
 
        
         
		Il  y  a  dans  toutes  les  parties  de  l’Egypte  des  etuves  ou  couvoirs  artificiels  ;  
 mais  ces  établissemens  sont  beaucoup  plus  communs  dans  le  Delta  que  dans  le  
 Sa’yd.  Les  premiers  renseignemens  que  nous  présenterons  ici,  ont  cependant  été  
 pris  à  Louqsor,  un  des  villages  qui. existent  aujourd’hui  sur  l’emplacement  de  
 Thèbes.  (Voyez  les  Arts  et  Métiers,  planche  I ." , fig .  n ,  12  et  13 ,  et  planche II,  
 fig.  1 ,   2  et 3 ,  É. m .  vol.  I I .) 
 C e  ma'mal elfarroug est  un  bâtiment  rectangulaire,  construit  en briques  crues:  
 il  a  la  forme  d’une galerie oblongue,  de  chaque  côté de  laquelle  s’élève  un  corps  
 d’étuves  à  deux  étages,  divisées  en  douze  ou seize chambres  par  des  murs  transversaux. 
   Ces  chambres  sont  couvertes  de  voûtes  demi - sphériques, au  centre  
 desquelles  sont  pratiquées  deux  ouvertures,  l’une pour communiquer  du  rez-de-  
 chaussée à l’étage  supérieur,  l’autre  pour  laisser  échapper  la  fumée  et  pour  introduire  
 ,  au  besoin,  de  l’air  extérieur  dans  la  galerie. 
 Les  murs  transversaux  formant  la  séparation  des  chambres  sont  eux-mêmes  
 percés,  mais  au  premier  étage  seulement,  d’une  espèce  de guichet, par  lequel  un  
 ouvrier  peut  entrer  de  l’une  dans  l’autre,  et  circuler  dans  toute  la  longueur  
 du  bâtiment.  C ’est dans  l’étage  inférieur  que  les  oeufs  qui  doivent  éclore  sont  
 placés ;  on les dispose en  deux couches  :  c’est  dans  l’étage  supérieur  que le  feu  est  
 entretenu. 
 Chacune  des  chambres  du  rez-de-chaussée  de  l’étuve  contient  environ  cinq  
 mille  oeufs;  on  échauffe l’étage  supérieur  en y brûlant  des  tourteaux  de  fiente  de  
 bétail,  de  la  poussière  de  paille  et  de  terre,  &c.  L ’entretien  du  feu  est  soigné  
 jour  et  nuit  par  trois  ouvriers,  qui sont  aussi  chargés  de  visiter  les  oeufs,  de  les  
 changer  de  place,  et  de  faire  passer  dans  une  pièce  extérieure  les  poulets  à  
 mesure  qu’ils  éclosent ;  ce  qui  a  lieu  ordinairement  du  vingt  au  vingt-deuxième  
 jour  de  cette  incubation  artificielle.  Il  seroit  superflu  de  répéter  ici  ce  qui  a  été  
 dit  par MM.  Rozière  et  Rouyer,  sur la  durée  de  cette  incubation  ,  sur la  température  
 des  couvoirs  ,  et  généralement  sur  toutes  les  circonstances  de  cette  
 opération. 
 L ’hiver  est  la  saison  pendant  laquelle  on  s’en  occupe  ,  et  on  la  renouvelle  
 ordinairement  deux  ou  trois  fois  de  suite ;  ce  qui  porte  à  deux  cent  mille  environ  
 le  nombre  d’oeufs  qui  sont  mis  à  éclore  chaque  année  dans  un  ma'mal.  
 Sur  douze  oeufs, neuf sont  ordinairement  productifs  :  on  les  apporte  des villages  
 des  environs.  Le  fermier du four  reçoit seize  oeufs,  et  rend  quatre  poulets. 
 En général,  les  étuves  à  poulets  appartiennent  aux  gouverneurs des  provinces,  
 et  sont  affermées  par  leur  intendant.  Le ma’mal el-farrong  de  Louqsor  est  loué  
 30  pataquès  à  l’écrivain  du  village.  II  reçoit  lui-même  les  oeufs  qui  lui  sont  
 apportés,  et  garde  pour  lui  les  deux  tiers  des  poulets  qui  éclosent  après  que  
 les  vendeurs  d’oeufs  ont  reçu  en  poulets  le  quart  des  oeufs  qu’ils  ont  fournis ;  
 il  donne  l’autre  tiers  à  ses  ouvriers  :  de  sorte  que,  si  tous  les  oeufs  venoient  à  
 bien,  il  y auroit un  quart des poulets  éclos  remis à  ceux  qui  fournissent les  oeufs ;  
 une  moitié  appartiendroit  au  fermier  du  ma’mal,  et  l’autre  quart  aux  ouvriers.  
 Mais,  comme  ordinairement  le  quart  des  oeufs  est  stérile,  le  partage  entre  le 
 fermier  et  les  ouvriers,  dans  la  proportion  qui  vient  d’être  indiquée,  ne  se  fait  
 que  sur  la  moitié  des  oeufs  fournis. 
 Le  prix  d’un  cent  d’oeufs  est  communément  de  8  ou  10  parats  ;  celui  d’un  
 cent  de  poulets  sortant  de  l’oeuf  est  de  100,  c’est-à-dire,  décuple. 
 S E C T I O N - X . 
 D e  la   Chasse  et  de  la  Pêche. 
 L a   chasse  des oiseaux  de mer,  sur  le  bord  de  la Méditerranée  et  des  lacs  qui  
 couvrent  la  côte septentrionale  de  l’Egypte,  occupe  une  partie  de  la population  
 des villages  qui en  sont voisins.  Les marchés  de Damiette,  de Rosette  et d’Alexandrie, 
   comme  ceux  des  principales  villes  du  Delta,  sont  abondamment  fournis,  
 pendant l’hiver,  de  canards, de  pluviers, & c.,  que des  oiseleurs  prennent  au filet.  
 Les  cailles,  qui  abondent  sur  les plages  sablonneuses  de  l’Egypte dans les mois  de  
 septembre  et  d’octobre,  sont aussi, chaque année,  l’objet d’une  espèce  de moisson  
 plus  ou moins  abondante  :  elles  arrivent sur  la  côte  tellement  fatiguées, et  rasent  
 de  si  près  la surface de  la  terre,  qu’elles  restent  embarrassées dans  les  filets  qu’on  
 tend  à  cet  effet-sur  le  rivage.  Ces filets,  qui  n’ont  pas  plus  d’un  mètre  ou  d’un  
 mètre  et  demi de  haut,  sont  tendus verticalement  sur  des  bouts  de  roseau  fichés  
 dans  le  sable.  Les  cailles  que  l’on  prend  ainsi  au  filet,  sont  en  si  grande  quantité  
 à  une  certaine  époque  dans  les  environs  d’Alexandrie,  que  les  habitans  de  
 cette,vilje,  pendant  cette  saison, en font presque  leur unique nourriture. 
 Quoique  le  Nil  soit  très-poissonneux,  et  qu’il  y  ait  dans  toutes  les  villes  et  
 tous les  villages  situés sur  ses rives,  des hommes  qui  font  de  la  pêche leur  unique  
 profession,  ce  n’est  que  sur  les  bords  du  lac  Bourlos  et  du  lac Menzaleh  qu’il  
 y  a  des  établissemens  de  pêche  proprement  dits. 
 Le  village  de  Beltym  est  le  chef-lieu  des  pêcheries  du  lac  Bourlos.  Sur  les  
 quatorze  autres  villages  ou  hameaux  qui  sont  bâtis  le  long  de  la  plage  sablonneuse  
 par  laquelle  ce  lac  est  séparé  de  la  m e r,  quatre  sont  exclusivement  peuplés  
 de pêcheurs  :  le quart  seulement  de  la  population  des  dix autres  est  occupé ,  
 pendant une partie de  l’année,  de  la  pêche  de  l’espèce  de  poisson dont  les oeufs,  
 séchés  au  soleil,  forment  cette  sorte  de gâteaux  qu’on  appelle bouUrguc  sur  toutes  
 les  côtes 'de  la Méditerranée.  La  pêche,  de  ce  poisson  commence  ordinairement  
 au  milieu  du  printemps,  environ  deux  mois avant  l’accroissement  du Nil. 
 Le  droit  de pêche  dans  çe  lac  étoit  affermé  au profit  de  l’un  des  principaux  
 beys.  Je  tiens  du  fermier  de  ce  droit,  qu’il  payoit annuellement  3300 pataquès  
 de  redevance.  Il me  dit  aussi  que  le  nombre  des  pêcheurs  qui  étoient  employés  
 pour  son  compte,  s’élevoit  à  quatre  cents. 
 Les  deux  villages  de Mataryeh  sont  les  établissemens  principaux  de  pêcherie  
 que  l’on  trouve  sur  les  bords  du  lac  Menzaleh.  De  trois  cents  barques  qui  
 couvrent  quelquefois  le  lac  dans  la  saison  de  la  pêche  du mulet,  la  moitié  au  
 moins  appartient  à  ces  deux  villages.  Le  poisson  que  l’on  apporté  à Mataryeh