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Dieu, ou prenoient le café, et faisoient, vers le milieu du jour, un repas extrêmement
frugal, qui n'étoit souvent composé que d’un petit pain cuit sous la
cendre et de quelques dattes ou de quelques olives.
Les déchets accordés dans chaque atelier ; ce que devoient rendre mille piastres
d’Espagne converties en médins, ou en pièces de 4° et de 20 médius, ou I
100 drachmes d’or en sequins zer-mahboub ; les frais de fabrication ; le traitement j
des employés et ouvriers, et jusqu’à la consommation des matières, tout étoit I
réglé rigoureusement ou par approximation, et calculé d avance par une espèce I
de forfait ou de marché passé avec ïeffendy. Au moyen d une surveillance jour- I
nalière sur chaque détail, nous parvînmes à procurer des économies assez notables I
sur les déchets, sur l’emploi des matières et sur les traitemens, quoique les den- I
rées fussent bien augmentées à cause de la guerre, de l’accroissement de consom- I
mation occasionné par l’armée Française, et de la privation du commerce!
extérieur.
Une des améliorations que nous aurions le plus' vivement desirées eût été la I
diminution des déchets beaucoup trop considérables. Il fut fait plusieurs fois, soit I
par nous-mêmes, soit par une commission spéciale, dont M. Conté (1) faisoit I
partie, une série d’expériences sur les déchets qui avoient lieu dans chaque atelier, I
et on les trouva toujours aussi forts et quelquefois même un peu phis considé-1
rables que ceux fixés précédemment.
Il auroit fallu, comme nous l’avons dit, changer à-la-fois tout le système de!
fabrication (2), toutes les machines, et former d’autres ouvriers; mais cela eût été 1
impraticable dans les circonstances où se trouvoient les Français nouvellement I
établis en Egypte.
Les Turks ont pour principe et pour habitude, au lieu de tâcher, commeI
les Européens, de remplacer les bras par des machines, de chercher au con-|
traire à suppléer aux machines et aux outils par les bras. Loin de tendre al
diminuer le nombre des employés et des ouvriers, ils se font une espèce deI
maxime de religion et de morale d’occuper au même travail et de faire vivre!
le plus grand nombre d’hommes qu’ils peuvent. Aussi ceux attachés à la monnoiel
étoient-ils au nombre de plus de deux cent quatre-vingts, y compris, il est vrai, les!
enfans des ouvriers; mais ces enfans aident tous en quelque chose au travail, etl
reçoivent tous un modique salaire (3).
Parmi les divers employés et salariés, nous citerons les suivans :
Deux peseurs, l’un Chrétien, l’autre T u rk , constamment occupés à peser tel
matières livrées à chaque chef d’atelier et celles qui étoient remises par eux; I
Un garde-magasin Qobte (4 ), chargé de l’achat, de la conservation, de ladistri-l
bution et de la comptabilité des diverses substances ;
Un essayeur des matières d’or ( 5 ) ;
(1) Voyei pag. 3 22, Iign. 3 et not. i.re
(2) Voyez pag. 424 , alin. 2.
(3) y°y- pag. alin. 3. Voy. aussi pag. 44 — » a^n* 3-
(4) y°yei Pag- 4 io , alin. avant-dern.
(5) V°y*z Ie* essais d’or, pag. 430» alin. 3 etsuiv.
Des
I
1
Des forgerons travaillant journellement à faire ou à réparer les outils et -les
grosses machines et quelquefois à forger les lingots d’or (i);
Un ouvrier mécanicien, quon appelle sâ'Aty (2) (mot qui répond en français
à celui d horloger), charge de la confection et de 1 entretien des machines (et
pièces plus délicates, telles que les coins ou carrés, les lunettes et pistons des
découpoirs, &c. ;
Un graveur, dont l’unique emploi étoit de retoucher ou de graver les coins
ou types monétaires (3);
Un portier et des gardiens de nuit;
Des porteurs d’eau (4 ) qui, chaque jour, alloient chercher en ville, dans des
outres, de l’eau pour les ouvriers et les travaux, l’eau des puits de la citadelle
étant légèrement saumâtre ;
Un écrivain Qobte qui payoit chaque soir les ouvriers et tenoit registre des
sommes dues et payées à chacun d’eux;
Enfin, un imâm (5) ou aumônier Musulman, attaché à une espèce de chapelle
établie dans l’intérieur de la monnoie et où les employés Turks alloient faire leurs
prières et leurs ablutions.
Les ouvriers, en entrant dans leurs afeliers, quittent leurs habits, qu’ils roulent
et suspendent en dehors près de la porte. Ils restent, les uns nus, Jes autres avec
un simple caleçon, d’autres avec leur chemise ou surtout de toile bleue. En
sortant, le chef d atelier les fouille tous. Ils sont obligés de montrer l’intérieur
de leur bouche, détendre les jambes et les bras, de secouer les mains et les
pieds, en écartant les doigts. Quoique nos ouvriers en France ne soient pas
ordinairement soumis à ces précautions humiliantes, les infidélités y sont tout
aussi rares : ce qui prouve que les progrès de la civilisation sont plus favorables
que contraires à la morale ; car il y a bien peu de moralité par-tout où l’on ne
peut être sûr de la probité des gens qu’en les fouillant, et de la vertu des femmes
qu’en les tenant sous les verroux.
Les punitions qu’on infligeoit aux ouvriers consistoient dans leur renvoi,
pour faits graves, et dans des coups de baguette ou de geryd (6) sur le dos ou
sur la plante des pieds. C ’étoit ïeffendy qui infligeoit lui-même cette punition : chez
les Européens plus civilisés et de moeurs plus douces, on regarderait comme une
action répugnante et avilissante celle de frapper soi-même ses subordonnés ; mais,
en Orient, on est jaloux et l’on s’honore de tout ce qui tient à l’exercice du
pouvoir et de la domination.
Près de la moitié des ouvriers étoient Chrétiens- Qobtes. Il existe une espèce
de tolérance pratique, qui fait que les Musulmans vivent en paix avec eux ; mais
il n’est pas sans exemple que la cupidité, l’envie ou l’intolérance, aient poussé
quelquefois les Turks, qui, en leur qualité de vainqueurs et de sectateurs de la
. (0 Voyez pag. <¡33, alin. 3.
(2) JU U , proprement horloger ; [IdL,], heure.
(3) Voyez pag. 43$ »pour ce qui concerne la gravure
des coins.
Ê . M . T O M E I I .
(4) En arabe, saqqâ [ liL» ].
(5) En arabe, ,LI-
(6) En arabe, branche (ou plutôt côte de la
feuille) du palmier.
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