avoit déjà visitées, et qui! voulut me faire voir. Ces ruines se trouvent sur la rive
sud du lac Maréotis, vis-à-vis le santon d’Abou-el-Kheyr, situé sur les tords de la
rive opposée, que nous avions visitée deux jours auparavant; elles consistent dans
les vestiges encore très-marqués d’une double enceinte de ville forte, réduite à un et
deux mètres de hauteur seulement, flanquée de tours rasées', terminée au nord-est
par un môle avancé dans le lac. Quatre autres môles, dirigés semblablement,
forment autant de vastes bassins ou havres. L ’eau de mer commençoit à baigner
le pied de ces môles, dont l’élévation est de deux à trois mètres sur le font! de la
plaine saline du lac. Dans l’intervalle de deux de ces môles se trouve une rue qui
descend, par une pente assez rapide, au niveau de cette plaine, en traversant les
restes d’un édifice qui paroît avoir été une porte de ville sur le lac. La construction
de ces môles présente un grand appareil; bâtis avec art, ces murs de quai,
en forme de jetées, attestent que cette ville eut un port très-commerçant. Tout
le reste de son site est couvert de ruines et de décombres de fabriques, de
fragmens de grès, de granit, de marbres de toute espèce et de monceaux de
pierres de taille. On ne peut douter un instant que ces ruines considérables,
situées à trente mille mètres environ au sud-sud-ouest d’Alexandrie, n’appartiennent
à Maréa, l’ancienne capitale du nome de son nom.
Avant de passer plus loin, je parlerai d’un monument remarquable, qui existe
encore presque en entier au milieu du bassin du lac, à une distance de douze à
quinze cents mètres au sud-ouest de Maréa; je ne puis en donner que des dimensions
hasardées, parce que, seul alors, et revenant de visiter quelques îles et autres
ruines du lac, je regagnois à la hâte l’escorte, dont je m’étois très-éloigné, et qui
étoit alors à Maréa : aussi je ne pus y rester qu’un instant, quoique forcément ; car
mon chameau, en s’abattant sur la plaine humide et glissante du lac, me déposa
assez brusquement en cet endroit.
Ce monument consiste dans une enceinte de forme rectangulaire, dont les deux
grands côtés m’ont paru avoir cinquante à soixante mètres de longueur, et les
petits vingt à vingt-cinq mètres de largeur. Les murs construits en pierre de taille
d’un fort appareil, à la manière des môles de Maréa, que je n’avois pas encore
visitée, et où je me rendois pour rejoindre M. Cavalier qui m’yattendoit, peuvent
avoir trois à. quatre mètres d’épaisseur et autant en élévation, tant sur le sol extérieur
de la plaine du lac que sur celui de l’intérieur qui offre un espace vide. La position
isolée de cette bâtisse située dans le bassin desséché du Maréotis, mais dont les
eaux de l’inondation n’étoient pas éloignées ce jour même de plus de quatre à cinq
cents mètres, et la seule ouverture que j’y aperçus, au nord et vers le large du lac ;
tout me fait soupçonner que cette enceinte murée ne peut avoir été fondée dans
cette partie submersible du lac que pour servir à la construction ou au radoub
des galères et des vaisseaux, et qu’elle pouvoit s’ouvrir ou se fermer à volonté
pour mettre à l’eau ou en radoub et à sec les bâtimens que l’on y renfermoit.
11 est difficile de concevoir un autre but d’utilité à cet ouvrage, dont^ios formes
de construction des vaisseaux à Toulon, à la Rochelle, à Brest en France, et dans
quelques autres grands ports de l’Europe, seroient une imitation perfectionnée.
Après avoir visité le site de Maréa, nous traversâmes le lac en nous dirigeant
au nord-ouest sur le santon d’Abou-el-Kheyr, situé vis-à-vis, comme nous l’avons
déjà dit, par un petit chemin pavé, construit en ce point, comme en divers autres,
par les Arabes, pour y avoir un passage facile dans leurs excursions, à traveîs la
plaine humide et fangeuse de cet ancien lac. Les eaux de l’inondation avoient
déjà une hauteur de dix à douze pouces au plus, sur le point le plus bas de ce
chemin, dont la longueur un peu sinueuse est de quatorze cent vingt pas, d’une
rive a 1 autre du lac; ce qui la porte à cinq cent quatre-vingts toises, en estimant
a deux pieds et demi les pas de deux soldats que jy envoyai séparément pour
prendre cette mesure. Les eaux de mer gagnoient sensiblement vers la tour des
Arabes au sud-ouest; nous pouvions croire néanmoins que ce point serviroit à la
communication d Alexandrie avec la division qui occupoit encore Rahmânyeh et
avec le reste de 1 armée au Kaire. Cette notion étoit importante à obtenir et à rapporter
au Général en chef, à Alexandrie, puisqu’elle étoit le but de notre recon-
noissance; ce-fut donc pour nous assurer de la hauteur que pourroient prendre
en ce point les eaux dans la pleine et entière submersion du lac, que je fis un
nivellement du lac a la mer, en passant près du santon, et par-dessus une partie
basse de la montagne qui les sépare : nous envoyâmes chercher pour cette opération
un niveau d’eau aux premières îles dont nous avons parlé, et que l’on
fortifioit alors ; le lendemain, je fis ce nivellement, d’abord du lac à la mer, et
ensuite de la mer au lac, pour en obtenir une vérification assurée. On peut en voir
le profil rapporté dans la planche du nivellement des pyramides ( volume cinquième
des flanches d’antiquités) . En voici les résultats :
Le 19 floréal an 9 [9 mai 1801 ], les eaux du lac se trouvèrent inférieures à
celles de la mer de deux pieds six pouces dix lignes, ainsi que le porte la dernière
cote du profib Or, ce même jour, il y avoit déjà une hauteur d’un pied huit
pouces dans 1 endroit Je plus bas du chemin pavé qui traverse Je. lac : ces deux
quantités donnent donc une profondeur de quatre pieds deux pouces dix lignes
d’eau qui doit se trouver dans cette partie du lac ; on peut même porter cette
profondeur à cinq pieds, à cause du refoulement des eaux vers cette extrémité du
lac, et de la différence des moyennes aux basses eaux de la mer -(i).
L espace de terrain nivelé des rives du lac à la mer a été de trois mille cinq
cent vingt pas, ou de quatorze cent soixante-sept toises, suivant l’estimation
précédente du pas. Mais cette distance comprend la montée et la descente de
la montagne; ce qui doit l’augmenter d’un dixième environ. Ce nivellement
fait connoitre que le point le plus élevé de la chaîne de montagnes qui, comme
nous lavons dit, domine et le lac et la mer, est de soixante pieds supérieur au
niveau de la mer, et que le point le plus bas de la petite vallée adjacente et parallèle
à la côte est de dix pieds supérieur à ce même niveau; d’où l’on déduira
(.) J'ai dit plot haut que, le jour précédent que nous ‘ piquet d’observation, je trouvai, le to, une augmentation
traversâmes le lac v,s-à-vi,Ie santon d'Abou-el-Kheyr, ' de huit pouces dans l'espace de vingt-quatre heur s ce
f e j f e 7 7 df f - d o u a e pouces qui me fait porter ici à vingt j B l a hautem del
rian.Tsur h I J , 7 "» " !-™ . Ayant eau* du lac au point le plus bas de ce chemin pavé,
plante sur la rive nord du lac, ce jour 18 floréal, un
É . M . T O M E I I . c