
160 et 200 médins la pièce, suivant leur degré de finesse et leur largeur: cette
largeur varie de trois quarts de pyk à un pyk et demi ; quant à leur longueur,
elle est pour toutes de trente pyk.
On n’exporte qu’une très-petite partie de la toile qui est fabriquée dans le
Fayoum; mais c’est de cette province que l’on tire exclusivement pour le Kaire
et les villes de la basse Egypte les toiles d’emballage, faites de fil d’étoupe plus
ou moins grossier. Ces toiles d’emballage, appelées kheych, ne sont point fabriquées
en pièces, mais en morceaux de deux pyk de large et de quatre de long,
qui se vendent par paire. En temps de paix, lorsque la mer est libre, on tire
du Fayoum jusqu’à vingt mille paires de morceaux de kheych pour différentes
contrées de l’Europe et pour la Syrie.
Les tisserands de Médine, comme lès autres corps de métiers, ont un cheykli
spécial, chargé de recueillir l’impôt mis sur la corporation et de concilier les
différens qui peuvent s’élever entre ses membres. Les fonctions de ce cheykh sont
héréditaires dans la même famille tant que les héritiers exercent la même profession:
s’ils la quittent, ou si le cheykh meurt sans enfans, les fabricans en élisent un autre.
L’impôt mis’ sur la corporation des tisserands est de 20,000 parats ; il est
réparti sur chacun d’èux proportionnellement à la quantité de travail dont on
suppose qu’il retire les produits.
Un impôt de la même somme est également mis sur la chaux qui est employée
au blanchissage du fil de lin.
Nous avons déjà dit, en parlant de l’éducation des moutons dans le Fayoum,
que leur laine étoit d’une qualité supérieure à celle des moutons que l’on élève
dans les autres parties de l’Egypte ; on y trouve aussi plus de laines blanches
que par-tout ailleurs. Ces circonstances donnent lieu d’y entretenir un assez grand
nombre de métiers qui servent à fabriquer les châles blancs, dont l’usage est répandu
dans cette province et la plupart des autres.
Après que la laine a été lavée, nettoyée et étendue à la main, elle est filée
dans les villages ; c’est à l’état de fil que les fellâh la vendent aux fabricans. Le
fil de laine le plus fin et le plus blanc est aussi le plus estimé ; il se vend
60 parats le rotl de douze onces.
Le fil de laine blanc de seconde qualité se vend 45 parats, et celui de
troisième, 30 parats seulement.
La fabrication des châles blancs du Fayoum est presque entièrement concentrée
dans la ville de Médine. L ’extension que cette fabrique avoit acquise, est
telle, qu’avant l’expédition Française les caravanes qui partoient toutes les semaines
de cette ville pour le Kaire , y transportoient quelquefois jusqu’à deux
milliers de ces châles.
C e s T c a r a v a n e s se rendoient par terre à leur destination , en traversant le
désert jusqu’à Gyzéh, ou bien elles se rendoient au village de Bouch, où les
marchandises qu’elles avoient transportées étoient embarquées sur le Nil.
L ’impôt mis sur la fabrication des châles de laine se percevoit à raison de
2 médins par semaine sur chaque métier.
La fabrication des é.tofïès de laine grises ou brunes est répandue dans tous
les villages de la province. Quant aux étoffes, encore plus grossières,de poil
de chèvre et de chameau, dont les Arabes font leurs tentes, ce sont leurs
femmes qui les tissent elles-mêmes dans leurs camps.
C’est particulièrement dans le Delta que l’on fabrique les toiles de lin; parce
que cette plante y est cultivée en plus grande quantité que dans les autres cantons
de l’Egypte.
Les femmes des fellâh de presque tous les villages de la province de Menouf,
et généralement de tout le Delta, s’occupent de la filature du lin qu’elles achètent
dans les marchés où il est exposé en vente après avoir reçu toutes ses préparations.
Elles vendent leur fil à raison de 4 parats l’écheveau ; une fileuse emploie
ordinairement vingt jours pour filer vingt-sept écheveaux.
Avant d’être livré au tisserand, le fil de lin est blanchi dans une lessive d’eau
bouillante où l’on a fait dissoudre parties égales de natron et de chaux vive. On
tire le natron de Terrâneh; il se vend 4 parats le rotl. La chaux se tire ,de Tor-
rah , près du Kaire. Ce procédé de blanchiment est en usage dans toute la basse
Egypte.
On paye ordinairement 25 parats pour la façon d’une pièce de toile de vingt-
huit pyk beledy de longueur.
On fait à Menouf des toiles de lin de diverses qualités:
1.° Des toiles blanches d’un tissu serré, mais d’un fil plus ou moins gros : la
plus chère est de 180 parats la pièce; il y en a de 160 parats, de i4 o et
de 90.
2.“ Des toiles blanches claires,encadrées, sur leurs lisières, d’une bande d’un tissu
plus serré ; elles servent à faire des chemises pour les femmes de campagne, et se
vendent de 96 à 110 parats la pièce, qui a vingt-six pyk de longueur : cette espèce
de toile est appelée maqta bé-haouâchy.
' 3.° Enfin, des toiles plus grossières dont on se sert pour couvrir les matelas
et pour faire des tentes : on les appelle sousyeh y il y en a de blanches et de bleues.
Les blanches se vendent 77 parats la pièce de 1 o pyk de long ; les bleues sont
teintes en fil. On en fait de deux qualités : l’une, du prix de 1 10 parats la pièce ;
l’autre, du prix de 80 : la longueur de celles-ci est de vingt-trois pyk.
Les fabricans de toile de lin sont beaucoup plus nombreux à Chybyn qu’à
Menouf : on y compte trois à quatre cents métiers. On fait aussi dans ces deux
villes, mais en petite quantité, des étoffes de laine appelées souf.
La ville de Tantah, où le nombre des tisserands est encore plus considérable
qu’à Chybyn , ne fabrique que des toiles de lin.
Il sort des ateliers de Tantah des toiles unies d’un tissu serré, dont la pièce,
de trente pyk de longueur, est du prix de 105 à 1 50 médins.
Il en sort aussi des toiles blanches plus claires, de l’espèce appelée bé-haouâchy,
dont on fait des chemises d’homme ; cette toile est du prix de 120 à 150 médins
la pièce.
Il y a, outre cela, quelques métiers employés à fabriquer une espèce de toile