terminée*, on ne revient dans le champ que pour le sarcler ou pour 1 arroser,
jusqu’au moment de la récolte. Toutes les fois que la plante nest point arrachée,
elle est coupée à la faucille, et cette faucille est généralement plus petite et
moins courbée que celle dont on fait usage dans les parties septentrionales de la
France.
Lorsque la récolte est terminée, les grains, et généralement toutes les plantes
qui font l’objet d’une grande culture, sont mis en gerbes ou en bottes, et transportés
sur une place qui a été préparée à cet effet, soit dans le champ meme où la
moisson a été faite, soit dans un endroit choisi à peu de distance. Dans un pays
où la température varie peu, et dont le climat n’est sujet à aucune des vicissitudes
. qui rendent plusieurs fois l’état du ciel incertain pendant la courte durée d’un
jour, comme dans nos climats, on n’a pas besoin de granges pour mettre les
récoltes à l’abri de la pluie et de la gelée ; elles restent en plein air, jusqu'à ce
qu’on en ait retiré les produits.
On ne connoît point en Egypte l’usage du fléau pour battre les grains. Dans I
la partie la plus méridionale du Sa’yd, le blé, tel qu’il a été récolté, est étendu sur I
une aire et foulé aux pieds des boeufs : par ce travail, non-seulement on fait sortir I
le grain de l’épi, mais encore on en brise la paille, qui est sèche et extrêmement I
fine ; elle se trouve ainsi toute préparée pour servir de fourrage.
Dans le reste de l’Egypte, ces deux opérations s’exécutent à l’aide d une machine I
appelée noreg, que l’on voit représentée planche V III des Arts et Métiers.
Cette machine est composée d’un châssis horizontal, formé de quatre piècesl
assemblées d’équerre entre elles : deux de ces pièces reçoivent, parallèlement aux I
deux autres, deux essieux .en bois, sur lesquels sont fixées par leur centre trois et I
quatre roues en fer pjat, de deux millimètres d’épaisseur et de quatre décimètres I
de haut. Tout l’assemblage est ainsi mobile horizontalement sur ces roues, dont!
la disposition est telle, que celles qui sont traversées par le même essieu corres-j
pondent au milieu de l’espace compris entre celles que traverse l’essieu suivant. I
C e châssis est surmonté d’une espèce de siège en grosse menuiserie, où se place!
le conducteur des boeufs qui y sont attelés. Un anneau de fer, fixé dans la traverse I
intérieure du châssis, sert à attacher avec une corde un timon volant, à l’extrémité
duquel est un joug transversal, que l’on fait passer sur le cou de ces animaux. I
Les gerbes des grains de toute espèce que l’on destine à être battus au moyen
de cette machine, sont déliées et étendues sur une aire de quinze à vingt mètres
de diamètre, dont le centre est quelquefois occupé par une meule de ces grains; on
fait ensuite promener circulairement la machine sur cette aire : les gerbes déliées
sont ainsi foulées aux pieds des boeufs à diverses reprises; ce qui fait sortir Je grain
de l’épi, tandis que la paille se trouve hachée pendant la même opération par les
roues de fer dont le noreg est armé et sur lesquelles il roule.
La paille des plantes céréales ou des fourrages secs soumis à cette opération
est ramenée au pourtour extérieur de faire par des hommes qui se servent de
longs râteaux à dents de bois.
Le noreg employé au Kaire et dans la basse Égypte est ordinairement composé
posé de pièces plus pesantes et écarries avec plus de soin qu’on ne le pratique
dans le Sa’yd. Le noreg dont on fait usage, pour battre le riz à Rosette et à Damiette,
est encore construit sur de plus fortes dimensions;
II y a certaines plantes dont on retire la graine en les frappant avec de grands
bâtons sur un emplacement préparé à cet effet; ce sont celles dont les tiges sèches
ne peuvent être employées à la nourriture des bestiaux, mais qui doivent servir
de combustible.
Quel que soit le moyen dont on a fait usage pour retirer les grains de leur
épi ou les graines de leur capsule, il faut les nettoyer des matières étrangères qui
peuvent s’y trouver mêlées. A cet effet, on les vanne grossièrement en les projetant
en l’air par petites parties, avec des fourches de bois 'à dents rapprochées ;
on les fait ensuite passer au crible à plusieurs reprises.
Les labours se font généralement avec des boeufs; quelquefois on attelle des
vaches à la charrue. J’ai vu, dans quelques villages de la haute Égypte, labourer
avec des ânes, et, dans le Delta, avec des chameaux; mais ce cas est très-rare.
Tous les transports nécessaires aux travaux de l’agriculture se font à dos de
chameau, ou avec des ânes, qui sont en Égypte très-remarquables par leur force.
SECTION III.
Des Mesures agraires. — Des Mesures de capacité. — Des P o id s .__
Des Monnoies.
En traitant de l’agriculture chez les Égyptiens, nous nous proposons particulièrement
d’offrir les moyens d’en comparer les produits à ceux de l’agriculture
en Europe : or il faut, pour cela, évaluer en mesures connues celles dont on
fait usage en Égypte, puisque nous nous servirons de celles-ci pour exprimer les
résultats de nos recherches.
Nous avons traité fort au long des mesures agraires de cette contrée (i) ;
nous nous bornerons à rappeler ici ce que nous avons dit de celles de ces
mesures qui sont en usage aujourd’hui.
Limité de mesure agraire porte généralement le nom de feddân : c’est un
carré de 20 cannes ou qassâb de côté, et, par conséquent, de 4oo cannes superficielles.
La canne est une mesure linéaire dont la longueur est de 6 pyk beledy et 4-,
dans l’usage que les particuliers en font entre eux : dans les mesurages que l’on
fait pour 1 assiette de 1 impôt sur les terres ensemencées, la canne n’est que de
6 pyk beledy e t f , c’est-à-dire, plus courte d’un tiers de pyk que celle du gran d feddân.
La coudee désignée sous le nom de pyk beledy se divise en 24 doigts; sa
longueur absolue est de o'”,5775 (2).
(1) Mémoire sur les mesures agraires des anciens du Kaire, pag, jS . — Mémoire sur les mesures agraires
Egyptiens, Antiquités-Mêmoires, tom. /■", pag. 32;. des anciens Egyptiens, Antiquités-Aiêmoires, tom. I " ,
(2) Annuaire de l’an v m , calculé pour le méridien pag. 336.