Les bijoux apportés de France consistoient en montres de Genève, en bagues
de Paris, et en diamans assortis, que l’on montoit au Kaire suivant le goût
Oriental.
Comme ces articles n’étoient point déclarés aux douanes, on ne peut avoir
aucun aperçu du produit de cette branche de commerce.
Le fer et l’acier de Suède, le plomb, l’étain et le fer-blanc d’Angleterre, que
le commerce de Marseille importoit en Égypte, formoient annuellement un
article de y à 600,000 francs. Ces métaux n’étoient pas seulement destinés pour
l’Egypte ; il en passoit une partie considérable en Arabie par Suez.
On expédioit de Marseille trois ou quatre cents barils d’alquifoux, du prix de
1 50 francs l’un : il étoit tiré d’Écosse ' ou de SardaiOgne.
L ’importation de la salsepareille, que les Égyptiens emploient en quantité
considérable comme sudorifique, montoit annuellement à vingt ou trente barils
de trois à quatre quintaux chacun. La livre de Marseille, qui est à la livre poids de
marc comme 16 est à 20, coûte 3 francs, prix moyen.
Parmi les objets tirés de l’étranger et importés par des bâtimens Français, la
cochenille étoit un des plus importans ; celle qui venoit de Marseille étoit plus
estimée que celle qui venoit d’ailleurs, parce que cette marchandise, avant d’être
embarquée, étoit nettoyée avec soin de toutes les matières étrangères qui pou-
voient en altérer la qualité.
On en importoit annuellement en Égypte cent barils, .pesant chacun 75 ou
80 okes. Le prix de la cochenille à Marseille étoit de i é ou 18 francs la livre.
Cinquante ou soixante barils de cochenille étoient consommés en Égypte pour
la teinture des soies que l’on met en oeuvre dans les diverses fabriques du pays ;
le reste étoit envoyé dans l’Inde par Suez et Geddah.
Les épiceries, telles que le girofle, le poivre, la muscade, &c., envoyées de
France en Egypte, provenoient des marchés de Hollande ; les Hollandais s’étant,
comme on sait, réservé exclusivement le commerce des épiceries qu’on recueilloit
dans leurs îles de 1 archipel Indien. Comme la quantité de ces objets qui arrivoient
directement en Egypte par la mer Rouge, ne suffisoit pas pour les besoins de ce
pays, on en importoit chaque année par Alexandrie pour une somme d’environ
2 ou 300,000 francs.
L e bois de Fernambouc que l’on chargeoit à Marseille pour l’Égypte, étoit
tiré du Portugal : on en expédioit par cette voie environ 4oo quintaux ; le prix
du quintal, à Marseille, étoit de 20 à 30 francs.
Les Français avoient obtenu la préférence sur les autres nations de l’Europe
qui commerçoient en Égypte, par le soin que l’on apportoit à n’expédier dans
les échelles du Levant que des marchandises de bonne qualité. Il existoit à Marseille,
pour surveiller l’embarquement des produits de nos manufactures, et notamment
des draps et des papiers, un ou plusieurs bureaux d’inspection, qui n’en
permettoient 1 expédition qu après en avoir reconnu la bonne qualité ; ce qu’ils
constatoient en apposant sur les balles ou barils de ces marchandises une
marque particulière, apposition de laquelle ils délivroient aussi un.certificat.
Ces marchandises, débarquées à Alexandrie, étoient de nouveau examinées
par le consul de France, qui ne pouvoit faire le commerce pour son propre
compte. C e t agent public, dont les fonctions sont déterminées par l’ordonnance
de 1781, avoit la faculté de rejeter et de laisser à la charge de l’expéditeur les
objets dans la fabrication desquels on reconnoissoit quelque vice.
Il y avoit dans ces derniers temps quatre ou cinq maisons Françaises établies
au Kaire ; elles avoient dix navires du port de deux à trois cents tonneaux, qui
faisoient annuellement deux voyages de Marseille à Alexandrie et les retours
d’Alexandrie à Marseille.
Outre ces dix vaisseaux, il y en avoit environ cent qui étoient expédiés de
nos différens ports de la Méditerranée, pour faire la caravane ou le cabotage dans
les échelles du Levant. Ces bâtimens venoient au moins une fois à Alexandrie
pendant la durée de ces caravanes, laquelle étoit ordinairement de deux ans, et
se prolongeoit souvent jusqu’à quatre.
Le cours ordinaire des bénéfices que faisoient les négocians Français sur les
clifférens articles d’importation que nous venons d’indiquer, s’élevoit à vingt
ou trente pour cent : c’étoit toujours sur les draps que ce bénéfice étoit le plus
assuré.
On passoit trois pour cent de commission sur l’entrée et la sortie des marchandises
qui leur étoient adressées ou qu’ils expédioient ; quant au fret de
Marseille à Alexandrie, malgré le tarif dressé par la chambre de commerce de la
première de ces villes, il varioit suivant les circonstances.
Les frais supportés par les marchandises de France, depuis leur débarquement
à Alexandrie jusqu’au Kaire, s’élevoient de dix à quinze pour cent de leur valeur;
ils consistoient en droits de douane, en dépenses de transport et de commission.
E X P O R T A T I O N S ,
O n expédioit d’Égypte pour la France, du riz, du blé, du safranon, du sel
ammoniac, du natron, de la soude, du coton filé, des toiles de coton et de lin
de différentes qualités, du séné, des cuirs de buffle, de boeuf et de chameau.
Outre ces différens objets recueillis ou manufacturés en Égypte, on en expédioit
encore les objets suivans, qui y étoient entreposés.
Les uns,"apportés de l’intérieur de l’Afrique par les caravanes de Dârfour et
de Sennaar, consistent en gomme, en tamar Hendy, en ivoire, en plumes d’autruche,
et en une petite quantité de poudre d’or.
Les autres, venant de l’Arabie et de l’Inde par Geddah et Suez, consistent
en café moka, en gomme copal, en gomme Arabique de Geddah, d’Yanbo’ et
de T o r , en tissa foetida, encens, myrrhe, aloès, coque du Levant, curcuma,
zédoaire, noix vomique et autres drogues que l’on trouve indiquées en détail
dans le tarif des douanes de Suez.
Le riz étoit ordinairement expédié par Damiette : ce commerce n’avoit pas
toujours la même activité; il dépendoit de la disette ou de l’abondance des grains
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