pour l’arroser. On sème toujours le lin dans la proportion de ~ d’ardeb de I
graine par qirât, c’est-à-dire, dans la proportion d’un ardcb par feddân. Ce travail I
se fait dans la première quinzaine de décembre, et la récolte quatre mois après. I
Pendant ces quatre mois, on donne trois arrosemens au moyen du delou : chacun I
de ces arrosemens dure trois jours; et, comme le temps de la végétation du lin est I
celui du décroissement du Nil, le premier arrosement n’exige que six ouvriers ; le I
second, huit; et le troisième, dix. Le produit d’un feddan est ordinairement de I
3 ou 4 ardeb de graine de lin, et de 16 ou 18 rabtah ou cordées de 24 gerbes I
chacune.
Le prix de la graine de lin varie de 2 à 7 pataquès l’ardeb : celui de la corclce de I
24 gerbes est communément de 130 médins en temps de paix. L e produit brut I
de la culture d’un feddan est alors de 4 2 à 4 j pataquès.
Aux environs de Chybyn et de Menouf, on répand sur la terre destinée à la I
culture du lin , après qu’elle a reçu ses labours, une couche de sebakh : c’est I
l’engrais formé par les cendres, les fumiers et les décombres accumulés autour I
des villages. On en emploie par feddân six ou sept charges de chameau, qui I
reviennent à 3 médins chacune. La location journalière d’un chameau varie I
de 30 à 4 ° médins.
Une partie du lin récolté en Égypte est employée par les tisserands du pays, ■
qui sont en grand nombre dans les villes et villages de la province de Syout, du I
Fayoum et du Delta; une autre partie est exportée en filasse pour les îles de ■
l’Archipel. C ’est particulièrement celui de la basse Egypte qui a cette desti- I
nation : voilà pourquoi le produit brut de cette culture, que nous avons porté ■
de 4- à 45 pataquès, diminue en temps de guerre. La graine de lin est employée ■
à fabriquer de l’huile à brûler.
Le chanvre n’est point un objet de grande culture en Egypte ; on n’y connoît ■
point l’usage de cette plante comme propre au tissage. On en sème une très-petite I
quantité sur la lisière de quelques champs, pour composer avec ses feuilles une I
sorte de préparation enivrante qui remplace l’opium.
§. X II.
Culture du Coton.
Q u o iq u e l’on trouve dans presque toutes les parties de l’Egypte quelques ■
champs cultivés en coton, on peut dire cependant que cette culture est parti- ■
culière à la partie la plus méridionale du Sa’yd et à tout le Delta. Les procédés I
et les produits en sont différens suivant les lieux. ,
Dans la province de Thèbes, on sème le coton [ Gossyp'ium arborescens] à deux ■
époques de l’année : la première, au commencement d’avril ; la seconde, au mois ■
de juillet.
La terre est d’abord préparée par un ou deux labours : on la divise ensuite en ■
carreaux au nombre de 200 parfeddân. Le coton n est point seme dans-1 intérieur H
de ces carreaux, qui est ordinairement cultivé en bâmych et en meloukhyeh, mais
sur la petite proéminence qui forme le pourtour de ces carreaux ; on y fait de
petites fosses, distantes d un mètre environ les unes des autres, de trois à quatre
doigts de profondeur, et l’on met dans chacune d’elles 4 à 5 graines de coton.
Lorsquon le sème au mois d’avril, les arrosemens nécessaires à sa végétation
sont beaucoup plus dispendieux, parce que, les eaux étant plus basses dans cette
saison , il faut trois ou quatre étages de delou. On fait ces arrosemens pendant
cinq jours sur vingt-sept, et il y a deux hommes employés par delou : le prix de
leur journée est de 8 parats. La récolte du coton semé au mois d’avril commence
au mois d’août.
Lorsque le coton est semé à l’époque de l’accroissement du N il, on conçoit
qu’il faut moins de travail pour l’arrosement de cette plante; mais sa maturité se
trouve retardée par I hiver, et l’on n’en fait la première récolte qu’au commencement
du mois de mars de l’année suivante. En général, dans la province de Thèbes,
il y a peu de coton ensemencé à cette époque.
Quelquefois, au lieu de semer la graine seulement sur le pourtour des carreaux,
on la.seme sur la crete d un certain nombre de sillons formés à la pioche dans
1 intérieur de ces carrés; les semis se font en quinconce, en espaçant les fosses d’un
mètre environ.
La plante lève quatre ou cinq jours après que la graine a été mise en terre :
elle fleurit au bout de cinq ou six mois ; et, quatre-vingt-dix jours après que la floraison
a commencé, on fait la première récolte de l’espèce de noix dans laquelle le
coton en laine est renferme. Cette récolté, qui se prolonge pendant trois mois,
est faite, chaque jour, par des femmes et des enfans. On met les noix dé coton
secher au soleil ; on en ote les écailles à la main ; on retire ensuite les graines
de la laine ou duvet qui les enveloppe, au moyen d’une petite machine très-
simple dont nous parlerons plus bas.
Les plantatipns de coton exigent des arrosemens continus, qui ne sont suspendus
que pendant les quatre mois d’hiver. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, il faut
trois ou quatre étages de delou pendant l’époque des cultures el-keydy, et seulement
un seul étage pendant l’époque des cultures el-demyry.
Les préparations que l’on donne à la terre pour recevoir le coton, reviennent
à y ou 6 pataquès par'feddân.
On cultive le coton dans des champs dont l’étendue n’est jamais au-dessus
de 3 feddân; le plus souvent, ce sont des champs d’tm feddân ou d’un feddân
et demi.
Le meme plant de coton dure huit ou dix ans. Pendant les deux ou trois premières
années , on cultive le bâmyeh et d’autres plantes potagères dans les
intervalles compris entre les pieds de coton. Pendant les six ou sept dernières
années, le coton reste seul. Les cultivateurs ne taillent point cet arbrisseau ; ils se
contentent de le dégarnir de ses branches sèches, en les cassant à la main, pour
rendre les nouvelles pousses plus productives.
Quoique les cotonniers soient vivaces dans la haute Égypte, et qu’un même