champ qu’une première fois. Au surplus, c’est toujours deux mois après l’ensemencement
que le trèfle est mis en pâture. MP
Nous avons dit que, dans la haute Égypte, on le semoit quelquefois avec le
dourah ; dans la basse, on le sème aussi avec le maïs un mois avant que ce grain
parvienne à sa maturité. La jeune plante de trefle croit à 1 ornine des glandes tiges
de cette céréale, et profite des derniers arrosemens qu’on lui donne. Un feddân
ainsi ensemencé est loué, pour quatre mois, de y a 8 pataquès. On estime a
Tantah qu’ùne paire de boeufs peut vivre sur un feddan — de tiefle pendant cet
intervalle de temps ; c’est de feddân par te te de boeuf . on estime qu il faut un
feddân entier de ce fourrage pour nourrir un buffle.
A mesure que l’on descend vers les embouchures du Nil, les arrosemens devenant
plus faciles sont aussi plus abondans, et la végétation du trèfle s’accélère
dans la même proportion : ainsi l’on peut en faire jusqu’à quatre coupes dans
les rizières des provinces de Rosette et de Damiette, ou ce fourrage èst semé
immédiatement après la récolte du r iz , sans aucune autre préparation que de
tenir la terre couverte de quelques centimètres deau pendant deux ou tiois jours.
La première coupe se lait deux mois après les semailles; la seconde suit a trente
jours d’intervalle; la troisième et la quatrième, à vingt jours l’une de l’autre.
Il faut ordinairement six boeufs pour 1 arrosement de dix feddân de uefle . on
consacre à leur nourriture trois feddân, qui sont consommés en vert , on fait
sécher le produit des sept autres , et on le réserve pour la nourriture des boeufs
et des buffles pendant une partie de l’année.
Les deux tiers du trèfle récolté dans les rizières du Delta sont généralement
consommés en vert par le bétail de toute espèce que le cultivateur est obligé d en-
tretenir ; l’autre tiers est consomme en sec.
Le trèfle qui croît dans les rizières, paroît être moins substantiel que celui des
parties supérieures du Delta et des environs du Kaire, à raison de la rapidité de
son accroissement, qui est due aux arrosemens artificiels dont il profite..
Le fenugrec [Trigonella fatum groecum], que les Égyptiens appellent helbeh, est
un fourrage particulier à l’Égypte moyenne, et qu’on ne cultive ni dans la partie
méridionale du Sa’yd ni dans le Delta. On le sème dans l,e même temps et de la
même manière que le trèfle. La récolte en diffère, en ce qu’on 1 arrache au lieu de le
couper, soixante à soixante-dix jours après les semailles ; il est alors consommé par
toute espèce de bétail. La graine, que l’on met tremper dans 1 eau pour la faire
germer, sert de comestible.
On en sème à’ardeb par feddân, dont le produit en fourrage se vend de
8 à io pataquès.
Quand on laisse le fenugrec parvenir à sa maturité et sécher sur pied, quinze
hommes, que l’on paye six médins l’un, peuvent arracher en un jour le produit d un
feddân. On en retire de 2 à y ardeb de graine, suivant les années. On fait passer
la plante séchée sous le norcg ; les tiges hachées par cette opération servent de
nourriture aux chameaux.
On cultive dans toute la haute Égypte et le Fayoum un autre fourrage appelé
ÿlbân ; c est une espèce de gesse [Lathyrus sativus], que l’on sème, comme le trèfle
et le fenugrec?} sur les terres que I inondation a couvertes : on les prépare comme
pour 1 ensemencement des lentilles ; il faut employer d ardeb de semence pai
feddân.
On arrache ce fourrage au bout de soixante jours, pour être consommé en vert.
Un feddân produit ordinairement de dix à quinze charges de chameau, qui se
vendent en totalité 6 à 8 pataquès. La plante dont on veut retirer la graine,
reste cent jours sur pied : elle en donne communément y ardeb par feddân. Ce fourrage
sec est battu sous le noreg ; les tiges hachées servent de nourriture aux chameaux
seulement.
On paye en nature à raison de ~ S ardeb chacun des quatre ouvriers et des
quatre boeufs employés au battage du produit d un feddân; on paye également 77
S ardeb pour le loyer du noreg. La gesse se vend de 90 à 1 yo médins l’ardeb.
A mesure que l’on remonte le N il, on observe que le prix de ce fourrage
augmente; ce qui provient de la difficulté de le cultiver en quantité suffisante:
on y supplée dans lés provinces de Thèbes et de Qené, à l’extrémité méridionale
du S a yd , par la culture du pois des champs fPisum arvense]; on l’appelle
en Égypte bcsUlel, dénomination où l’on retrouve notre expression de bisaillc et
celle des piselli d’Italie. Cette espèce de fourrage est semée et recueillie aux mêmes
époques que la gesse, et donne à très-peu près les mêmes produits. C ’est quand
il commence à sécher qu’on le fait consommer par les chameaux, les boeufs, les
buffles, les chèvres, les moutons, &c. ; il n’est point employé à la nourriture des
chevaux. Le dixième environ des champs où l’on cultive le gtlbân et le besiUeh,
est réservé pour fournir la semence; ce qui suppose que le produit en grain de
ces fourrages est à peu près de 1 o pour 1.
Dans le Fayoum, où les eaux de l’inondation naturelle restent peu de temps sur
les terres, l'helbeh, le gilbân et le besUleh sont semés dans les champs de dourah,
quarante jours environ avant sa maturité. Ces fourrages profitent ainsi des derniers
arrosemens qu’on lui donne : ils ne sont plus arrosés après sa récolte. Les
habitans de cette province usent du pois des champs comme de comestible.
§. IX.
Culture du Col^a, — de la Laitue, — et du Sésame.
•
O n cultive dans les provinces de Syout et de Girgeh une espèce de colza
[Brassica arvensisJ appelée selgarn, et dont la graine est employée à faire de
I huile. On la sème dans les terres qui ont été inondées naturellement , immédiatement
après la retraite des eaux. Cet ensemencement, pour lequel on em-
ploie ~ S ardeb par feddân, est fait à la volée dans un jour et par un seul homme.
Le colza reste trois mois en terre : il est mûr après cet intervalle, et l’on en
fait la récolte en arrachant la plante. Cette récolte exige dix journées de travail
pour un feddân : chaque journée est payée 7 médins; c’est aussi le prix que l’on