
inscriptions et en médailles, soit Koufiques, soit Karmatiques ( i ) , branche de recherches
vers laquelle mon goût particulier m’avoit toujours spécialement porté,
sur-tout lorsque je considérois que cette moisson devoit me procurer des résultats
d’autant plus abondans et d’autant plus précieux, que la victoire nous fàcilitoit la
libre entrée des nombreuses mosquées dont la capitale de l’Egypte a été successivement
embellie par le zèle religieux et la magnificence des khalyfes (2) Abbassides (3)
et-Fatémites (4), et nous donnoit le droit non contesté de pénétrer dans les autres
monumens qui renferment une grande partie de ces inscriptions, et dont l’intérieur
avoit été si rigoureusement interdit jusqu’alors aux voyageurs Européens et quelquefois
aux naturels du pays eux-mêmes.
Aussi, dès le moment où j’ai abordé cette terre véritablement classique, si
abondante en trésors inédits, j’ai mis le plus grand empressement à rechercher,
observer et dessiner toutes les inscriptions Koufiques et Karmatiques que j’ai pif
découvrir; et la collection que j’en ai rapportée, est devenue aussi nombreuse
qu’importante par la découverte que j’ai faite, à l’occasion de la célèbre pierre de
Rosette, de l’application des moyens typographiques pour en tirer des empreintes
promptes et faciles, sans que la grande célérité de l’exécution pût cependant'
(1) Voye^ mon Mémoire sur les inscriptions Koufiques
recueillies en Egypte, et sur les autres caractères employés
dans les monumens des Arabes, déjà cité ci-dessus, E. AI.
tome L " , page
(2) Le mot Arabe khalyfeh &LJU. signifie littéralement
successeur, vicaire, lieutenant, et vient de la racine Arabe
khalafa, qui signifie venir après, succéder, remplacer.
Ce nom a été le titre de la dignité souveraine, qui, chez
les Musulmans, comprenoit à—la-fois un pouvoir absolu
et une autorité entièrement indépendante sur tout ce
qui regardoit la religion et le gouvernement politique
ou militaire. -
L’origine de ce nom vient de ce tpi Abou-beker j j f ,
après la mort de Mahomet, ayant été élu par les Musulmans
pour remplir sa place, ne voulut pas prendre d’autre
titre que celui de Khalyfeh resoul allait «ut ,
c’est-à-dire, vicaire ou successeur du prophète de Dieu.
La ville de Médine [Aledynah aXjo~* ] , où Mahomet
mourut et fut enterré, fut d’abord le siège du khalyfat, qui
y demeura fixé jusqu’à A'iy J-c, quatrième khalyfe : ce
prince le transporta à Koufah ; et Alo ’aouyah
a jm , premier khalyfe de la race des Ommiades,Ie transféra
ensuite à Dama s. A bou-l-A ’bbâs jjaluJî y \ , surnommé
cl-Saffâh £.Uu«Ji, premier khalyfe de la race des
Abbassides, le remit pendant quelque temps à Koufah ; puis
il le transféra à Anbarah s^ôl, dans l’Irâq Babylonique
[ I Jrâq Bâbely J jI j (jjLf* ]î ensuite il l ’établit dans une
ville qu’il fit construire près de l’Euphrate, et à laquelle il
donna le nom de Hâchetnyeh . Son successeur, le
khalyfe Abou G a1 far al-AIansour jj-~ 1 j * «•> j j | ,
ayant ensuite construit la ville de Baghdâd, en fit le
séjour du khalyfat.
La succession des khalyfes dura sans interruption jusqu’à
l’an 656 de l’hégire [1258 d e l’ère Chrétienne].
(3) Beny el-A’bbâs ^ L jJ I Cette dynastie a eu
trente-sept princes qui ont possédé successivement le
khalyfat pendant environ cinq cent vingt-trois ans ,
depuis l'an 132 de l’hégire [749 de I’ère Chrétienne],
jusqu’à l’an 656 de l’hégire [ 1258 de l’ère Chrétienne].
L’Egypte refusa de reconnoitre les Abbassides, l'an 362
de l’hégire [972 de l’ère Chrétienne], lorsque le khalyfe
Fatémite el-Mo’ez en eut fait la conquête. L’autorité des
Abbassides n’y fut rétablie que par Saladin, l’an 567 de
l’hégire [1171 de l’ère Chrétienne].
Enfin cette famille, ayant été détrônée et presque
entièrement exterminée après la prise de Baghdâd par
les Tartares, l’an 656 de l’hégire [ 1258 de i’ère Chrétienne],
ne laissa pas, trois ans après, d’avoir encore
quelque ombre d'autorité, au moins quant à la religion,
en Egypte; car Beybars sultan des Mamlouks
Circassiens, l’y appela, et ses successeurs l’y maintinrent
tellement, que,lorsque le sultan Selym fit la conquêtede
l’Egypte en l’an 922 de l’hégire [1516 de l’ère Chrétienne],
il y trouva encore un de ces fantômes du khalyfat, nommé
el- Alotaouakel a’ia illah «ul qu’il emmena
avec lui à Constantinople.
L’histoire de ces derniers khalyfes Abbassides d’Egypte
a été écrite par Dyârbekry l p , et insérée dans sa
chronique intitulée el-Khâmysy cÿ«iyoli!. -
(4) fE l - Kholafa el - Fâtemyoun ( j^ i l iJ I
Les princes de cette dynastie prétendoient descendre en
ligne droite d’A Jly , fils d’Abou-Tâleb <_>JIL> jj| et de
Fâtmah son épouse et fille du Prophète; cette
dynastie commença à s’établir en Afrique l’an 296 de
l’hégire [908 de l’ère Chrétienne]. Les khalyfes Fatémites
ont régné d’abord dans l’Afrique proprement dite, et se
rendirent ensuite maîtres de l’Egypte. Le premier prince
de cette dynastie qui régna dans cette dernière contrée,
fut le khalyfe Abou-Temym Ma Jd y î , qui
prit le .surnom (Ïel-Mo’e^ le-dyn illah au! qjo-j Ja_U ;
il étoit fils du khalyfe el- Mansour b-illah idL j I .
II jeta les fondemens du Kaire l’an 359 de l'hégirc
[970 de l’ére Chrétienne].
nuire eh rien à leur exactitude parfaite, qui les rend, si on p e u t le. dire, des
fa c shnile absolument homogènes et identiques.
J’ai rendu compte, dans le premier volume de cet Ouvrage ( i) „ des procédés
que j’ai employés pour obtenir ce double résultat: ainsi je ne m’y arrêterai pas ici
daVaiïtagé.
Mais de tous les monumens qui m’ont offert des inscriptions de ce genre, celui
qui devoit sans doute le plus attirer mon attention, et que l’on a toujours regardé,
avec raison, comme un des plus remarquables, c’est le Nilomètre qui, fondé dès
le premier siècle de l’hégire, existe encore de nos jours,à l’extrémité méridionale
de l’île de Roudah, et qui qst connu sous le nom de Meqyâs : j’oserai même,
avancer que ce monument est peut-être de tous les ouvages des khalyfes le plus
important, soit par l’usage même auquel il est consacré; soit par le nombre, la
consèrvation et letendue des inscriptions qu’il renferme; soit par les époques de 1 histoire des Arabes, et de l’Egypte en particulier, auxquelles il se rattache; soit
enfin par l'influence que. le mesurage des crues périodiques du Nil a dû toujours
avoir dans le gouvernement et dans la perception des revenus de l’État.
Les diverses inscriptions Koufiques que renferment le Nilomètre et les édifices
qui-en dépendent ou qui l’entourent, se rapportent aux époques différentes de
son élévation et de ses reconstructions ou réparations successives; mais, afin de
les classer d’une manière plus positive et plus distincte dans l’ordre des temps où
elles ont été scüiptéés; et gravées, il m’a semblé indispensable de faire précéder
leur traduction et le développement des documens historiques et littéraires que
reniement quelques-unes d’elles, parquelques détails succincts sur la chronologie
de ce monument et des autres Nilomètres qui l’ont précédé.
J ai recue‘Hi la presque totalité des détails que je vais présenter, soit dans les
renseignemens qui m’ont été communiqués par le qâdy spécial chargé de l’administration
du Meqÿâs (2) , soit dans les historiens Orientaux qui ont' traité de ce
monumenti et dont j ai acquis les manuscrits au Kaire.
Les auteurs Arabes que j’ai principalement consultés, et dont j’ai même cru
indispensable de rapporter quelques textes à la suite de ce Mémoire pour servir
de pièces justificatives aux faits que j’y expose, sont; Gergis ben e l -A ’mvd
plus connu sous le nom d’el-Makyn (3), dont nous avons fait cejui d’Elmacln]
(1) Voyei mon Mémoire sur les inscriptions Koufiques LÜUI , i l .iL -V I » | , „ ,
recueillies en Egypte, et sur les autres caractères employés ^ ? T OE ^ % H E M *
dans les mbnifrnens des Arabes, Ê. AI. tome I , page jqr. ¿dj0 J| J | ^
(2)- J’entrerai plus' loin dam des détails assez érendm & v * ^ l ¿1 ^ ¿1 ^ >»L-JI 3 sur le qady spécial-du Meqyâs. 1 ‘ J* O-?
(3)' Cet auteur, dont;le nom entier est Gcroh ben cl- U f " ’ H u 'oria Suraccmca, qui rcs gesti Afuslimo-
A ’myi, abou-l- Yâser benaby-l-Mobârem, ben aby-l-Taycb ^ Pr>m° tinpem et MgiomsAtùi
«,( ^ . jU a t ¡ i f & j J J I J o^JI a“ “ m ‘ mqUt a i >" " >um imP " “ A ' “ bacKi, per
. 1 . . ^ ^ J - X U X xmperatorum successionetn fidelissimè explicantur ■
a reçu le surnom d el-cheykh el-Makyn os— C i l i l l , mirrm eüam passim Chrhnanorum rebus in Orientisporil
sous lequel il est plus communément cité. iL a écrit ceclesm eedem tcmpvrc gesiis : arubk'e clim exaruta
une istoire es rabes, intitulée Târykh el-Alouslemyn « Georgio Elmacino, fil. Abuljaseri Elamidi, f . Abulma-
^ • ^ ’ [Histoire des Musulmans], dont Th. Er- caremi, f . Abultibi, et latinè réédita operâ ac studio ■
penms a donne deux éditions : l'une, format in-folio, en Thomæ Erpenii. Lugduni Batavorum, i6 iç .
arafie et en latin, sous le titre suivant : l ’n,,,.» ' t - • r ■ .
Lautre édition, format in-q..0, ne contenant que la