
Latines ( i) , qui ont été suivies de deux autres en langue Française (2). Cet ouvrage
contient des choses très-curieuses ; mais l’auteur n’a jeté qu’un coup-d’oeil
superficiel sur les monumens des pays qu’il parcourait, et n’a, par conséquent,
pensé aucunement aux inscriptions qu’ils pouvoient renfermer.
Il ne faut pas plus s’attendre à trouver la moindre recherche à ce sujet chez le
petit nombre des voyageurs qui ont visité l’Égypte dans le x v i.' siècle. Je citerai
d’abord parmi eux, Jean Belon (3), médecin Français; Palerne (4) , secrétaire du
duc d’Anjou; Christophe Furer (y) et le prince Radziwill (6). Les deux premiers
ont parcouru une grande partie du Levant : l’un, sous nos rois François I." et
Henri II, depuis l’an t y46 jusqua l’an 1 y4<); et l’autre, depuis 1 581 jusqua 1583,
sous le règne de Henri III. Les voyages des deux autres ont eu lieu en 1 y6y et
en 1583.
Ces voyageurs ne paroissent pas s’être attachés à connoître la littérature et
l’histoire des pays qu’ils parcouraient : les trois derniers semblent n’avoir eu d’autre
but que de satisfaire une espèce de curiosité vague et sans aucun motif déterminé,
si ce nest de visiter les saints-lieux; et le premier ne s’est presque occupé que de
l’histoire naturelle, sur laquelle il est vrai qu’il a rassemblé des matériaux assez
(1) Arias Montanus a publié sa traduction Latine
d’après le texte de l’édition de Constantinople, et elle
n’est pas moins défectueuse que celle-ci. Constantin
l’Empereur en a depuis donné une nouvelle édition,
également remplie de nombreuses fautes, et qui porte le
titre suivant :
; ïsà ?t t -Kf htJffiD Itineranum D. Bcnjaminis, cüm
versione et notis Constantini l’Empereur ab Oppyck, S.
T. D . et S. L. P. in acad. Lugd. Batava. Lugd. Batavo-
rum, ex officina EIzeviriana, 1633.
(2) Jean-Philippe Baratier, né à Schwabach dans le
margraviat d’Anspach, et qui a été, au commencement
du siècle dernier, si célèbre par son érudition précoce
et sa fin prématurée, a fait, d’après le texte Hébreu, à
l’âge de onze ans, en 1732, une traduction Française,
enrichie de notes et de dissertations, qui est estimée, et
qui a été imprimée sous le titre suivant :
Voyages de Rabbi Benjamin, fils de Jona de Fudèle,
en Europe, en Asie et en Afrique, depuis l’Espagne jusqu’à
la Chine, ¿7“c. traduits de l ’hébreu, et enrichis de notes et
de dissertations historiques et critiques, par J. P . Baratier,
étudiant en théologie. Amsterdam, 1734.
L ’année suivante, Pierre Bergeron a inséré dans le
premier volume de sa Collection de voyages faits dans
leS'XH.c, xm .c, X IV .0 et x v .c siècles, imprimée à la
Haye, une autre traduction de Benjamin de Tudèle, faite
sur la version Latine d’Arias Montanus, dont les fautes
s’y trouvent copiées, et il lui a donné le titre suivant :
Voyage- du célèbre Benjamin autour du monde, commencé
l’an M C LX X ill, contenant une exacte et succincte
description de ce qu’il a vu de plus remarquable dans
presque toutes les parties de'la terre, aussi-bien que de ce
qu’il en a appris de plusieurs de ses contemporains dignes
de fo i; avec un détail, jusques ici inconnu, de la conduite,
des synagogues, de la demeure et du nombre des Juifs et de
leurs Rabins dans tous les endroits où il a été, ¿7c. ; écrit
premièrement en hébreu par l’auteur de ce Voyage, traduit
ensuite en latin par Benoit Arian Montait, et nouvellement
du latin en français.
(3) Belon, né au hameau de la Sourletière dans le
Maine, vers l’an 1518, étoit docteur en médecine de
la faculté de Paris : il obtint l’amitié du cardinal de
Tournon, et fut très-considéré des rois Henri II et
Charles IX. De retour de ses voyages en Grèce, en
Judée, en Egypte et en Arabie, il publia, à Paris, en
1553, fe recueil de ses observations, sous le titre de
Singularité1 et choses'mémorables observées en divers pays
estranges,par Pierre Belon, du Mans. II est aussi l’auteur
de Traités sur la nature des oiseaux et des poissons, de
Commentaires »sur D ioscoride, d’une Traduction de ce
naturaliste ainsi que de Théophraste, &c. II préparoit
encore d’autres ouvrages, lorsqu’il fut tué par un de ses
ennemis, près de Paris, en 1564, a l’âge d’environ quarante
sept ans.
(4) Pérégrinations du S.r Iean Palerne, Foresien >
secrétaire de François,de Valois, duc d’Anjou et d’AIen-
çon, &c. ou est traicté de plusieurs singularités et antiquités
remarquées ès prouinces d’Egypte, Arabie déserte
et pierreuse, Terre-saincte, Surie, Natolie, Grèce, et
plusieurs isles tant de la mer Méditerranée que Archi-
pelague, &c. Lyon, 162.6.
Palerne a joint à la relation de son voyage, dont l’édition
est fort rare, un petit dictionnaire des idiomes qui
sont parlés dans'Ie Levant, lequel comprend, en vingr-
trois pages, une partie des mots les plus usuels, des phrases
familières,.et même des expressions d’injures, dans les
langues Italienne, Grecque vulgaire, Esclavoné, Turquè
et Arabe qu’il appelle Moresque ou Arabesque. Ce voca-
bulaire est en tout très - inexact; mais il est principalement
curieux de voir comment l’auteur y a défiguré,
pour ainsi dire à plaisir, les mots qu’il donne de la langue
Arabe.
(5) Christophori Furer Itinerarium Ægypti.
(6) Principis Radfmlïi Jerosol. Peregrinatio.
d e l ’ î l e d e r o u d a r ' 4 .
6 1
curieux et qui annoncent un esprit d’observation recommanifable, sur-tout pour
lepoque à laquelle il vivoit.
Prosper Alpin M a séjourné aussi trois ans en Égypte, depuis 1580 jusqu’en
1583, auprès de George Hemi, baiie ou consul de la république de Venise au
ICaire, où il le suivit en qualité de son médecin particulier: mais il s’est borné
dans ce voyage, à rassembler des observations d’histoire naturelle, de physique
et de pathologie médicale ; et ces sciences ont été presque le seul objet de scs
recherches.
Les plus remarquables des voyageurs en Égypte dans Je x v n .' siècle, sont
Savary de Brèves (2), qui fin pendant vingt-deux ans ambassadeur de Henri IV
à la Porte Ottomane (3 ), et qui visita l’Égypte dans l ’année 160 5 , en revenant
de Constantinople; l’Anglais Sandys (4) et l’Italien Pietro della Valle (y),
qui y ont passé, le premier, en 161 o , et le second, en 16 1 y ; César LambertI
négociant de Marseille, qui l’a parcourue de 1628 à 1632; enfin Fermanel (6)
( 1 ) Prosper Alpin, ou Alpini, naquit à Marostica, petite
l’imprimerie des langues Orientales, Arabique, Tur-
ville de l’Etat de Venise, vers la fin de l’an 1553, et
quesque, Persiqtte, &c. Par Estienne Paulin, rue des
porta d’abord les armes au service de Milan. Ensuite,
Carmes, Collège des Lombards, m . d c . xv.
pressé par son père, François Alpini, qui étoit médecin,
de suivre la même carrière, il se rendit à Padoue, et
, „ ? e. Iraité,a été r^imPr‘mé par du Castel, à. la suite de
édition qu d a donnée des voyages de M. de Brèves.
y fut reçu docteur en médecine, l’an 1578. II s’occupa
(4) A Relation o f a joumey begun in 1610, by San-
sur-tout de la botanique; mais il crut que, pour mieux y
dys. y
réussir, il devoit voyager et étudier la nature des plantes
(5) Vlaggidi Pictro delta VqllellpeUegrino, con minute
par celle des terres qui les produisent. Les ouvrages qui
ragualio, con la vita dell' autore, scruta da Gio.
nous restent de lu i, prouvent les recherches curieuses
Pietro Bellori. In Roma, 1662.
auxquelles il se livra pendant son séjour en Egypte. A son
L ’année suivante, on en fit paroître une traduction
retour en Italie, le prince de Melphe, André Doria, le
française, intitulée :
choisit pour son médecin, et les Vénitiens le nommèrent
Les fameux Voyages de Pietro délia Valle, gentilhomme
professeur de botanique à l’université de Padoue. II y
Romain, surnommé l'illustre voyageur, avec un dénombrement
parut avec beaucoup de réputation, et y mourut à la fin
de l’année 1616.
très-exact des choses les plus curieuses c, les plus remarquables
qu'il a veuës dans la Turquie, l’Êgyp,, la
Les ouvrages relatifs à l’Égypte, qu’on a de lui, sont
les suivans :
Prosperi Alpini Marosticensis, philosophi et medici,
De plantis Ægypti liber. Lugduni Batavorum, 173 j.
Reritrn Ægyptïacarum libri iv . Lugd. Batav. 1735. .
Medicina Ægypliorutn. Lugd. Batav. 1745.
De balsamo Dialogue. Lugd. Batav. 174c,
(2) La relation du voyage de Savary de Brèves a été
publiée après sa mort par Jacques du Castel, sous le titre
de Relation des voyages de A l. de Brèves, tant en Grèce,
Terre-saihcte et Ægypte, qu'aux royaumes de Tunis et
Arger. Paris, 1628.
(3) Savary de Brèves a conclu, en 1604, entre
Henri IV et le Grand-Seigneur, un traité dont il a
donne une édition en français et en turc, qui est fort
rare, et .qui porte le titre suivant :
U-iCçL 0L-&, JT Rjl JsLiiü ruïlji
® JJ- ,2 jcoL i - 4e u“.
Articles du Traicté faict en'l’année mil six cens quatre
entre Hennis Grand, Roy d, France et d, Nauaric, et
Sultan Amar, Empereur des Turcs, par Ven,remise de
Messrre Français Sauary, seigneur de Breues, conseiller du
Ray en ses, conseils d'estat et priui, lors ambassadeur
pou, sa Majesté à la Porte dudit Empereur. A Paris de
Palestine, la Perse et les Indes Orientales, et que les au-
theurs qui. en ont cy-deuant écrit n’ont iarnais obstruées ■
le tou, cent en forme de lettres, adressées au sieur Schipané
son plus mtnne amy, ¿Te. Paris, 1663 et 1664.
II en existe une seconde traduction Française par
Etienne Carneau et Fr. Le Comte, imprimée à Rouen
en i 74 j.
(6) La première édition de son voyage a été imprimée
a Rouen, en 1668, sons le titreà’Observations curieuses
sur le voyage du Levant.
La seconde est intitulée :
Le Voyage d’Italie et du Levant par messieurs Fermanel
conseiller au parlement de Normandie, Fauve!, mairie dés
comptes en ladite province, sieur d’ Oudeauville, Baudouin
de Launay, et de Stochove, sieur de Sainte-Catherine, gentilhomme
F/amen, contenant la description des royaumes,
provinces, gouvernement, villes, bourgs, villages, églises’
palais, masquées, édifices anciens et modernes, vies, moeurs
actions, tant des Italiens que des Turcs, Juifs, Grecs ’
Arabes Arméniens, Mores, Nègres, et autres nations
¡ur habitent dans /’Italie, Turquie, Terre-sainte, Égypte
et autres lieux de tout le pais du Levant ,■ avec plusieurs
remarques, merveilles et prodiges desdits p a is, recueillis ’
des écrits faits par lesdits sieurs pendant ledit voyant
Rouen, 1687. •