Je suppose, en second lieu, qu’une mesure fixe de terre soit successivement
consacrée à ces différentes cultures, et, pour rendre sensible la comparaison de
leurs produits, je représente par le nombre too le bénéfice absolu provenant de
la culture du blé. Je trouve alors :
0' INDICATION^ DES CULTURES.
EXPRESSION
DU BÉNÉFICE ABSOLU.
à .. 369.
3* Riz et trèfle.............. . ' i . v . . • •"*.................. .. 2 1 3 .
4 . Riz et b lé ........... .. v* •» • • -y • • • • • fif * * * * *' \77‘ k g
5- L i n . ...........................................................................V 170.
6. T a b a c .................................................................................... -1 5°- |
7- Carthame el-bayâdy........................ 129.
8. O g n o n s . .............................................’ • i * * • • • • • • • 1 14.
9' C o to n ................ .................................................................. 109.
10. B lé el-bayâdy..................................................................... 100.
1 1 . Fèves el-bayâdy............................. .................................. 8 6.
12. Trèfle el-bayâdy..............................• •• •;........................ 80.
* 3- Blé el-chetaouy....................................... ' . ...................... 74.
»4- C o lza ............................................... .............................13b 58.
1 S- Laitue................................................... • 55-
16 . Pois des champs................................................................ 48.
*7 - 48.
iS . Lentilles el-bayâdy........................................................... .43-
19. G sst 1 4 *-
20. O rg e el-bayâdy.... ................................ . • • • 39-
2 1 . . 37-
22. Dourak el-nabâry............................................................. s . 3* . .
23. Pois chiches........................................................................ 33-
24. O rg e el-chetaouy........................................? • •................. 3 *•
On voit, en comparant ces deux tableaux, que les mêmes cultures n’y occupent
pas le même rang : cette correspondance ne peut avoir lieu en effet qu’autant
qu’il existe entre le produit des terres et celui de l’argent une sorte, d’équilibre
dont on est encore loin en Egypte.
Il est aisé de concevoir, en effet, d’après les définitions que nous venons de
donner* du bénéfice relatif et du bénéfice absolu , qu’on doit rechercher l’un ou
l’autre de ces bénéfices, suivant que l’argent a plus de valeur que la terre, ou la
terre plus de valeur que l’argent.
Ainsi, là où les terres sont peu précieuses et où l’argent est rare, on s’oc
cupe particulièrement des cultures qui, exigeant peu d’avances, donnent un bénéfice
fice relatif plus considérable, tandis que, dans un pays où le numéraire est abondant
et le terrain precieux, on entreprend de préférence des exploitations
dispendieuses, parce qu’elles donnent ordinairement un plus grand bénéfice
absolu.
C est par 1 état de pénurie où se trouvent là plupart des cultivateurs Égyptiens,
que l’on peut expliquer pourquoi le sucre y est cultivé en petite quantité,
quoiqu il produise le plus grand bénéfice absolu. Par des raisons contraires, cette
culture et celles de l’indigo et du coton occuperoient des colons capitalistes.
S E C T I O N I X .
D u D ro it de Propriété et de la Perception de l ’Impôt.
I l étoit nécessaire, pour compléter le travail dont je me suis occupé,
d’assigner lè rapport entre le produit des terres et la rente que le propriétaire
reçoit du cultivateur. J’ai recherché dans cette vue, avec beaucoup de soin, la
nature et l’origine des propriétés territoriales ; j’ai interrogé en différens endroits
des individus de toutes les classes ; et quoique, par la réputation de quelques-uns
et le rang quils occupoient, je fusse en droit d’espérer d’eux des éclaircissemens
précis, je n’en ai obtenu que des renseignemens vagues. En attendant qu’on ait
recueilli sur cet objet des notions plus satisfaisantes, qu’on me permette de
hasarder ici une simple conjecture.
Depuis la première invasion de l’Êgypte, le droit de conquête a été l’unique
base de son gouvernement Les Perses, les Grecs et les Romains, les Sarrasins et
les Mamlouks, l’ont exercé successivement, sans qu’aucune loi en ait jamais
circonscrit 1 exercice. Si la jouissance de quelques portions du territoire fut
quelquefois abandonnée au peuple vaincu, il ne fallut, pour faire cesser cette
jouissance précaire, qu un acte de la volonté du dernier conquérant. Tel est encore
1 état de ce qu on appelle ici propriétés particulières : elles restent dans la même
famille, moins par un droit de succession, que comme un témoignage de la fitveur
du Gouvernement, qui conserve toujours la faculté d’en disposer à son gré.
Ces propriétés ne sont, comme on voit, que des espèces de fiefs amovibles, et,
par cela même, inaliénables.
Aussi ne faut-il pas attacher ici à l’expression vente d ’un fonds de terre l’idée
dune cession perpétuelle et absolue, mais seulement l’idée d’un engagement
temporaire pour une somme d’argent reçue à titre de prêt
La terre est possedee au meme titre par le prêteur, jusqu’au remboursement,
époque à laquelle l’usufruitier rentre en jouissance de la terre qu’il avoit
engagée.
Suivant qu.elle est de meilleure qualité ou plus avantageusement située, le
feddan de terre est engage sur le pied de yo , 4o et 30 pataquès. Le taux le
plus ordinaire de l’intérêt de l’argent, en Egypte, étant de 10 pour cent, il s’ensuit
que la rente annuelle d’un fcddân est de y , 4 et 3 pataquès, puisque la terre,
É.M. T O M E I I. E t c .