oblige d’y cultiver la terre à l’aide d’arrosemens artificiels, et en élevant l’eau
des puits au moyen de dtlou.
Les Arabes de cette contrée ont des moeurs paisibles : ils nourrissent des
chèvres, des chameaux et des ânes ; ils n’ont ni moutons ni chevaux.
Le cheykh de la caravane de Fezzan, qui est venu au Kaire au mois de
juillet de l’année 1800, et de qui je tiens ces détails, y avoit conduit vingt-cinq
chameaux. Il étoit accompagné de sept à huit marchands comme lui et d’autant de
chameliers. Ces Arabes voyagent sans armes, et n’ont à craindre d’être pillés qu’en
approchant de l’Egypte et lorsqu’ils n’en sont plus éloignés que de quatre où
cinq journées : le reste de leur route est absolument sans danger. Ils y trouvent
de l’eau tous les jours, ou au moins de deux jours l’un ; et par-tout où il y a de
l’eau, ils trouvent aussi des dattiers. Comme les Arabes de ces déserts viennent
recueillir les fruits de ces arbres dans leur saison, c ’est le temps de l’année
pendant lequel la route est le moins sûre. Cette route passe entre Derne et
Syouah, à trois journées environ de cette oasis.
La caravane de Fezzan apporte en Egypte des dattes confites, des bonnets ou
calottes de laine rouge appelés tarbouch, des manteaux ou vêtemens de laine
blanche appelés bornons, et des couvertures de même étoffe. Ces divers objets,
à l’exception des dattes, sont tirés de Tripoli. Sur vingt-cinq chameaux qui appar
tenoient aux marchands dont j’ai vu le chèykh, six étoient chargés de ces marchandises;
dix ou douze étoient charges’ de dattes; le reste étoit employé à
porter les provisions, qui consistent en farine et en eau. On trouve par-tout
sur le chemin le bois nécessaire à la cuisson des alimens.
Les deux caravanes qui avoient précédé celle-ci, avoient été pilléés par la
tribu des O u a lâ d -A ’fy, qui habite les confins de la province de Bahyreh (1).
Les Arabes de Fezzan emportent de l’Egypte dans leur pays des toiles de lin
et un peu de riz ; ils tirent de Tripoli le fer et les autres rfiarchandises d’Europe
dont ils ont besoin.
On voit, par ce que nous venons de rapporter du peu d’étendue du pays de
Fezzan et de sa stérilité, qu’il doit y avoir peu de relations commerciales entre
cette contrée et l’Egypte. Les petites caravanes qui y viennent ne sont guère
composées que de pèlerins qui vont à la Mecque, et qui veulent par quelques
légers bénéfices de commerce se dédommager de leurs dépenses.
§. IV .
D u Commerce de l ’Egypte avec les Etats Barbdresques.
IM P O R T A T IO N S .
L e commerce de l’Egypte avec la côte septentrionale de l’Afrique se fait, ou par
(1) On connoit dans le pays de Fezzan la ville de de cette ville, qui professent l’islamisme, passent même
Tombouctou,dans l’intérieur de l’Afrique. Des habitans quelquefois par l’Egypte pour se rendre à la Mecque.
les
les caravanes qui vont à la Mecque, ou par les navires qui viennent directement de
divers points de cette côte ou de quelques ports de l’Europe dans la Méditerranée.
On apporte de Barbarie, et particulièrement de Tunis, de l’huile d’olive, des
tarbouch, des châles blancs de laine, des pantoufles de maroquin jaune, des
manteaux à capuchon nommés barnous, des couvertures de laine, du miel, de la
cire et du beurre.
Alexandrie reçoit de Fez et de Sus, par les navires Européens qui font le cabotage
d’une échelle à l’autre dans le Levant, de l’huile et des tarbouch. Les bâtimens
qui apportent ces cargaisons, sont, année commune, au nombre de sept à huit.
L ’huile de Barbarie est transportée dans de grandes jarres de terre cuite, blanchâtres
à l’extérieur et vernissées en dedans par une couverte d’oxide de plomb.
Le nombre de ces jarres, dont chacune, étant pleine, pèse de 4 à 500 ro tl,s’élève
de cinq cents à mille. Le prix du qantâr d’huile, du poids de 1 <0 rotl, est ordinairement
de 15 à 20 pataquès.
Il arrive annuellement par la même v o ie ,
Trois cents caisses de tarbouch (chaque caisse en contient de cinquante à cent
douzaines ; leprix de chaque douzaine varie de 1 o à 25 pataquès .suivant les qualités) ;
Trente ou quarante balles de châles de laine blanche pour turbans ( chaque
balle.de deux cents à quatre cents pièces, du prix moyen de 2 pataquès);
Environ trente mille paires de pantoufles de maroquin jaune, fabriquées à
Maroc, Alger, Tripoli, Tunis, &c. ;
Trois ou quatre mille barnous ou manteaux blancs, dont les uns sont en laine
et les autres en soie ( les premiers sont fabriqués à Tunis, et se vendent de 3 à
10 pataquès ; les seconds, fabriqués à Alger, varient de prix depuis 20 jusqu’à
100 pataquès ) ;
Environ six mille de ces grandes couvertures ou pièces d’étoffe de laine blanche
appelées harâmât ( sur ce nombre, on peut en compter deux mille de qualité
supérieure, au prix de 20 pataquès l’une, et quatre mille de qualité médiocre, qui
se vendent chacune de y à 1 y pataquès ) ;
Trois ou quatre mille okes de cire, que fournissent les villes de T unis,
d’Alger et de Tripoli (le prix de l’oke varie de 100 à 200 médins) ;
Cinq ou six mille outres ou sacs de cuir remplis de miel ( chacun en contient
de quarante à cinquante okes, du prix de 25 parats l’une) ;
Enfin mille jarres de beurre, pesant chacune de 300 à 3J0 rotl ( le prix du
qantâr de 100 rotl est de 1000 parats ).
Ces dernières marchandises, c’est-à-dire, la cire, le miel et le beurre, qui seroient
susceptibles de se liquéfier par la chaleur du soleil si on les transportoit par terre
à travers le désert, viennent par mer en Egypte, ainsi que les huiles de Barbarie;
elles y sont apportées en pacotille par les pèlerins qui vont à la Mecque. Ceux
qui voyagent par terre en caravane, apportent avec eux des marchandises sèches
et moins encombrantes, telles que des barnous, des tarbouch, des couvertures
de laine, &c.
Toutes les marchandises qui sont reconnues appartenir à des pèlerins de la
É .M . T O M E I I . M m m m