pour désigner le Nil, et il signifie alors le Fleuve par excellence, en faisant un nom
propre d’un nom appellatif, par une figure qui est généralement très-familière aux
langues Orientales (i).
Je dois ajouter ici que les Hébreux eux-mêmes désignent également, en
quelques endroits de la Bible, le Nil par le seul nom d’ IN* lar (2) qui signifie de
même fleuve.
Dans les livres Qobtes, on trouve aussi souvent le Nil appelé seulement du nom
aie ph-iaro, ou, en dialecte Sayclique, J I E I E J * 0 p-eiero-[le Fleuve].
C ’est ainsi que l’Euphrate est aussi appelé par les Arabes y i Na/iar
[le Fleuve], et par les Hébreux, du même nom de Nehr (3) que nous
venons de voir déjà donné par eux au Nil. Les Persans désignent de même par le
nom de Roud , qui a la même signification dans leur langue, le fleuve Oxus,
que quelques auteurs Orientaux ont aussi appelé Gyhoun, mais dont les
véritablesnoms somAii-Amou y*) [fleuve Amou], Dihâni-chyrflfl /^jl$h)(4),
et le plus souvent Nehri-Ba/kh ¿ t y ÿ [fleuve de Balkh], à cause dé la ville de
Balkh (y), près de laquelle il coule.
Les Ethiopiens aussi donnent quelquefois au Nil seulement le nom de fnhL :
Taka-fl [ le Fleuve ].
Mais je dois remarquer que ce dernier nom du Nil chez les Éthiopiens, qui
a été connu de quelques voyageurs sous la dénomination de Tagaçé, est donné le
plus souvent d’une manière spéciale à la rivière de Te gros tlV'/Ch, l’un des plus
considérables afHuens du Nil en Abyssinie, et auquel les voyageurs donnent aussi
le nom d'Atbara.
Le troisième nom donné au Nil par les Hébreux, et qui est celui de SflJ Neh/il
(1) J’ai déjà cité des exemples de noms appellatifs
convertis eh noms propres, dans la note de_ la première
page de mon Mémoire sur les inscriptions Koufiques
recueillies en Egypte, et sur les autres caractères employés
dans les monumens des Arabes, E . M . tome I . " ,
p a g .S2j .
(2) G en. cap. XLI, jt. i et seq. Exod. cap. i , jv. 22.
(3)'Exod. cap. XXIII, y . 3 1 , &c.
(4) Mot à mot, bouche de lion. Ce fleuve porte encore
chez les Persans les noms d’Abi-Teber ,e t ,
suivant quelques auteurs, de Roud-khâneh & , y,
(5) Balkh Suivant A’bd-er-Rachyd el-Bakouy,
« cette ville, située dans Je 4.' climat, à 105° 5' de Iongi-
»tude et à 36° 41' de latitude, est une des principales
» du Khorasàn. Elle fut bâtie par Menou-Geherj
as fils d’ Yreg , fils d’Afiiydoun Ses habi-
» tans sont, dit-il, connus par leur vanité : on y voit un
» vaste temple d’idoles, nommé el-JVoubehâr et
»qui a cent coudées de longueur dans sa façade, et plus
» de cent d élévation. II etoit sous la garde des Barmekides
» [el- Baramekyeh ],et]esroisdeIa Chine et ceux
» de l'Inde venoient y adorer l’idole et baiser la mainidu
» Barmckide. Ce Barmekide commandoit dans le pays :
» et un Barmekide succéda à un autre, jusqu’à la con-
» quête du Khorasan, du, temps d' 0Jtmân tbn A ’ffàn
» y l i c : alors la garde du temple passa
» à Bannck ben Khdl.d ^JU. ^ tiL j,, qui entra dans
» l’islamisme, se rendit auprès d’O’tmân, et racheta
» le pays à prix d’argent. Ensuite A'bd-allah «if ô+d , fils
» d'A'merjAÎc, fils de Kernei j j >£=>, fit la conquête’de
» tout le Khorasan , et envoya Qeys , fils de
» Haytam , qui ruina et renversa le Noubehâr.
» Balkh est la patrie d’Ibrâhym jA , fils d’Adliam el-
•»A’gely JaeJI /*il,qui mourut l’an 161 de l’hégire [7 7 7^
» I’ère vulgaire]; à'Abou-A’ly Chaqyq tyià, ^>|, fils
» d’Jbrâhyrn el-Balkhy <_sàUf jiybl^jt, un des plus célèbres
»docteurs du Khorasan: il fut tué dans le combat de
OU
,oü Nekhl ( t ) , se trouve souvent aussi, comme le précédent, joint avec le nom de
E g y p te , /I1J Nehhl-Metsraym (2) .* ce nom n’est bien évidemment' autre
chose que celui sous lequel ce fleuve a été connu généralement des Grecs et des
Latins, et qu’ils ont rendu par ceux de NtÎM et de Nilus, en y ajoutant une
terminaison propre à leurs langues. Le nom de Nuchul, que Pomponius Mêla
donne à une portion du Nil en Ethiopie, conserve même l’aspiration dure de la
lettre hheth ou kheth [H] que renferme le mot Nehhl
Ce mot est lui-meme racine dans la langue Hébraïque; et certainement on ne
pourrait trouver nulle part mieux que dans sa signification littérale, une définition
qui dût convenir d’une manière plus particulière et plus positive au N il, à la situation
de son lit, et à ses débordemens annuels opérés par les pluies périodiques
de I Ethiopie. I * '
En effet, le mot SflJ Nehhl, suivant tous les lexicographes Hébreux, signifie
expressément, dans cette langue, une vallée étroite et resserrée, formant un lit dans
lequel coule rapidement un torrent qui s’enfle au temps des pluies (3). Ce mot a fa même
acception, dans les autres langues Orientales : on le retrouve dans le chaldéen
Nehld et Nehhlâ, dans le syriaque JLmj Nahhlô, dans le samaritain
Nehhl, dans le persan N a hl, qui offrent absolument le même
sens que le mot Hébreu (4) ; les langues Arabe et Éthiopienne fournissent même
des analogues des différentes portions du sens de cette racine dans plusieurs de
leurs mots usuels dont les lettres radicales sont identiquement les mêmes que
celjes de la racine Hébraïque (y)-
A 1 égard du quatrième nom du Nil, K y p t f Ssyhhour ou Sihor, qui se rencontre
en plusieurs endroits de la Bible (6 ) , et qu’on’ trouve aussi écrit -,1W
Sséhhourjy), d me semble être indubitablement le même que celui de
a n 610 e, “ Pline ,e Nat“™liste (8) nous disent avoir été un des
anciens noms du Nil. . > - C5
H P 1= Periégète ( ,) , ,p p o , „ „ „
HPSI £jj '’ ” *“ ““ ’U* '* t““" *•*»* »-“<
»KouUn , l'an 194 de l’hégire [809 de l’ère v'ul-
»gatre] ; i ’A 'b i cl-bhclyl ^ g fik de Moham-
” med>surnoramé er-Rachyd personnage célèbre
»et connu sous le nom de el-Ouatouâteh se-
” crétaire du sultan Khoubreqn châh i L ’
(1) Reg. I I , cap. xxiv, v . 7. Numer. cap. xxxiv,
” ' h Î °meé f P’ XV’ L cap. vin ,
AT, 66. Paralip.I , cap. V I I ,y . 8.Isaî. c a p .x x v i l,y . 12, &c*
(a) Les écrivains Arabes joignent aussi le plus souvent
le nom de l’Egypte à celui du’ N il, de cette manière,
J** Nyl-Mesr.
(3) S r a , vallis.pec. angusta, aheum habens quo ton-
pore p u mer raptim torrene defenur, unde « ,mms.
taastell, tom. I I , col. 2272.
É . M . T O M E I I .
(4) Castell t ibld. et Diction. Persico-Latin. col.' J26.
(s) Æth. I c h s : coliapsusest, corruit. idt.£\ : collapsus,
depulsus.
Ar. J j â ï , nia, continua pluvia. Ads\,pm>iue
quidam pnpc Mecham. 2ç.lçjj , f lmiue alius. Cas-
tell, col. 2273 et 2274.
(6) Josue, cap. XIII, y. 3 j Paralipomen. I , cap. xm
3f . 5 , & C.
(7) Jerem, cap. 11, y . 18.
(8) Voye% les textes Grecs et Latins rapportés dans la
sixième partie de ce Mémoire.
(9) Orbis Descriptio, vers. 223. Voyez le texte dans
Ia sixième partie de ce Mémoire.