P L A N C H E X X I I I .
LE F A B R IC AN T DE BO U T E IL L E S DE VERRE.
L ’a r t de la verrerie, qui-a été poussé assez loin en Ëgypte, y est aujourd’hui
presque anéanti. Il paroft que les Égyptiens ne fabriquent plus le verre, mais
seulement ils le refondent. La matière dont iis se servent pour alimenter leurs
fpurneaux, est une fritte de verre commun tirée de Venise. Ils en fabriquent des
verres plats, légèrement bombés, qui éclairent les dômes des bains ; des bouteilles
de la forme des nôtres, des ballons pour faire le sel ' ammoniac, des mortiers de
verre, des alambics; de petits pilons qui servent à polir les ouvrages de cuir, les
papiers, les cartons ; et enfin des bocaux à bords renversés qui leur servent de
lampes. Pour rendre les bocaux propres à cet usage, ils établissent au fond un tube
qui reçoit une mèche de coton ; l’huile est supportée par une certaine quantité
d’eau qui ne dépasse pas l’extrémité du tube.
C’est par la voie du commerce qu’ils se procurent les lustres, les cristaux et les
porcelaines qu’on voit chez eux. Entre autres produits des fabriques d’Europe,
ils tirent de Venise les miroirs, les verres à facettes et les vitres colorées dont
ils font grand usage dans l’intérieur des appartemens; et du Japon, de magnifiques
porcelaines. Si l’art de la verrerie est aujourd’hui resserré en Egypte dans des
bornes aussi étroites, il faut l’attribuer à la perte des anciennes pratiques, à la
rareté actuelle du combustible, et à la crainte des avanies auxquelles les fkbri-
cans seroient exposés si l’industrie prenoit un plus grand essor : mais, d’un autre
côté, rien n’est plus économique et plus simple que ces sortes d’établissemens; la
planche x xm peut en servir d’exemple. L ’atelier n’est qu’une grande salle, au
milieu de laquelle est le four construit à peu de frais. Le combustible est la paille
de dourah ou du maïs, ou bien la tige du roseau. On ne voit pas dans cette fabrique
d’autre produit de la verrerie Égyptienne, que des bouteilles en verre assez grossier,
et qui sont de la forme de nos bouteilles communes. Le four est celui dont on
a vu les projections dans la planche u ,fig . ¡y , i4 , > ¡G- (Voyez cette planche
et son explication.) Deux ouvriers sont assis devant les trous par où ils doivent
prendre la matière en fusion ; un troisième, debout, tient une portion de cette
matière au bout d’un tube et la souffle. Au milieu, se voit l’ouverture du foyer,
dont le fond va en montant ; ce qui tend à augmenter la chaleur (voy. pl. //, ibid.).
Dans la partie supérieure du four, on aperçoit d’autres trous qui répondent à
la chambre où l’on met les bouteilles à recuire ; un homme s’occupe de ranger
sur une table les bouteilles fabriquées. Le combustible se voit lui-même à l’angle
a droite de la planche. i
Ê. M. PL. XXIII.