2 } Q M EM O I R E
à être frappés, d’abord sans aucun changement, puis ensuite au type des khalyfes j I
des poids et titres différens des anciens dirhem.
L ’usage de donner le nom du souverain aux monnoies frappées à son coin
a quelquefois été suivi en Europe ; on a appelé carolus, philippes, louis, &c
diverses monnoies frappées par divers princes.
Les dirhem, comme nous l’avons déjà observé pour les dynâr ( i ), prirent sou-1
vent en Egypte le nom du prince ou du gouverneur qui les avoit fait frapper I
Tels sont les dirhem nâsery, frappés vers l’an 583 [ 1 187 de notre ère], ainsi I
nommés du surnom el-Nâser (2) que portoit le sultan Sâlah-ed-dyn ( 3 ) ; les dirhem I
kâmely, frappés vers l’an 622 [ 1225 de notre è re], sous le règne A’el-Maltkl
el-Kâmel Nâsr-ed-dyn (4 ); les dirhem dâhery, frappés vers l’an 6y 8 [ 1260 de I
notre ère], sous el-Aialek el-Dâher Rokn-ed-dyn Bybars (5 ) ; les dirhem n é -1
moudy, frappes vers l’an 781 [ 13 7 9 de notre è re], du nom de ïémyr Mal-1
moud ben-A ’ly (6) ; enfin les dirhem maouyady, frappés vers l’an 818 [ 1415 je I
notre ère], par le sultan el-Malek el-Aiaouyad Abou-nasr el-Cheykh e/-MA-\
moudy (y).
Les monnoies étrangères qui furent le plus répandues en Egypte; vers le com-l
mencement de l’hégire, se distinguoient en deux espèces, .suivant Maqryzy : les I
unes connues sous le nom de dirhem noirs, forts de poids, que d’on notnmoit I
aussi baghly (8) ; les autres connues sous le nom de dirhem tabary (9), et qui nel
pesoient que la moitié des premiers.
Les dirhem baghly venoient de Perse. Hyde , dans son Histoire de la reli-l
gion des anciens Perses (10), dit que la ville et le pyrée ¿Urmyah, ainsi««!
la ville de Chyrâz ( 1 1), furent construits par un homme riche nommé-. Ait Ma-1
gous ( 12), a qui 1 on donnoit le sobriquet de Râs el-baghl (13), qui signifie tête de |
mulet, et que c’est de lui qu’a pris son nom une sorte de monnoie qu’on ap-1
pelle dirhem baghly. M. de Sacy ne croit pas que cette étymologie soit bien I
fondée.
L ’épithète de noirs que l’on donnoit aux anciens dirhem, vient sans doute del
l’opposition de la couleur qu’ils avoient contractée par le temps , avec l’appa-l
rence brillante des dirhem nouvellement frappés, qu’on distingua sous le nomde|
dirhem blancs. Il n’est pas à présumer qu’on ait jamais été dans l’usage de ne pas I
decaper ou derocher les pièces de monnoie avant de les frapper. Plusieurs circons-1
tances peuvent noircir le fond de celles d’argent, telles que l’enfouissementI
(1) Voyez pag. 327, alin. 4* (S) J i j . Voye^ notre Notice sur les Poids Arabes,
(а) j -W I . Voye^, pour ce surnom adopté par plusieurs pag_ ,3 3 , no[e , . „ eI ^ reoslfmue .7 .° {™ l
princes dEgypte, pag. 358, alin. 3. page note t . " ) .
(3) Voyez p. 325, alin. y , et p. 3 8 7 ,alin. avant-dern. („) pW z ib id .
(4) üJûJI j - l i j.U = J I tiUil- Kop.pag.334, alin.3; (l0) p ag (o4) édit de 1?00
et 34s , abn. I. (sa) Armyah, en arabe **.jl ; Chyrii, en arabtl
\5) tjtyxd tiim» surnomme el- ’ IjaÆ
Bondoqdâry [ ]. Voy ei pag. 347, alin. 4 ; et ( ia ) o - j= ? t r i» ¡ c’ est-à-dire tc tc de mage. M û gm m l
. l (б)i t JJ.V..I. ma'j out sig6nifie adorateur du feu.
(7) c S - Î ^ J ! W jt| u lU l t j lU J I
Kt<JKl pag. 334, alin. 6.
S U R L E S M O N N O I Ë S D ’ E G Y P T E . 3 3 *
dans la terre , 1 impression du feu , de l’humidité et sur-tout des vapeurs (i). Les
lettres et les points saillans reprennent, par un léger frottement, l’éclat métallique,
qui se détache fortement sur le fond qui reste noir.
M, Tychsen conjecture que les dirhem tabary prenoient leur nom de la ville de
Tibériade (2 ) , ou parce que ces pièces y avoient été frappées, ou parce que
les Arabes fréquentoient beaucoup cette ville pour leur commerce avec les Romains,
et en tiroient les monnoies frappées par les empereurs.
Maqryzy cite aussi, comme répandus dans le commerce, les dirhem mo-
§ 'reb (3) et *es dirhem yemery (4). Moghreb signifie le couchant : les Arabes ont
donné ce nom aux pays de leur domination situés vers l’occident, non-seulement
aux contrées de l’Afrique que nous appelons la Barbarie et où sont situés
Tripoli, Tunis , Alger, Fez , Maroc, & c ., mais encore à l’Espagne et aux
autres pays qu’ils avoient conquis en Europe. Le nom d’ Yemen a été donné
au pays que les anciens ont connu sous le nom d’Arabie heureuse. Les monnoies
dont il s’agit venoient principalement de Médine , la Mekke, &c.
Lorsque le sultan el-Malek el-Maouyad ( j). vint de Damas en Égypte, son
armée et les gens qui fa suivoient, apportèrent une grande quantité de dirhem
hqndoky .{€)«, ainsi nommés parce qu’ils provenoient du commerce avec les
Vénitiens,« des dirhem nourouzy, ainsi appelés sans doute du nom de ïémyr Nourouz
el-llâfedy (y). Ces espèces eurent cours dans le commerce et furent reçues avec
plaisir, parce qu’il y avoit long-temps qu’on n’avoit fabriqué de dirhem en Egypte,-
où l’on ne voyoit plus que des monnoies de cuivre (8).
Parmi les monnoies modernes provenant de l’étranger, la plus commune et
la plus usitée dans le commerce, jusqu’à l’arrivée des Français en Égypte, étoit
la piastre d’Espagne.
Cettg monnoie, plus abondante que toutes les autres, parce que les Espagnols,,
qui,tenoient en leur possession les mines d’argent les plus riches, con-
vertissoient en piastres presque tout l’argent qui en sortoit; cette monnoie,
dis-je, étoit celle dont le change étoit le plus avantageux pour les autres
puissances. Il suivoit de cet avantage et de son abondance, qu’elle étoit plus
généralement répandue dans le commerce du monde, et qu’elle devenoit
en quelque sorte une monnoie de convention, qui, d’une pârt, servoit de
moyen déchange avec presque toutes les nations, et, de l’autre, alimentoit
non-seulement presque toutes les monnoies des divers états, mais' encore
une partie de leurs orfèvreries. Elle ne servoit pas uniquement, dans le commerce,
à solder les marchandises; elle formoit elle-même un objet de trafic
(■) Principalement des vapeurs qui contiennent de Damas à l’époque où el-Malek el-Maouyad en partit
1 hydro-sulfure ou acide ,hydro-suIfiir¡que. pour se rendre en Égypte.
2) ncicnne ville de. Judée, bâtie par Herode- Les cadeaux du premier de l’an s’appellent nourotizyeh
grippa en 1 honneur de Tibère; en a ra b e , Ttbiyah ]> de nourou^ [ j j j y ] qui signifie, en persan, noum°
ghnb [ cj-**-* ]> Ie couchant. veau jour> ou premier jour de l’an : peut-être est-ce là
(4) > de yêmin [ ü ^ ] , qui signifie la droite. l’étymologie des dirhtm nourouzy. Il s’agiroit alors de
il! Y°yeZ 33°> a^n* -> et Pag- 334» a^n* 6. dirhem d’étrennes : voyeç pag. 337, §. IV ; et pag. 338,
(6) Voyez pag. 338,001.3. % 7 alin. 3.
(?) Cet ém y r c om m an d o « à (S) Kqyrç pag. 336, a lin . 1.“ et suiv.
É. M . T O M E II. t , ,