porte d Egypte en Arabie par la voie de Qoceyr, se vendent 120 parats
chacune : un chanteau peut en porter deux cents pièces.
On mesure les grains d’Égypte, quand ils sont arrivés à Qoceyr, avec des
mesures différentes de celles que l’on emploie à Qené. L 'ardeb de Qoceyr est à
celui de Qené comme 3 est à y ; la première de ces mesures est égale à un
ardeb du Kaire et , „ 0. Ee fret d un ardeb de toute sorte de grains expédié
de Qoceyr a Yanbo ou à Geddah est de 160 médins.
Le ble se vend a Yanbo 6 piastres d Espagne Xardeb de Qoceyr; il monte
jusqua 7 piastres dans les années de disette.
Le qantâr de sucre d’Égypte se vend à Geddah et à Yanbo’ 2500 parats;
le qantâr de beurre s’y vend de 1 2 a 1 y piastres.
On voit qu’il n’y a guère d’exportation par le port de Qoceyr que des productions
territoriales de lÉgypte, de toiles, et de quelques autres produits de ses
grossières manufactures.
La lisiere du chemin que 1 on suit à travers le désert pour se rendre dans
ce port, est occupée par des Arabes de la tribu des A ’bâbdeh: ils sont non-
seulement les voituriers ordinaires de cette route, mais encore ils sont chargés
de l’escorte des caravanes, moyennant une rétribution de 23 médins qu’on leur
accorde pour chacun des chameaux dont elles sont composées.
Malheureusement, comme ces Arabes ont peu de propriétés qu’on puisse
atteindre, il est difficile de les rendre responsables des pillages qui peuvent se
commettre sous leur escorte : aussi ne remplissent-ils pas toujours leurs obligations
avec fidélité. Au reste , ne connoissant guère que les besoins de la vie
pastorale, ils sont plus avides d’objets de première nécessité que d’objets de
luxe; voilà pourquoi, outre la rétribution de 23 parats dont je viens de parler,
ils exigent un vingt-quatrième S ardeb de blé, de farine d’orge ou de fèves, pour
chacun des chameaux qui en sont chargés, tandis qu’ils n’exigent rien en nature
sur les charges de sucre, de safranon et de café, quoiqu’elles soient d’une plus
grande valeur.
Lorsque les guerres que se font entre elles les tribus d’Arabes rendent moins
sûre la route des caravanes, on attend, pour les expédier, qu’elles soient assez
nombreuses pour se défendre contre les partis qui pourroient les attaquer ; elles
étoient, dans ces circonstances, escortées par des Mamlouks, qui recevoient
60 parats par chameau.
Outre une certaine quantité de denrées et de productions d’Égypte, le port
de Suez, le plus voisin du Kaire, reçoit de cette ville la plupart des marchandises
d’Europe qui sont destinées pour l’Arabie et pour l’Inde.
Comme ces exportations ne payent aucun droit de douane à leur sortie, et
qu on n en tient point état, il est impossible de savoir avec précision la quantité
de chacune d elles : aussi ne devons-nous regarder que comme de simples
aperçus les indications que nous allons en donner d’après les renseignemens
que nous avons reçus du douanier de Suez, et de quelques ncgocians du
Kaire qui font ce commerce.
On évalue a quarante ou cinquante mille ardeb de b lé , de fèves et de lentilles
, la quantité de ces grains qui est expédiée annuellement d’Égypte par les
ports de Qoceyr et de Suez pour ceux de Geddah et d’Yanbo’.
L Arabie tire directement de l’Inde le riz qu’elle consomme; le peu de riz qu’on
y envoie d’Égypte ne s’élève guère qu’à cinq cents ardeb par an.
Le transport du Kaire à Suez, de deux ardeb de blé, qui forment, comme on
sait, la charge d’un chameau, coûte 4 pataquès; ce qui fait revenir à 6 pataquès
le prix de Xardeb rendu dans ce port et prêt à être embarqué.
Quant aux marchandises d’Europe qu’on exporte par cette voie, elles consis-
toient principalement en verroterie de Venise, corail, cochenille, safran, fer,
plomb, cuivre et papier.
La verroterie de Venise et le corail formoient annuellement un article de
100 à 1 y 0,000 pataquès.
On évalue à trente ou quarante barils la quantité de cochenille qui s’expédie
annuellement pour l’Inde par le port de Suez. Cette quantité de cochenille s’est
élevée quelquefois jusqu a quatre-vingts barils, dont chacun est du prix de 1000
à iyo.o pataquès.
On exportoit annuellement 2 ou 3 qantâr de safran, valant de 700 à 1000 pataquès
chacun.
La valeur du fe r , du plomb et du cuivre expédiés de Suez à Geddah, étoit
estimée de yo à 60,000 pataquès; celle du papier, à yo.ooo. Enfin on portoit
a 30,000 pataquès le prix du fil de cuivre doré ou argenté, et celui de quelques
autres menues merceries destinées pour l’Arabie et pour l’Inde.
Si I on compare les exportations que nous venons d’indiquer aux importations
de 1 Arabie et de 1 Inde en Égypte, on verra que ces importations devoient
être presque en totalité soldées en argent ; et c’est ce qui avoit lieu en effet.
S E C T I O N I V .
Des Relations commerciales de l ’Êgypte avec l ’Europe.
Les nations Européennes qui se partageoient presque exclusivement le commerce
de l’Égypte avant l’expédition Française, étoient les Vénitiens, les Toscans
et les Français ; leurs vaisseaux et ceux de la république de Raguse fàisoient le
cabotage dans les mers du Levant avec d autant plus davantage, que les droits
d entree et de sortie imposes sur les cargaisons de ces vaisseaux dans les ports
de cet empire etoient moindres que ceux auxquels les chargemens des bâtimens
nationaux etoient assujettis. Les traités de commerce qui avoient stipulé les
privilèges de chaque nation chrétienne, étoient, en général, assez rigoureusement
observés. Les consuls Européens qui résidoient dans les diverses échelles,
étant spécialement chargés de veiller à l’exécution de ces n-aités, la réclamoient
au besoin, et affranchissoient ainsi le commerce de leur nation, des charges arbi