Mecque, sont franches de tout droit à leur entrée en Egypte, et ne sont sujettes
à aucune visite de la douane.
La ville de Derne fournit aussi à l’Égypte, par la voie des pèlerins, du beurre
du miel et quelques fruits.
Les relations de commerce que le pèlerinage de la Mecque entretient régulièrement
entre les Etats Barbaresques et l’Égypte, permettent aux marchands de
ces contrées de traiter entre eux de la vente de leurs denrées, soit au comptant,
soit à crédit pour une année. Dans le premier cas, le taux de l’escompte varie
de 7 à 12 pour cent.
E X P O R T A T IO N S .
Les exportations de l’Egypte dans les États Barbaresques sont beaucoup plus
considérables que les importations que nous venons d’indiquer. Les villes principales
qui tirent des marchandises d’Alexandrie et du Kaire, sont, comme on l’a
déjà dit, Tunis, Alger, Tripoli, Fez, Maroc et Tétuan, vis-à-vis de Gibraltar.
On porte principalement à Tunis de la toile de lin de Syôut et de Manfalout,
d’Aboutyg et du Kaire ; on y porte aussi de la toile de coton des fabriques de
cette dernière ville, du poivre, du café, des fleurs de rose sèches, de la graine
d’indigo, du sel ammoniac, de l’aloès socotorin, de la cannelle et d’autres épiceries.
Il part annuellement d’Alexandrie pour Tunis dix ou douze bâtimens, sur
chacun desquels on embarque cent cinquante à deux cents balles de toile de lin
ou de coton ; chaque balle contient trois à quatre cents pièces, du prix de 60
à 200 parats l’une.
La ville de Tunis tire ordinairement le poivre de Livourne ; et ce n’est
que lorsqu’on ne peut s’en approvisionner dans cette place, que le commerce
d’Alexandrie fournit cette épice.
On expédie annuellement de ce port pour Tunis,
De vingt à cinquante fardes de café ;
Vingt ou trente balles de fleurs de rose sèches, du poids de 3 à 4oo rotl
chacune ( le qantâr de 100 rotl se paye à raison de 20 fondouklis ) ;
Deux cents mesures de graine d’indigo, de -^ à ’ardcb, qui se vendent en Égypte
1 o pataquès ;
Dix ou douze caisses de sel ammoniac, pesant chacune 2 qantâr de 204 rotl.
Enfin cest à Tunis que l’on envoie d’Alexandrie l’encens de la meilleure
qualité. C e qu’on en expédie par cette voie s’élève à 20 qafas ou grands paniers
de 5 qantâr l’un : le prix du qantâr de 150 rotl est de 25 à 30 pataquès dahaby.
Lorsque les Hollandais ne fournissent pas directement la cannelle aux Etats
Barbaresques, on la tire d’Alexandrie ; mais cette exportation ne s’élève guère
au-delà de quatre ou cinq caisses.
Le parfum de la civette, ou zabâd, est un objet de fort peu d’importance, qui
ne s’élève guère au-delà de cent onces par an, du prix de y à 6 pataquès l’once.
Après Tunis, Alger est la ville de Barbarie qui tire d’Egypte la plus grande
quantité de marchandises. On y envoie des toiles de lin de Syout et de Manfalout,
des toiles de coton du Kaire, des étoffes de soie dites qotny, des alâgâ,
des toiles de coton de Damas et de Naplouse, de la soie de Berout, du lin en
étoupe et en fil, du café, une petite quantité de poivre, du sel ammoniac, du
sucre, de l’encens, de la civette ; du bois et de la résine de benjoin, qui servent de
parfum par la combustion. Les Hollandais fournissent directement les épiceries.
Ce commerce occupe annuellement trois ou quatre bâtimens, sur lesquels se
rendent à Alexandrie les pèlerins d’Alger qui vont à la Mecque. Ces bâtimens
sont de ceux qui font la caravane dans les échelles du Levant, et appartiennent
toujours à quelque nation Européenne.
11 part, année commune, sur ces bâtimens, environ trois ou quatre cents balles
de toiles de lin et de coton, semblables à celles que l’on expédie pour Tunis, et
dont nous avons déjà indiqué la valeur ;
Quatre ou cinq cents pièces de ces étoffes de soie fabriquées au Kaire et
appelées qotny ( la pièce se vend de 6 à 7 pataquès ) ;
Cinq cents pièces & alâgâ de la fabrique de Damas, et une petite quantité
de cette même étoffe fabriquée au Kaire ( le prix commun de la pièce est de y
ou 6 pataquès ) ;
Vingt ou trente balles de soie de Berout blanche et jaune, de la blanche
en plus grande quantité (le prix moyen d’une balle est de yoo pataquès);
Quarante ou cinquante fardes de café Moka ;
Vingt balles environ de fil de lin, du poids de y à 6 qantâr la balle ( le
qantâr dé cette marchandise est de 30 okes, et le prix de l’oke, de 30 à yo
parats ) ;
Vingt qantâr de sel ammoniac, quatre ou cinq qafas d’encens, une petite
quantité de sucre qui ne mérite pas d’être comptée, celui qui est consommé à
Alger étant presque en totalité fourni par le commerce Européen;
Dix à quinze qantâr de benjoin ( le poids du qantâr est de 1 12 rotl 4, et son
prix varie de 60 à 120 pataquès).
II vient chaque année de Tripoli à Alexandrie deux ou trois bâtimens chargés
de pèlerins et de marchandises qu’ils apportent. Ces pèlerins prennent en retour
des toiles de lin et de coton d’Egypte, et les productions de l’Inde qu’ils ont
achetées dans le cours de leur voyage. C e sont de simples particuliers qui ne
font pas leur état du négoce, mais qui veulent trouver dans les bénéfices que
présente l’échange de leurs denrées contre les productions de l’Égypte et de
l’Inde, le dédommagement des frais de leur pèlerinage à la Mecque.
Les Musulmans de Tunis, d’Alger et de Tripoli, qui entreprennent ce pèlerinage,
se rendent en Égypte par mer, comme nous venons de le dire ; ils passent
ordinairement à Livourne, et s’en retournent par le mênie chemin. Quant à
ceux de Maroc et de Fez, ils se réunissent en une caravane assez nombreuse,
qui traverse le désert jusqu’à Alexandrie: ils emportent, en s’en retournant chez
eux, de trois à six cents balles de soie de Syrie, du prix de yoo pataquès la balle ;
de la toile de coton teinte en rouge et du fil de la même couleur, le tout en assez