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 l’Orient,  ou  du  moins  n’y   est  pas  établi  en  système ,  com m e   chez  les Européens. 
 Il  existoit  cependant  une  coutume  fort  ancienne,  et  qui  est  suivie  encore de  
 nos  jours;  c’est  de  faire  fabriquer,  à  certaines  époques,  pour  étrennes  ou  pour  
 gratifications,  des  pièces  d’or  qui  ordinairement  ne  diiTéroient  deâ  autres  ([n’er.  
 ce  qu’elles avoient beaucoup  plus de surface.  Quelquefois  le  graveur donnoit à son  
 écriture  plus  d’élégance,  plus d’apparence  et de  richesse au grenetis;  ou  il  traçoit  
 deux  grenetis  concentriques,  l'un  autour  et  l’autre  sur  le  bord  de  la  pièce;  enfin  j  
 il  ajoutoit,  entre  ces  deux  grenetis,  des  fleurons,  des  entrelacs  ou  autres  orne-  
 mens  ;  mais  communément  la  légende,  le  titre  d*es  pièces  et  le poids  étoient les  
 mêmes;  ou  l’on  doubloit  ce  poids  pour  former  des  doubles-fondouklis,  des  
 doubles-sequins  ;  ou bien  on  ne  l’augmentoit  que  de  moitié.  Les  pièces  équiva-  
 ioient,  dans  ce  dernier  cas,  à  i  fondoukli  j ,   ou  à  i  sequin  j .  Tels sont lesfon-  j  
 douklis gravés  (dans  la planche relative à  notre Mémoire)  sous  les  11."'  1  et  3  (1). 
 Cependant  l’on  changeoit  quelquefois  la  légende,  et  l’on  amplifioit  les  titres  
 du  souverain,  soit  pour  distinguer  les  pièces  des  monnoies  ordinaires,  soit pour  
 honorer  le  prince.  La pièce  d or  que  nous  avons  fait  graver  sous  le  n.°  12,  en  
 offre  un  exemple  (2)  :  elle  est  plus  grande  que  les  autres,  et  est  évidemment une  
 pièce  de  plaisir  ou  d’étrennes,  différente  du  sequin  gravé  sous  le  11.0  1.1, quoiqu’ils  
 soient  frappés  l’un  et  l’autre  au  Kaire, sous  le même  régné;  celui  de Mous-  
 taf'â  (3), monté sur le  trône  de  Constantinople  en  1 171  [  1757 de notre ère]. 
 Quoique  ces pièces de  fantaisie ressemblent  plus  à des monnoies  qu’à; de  vraies  
 médailles,  elles  circuloient  peu;  se  gardoient  comme  nos  pièces  de  crédit, de  
 mariage,  ou de  gala,  ou  comme  nos  jetons;  se  portoient  en  ornement  (4 ) ,sé  
 donnoient  en  cadeau,  et  se  vendoient  quelquefois aux Juifs pour être  fondues. 
 Un  usage  semblable  existoit  en  Perse.  On  y  fabriquoit,  au  rapport  de  Char-1  
 din  ( t) ,  pour  les  distribuer  au  jour de  l’an, des  pièces  qui  n’avoient  pas  cours de  
 monnoie. 
 Les  pièces  d’or  de  Constantinople,  que  M.  Bonneville  a  publiées  sous  les  
 n.“   6 ,7 ,  8,  10,  11  et  2 0 ,planches  1,  2  et  3  des Monnoies  de Turquie, et  celles j  
 du  Kaire  sous  les  n.°!  4 ,  >5  et  2 1 ,  mêmes  planches  (6),  ne  sont  pas  précisément  
 des  monnoies  courantes,  mais  des  pièces  d’or  d’étrennes  ou  de  fantaisie;  
 les  premières,  de  l’espèce  des  fondouklis  (.7);  les  autres,  de  celle  des  sequins  
 ou  zer-mahboub  ( 8 ). 
 Maqryzy,  dans  la  Description  de  l’Égypte, dit,  en  parlant  des  cérémonies du  
 jour  de  l’an,  que  le  khalyfe  donnoit  ordre,  à  la  fin  de  l’année,  de  fabriquer a  
 l’hôtel-des monnoies,  au  millésime  de  la  nouvelle  année,  un  certain  nombre de 
 (1)  Le  premier  est  un  double-fondoukli;  le  second,  (5)  Voyage de Chardin  en  Perse,  tom. IV , pag. 271)1  
 un  fondoukli  simple.  Voye^  pag.  346 »  alin.  2.  Voye^  la  édit.  de  1711. 
 planche à  la suite de ce Mémoire.  Voye^ aussi  pag.  331  de  ce Mémoire,  not.  7* 
 (2)  Voye% la planche.  Voye^ aussi pag. 359,  alin.  3, et  (6) Traité des  monnoies  d’or  et d’argent  qui circulent  
 pag.  372,  alin.  2.  chez les  diiférens  peuples, &c.; Paris,  1806. — Après la 
 (3 )  Moustaja  ben  Ahmed  [o ^ l   ].  Ben  page  205. 
 veut dire fils.  (7)  Voyez  page  328,  alin.  2. 
 (4)  Voye^ pag. 327,  alin.  i .er  (b)  Voye%  ibid.  alin.  7. 
 Jynâr, de rouba’yek (i ),  de qirât et  de  dirhem  ronds (2), qu’il envoyoit pour  étrennes  
 au  vizir,  à  ses  parens  et  à  chacun des  officiers  de  plume  et  d’épée.  On  envoyoit  
 aussi des  dynâr  seulement,  en  présent  aux  officiers  et  salariés,  pour  la  fête  des  
 victimes.  Cette  fête,  qui  duroit  trois  jours,  termine  le  ramadàn  (3),  qui  est,  en  
 q u e lq u e   sorte,  le  carême  des  Musulmans. 
 Maqryzy  rapporte,  dans  un  autre  passage,  qu'à  ¡’ancien  hôtel  des  monnoies,  
 le premier  qui  fut  établi  au  Kaire, on  frappoit,  du  temps  des  Fâtémytes (4 )  ,  les  
 dynâr  ou  plutôt  les  kharoubah  (5)  des  étrennes  et  du  jeudi des lentilles,  Ce  jour  
 étoit le jeudi saint des Qobtes  (6), lequel  avoit  pris  le  nom  de  jeudi  des  lentilles,  
 parce  que  les  Chrétiens  font  cuire  ce  jour-là  des  lentilles,  C ’étoit  encore,  du  
 temps  de  Maqryzy,  l’époque  d’une  des  foires  les  plus  célèbres  au  Kaire  et  dans  
 toutes  les  provinces  d’Egypte  : Maqryzy  l’appelle  aussi  le  jeudi  du  serment. 
 Dans  la  première  partie  du  passage  de Maqryzy  que  nous  venons  de  citer,  il  
 n’est point question de qirât (7), mais seulement de rouba’yeh et dedirhem ronds qu’il  
 désigne  par  moqachqalah,  épithète  dont  M.  de  Sacy  ignore  la  signification.  En  
 parlant  ensuite  de  la  distribution  des  pièces  d’étrennes,  Maqryzy  ne  fait  plus  
 mention  de dirhem  ronds, mais  de  qirât,  et,  dans  d’autres endroits,  de kharoubah.  
 M. de Sacy  présume  que  les  dirhem  dont  il  est  question  sont  ce  que  l’auteur  appelle  
 ensuite  qirât.  Il  nous  paroît  plus  vraisemblable  que  le  qirât et  le  kharoubah  
 étoient  la  même  pièce  d’or.  Le  mitqâl,  qui  étoit  le  poids  du  dynâr,  se  divisoit  
 en vingt-quatre qirât (8), et le qirât étoit censé  égal  au  poids du kharoubah ou grain  
 du caroubier  (9),  Il  y a  sans  doute  omission  dans  la  première  partie  du  passage  
 de Maqryzy ;  après  les  rouba’yeh,  il  auroit  dû  citer  aussi  les qirât.  Dans  les  distributions  
 au  vizir,  à  ses parens  et  aux  officiers  de  plume  et  d’épée,  il  ne  s’agit  plus  
 que de monnoies  d’or,  et le qirât  étoit  la  plus  petite  pièce  de  ce métal,  la même  
 dont  parle  ensuite  notre  auteur  sous  le nom  de kharoubah.  Enfin  les dirhem  ronds  
 croient  une monnoie  d’argent,  qui  n’étoit  distribuée  sans  doute  qu’aux  gens  du  
 vizir et  des  principaux  personnages,  et aux  ouvriers  de  la monnoie  (10). 
 On  ne  frappoit  que  des  kharoubah  pour  le  jeudi  des  jentiiles,  et  cette  fabrication  
 varioit  de  dix  mille  à  vingt  mille  de  ces  pièces.  On  y  employoit  de  cinq  
 cents à mille  dynâr.  Outre  que  le  poids  des  dynâr  pouvoit  bien,  à  cause  du  frai  
 ou de  l’altération  dans  le  poids  des  monnoies  d’or,  être  au-dessous  de  1  mitqâl  
 ou de  24  qirât ( 11 ) , le  surplus  des  dynâr étoit employé  en  déchets,  frais de fabrication, 
   gratifications  aux  employés  de  la monnoie. 
 On  voit,  d’après  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  les  pièces  d’or  appelées 
 frât ou  kharoubah  étoient  fort  petites  et  d’une  valeur  modique  ;  elles  étoient 
 % 
 (1)  <uajj j de rouba1 [  ], qui signifie quart.  (6)  Voyez p. 78 du Traité des monnoies de Maqryzy , 
 (2)  Koyrç pag. 344>alin. 3, et pag. 340, alin.  not.  152. 
 (3)  , neuvième mois de l’année musulmane.  (7)  Voye£ notre Notice sur les Poids Arabes, pag. 231, 
 (4)  ou  , pluriel de Fâtemy [ ] ;  du  alin.  avant-dern. ;  pag.  237,  alin. 6;  pag.  245  et  24.7, 
 nom de Fâtmah  fille du Prophète et épouse d'A ’ly,  remarq.  9.0,  23..0  et 24.0 
 dont ces  khalyfes  se  disoient  descendans.  Ils  régnèrent  (8)  Voyeç  ibid. 
 dabord en Afrique  et  s'emparèrent  ensuite de  l’Egypte.  (9)  Voye?  ibid. 
 (?)  notre Notice sur les Poids Arabes, pag. 237,  (10)  Voyeç  ci-après, pag. 340, alin.  5. 
 alin. 6 et not. 5 ; pag. 247,  rem. 23.®  (11)  Voyeç pag.  347,  alin.  2. 
 É,  M.  T O M E   l i .   V   v  a