paille de riz à ces divers combustibles. Les fours ne sont complètement refroidis
que deux jours après qu’on a cessé le feu. Les briques qu’on en retire se vendent
de 60 à 100 parats le mille. 11 ne faut au surplus, pour cuire une fournée de
briques j que deux charges de chameau de tiges de dourali, et quatre charges de
tiges de fèves, de colza, ou de toute autre plante qui ne sert point de fourrage
aux animaux.
On regarde les tiges de dourali comme le meilleur de tous ces combustibles ■
aussi se vendent-elles de 20 à 25 parats la charge, tandis que la même quantité
de combustible d’une autre espèce ne coûte que t'4 ou 15 parats.
Les fours à briques sont disposés de manière à pouvoir contenir, outre les
quatre milliers de briques qui en composent la charge ordinaire, douze à quinze
grandes jarres, dont le prix est de 4 ou J parats.
La fabrication de la chaux pour les constructions de maçonnerie et le blanchissage
du fil de lin est une branche d’industrie qui s’exerce sur presque tous les
points de la haute Égypte. Les montagnes calcaires qui bordent la vallée en fournissent
la matière. Les fours des environs du Kaire ont été décrits par M. Jomard,
et sont représentés^. 4 > J et & de la planche II, vol. I I , Ê. m. On en construit
de beaucoup plus petits dans la province d’Atfÿeh, puisqu’on n’en retire que quinze
à dix-huit couffes de chaux, dont le prix total ne s’élève guère au-dessus de deux à
trois cents parats. On se sert encore de tiges sèches de dourali pour la cuisson de
la chaux. Une des raisons pour lesquelles les monumens de la basse Égypte qui
avoient été bâtis en pierre calcaire, ont été détruits plus promptement que ceux
qui avoient été bâtis en grès ou granit, c’est que les habitans ont trouvé plus de
facilité à exploiter ces ruines qu’à tirer des montagnes les plus voisines les matériaux
qu’ils auroient pu employer à faire de la chaux. Notre objet n’étant ici d’entrer
dans aucun détail sur les divers procédés de construction usité« en Égypte,
nous passons au tissage des étoffes.
S E C T I O N II.
Fabriques des T oiles de coton, de lin , et de diverses autres Etoffes.
L e s différentes matières sur lesquelles s’exerce l’art du tisserand en Égypte,
ne s’y rencontrent pas avec la même abondance sur tous les points; on met en
oeuvre, suivant les localités, le coton, le lin et la soie: ainsi les toiles de coton sont
les seules de la fabrication desquelles s’occupent les tisserands du Sa’yd, entre
Syène et Girgeh. Depuis Girgeh jusqu’à la côte septentrionale de l’Égypte, et
notamment dans le Fayoum et le Delta, celle des toiles de lin est en quelque
sorte exclusive; le voisinage de la Syrie, dont on fait venir toute la soie qui est
employée à Damiette, à Mehallet el-Kebyr, au Kaire, &c. a concentré dans
ces villes l’emploi de cette matière. Cet emploi est borné, d’ailleurs, à la fabrication
de quelques étoffes de luxe destinées à l’ameublement des maisons. Nous
allons parler succinctement de ces différens tissus. Quant aux étoffes de laine
m
dont se couvrent les fe llâ h , on en fabrique dans tous les villages avec le produit
de la tonte des moutons qu’on y élève, -v .
Nous avons dit, dans la section précédente,‘¡que le coton cultivé aux environs
d’Jïsné étoit le plus estimé de l’Égypte, et nôîis avons expliqué comment on
débarrassoit le coton en bourre des graines auxquelles il sert d’enveloppe.
Après qu’il a été nettoyé par cette première opération, on le soumet à l’ar-
çonnage, que l’on voit représenté sur la planche X V , vol. I I , É . M. : ainsi préparé,
il est filé au fuseau par des femmes, pour être livré aux tisserands. M. Coutelle
a donné la description du métier dont ils se servent, ‘èt on le voit représenté
planche I I I , vol. I I , Ê. M.
Les tisserands établis à Esné et aux environs fournissent toute la toile nécessaire
non-seulement aux habitans de cette ville et des villages voisins, mais encore
aux tribus d’Arabes qui en fréquentent les marchés.
On exerce la même industrie, mais avec plus d’extension, dans les villes de
Qous et de Qené. U y a plus de deux cent cinquante métiers dans ces deux
villes, où l’on fait venir du coton du Delta et de la Syrie , les récoltes de coton
du pays ne suffisant pas pour l’emploi de ces métiers.
Ce sont des marchands du Kaire qui apportent le coton de Syrie dans la haute
Égypte; ils le vendent ordinairement 75 parats le r o il, poids de Qené, équivalent
à trois ro tl et demi du Kaire.
L ’arçonnage, de ce ro tl de coton coûte 6 parats. Le tisserand en remet un
rotl et demi aux ftleuses, qui ordinairement, un mois après, rendent un ro tl de
fil de coton. Ainsi la filature occasionne un déchet de plus de trente pour cent. Il
convient de remarquer que les femmes ne s’occupent à filer que pendant le temps
où elles n’ont pas besoin de vaquer aux soins de leur ménage. Le fil de coton
est livré au tisserand, plus ou moins gros ; il a soin de l’assortir pour former
desttissus du même grain. La pièce de toile de coton blanche qu’on en fabrique,
a six derâa’ ou pyk beledy dé longueur, sur un derâa' et demi de large ; il faut deux
jours pour la fabriquer. Le prix de la journée du tisserand est de 8 à 1 o parats.
Le derâa’ de cette toile se vend en détail de 7 à 8 parats; ce qui fait revenir
la pièce à 4 5 parats, prix moyen.
Outre la toile de coton blanche qui est employée aux usages communs et
domestiques, on fabrique à Qené des châles de toile de coton rayée de bleu,dont
les cultivateurs et la'plupart des habitans du pays se couvrent les épaules.
Ces châles se font par pièces, qui en contiennent ordinairement deux. Une de
ces pièces coûte 4 5 parats de façon; elle a douze derâa de long sur un derâa’ a demi
de large. Il faut quatre jours pour la fabriquer : son poids est généralement d’un
rotl de Q en é , que nous avons dit plus haut équivalent à trois ro tl et demi du
Kaire.
Le prix d’une paire de ces châles est, en gros, de 3 pataquès, ou de 270 parats;
il est, en détail, de 300 parats, ou de 2 piastres d’Espagne. Ces châles sont
vendus en partie dans le pays, et en partie aux caravanes de Sennaar, de Dâr-
four et des autres parties de l’intérieur de l’Afrique.
É . M . T OM E II. Ti t t 1
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