l’un , et de 300 à 350 piastres. Cette exportation se réduit, en temps de paix
entre la Russie et la Porte, a cinquante qafas seulement.
On n envoie en France qu environ quarante qafas de myrrhe et autant d’aloès.
L e qafas de ces deux substances coûtoit au Kaire y 00 piastres.
O n expédioit annuellement une trentaine de balles de coque du Levant, du
poids de 12 qantâr l’une, et du prix de 4oo à 500 piastres; enfin, huit à dix
balles de curcuma, autant de zédoaire ; une vingtaine de balles de toutes les
autres espèces de drogues comptées ensemble, et de la même valeur de 400 ou
500 piastres à peu près. Les Irais pour la sortie de ces marchandises montoient
à 12 pour cent environ.
Le commerce d exportation de toutes les marchandises qui viennent d’être
indiquées, donnoit rarement des bénéfices ; on n’en faisoit guère que sur les
objets dont l'exportation, telle que celle du riz , du blé, et généralement des
diverses denrées de première nécessité, s’accroissoit dans des circonstances
extraordinaires. A u surplus, les pertes que l’on pouvoir faire sur les objets d’une
exportation habituelle, tels que le safranon , le coton filé , les toileries, les
gommes, &c., étoient toujours fort inférieures aux bénéfices de nos importations.
, On achevoit de solder celles-ci avec des valeurs métalliques, soit en piastres
d Espagne, soit en thalaris d’Allemagne, soit même en monnoies Turques, avant
qu elles eussent été altérées ; car, depuis les altérations successives qu’elles ont
subies, il ne s en est plus écoulé en France.
L e traitement de nos consuls dans les échelles du Levant a été acquitté
pendant un temps avec le produit d’un droit de consulat montant à 2 pour cent
du prix des marchandises adressées aux négocians de la nation; mais, le produit
de ce droit ayant reçu ultérieurement une autre destination, les appointemens
des consuls ont été payés par la chambre de commerce de Marseille : ceux du
consul général de France en Égypte s’élevoient à 16 ou 18,000 francs. '
: Les avanies auxquelles les marchands Européens étoient exposés en Égypte
sous le régime absolu des Mamlouks, consistoient en emprunts forcés et en
fournitures dont le montant n’étoit jamais acquitté : le Gouvernement Français
accordoit autrefois des dédommagemens et des secours aux négocians qui avoient
supporté ces avanies; ces indemnités ayant cessé d’être payées, les négocians
Fiançais établis au Kaire furent autorisés par les maisons de Marseille qui les
commanditoient, à imposer eux-mêmes, pour y suppléer, un droit appelé de
protection, qui étoit de 2 pour cent sur les marchandises venues de France, et
d un pour cent sur les denrées et marchandises qu’ils exportoient d’Égypte.
Les evenemens de la révolution Française servirent de prétexte aux vexations
auxquelles nos négocians demeurèrent exposés beaucoup plus que ceux des autres
nations sous le gouvernement des beys. Pendant que M. Descorches étoit chargé
d affaires a Constantinople, notre consul général, M. Magallon, qui demeuroit
au Kaire, eut ordre de descendre à Alexandrie, et d’inviter les négocians Français
a ly suivre : ils y restèrent environ huit mois, jusqu’au temps où M. Verninac,
notre ambassadeur près de la Porte Ottomane, envoya en Égypte, dans le
cours de 179^’ ^ ■ Tainville, qui etoit alors employé près de lui. Cet agent
diplomatique avoit ete charge de stipuler de nouveau avec les beys les intérêts
de notre commerce, et de rappeler en sa faveur la stricte exécution des capitulations.
Il obtint bien la promesse du remboursement des créances auxquelles
nos négocians avoient droit; il obtint celle du redressement des autres griefs, et
dune entière liberté pour l’avenir : mais, après son départ, ces promesses furent
oubliées, les choses reprirent leur cours accoutumé, les vexations recommencèrent,
et notre consul reçut de nouveau l’ordre de retourner à Alexandrie, d’où
il fut définitivement obligé de partir pour revenir en France. Cet état de choses
rompit toutes les relations amicales qui avoient paru jusqu’alors exister entre le
Gouvernement Français et celui des Mamlouks ; et cette rupture motiva, du
moins en apparence, notre expédition en Égypte.
S E C T I O N V .
Renseignemens sur le Commerce de l ’É gypte, fo u rn is par les Registres
des Douanes.
E n admettant qu il ne se commette aucune infidélité dans la perception des
divers droits imposés sur l’entrée et la sortie des marchandises de toute nature
qui font 1 objet du commerce de l’Égypte, lés registres des bureaux de douane qui
y sont établis devoient fournir les renseignemens les plus audientiques sur la quantité
des importations et des exportations annuelles dont nous avons parlé dans les
sections précédentes. Notre position nous permettoit d’exiger des douaniers ce
qu’avant nous aucun Européen n’avoit peut-être osé demander à titre de faveur.
Nous profitâmes de cette circonstance ; et le général Kleber, qui avoit, comme nous
l’avons dit au commencement de ce Mémoire, chargé une commission spéciale
de recueillir des renseignemens sur le commerce du pays, donna des ordres pour
que les douaniers d’Alexandrie, de Damiette, de Suez, de Boulaq et du Vieux
Kaire, nous remissent des extraits de leurs registres pendant plusieurs années
consécutives, afin d’en tirer, avec le plus de probabilité possible, la connoissance
détaillée des importations et des exportations pour une année moyenne.
Ce sont ces extraits que nous allons mettre sous les yeux du lecteur, en
observant qu’ii est moins question ici d’évaluer les revenus que les beys ou leurs
fermiers retiroient des droits perçus aux diverses douanes, que d’indiquer l’espèce
et la qualité des marchandises assujetties au paiement de ces droits.
Mais il convient de donner préalablement une idée succincte de l’administration
des douanes de l’Égypte à l’époque de notre expédition.
Il y avoit des bureaux de douane établis au port de Qoceyr, au vieux Kaire,
à Boulaq, à Suez, à Damiette, à Rosette et à Alexandrie.
Après que Mourâd et Ibrâhym furent devenus maîtres du Kaire, ils commencèrent
par se partager également entre eux les revenus de toutes les douanes,
à l’exception de celle de Qoceyr, qui fut laissée aux beys de la haute Égypte.
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