Ce prix augmente à mesure que l’on descend le Nil, soit que le numéraire
devienne plus abondant, soit que les boeufs deviennent plus forts : il est ordinairement
de i oo pataquès pour une paire de boeufs ou de vaches.
Dans les environs de Qené et dans la plaine de Thèbes, où la gesse et le
pois des, champs servent de fourrage aux boeufs pendant environ quatre mois |a
ration journalière d’un de ces animaux est évaluée à 12 ou 1y médins : le reste
du-'temps, les boeufs vivent de paille hachée et de fèves ; leur nourriture journalière
revient alors à 1 o médins seulement : ils consomment par mois cinq charges de
chameau de paille et un ardeb de fèves.
Nous avons dit qu’à partir de Farchout on commençoit à cultiver le trèfle : les I
boeufs s en nourrissent pendant le tiers de l’année; deux de ces animaux consom- I
ment durant cet intervalle les deux coupes successives d’un feddân de trèfle.
Les vaches sont aussi employées aux travaux de l’agriculture ; elles donnent du I
lait pendant les quatre premiers mois de leur gestation , et n’en donnent point I
pendant les huit derniers. Un veau de trois mois se vend de y à 1 o pataquès.
Le prix d une paire de boeufs dans le Delta s’élève communément à 120 pa- I
taques : pendant quatre mtjis, on les nourrit de paille hachée et de fèv es ; pendant I
cinq mois, de trèfle vert; et pendant les trois autres mois de l’année, de trèfle I
sec. La nourriture d’un boeuf ainsi distribuée revient à 10 parats par jour.
Lorsqu une épizootie se manifeste, ce qui a lieu de temps en temps dans le I
Delta, on est obligé de remplacer les boeufs qu’elle enlève par d’autres boeufs que I
l’on tire de la Syrie ou des îles de l’Archipel.
Les troupeaux de buffles que l’on rencontre dans l’Égypte supérieure, ne sont I
entretenus, comme nous l’avons déjà dit, que pour le lait qu’ils fournissent ; leur I
nourriture est la même que celle des boeufs : on les laisse de plus manger sur I
pied 1 herbe appelée halfeh, dont sont couverts ordinairement les terrains qui n’ont I
point été cultivés faute d’eau, et qu’on désigne sous le nom de charâqy. Le prix I
d un buffle dans les environs de Qené est de 20 ou 30 pataquès.
Les buffles semblent devenir moins farouches à mesure que l’on descend vers le I
nord : on en voit quelques-uns dans le Fayoum employés à manoeuvrer les ma- I
chines à arroser; ils se vendent dans cette province jusqu’à yo et 60 pataquès. I
On ne les nourrit qu avec de la paille : ils en consomment une charge de chameau 1
en cinq ou six jours; mais on ne leur donne point de fèves. Dans le Delta, I
comme dans le"Fayoum, ce sont les seuls buffles mâles que l’on fait travailler; I
encore fatiguent-ils beaucoup leurs conducteurs à cause de leur peu de docilité. I
Il y a sur les bords du canal de Ta ’bânyeh, au-dessus du village de Byaleh, dans le I
Delta, un vaste marais qui s’étend jusqu’au lac de Bourlos ; les herbes qu’il produit I
servent de pâture à des troupeaux de buffles à demi sauvages qui y restent toute I
1 année : quelques habitans des villages situés sur la limite des terrains cultivables et I
des marais viennent s’y établir sous des huttes, pour y fabriquer du beurre et du I
fromage avec le lait de ceux de ces buffles qui sont le plus apprivoisés.
La chair de ces animaux est celle dont les boucheries des villes sont le mieux 1
approvisionnées ; le prix moyen d une peau de buffle est de 2 ou 3 pataquès.
l’i n d u s t r i e e t le c o m m e r c e d e l’É g y p t e . 5 5 j
Les chameaux, qui servent à effectuer le transport de toutes les denrées quand
elles ne sont pas transportées par eau sur le Nil ou sur les canaux dont le pays
est entrecoupé, sont moins grands et moins forts dans le Sa’yd que dans la basse
Égypte. L ’éducation de ces animaux est une des principales occupations des tribus
d’Arabes qui habitent les bords de la vallée d’Egypte : ce sont elles qui en approvisionnent
les marchés des différentes provinces. Le prix des chameaux varie
de 30 à 60 pataquès, suivant leur âge et leur force ; ils vivent de fèves, de paille
hachée, de tiges de gesse, de pois des champs, de toute espèce de fourrages
verts ou secs : leur nourriture journalière revient à 7 parats. On les loue à raison
de 2y à 30 médins par jour ; ils peuvent travailler pendant dix ans.
Les chameaux employés au transport des récoltes n’appartiennent, pas toujours
au cultivateur ; il les loue suivant le besoin qu’il en a : les transports de
denrées qu’il a occasion de faire pendant le reste de l’année, sont effectués à
dos d’âne. Il n’y a point de cultivateur qui ne possède quelques ânes ; ce sont
ces animaux qui servent de monture habituelle à lui et à sa famille : leur
patience et leur sobriété les rendent, comme par-tout ailleurs, extrêmement
utiles; mais ceux d’Egypte ont l’avantage d’être doués d’une force extraordinaire.
Leur nourriture journalière ne s’élève guère au-dessus de 4 ° u y médins, et
leur prix d’achat, au-dessus de 10 à 12 pataquès.
Outre les boeufs et les vaches nécessaires à l’exploitation des terres, les cultivateurs
de la haute Egypte ont ordinairement un petit troupeau de chèvres et
de moutons : les chèvres fournissent une partie du lait qui se consomme dans les
villages ; il faut y compter ordinairement la moitié autant de chèvres qu’il y a de
feddân en exploitation. Le prix d’une bonne chèvre est de ly o médins.
Pendant l’inondation, et lorsque les récoltes sont encore sur pied, c’est-à-dire,
pendant huit mois de l’année, on nourrit les chèvres de trèfle vert ou sec, de
tiges de dourah fraîches , de paille hachée et de fèves ; on évalue leur nourriture,
suivant les saisons et les localités, à un médin ou tout au plus à un médin et demi
par jour. Pendant les quatre autres mois, le troupeau est conduit dans les
champs., où il broute ce qui peut rester d’herbe sur pied ; un troupeau de dix ou
douze chèvres est ordinairement gardé par un enfant auquel on donne 3 médins
de salaire par jour. Trois boucs suffisent pour un troupeau de cent chèvres ;
les bonnes chèvres portent deux fois par an, et mettent bas communément deux
chevreaux qui tettent pendant quarante jours. Un chevreau d’un an se vend de
90 à 100 parats. C ’est avec des peaux de chèvre et de bouc que se fo n t, dans
toute l’Égypte, les outres dont on se sert pour transporter l’eau à dos d’homme
ou sur des ânes.
Les moutons du Sa’yd sont presque tous d’une couleur brune. On les tond une
seule fois par année, à la fin de mai ou au commencement de juin : la toison
d’un mouton pèse de 2 à 4 rotl; elle se vend, aux environs de Syout, de 60 à
90 médins. La laine est ensuite lavée, battue, et lavée une seconde fois. Ainsi
préparée pour la filature, on la paye de 4 ° à yo parats le rotl.
Le Fayoum est la partie de l’Egypte où l’on élève le plus de moutons ; la
É .M . T O M E II. Aa a* i