qu’il coûte moins ; parce que l’alliage qui en résulte est plus solide et susceptible
de prendre un plus beau poli; parce que la couleur rouge que le cuivre donne
à l’or est plus vive et plus flatteuse à l’oe il, que le jaune pâle et verdâtre que
lui fait contracter l’argent. Néanmoins telle est la force de l’habitude, que les
gens du pays ne croyoient pas que nos louis, parce qu’ils ont une apparence
rouge, fussent d’un or de bon aloi ; ce qui contribuoit à leur discrédit.
Dans tout l’Orient, où l’on se sert d’argent pour alliage, on cherche, par
divers procédés, à rehausser l’éclat de l’or et à lui donner cette apparence de
jaune plus intense ou plus rouge qui appartient à l'or pur. Nous parlerons de
ces procédés à l’article du décapage.
On se servoit, en Egypte, pour allier l’or, de piastres dont le titre est assez
constant, et, de préférence, de celles aux deux globes, qui sont plus anciennes
et à un titre supérieur. Mais, comme ces piastres sont elles-mêmes alliées d’environ
de cuivre, on introduisoit une certaine quantité de ce dernier métal
dans l’alliage de l’or.
§. III.
Essais.
P o u r s’assurer si les lingots fournis à la monnoie étoient au titre exigé de |
16 karats -jr [698], on prenoit aux extrémités et au milieu des lingots (1)
1 drachme ~ [4gram” “,6 18] d’or, poids qu’on appelle mitqâl (2).
On ajoutoit 4 drachmes [ 1 q 16 ] d’argent de piastre d’Espagne aux
deux globes, dont le titre moyen peut être de 906 à 910.
Cette opération est celle que l’on désigne en France sous le nom d’inquartation,
parce que l’or forme le quart de l’alliage : mais on n’avoit pas soin, comme
en France, de passer d’abord cet alliage à la coupelle, en le fondant avec dit
plomb, de la même manière que pour les essais d’argent; opération préparatoire,
qui a pour but de séparer l’or et l’argent de tous les autres métaux auxquels ils
pourroient être unis.
L ’essayeur, après avoir pesé le plus exactement possible, d’abord l’or à essayer
et l’argent séparément, ensuite tous les deux ensemble, les place au fond d’un
petit creuset de terre qu’il pose dans un fourneau de forge circulaire, alimenté 1
par un soufflet (3). Il emploie pour flux du borax, ou borate de soude, et a soin
de remuer l’or et l’argent avec une baguette de fer, pour que le mélange se
fasse exactement (4).
Quand l’alliage est en fusion parfaite, il le verse d’une certaine hauteur dans une
capsule de cuivre pleine d’eau ; ce qui fait que l’alliage se divise et se réduit en grenaille.
(1) Ôn se contentoit, avant nous, de prendre au hasard qu’on appelle soufflets à boudin./ voyez Pa6’ 4 x4> a^*n* ^:
un peu d’or à une des extrémités des lingots; ce qui mais, au lieu d’être horizontal, il est vertical, et a la forme
pouvoii induire en erreur, parce qu’il est possible que, qu’ont en petit nos lanternes en papier plissé,
dans un même lingot, il y ait variation de titres, si la (4) Comme il étoit possible que quelques molécules
matière n’a pas été bien fondue et bien mêlée. d’or adhérassent à la baguette de fer, n o u s fa is io n s prendre
(2) Voyez notre Notice sur les Poids Arabes (citée le creuset avec une pince plate pour agiter le m é la n g é
pag. 323, note i.re), pag. 231, 232, 237 et 241. avec précaution.
(3) Le soufflet dont il se sert, est du genre de ceux
Il decante 1 eau, fait secher la capsule, recueille exactement toute la grenaille,
aplatit sur un tas d acier les morceaux qui sont restés sous un trop gros volume,
et les divise avec une cisoire.
Il fait ensuite entrei I or ainsi divise, dans un matras, et il y verse .environ
200 grammes d’eau-forte.
Les matras dont il se sert sont des flacons de verre blanc, qui ont la forme
d’un petit ballon à long col et dans lesquels on envoie le vin de Chypre (i).
Lessayeui pose son matras sur des charbons allumés dans une petite terrine,
excite le feu avec un plumeau en forme d’éventail (2) et entretient l’ébuUition,
jusqua ce quil ne se forme plus de bulles autour cíe 1 or ; ce dont il s’assure,
en retirant un moment le matras et laissant refroidir un peu et reposer le
liquide.
Lor, separe de 1 argent qui a été entièrement dissous par l’eau-forte, reste
dépose au fond du matras, sous la forme de poudre d’un pourpre foncé. L ’essayeur
décante 1 eau-forte, lorsqu’elle est reposée et bien transparente; pour en séparer
ensuite les dernières portions et bien laver la poussière d’or, il renverse le col du
matras dans une soucoupe de porcelaine pleine d’eau claire (3).
La vapeui qui existoit dans le matras encore chaud, et qui en avoit déplacé
lair, se trouvant en contact avec l’eau froide, se condense tout-à-coup. Le vide
se forme dans 1 intérieur du vase, et l’eau y monte précipitamment. L ’essayeur,
en Iagitant dans le matras, dont il tient toujours le col plongé dans l’eau, détache
toutes les particules d’or, qui descendent ensuite dans la soucoupe, lorsqu’il soulève
le matras.
Il laisse alois reposer leau, et decante toute celle 'qui est bien transparente.
La poudre d o r, que nous avons dit être d’un pourpre foncé, tient si peu à
loxigene, quen la frottant simplement dans la soucoupe de porcelaine avec
une molette d agate, une grande partie de cette poudre se revivifie et se réunit
en une masse arrondie qui paroit liquide comme une bulle de mercure, mais avec
léclat et fa couleûr propres à l’or. Ces globules, qu’on prendroit pour de l’or
fondu, ne sont composés que de poussière d’or, qui seroit friable et sans aucune
adhérence, si l’on évaporoit l’eau.
Leau qui reste, et qui pourroit tenir en suspension quelques particules d’or,
se verse avec lo r dans un petit creuset de grès, et, au moyen de la mo'lette
dagate, 1 essayeur fait descendre, de la soucoupe dans le creuset, jusqu’aux dernières
molécules de métal.
Il place ensuite le creuset dans son fourneau de forge; et, lorsque l’eau-est
vaporisée et le creuset échauffé, il ajoute le borax qui doit servir de flux.
Lor fondu forme, dans un bain de ce flux, un globule qui se refroidit promptement
quand on retire le creuset, avant même que le borax ait cessé d’être liquide.
(1) Pour que ces flacons, par eux-memes très-fragiles, on ne se sert, pour aviver le feu ou allumer les charbons,
“ * casscnI Pas da" s le transport, on les empaille avec que d’une espèce d’éventail (de plumes ou de feuilles de
"" "S!u dc palmier ou d’algue marine. dattier) qu’on appelle m^acheh [ c i . ) Kofrj la planche
(a) On ne connolt point en Égypte les soufflets à X I des Arts et Métiers, E. AI.
mam. Au lieu de cet instrument, qui coûte trop cher, (3) On ne connoît point l’eau distillée. ,