sont celles de Dybeh et d’Omm-fareg.
Ce lac doit son nom au village de Menzaleh, chef-lieu d un canton situe a
l’ouest d’une langue de terre qui forme au sud le débouché du canal d Achmoun.
Les eaux du Menzaleh s’étendent de Tyneh, par le qdntarah ou pont situe sur la
route de Sâlehyeh à Qatyeh, jusqu’à quarante-cinq mille mètres environ dans le
sud, vers le centre de l'isthme ; elles y forment des lagunes impraticables, auxquelles
les Arabes donnent le nom de Birket el-Balah [étang des Dattes]. Couvertes de végétation
et d’arbrisseaux de nature saline, ces lagunes, qui existoient anciennement,
suivant Strabon, se terminent, au sud-est, en un lieu que les Arabes désignent sous
le nom de Ras el-Moyeh [tête des eaux] : on trouve aux environs quelques hauteurs
de décombres d’anciennes habitations, et assez près, a 1 est, les puits d Abou-l-RoA,
qui donnent des eaux douces ou légèrement saumatres. Ces lieux sont fréquentés
par les Arabes qui cherchent à cacher leur marche d’Égypte en Syrie.
6 .° S e b  k h a h B a r d o u a l . Lac Sirbonis.
L e lac Sirbonis, d’après Hérodote, Diodore et Strabon, commençoit au mont
Casius, situé à l’est de Péluse, et longeoit la côte maritime sur plus de deux cents
(1) Mémoire sur le lac Menzaleh, par M. le général d’artillerie Andréossy, Ê. M . rom. pag. 261 a 27I. stades
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stades [dix-neuf mille toises] de longueur et cinquante stades [quatre mille sept
cent cinquante toises] dans sa plus grande largeur (i).
Les descriptions que nous ont laissées de ce lac Diodore de Sicile et Strabon, sont
encore conformes à son état actuel. Diodore nous dit que « des corps d’armée
» y ont péri, faute de connoître ces marais profonds que les vents recouvrent
» de sables qiii en cachent les abîmes. Le sable vaseux, ajoute-t-il, ne cède d’abord
» que peu a peu sous les pieds, comme pour séduire les voyageurs, qui continuent
a d’avancer jusqu à ce que, s’apercevant de leur erreur, les secours qu’ils tâchen t
» de se donner les uns aux autres, ne peuvent plus les sauver. Tous les efforts qu’ils
» font ne servent qua attirer le sable des parties voisines, qui achève d’engloutir
» ces malheureux voyageurs. C ’est pour cela qu’on a donné à cette plaine fangeuse
» le nom de baratlirum, qui veut dire abîme. »
Strabon dit que « toute la région de Gaza jusqu’au lac Sirbonis, et même du
» mont Casius qui le termine à l’ouest, jusqu’à Péluse, est d’une nature entièrement
» sablonneuse, stérile et dépourvue d’eau douce. Le sol, qui en est naturellement bas
» et profond, est marécageux comme celui de la Phénicie. Vers le milieu étoit une
» bouche qui s’est comblée; du mont Casius part le chemin qui conduit à Péluse.
» On trouve dans ces parages le retranchement de Chabria, et ces abîmes qui, situés
» aux environs de Péluse, sont formés par les débordemens du Nil dans des lieux
» naturellement bas et marécageux. »
Le même géographe, livre i.er, dit en parlant de ces parages : « L ’Egypte
» a dû être anciennement couverte par la mer jusqu’aux marais voisins de Péluse,
» du mont Casius et du mont Sirbonide ; car, encore aujourd’hui, quand on creuse
» en Egypte les mines de sel, on rencontre des bancs de sable et de coquillages
» fossiles, comme si jadis la mer eût occupé ce pays, et que tous les environs du
» Casius et du lieu nommé les Gerrhes eussent été des bas-fonds qui touchoient au
» golfe de la mer Erythrée. En se retirant, la mer aura découvert ce terrain ; mais les
» eaux seront restées dans le lac Sirbonide, qui, ensuite, par l’effet d’un autre écoule-
» ment, sera devenu un marais. Durant mon séjour à Alexandrie, ajoute le même
» auteur, la mer s’éleva si haut entre Péluse et le mont Casius, qu’elle inonda toute
»laplaine qui environne cette montagne, dont elle fit une île, et que le chemin
» qui conduit en Phénicie pouvoit se faire en bateau. Il ne faudroit donc pas
» s’étonner si jamais, l’isthme qui sépare la mer Égyptienne de la mer Erythrée, se
» rompant ou s’affaissant, ces deux mers venoient à se joindre par un détroit sem-
» blable à celui des Colonnes. »
Le lac Sirbonis porte aujourd’hui le nom de Scbâkhah Bardoual, du nom de Baudouin,
roi de Jérusalem, qui, en i 177, après l’expédition par laquelle il se rendit
maître de Farâmah, mourut à el-A’rych, en retournant en Syrie. II occupe principalement
tout l’espace compris entre le cap Straky et le cap Kas, qui est de sept
a huit heures de marche, en suivant les bords sablonneux de la mer; sa largeur
est limitée au sud par la route de Qatyeh à e l-A ’rych, qui est de dix à onze mille
(1) Hérodote, Hist. liv. n , 6; Diodore, Biblioth. et x v n , et la traduction Française de cet auteur, Paris,
Mit. liv. i.er, sect. I, §. 17; Strabon, Céogr, liv. I , XVI 1805 et années suiv.
É. M. T O M E I ï . § §É