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MÉMOIRE SUR LE ME QY Â S
Orientaux regardent comme étant la fondatrice du premier Nilomètre une princesse
nommée Deloiikah (1), qui régnoit de même, suivant eux, en Égypte avant
le déluge : cette princesse joué un très-grand rôle dans 1 histoire fabuleuse des
époques les plus reculées de l’Orient, et les traditions lui attribuent aussi la fondation
de différentes constructions très-considérables dans cette contrée (2).
Des Nilometres établis depuis l ’Islamisme.
Nilomètres antérieurs a Vérection du A leqyas, sous les premiers Khalyfes
Ommiades, de l ’an ip de l ’hégire a l ’an p6.
L i s armées Musulmanes s’emparèrent de l’Égypte sous le khalyfat d Omar ben
el-Khettâb (3), second successeur de Mahomet. Ce prince avoit pris le suprême
commandement l’an 13 de l’hégire [ ó 34 de lere Chrétienne], et succédé au
premier khaiyfe Abou-beker (4) . qui 1 avoit designe pour le remplacer; cest
dire, suivant la tradition, « celui qui sait distinguer le
» vrai du faux, le juste de l’injuste, et le croyant de l’in-
» fidèle. » Ce fut ce prince qui, l’an 15 de l’hégire [636
de l’ère Chrétienne], jeta les fondemens de Basrah *j*cj
à l’embouchure du Tigre ; et la construction de cette
nouvelle ville fut achevée en trois ans. O’mar fut tué à
l’âge de soixante-trois ans, le 25.® jour du mois de Dy-
l-hageh x^ î ¿5i , l’an 23 de l’hégire[643 de l’ère Chrétien
ne],.¿par un esclave Persan, nommé Abou-Louloueh
»jjy j j l f après avoir régné dix ans, cinq mois et vingt- j
huit jours. II refusa de choisir son fils pour son successeur,
et nomma, pour délibérer sur le choix d’un nouveau kha-
lyfe, les six personnages qu’il jugeoit les plus capables d’en
remplir après lui les fonctions; savoir, O’ tman ebn A ’jfàn
qIàc q j! qIôc , A ’iy ebn Aby-Taleb
Telhah , E z - Z o b e y r f, Abou O’beydah y ,
et Sa’d ebn Aby- Ouaqâs jo l i j ^ 1 ù*-#“
(4) Abou-beker ¿ ü j j I , surnommé el-Sadyq
[ le Juste], premier successeur de Mahomet. Le nom
entier de ce prince, suivant el-Makyn, est À ’ bd-allah\
ebn Aby- Qahâfah O’tmân, ebn A ’âmer, ben O’mar, I
«F & j A c ü — il ü l— ô c t— s là ***•
11 monta sur le trône du khalyfat le jour même de la mort
de Mahomet, l’an 11 de l’hégire [632 de l’ère Chrétienne],
et ne régna que deux ans, trois mois et neuf jours, ou,
suivant quelques autres, deux ans, quatre mois et: vingt-
six jours. Il mourut de phthisie à l’âge de soixante-trois
ans, le vendredi 23 du mois de Gemâdy el-akhrtt\
üji.VI (jiUr- [Gemâdy second] , l’an 13 de l’hégirt
[634 de l’ère Chrétienne].
dans toutes les langues Orientales les racines de ce mot,
qui présentent toutes, ainsi que leurs dérivés, l’acception
de déluge, de cataclysme, d’inondation, de destruction
: quelques-uns même de ces mots peuvent, par
une partie de leur signification, favoriser l’opinion de
ceux qui regardent une comète comme la cause de cette
catastrophe.
Hebr. sffiî, exundavit.
Chald. spa, exundavit, efiluxit, natavit. f'SiS'iïû, inun-
datio , diluvium, cataclysinus. =]'û, rivus, torrens. NSû ,
extinxit, extinctum fu it, natavit.
Syr. H , exundavit, supernatavit, demersit. W .
diluvium.
Samar. ^ ¿ 23^ , diluvium. 3 ^ 3 ^ , diluvium. (TQ^,
extinctus fait.
Arab. ¿ jL , inundavir, natavit. diluvium. IàLj,
pluvia. üd» , natavit, pervasit terram , apparuit lux.
Æihiop. ( lîh 'fi , extinctus fait? destructus fuit, perïit.
ffli.'i', perditio. (TXh.'ti’V, perditio.
Ambar. fTih, extinctus fu it, destructus fa it, periit.
Pers. > diluvium.
Les vents Impétueux qui causent les tempêtes, sont
encore nommés typhons dans les Indes et à la Chine.
(1) Deloukah "> .
(2) Voyez, ci-après, les textes Arabes rapportés dans la
sixième partie de ce Mémoire.
(3) Le nom entier de ce prince est, suivant el-Makyn,
O’mar ben el-Khettâb, ben JVoqayl, ben A ’bd el-A’zyç,
ji/— ü—? J—té6 O—• ^ ^ ^
II fut surnommé Abou Hafas f i I, et reçut de
Mahomet le titre de Fârouq ¿ . jU [le Diviseur], c’est-àlui
qui, le premier, prit le titre de Prince des fidèles ( i ) , que tous ses successeurs
ont ensuite adopté.
Son khalyfat, dont la durée ne fut que de dix ans, six mois et dix-se'pt jours,
a été cependant illustré par un grand nombre de conquêtes. Sous son règne, les
Musulmans, après avoir v a i n c u Tezdegerd ben Horinoûz ( 2 ) , dernier roi de la
dynastie des Sassanides|3) en Perse, s’emparèrent de la ville de Madâyn (4 ) ,
capitale de Get empire, du Diarbeker ( y ) , de l’Aderbidjân (6), du Khorâsân (7),
et même d’une partie des Indes.
Pendant qu’O ’mar étendoit ainsi à l’orient l’empire de 1 islamisme, ses généraux
n’étoient pas moins heureux à l’occident. Après avoir défait les armées
qu’essaya de leur opposer l’empereur de Constantinople, ils se rendirent successivement
les maîtres de Jérusalem (8), de toute la Syrie (9), de Meînphis,
d’Alexandrie, de tout le reste de l’Egypte tant haute que basse, d’où ils s’avancèrent,
d’un côté, en Nubie, e t, de l’autre, sur la côte d’Afrique (10), outils
( i ) Emyr el - moumenyn : c’est de ce nom,
qui a été souvent traduit par Commandeur des fidèles, que
nos anciens ^historiens ont fait celiit de Miramolin,
comme de celui de Soultân ¿jlkL* [sultan] ils ont fait
celui de Soudan. .
(2) Le nom”entier de ce malheureux prince est Yezde-
gerd, ben Chahryâr, ben Khosrou-Perouyben Hormou
j —ejà> 0-J j .—JjjJ j j . Il étoit
fils de Chahryâr j l j _A_i, petit-fils de Khosrou-Perouy^
j j j y j j^-ucî., et arrière - petit - fils de Hormu£ j»yt>
ou Hormou^ • II fut surnommé Melek el-akhyr
c’est-à-dire, le dernier roi.
(3) Al-Sâsân yL-L, Jl . Cette dynastie est la quatrième
qui ait donné des rois à la Perse.
(4) Mâdayn q j I iV * o u e l-M a d â y n ^îo-II. A’bd-er-
Rachyd place cette ville dans le troisième climat, à la
longitude de 72° 5' et à la latitude de 33° 16'. Je joindrai
ici la description qu’il en fait, pag. ijq. et ¿¡yde mon
man use rit .* > Y.
« II y a sept villes de ce nom qui -ont été bâties sur le
» bord du Tigre par les Khosroès. Celle-ci étoit la rési-
» dence des rois Sassanides, Beny Sâsân q L .1* J-j , du
» temps d’O’mar fils d’el-Khettâb. Ils ¿voient choisi cet
» endroit à cause .de la salubrité de,l’air, de la bonté des
» eaux et de la fertilité de la terre. A présent Madâyn
» n’est qu’un village ou petite ville sur le bord occidental
»du Tigre; ses habitans, de la secte des Chyites, sont
» cultivateurs. C est la coutume chez eux que leurs femmes
» ne sortent pas pendant le jour. Sur le bord occidental
»du Tigre , il y a la chapelle de Soleymân el-Fârsy
» Les Khosroès avoient dans cette ville
» un palais qui subsista jusqu’au temps du khaiyfe el-
» Moqtafy. Ce prince le fit abattre, et des matériaux il fit
» construire un bâtiment nommé Tâg o-lj- ou Nâg
» qui est dans le palais des khalyfes de Baghdâd. On dit
»que le palais de Madâyn avoit été bâti par Anouchirouân
» , et étoit très-grand ,et très-élevé; mais il n’en
» reste plus que des ruines,¿l’arcade d’un portique et deux
» ailes. »
(5) Dyâr-beker, ou Dyâr-behir, ^SL5jL» i .
(6) Ader-bigân qLsLj.51 . A ’bd-er-Rachyd el-Bakouy
place cette contrée dans le quatrième climat.
{y) Khorâsân . A’bd-er- Rachyd el-Bakouy
place cette province dans le quatrième climat.
(8) El-Beyt el-qouds o-y^l [la Maison de sainteté],
ou el-Beyt el-mouqaddes ^ jJûlî o * J I [la Maison
sainte]. A’bd-er-Rachyd el-Bakouy place cette ville dans
le troisième climat, à la longitude de 68° 5' et à la latitude
de 3 1° 5'. II en fait la description suivante,page74.
de mon manuscrit:
«Cette ville, qui a été bâtie par le roi Dâoud
»[David], est dans un terrain pierreux, au milieu des
»montagnes qui l’environnent; cependant il y a des
» terres cultivées : sa population n’y boit que de l’eau de
» pluie, qu’on rassemble dans des citernes. La mosquée
» el-Aqsd -¿ütfî est du côté oriental de la ville: sa Ion-
» gueur est de sept cent quatre-vingt-quatre coudées,
» et sa largeur de quatre cent cinquante-trois; elle ren-
» ferme six cent quatre-vingt-quatre colonnes de marbre
» de différentes couleurs, qu’on appelle, el-Fasyfasâ
» LakwJl et qui ne se trouve point dans le pays. Au
» milieu de la mosquée, il y a une grande chambre qui
» est large de cinq coudées et où l’on monte par dîfférens
» degrés. »
(9) El-Châm jaLdl.
(10) Afiyqyêh ou Afryqyah w i y t . A’bd-er-Rachyd
el-Bakouy place cette contrée dans le troisième climat.
Suivant les auteurs Orientaux, elle tire sa dénomination
d’une ancienne ville du même nom dont A ’ bd-er-Rachyd
el-Bakouy fait la description suivante^ page 69 de mon
manuscrit:
« xJîjyji Afryqyeh, grande ville, dans un terroir très-
» fertile, ensemencé, rempli de palmiers et d’oliviers ;
» c’étoit anciennement un grand pays : à présent tous les
» environs de la ville, à quarante journées de marche dans
» la terre du Moghreb, ne présentent qu’un désert où sont
» des tribus de Bérébères, qui ont des citernes. Il y a des
»mines d’argent, de fer, de cuivre, de plomb, d’anti-
» moine, et des carrières de marbre. »
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