chacune. La première correspond à la durée des cultures d’hiver, cl-bayâdy ou
el-chetaouy; la'seconde, à la durée des cultures d’été, el-keydy ou el-seyjy ; enfin la
troisième, à la durée des cultures d’automne, el-demyry ou cl-nabâry. Lorsque les
terres cultivées pendant la seconde et la troisième période sont situées le long
du Nil ou sur le bord des canaux de dérivation, on les arrose à bras d’homme, en
élevant 1 eau de ces canaux à l’aide de seaux de cuir appelés delou ou châdouf.
Pendant les cultures el-keydy, les champs de la haute Égypte sont arrosés par
trois étages de delou, à chacun desquels on emploie deux ouvriers qui se relèvent
successivement.
Pendant les cultures cl-nabâry, il n’y a plus qu’un seul étage de ces machines,
qui n’exige que l’emploi journalier de deux manoeuvres.
Mais, lorsque les terres sont situées à une certaine distance des rives du Nil
ou d’un canal, l’eau destinée aux arrosemens est tirée du fond d’un puits au
moyen d’une corde sans fin, garnie de pots de terre cuite : cette corde s’enroule
sur un treuil que des boeufs attelés à un manège mettent en mouvement.
Dans la basse Egypte, et sur-tout dans la partie septentrionale du Delta, où
les puits creusés pour les arrosemens ont toujours très-peu de profondeur, on
se sert de roues à tympan pour en élever l’eau. Les augets dont la circonférence
de ces roues est garnie, la puisent dans le réservoir, et l’élèvent à la hauteur du sol,
au moyen d’un manège qui est aussi manoeuvré par des boeufs ou par des buffles.
La description de toutes ces machines ayant été déjà publiée (1), nous sommes
dispensés d’entrer dans de grands détails sur leur construction | nous ferons remarquer
seulement qu’elles sont de la plus grande simplicité, et les plus convenables
que l’on puisse employer dans un pays où le prix de la main-d’oeuvre est très-bas.
Le delou ou châdouf est composé d’un levier suspendu, vers le tiers de sa longueur,
sur une traverse horizontale que soutiennent deuxmontans verticaux établis
au sommet des "berges du fleuve ou du canal où l’on puise l’eau : la branche la plus
courte de ce levier porte un contre poids de terre durcie, et sa branche la plus
longue, une verge de bois attachée par un lien flexible, de manière que, pendant le
mouvement de rotation du levier, cette verge reste toujours verticale; c’est à
son extrémité inférieure qu’est suspendu le seau de cuir. Un homme placé sur
une saillie de terre ou sur un petit échafaud de bois puise l’eau dans le seau,
l’élève à la hauteur de sa poitrine,et la verse dans un petit canal, qui la conduit,
si cela est nécessaire, dans un puisard, où elle est reprise de nouveau par une
machine semblable, qui la transmet à une troisième, et ainsi de suite, jusqu’à ce
qu’elle soit parvenue à la hauteur du terrain qu’elle doit arroser.
Chaque delou éleve 1 eau à trois mètres environ de hauteur ; on en place jusqu’à
trois et quatre les uns au-dessus des autres, suivant les saisons et les localités.
On voit, par cette description succincte du delou, que l’homme chargé de le
manoeuvrer na dautre travail à faire que celui de diriger la verge verticale à laquelle
le seau est suspendu, et de verser l’eau élevée par le contre-poids clans
le canal qui la répand sur les terres.
( i) Arts et Métiers, planches I I I , I V , V et VI.
Une expérience faite sur une de ces machines, et dont M. l’ingénieur Düchanoy
ma communiqué le résultat, a appris qu’un ouvrier Égyptien pouvoit élever, au
moyen du delou, 49 litres d’eau — • dans une minute à la hauteur de 2m,88 ; ce
qui est fort au-dessous de la force ordinaire d’un homme, telle qu’on est dans
lusage de la calculer dans nos climats d’Europe (1).
Le même ingénieur a fait aussi une expérience pour connoître le produit
d’une machine à pots. La roue horizontale, mise en mouvement par un boeuf attelé
au,manège, avoit 2“ ,60 de diamètre et quarante dents; la roue verticale, enfi-e-
nant dans la précédente, avoit im,68 de diamètre et vingt-six dents. Cette machine
élevoit 1 eau à une hauteur verticale de 6m,y c.
Le treuil sur lequel s’enrouloit la corde sans fin qui tenoit les pots suspendus,
avoit un mètre de rayon.
Cette corde sans fin étoit garnie de vingt-deux pots, dont onze montoient
pleins cl eau, tandis que onze descendoient à vide.
Une première expérience a donné en 1 y minutes un produit de i ” '“'’',59324
d’eau. Une seconde a donné un produit de 1 ” ''*',805 66 en 17 minutes. Le produit
moyen de ces deux expériences est ainsi de o— \ 1 c 6 2 , ou 106 litres fYx élevés
à la hauteur de 6™,75 en une minute, ou bien enfin, ce qui revient au même,
de 717 kilogrammes élevés à un mètre de hauteur dans le même temps (2).
Une autre expérience, qui est rapportée dans la description des roues à pots,
donnée par M. Jollois (3 ), a fait connoître qu’une machine dont le chapelet
étoit composé de cinquante-six pots, a élevé o" '“1,067606 à la hauteur de 10-39
pendant une minute.
L’effet utile de cette machine est, par conséquent, de 703 kilogr. élevés à un
mètre de hauteur pendant cette unité de temps, c’est-à-dire, sensiblement égal à celui
quia été trouvé par les deux premières expériences que nous venons de rapporter.
Les produits des machines, dans le même temps, étant proportionnels à la
force des moteurs qui les font agir, et les produits du delou et de la machine à
(') L'effet utile de la maehiue est, comme on sait, (a) L'effet utile de cette mue à pots, mise en moule
ptodutt du poids de I eau elevée par la hauteur de son ventent par un seul bceitf, a pour expression ,06 kilo-
^nston vemcalet c est-,-dire ici, -¡9 kilogrammes grammes-^ * 6»,7S en une m i„ „ r e = 7 , 7 kilogr. élevé,
X 2 ,08— 142,69 kilogr. élèves à la hauteur d’un à un mètre de haut,
mètre en une minute. La même machine a été employée L'action dynamique d'un eheval appliqué à un manège
s quelques eputsemens qui ont été faits dernièrement sur est exprimée par 45 kilo»-. » o” ,9 en une seconde (Ar-
, “ * d" CanaI de D cnts. On a trouvé qu’un chineur, hydraulique de BéUdot, édition de AT. Navier
omate eleVo.t par minute 55 litres ou kilogrammes à pus . j 96 ) . et en une minute par 2430 kilogr. élevés à '
la hau, eur de 4 metres, ou , ce qui revient au même, la hauteur d'un mètre. Prenant les 5 seulement de cette
aao kilogrammes a la hauteur d'un mètre. Ainsi il y a expression, à cause des frottemens e, de I’inértie de la
une différence de 77, t 1 entre le produit utile de ce delou machine, on a pour le produit utile de l'action dyna-
cela, du delou observe en Egypte; ce qui tient à la mique d'un cheval attelé à un manège et marchant au
«rence: entre les forces des ouvrters. Au surplus, Pcx- pas, .6 ,0 kilogrammes élevés à un mètre de hauteur par
P I nce fane par M. I ingénieur en chef Devdhers, sur minute; quantité plus que double de celle que nous
le delou employé au canal de Saint-Denis, vient à l'ap- venons de trouver pour les machines à pots en Egypte
7 Ce q" ? r 0“ ia- En S ' I'1C[io" d>"’ arai‘I " ' Cette prodigieuse diiférence provient sur-tou, de Vexai,
homme de force moyenne employé de la même ma- trême imperfection de ces dernières, dont les roués sont
est, par seconde, de tS kilogr. x om,2 — 3,6, ou, ordinairement mal centrées, et les engrenages tout-à-fàit
par minute, de 216 kilogr. ( Architecture hydraulique de irréguliers.
hdor, édition de M . Navier, pag. jp 6 J (3) Arts et Métiers, planche V.