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L ’AçaSo'f«{ ou Astabores, dont la position est la même que celle du Tegros
ifllC h appelé aussi chez les Éthiopiens par excellence Takaiê ttiH ■. [ le Fleuve]
et qui traverse le pays de Borâ M *. seroit A/ig-Borâ [ le fleuve de Bora ].
J’ajouterai-ici que l’on retrouve encore des traces de son ancien nom d'Astaboras
dans le nom corrompu d’Atiara que quelques modernes lui donnent.
L ’’Açkot£c*î, ’AmoéCas, ou Astusapcs, me paroît être le même que le Mareb (i)
des modernes; et nous ne pourrons,- ce me semble, douter de l’identité de ces
Jeux fleuves, d’après les deux considérations suivantes : i.° tous les géographes
s’accordent à placer ce fleuve à la droite de l’Astaboras, position qui ne peut
convenir qu’au Mareb; z.° Pline et Solin observent que ce nom signifioit un
fleuve qui se cache [fluvitts latens] , et Ludolf nous apprend que le Mareb disparoît
sous la terre dans une portion de son cours, comme le Rhône, le Guadiana, et
plusieurs autres grands fleuves. Nous ne verrons donc dans AçaWSa« ou ’AmmiCaf
que A h it-A ifib [le fleuve d’A zab]: en effet-,-le Mareb arrose le pays de Bagiah,
dont A ’zâb ou A ’yzâb (2) est la principale ville. A ’zâb passa même pour avoir
été autrefois la capitale de l’Éthiopie entière et des états de cette fameuse reine
de Saba (3) qui vint visiter Salomon. Une dernière circonstance qui n’est point
à dédaigner, c’est que, selon Ludolf, il existe encore vers les sources du Mareb
une peuplade nommée A^abo.
Il ne nous reste plus que ¡’Aça-yACat, dont Strabon seul fait mention, et qu’il
place auprès de Méroé (4) : d’après la position relative des autres fleuves, on peut
croire que ce quatrième affluent est un de ceux qui, dans la carte donnée par
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(1) JVIarab ou Afareb : en éthiopien, est le
nom d’une espèce d’âne sauvage [ asinus sylvestris,
•onager. Ludolfi Lexiç. col. 59]. On trouve*dans tous les
pays beaucoup d’exemples de noms de quadrupèdes et
d’autres animaux donnés de cette manière à des fleuves:
les Grecs avoîent en Thrace, Y’Arpç Tmm/uoç[\e fleuve de il
la Chèvre] qui se jette dan’s*l’HelIesp6nt, le fleuve Avxcç
[Loup] dans le Pont; les Syriens avoient le fleuve du
Chien [<_>!£L!I nahar el-Kelb ] près de Beyrout >
et qui a été aussi connu des géographes Grecs et Latins
sous les noms de Av'xsç et de Lycus; ils ont encore donné
ce dernier nom à un affluent de I’Euphrate; il existoit
aussi un fleuve Atcn [ Lion] en Syrie. On connoît deux
rivières portant le nom de <_,!:> Ours], qui se jettent
dans le Tigre: les anciens les-nommoient Zabus major
et Z.abus min or. ,
Au reste, comme à diverses époques l’Éthiopie’ et
I Yémen ont^ été réunis sous la même domination, le
•nom du fleuve Mareb peut; avoir la même origine que
celui de la forteresse de Mâreb ç^ U ou Mââreb c jjIL
(la A'Iariàba des anciens], bâtie dans l’Yémen par un
roi nommé A ’bd-el-chems | ^ , fils d’ Yechhab
et.surnomme Sabâ\j^. Il ne nous reste point
sur la langue et les antiquités des Hémiarites, de docu-
mens suffisans pour discuter la signification de ce nom ;
je me contenterai donc de dire, d’après Abou-I-fedâ,
que plusieurs ont cru que cétoit celui d’un souverain de
l’Y cmen.
(2) A ’-çâb-,£_}fô*c ou Ayçâbr(mj l juvc.-’Ehn el-Maqryzy
a consacré*à cette intéressante ville le soixante-quatorzième
chapitre dé son - grand «ouvrage sur l’Egypte,
EI-Edricy, Abou-I-fedâ'et Ebn ,el-0 uardy en fo rit'aussi
mention dans leurs traités géographiques. EI-Edricy est
le seul de ces quatre auteurs qui ait écrit son nom
A\âb au lieu d’A'yçâb
(3) Suivant les auteurs Arabes, cette reine se ndtrimoit
Belqys , et avoit'succédé à son père Hâdhâd ¿UoU
Les Ethiopiens rapportent qu’elle eut de Salomon un fils
nomméAfnilhek qui Iui succéda en Ethiopie.
II paroît certain que ses états comprenoient I’Yémen
et la partie orientale de l’Abyssinie : sa capitale étoit
Saba L*, ou Chebâ Us ( en hébreu Seba ou Clieba ;
mais elle fkisoit sa résidence dans la citadelle de
cette ville', qui; se nommoh Mareb, Voye^ la note 1."
"ci-dessus,
(4) Ce qui a rendu la position de tous ces affluens
obscure et difficile à la plupart des géographes modernes,
c’est qu’ils n’ont pas fait attentio’n que lés mots yûrnf
chez les Grecs, et insu/a ^chez les Latins, avoient la
même acception que le mot ge^yreh » j j^ a maintenant
chez les Arabes, c’est-à-dire, la double signification d’//<
et de presqu'île; d’après ce motif, ils ont toujours voulu
voir dans l’île de Méroé des anciens, non une péninsule,
mais une île dans l’acception restreinte que nous donnons
a ce mot, c est-à-dire, un espace de terre entièrement
environné d’eau.
Ludolf, passent à peu de distance de la ville et du territoire de Geba, et alors
on pourroit l’expliquer par Ahzt-Geba [le fleuve’de Geba].
Le mot /hK ; ha^z, dont la contexture grammatique et la prononciation sont
presque absolument les mêmes que celles du mot Éthiopien précédent, signifie
encore maintenant une flèche dans la langue Éthiopienne, dans laquelle nçus
savons qu’on retrouve beaucoup de traces de l’ancienne langue Égyptienne ; et de
là vient aussi que quelques écrivains Grecs nous ont rapporté que les Égyptiens
donnoient au Nil le nom de Flèche.
Pour ne rien omettre sur les noms qui ont été donnés au Nil par les anciens,
j’ajouterai encore que, dans Ératosthène, on lit qu’un roi d’Égypte se nommoit
Phrouron, « nom , ajoute-t-il, qui étoit aussi celui du Nil. »
En recherchant l’étymologie de ce nom, on trouve qu’il peut signifier le fleuve tranquille
dans son lu, en le faisant correspondre au môtQobte P°**~P ph-hrour
[ le calme , le tranquille ] , qui est dérivé lui-même de la racine ET*I
heri [ se reposer ] ( i ).
Outre les noms que nous avons déjà vu ci-dessus qu’on attribuoit dans la langue
Qobte au Nil, le Dictionnaire Qobte d e laC ro ze fz ), d’après Kircher, donne aussi à
ce fleuve le nom de è S u H i p i Atnêiri. On pourroit peut-être d’abord présumer
avec quelque vraisemblance que ce nom n’étoit en lui-même autre chose que
celui de Nehr "liUque nous avons déjà vu, auquel les Égyptiens auroient fait subir
un changement qui leur étoit familier, en remplaçant la lettre J [nounj des Hébreux
par leur XX [mu], comme de fn j Nouf ou Jp N o f ils ont fait I I 0^1 Mof, et
du mot No-Amman [ p a n NJ ou pON ÎO ] celui de U c /A ^ T o u de Momom-
phis, ¿¡’Y.,-et desavans orientalistes ont admis comme fondée cette commutation
dans des cas absolument pareils. Quelques-uns même, d’après ce principe, n’ont
vu dans le nom de MeA^, donné par les Grecs au Nil, qu’une altération des
mots Nc/i/il et NeîAoç , que nous avons vus ci-dessus.
Au reste, quel que soit le plus ou le moins de probabilité qu’on accorde à
cette conjecture, on ne pourra s’empêcher de trouver dans ce nom quelque analogie
avec celui du roi Moeris, nommé aussi Amyris, qui, suivant le rapport des
historiens, avoit fait tant de travaux relativement à ce fleuve.
Mais d paroît que la vraie étymologie de cette appellation du Nil est que le
nom d £ 1l_ * .H ip i est aussi celui de la couleur bleue en langue Qobte, suivant
Kircher; et ce-qui peut fortifier cette opinion, c’est que l’Abaoui porte aussi
chez les Arabes de Nubie le nomdeBahare/-AZraq ¿ ^ 1 qui de même signifie
littéralement le fleuve bleu (3).
(1) Voye^ S. E. Jablonski, Panthéon Ægypt, Iib, iv M Pioe •> cap. 1, 5.0. ’ r\i
, v3J Le mot de JVil signifie indigo et bleu en langue
E . AI. T O M E I I . H a