
Sur les fondouldis et les sequins du plus grand module, ou sur les .pièces,
detrennes (i), autour de ce grenetis, on remarque une portion circulaire de la
surface de la pièce (ou un anneau), qui est unie et sans ornement, comme
on peut le voir pour les pièces que nous avons fait graver sous les n.°‘ i , y e t
12 (2) : cela tient à ce que ces pièces, quoique d’une surface beaucoup plus grande
que les fondouklis ou sequins ordinaires, étoient néanmoins frappées avec.les
jnêmes coins,!qui marquoient au centre de la pièce et laissoient le reste uni
et sariS empreinte.
Celles des pièces qui étoient fabriquées avec le plus de luxe, et principalement
les grands fondouklis de Constantinople, étoient frappés avec des coins gravés
exprès, aussi grands que la pièce et ornés de deux grenetis., entre lesquels le champ
delà pièce restoit uni (3), ou étoit décoré de divers entrelacs, fleurons ou
rinceaux (4 ), comme on peut le voir sur les monnoies de Turquie publiées par
M. Bonneville.
Mahmoud, fils de Moustafa, que l’on désigne vulgairement par le nom de
Mahomet V, avènement de 1 > 73°]» e?t un des sultans de Constantinople
qui ont mis le plus de soin et de luxe dans la fabrication des monnoies. On
peut s’en assurer par les fondouklis de grand module publiés par M. Bonne-
ville, sous les n.°! 6,,et 7 (-y). Nous en avons rapporté d’Egypte un de cette
espèce qui est d’un titre élevé et très-bien exécuté..
Ce n’est pas seulement pour l’ornement ou l’élégance des pièces de monnoie,
qu’on a adopté généralement en Europe l’usage de faire graver sur la tranche
divers dessins et diverses légendes : le but a été d’empêcher l’altération des
monnoies, dont on ne pourroit diminuer le poids en en diminuant le diamètre,
sans qu’on s’en aperçût à la simple vue, par l’altération ou la suppression de ces
omemens ou de ces légendes.
Lorsque les monnoies étoient sans empreinte sur la tranche, rien n’étoit plus
facile que d’en enlever une portion, sans qu’elles parussent altérées, les pièces
netant pas parfaitement circulaires et leur diamètre variant.
Lorsque la tranche n’est marquée que d’une légère ciselure, il est trop facile
de la contrefaire. Les lettres ou légendes sont infiniment plus difficiles à
imiter.
Anciennement, les lettres sur tranche de nos monnoies étoient saillantes et
s’effaçoient promptement par le frottement ou le frai ; aujourd’hui elles sont
empreintes en creux. Cette précaution , jointe à ce que nos pièces d’or et d’argent,
frappées en virole (6), sont exactement du même diamètre, rend impossible
la moindre diminution de ce diamètre, sans qu’on s’en aperçoive au premier
(1) Voye^ pag. 337, ali 11. dern.
(2) Voyez la planche jointe à ce Mémoire,
(î) Voyez l’ouvrage de M. Bonneville, planche i.re
des monnoies d’or dfe Turquie, la pièce n.° 4» pi- ->
les pièces n.°* 10, 11 et 15 ; et planche 3, les pièces 20
« 2i.
É . M . T O M E II.
(4) V o y e z , o u v ra g e d e M . B o n n e v ille , plan che i . re,
les fon d ou k lis d e gran d m o d u le , n.os 6 e t 7.
(5) Planche i.re des monnoies d’or de Turquie.
(6) La virole est une plaque d’acier, ..percée, au milieu,
d’un trou circulaire dans lequel se place la pièce
de* monnoie pour recevoir le coup de balancier.
1 b b I
3 7 8 M É M O I R E
nous en avons parlé à l’article des noms du prince , page 356 (1). Nous ferons
seulement remarquer, ici qu’au lieu de ce chiffre la pièce de cuivre frappée
sous Mahmoud, avéïiement de 1 ■ 4-3 [ ' 73° de notre ère], et que nous avons i
fait graver sous le n.° 25 , offre une rosace ou entrelacs qui occupe toute la
surface de la pièce.
Les fleurons sont placés, sur l’aire A , dans les espaces vides que laisse le
chiffre du sultan. Sur faire B des fondouklis, on en remarque souvent un vers I
le haut d e ja pièce, au-dessus du b du mot drob (2), et il y remplace le chiffre
indicatif de l’année du règne ou de l’année de la fabrication, comme sur les I
pièces n.°s 1, 2 , 3 ,4 , 6 et 7 (3). Enfin on en voit de distribués, en plus ou I
moins grand nombre, selon le goût du graveur, au-dessus et entre les lignes
de l’écriture : le sequin gravé dans l’ouvrage de M. Bonneville sous le n." 1 I
planche i.re des monnoies d’or de Turquie, en offre une grande quantité (/(). I
La forme de ces fleurons varie. Les deux plus remarquables et qui se pré-1
sententle plus souvent, sont, i.° celui dont la pièce que nous avons fait graver sous I
le n.° 19, offre un exemple, aire A ; 2.° celui qu’on voit sur faire B de la pièce I
n,° 7 (5). On a cru y distinguer les lettres entrelacées ou une abréviation, pour!
le premier fleuron, du mot Allah (6), et, pour le second, du nom de Mahomet (7); I
mais il nous pâroît plus vraisemblable qu’on a cherché dans de simple? orne-|
mens de fantaisie un sens auquel ceux qui les ont inventés n’ont probablementI
jamais songé.
Il seroit peut-être plus naturel de voir dans . le premier de ces fleurons lei
commencement du symbole lâ ilahaM8), &c. La forme qu’on lui a donnée suri
la pièce gravée dans l’ouvrage de M. Bonneville sous le n.° 4 , semble offrir enl
effet assez distinctement deux lâm-alef (9), dont un retourné.
Les pièces d’o r, d’argent, et même de cuivre, portent, de chaque côté, enl
relief, sur les bords, un grenetis composé, soit de points ronds plus ou moinsI
larges que les Arabes comparent à un collier de perles (10), soit de points alongésl
ou grains d’orge (11), soit enfin de petits noeuds ou fleurons (1-2). Une ligne!
circulaire pleine (13) ou ponctuée ( 14) sépare le grenetis de la légende.
(1) Alin. 5.
(2) Voyez pag. 362, alin. dern. et not. 13; pag. 369,
alin. i.er
(3) Voyez la planche jointe à ce Mémoire. Le fleuron
que portent les trois pièces n.°* 1 , 2 et 4 » est Ie même
que celui des deux pièces n.°* 6 et 7 , excepté que, sur,
les trois premières , il est surmonté d’un autre petit
fleuron, dont la pièce n.° 7, aire A , offre trois
1 xemples.
(4) On peut voir aussi la piastre sous le n.° 6, ouvrage
de M. Bonneville, planche 4» monnoies d’argent
de Turquie.
(5) Voyez la planche jointe à ce Mémoire.
(6) auI , Dieu.
(7) Mahamed [ ]. — L’usage de faire un ornement
de lettres entrelacées aurait quelque rapport avec celui
qui est commun en France, d’indiquer le nom de Jésus
par -jtj-, celui de Marie par ]$[, et celui de Louis (comme
cela s’est pratiqué sur plusieurs monnoies) par deux L
croisés,
(8) *Jl V. Voyez pag. 353, not. 8, et 354» not* T 1
(9) W . Voytz pag. 361 , not. 11,
û (10) Voyez les monnoies gravées sous les n.°‘ 5,8,
'9, 1 2 ,1 6 , 1 7 / 1 9 ,2 2 « 26, planche jointe à ce Me-1
moire.
(11) Voyez la pièce n.° 18, planche jointe à ce Me- f
moire.
( 12) Voyez les piëçes n.°* 1, 2 , 3., 4 » 6 et 7, planche!
jointe à ce Mémoire.
(13) Voyez les pièces n.°* 3 ,5 , 8, 9, M , 12, 14 et 1
suiv. planche jointe à ce Mémoire.
Cette ligne circulaire est presque le seul ornement I
qu’on remarque sur les pièces les plus anciennes.
(1.4) Voyez^cs pièces n.°‘ 1 , 2 ,. 4 ,6 et 7 , planche jointe!
à ce Mémoire.