d’Angleterre, un firman qui interdirent aux Européens la navigation delà mer
Rouge au-dessus de Geddah.
II s écoula un temps assez considérable jusqu’à l’obtention de ce firman ; et
durant cet intervalle le commerce de l’Inde par l’Égypte continua de se faire
avec d assez grands avantages.
Enfin le firman sollicité par les agens du Gouvernement Anglais à Constan-
tinople fut expédié au pâchâ d’Égypte.
Le gouverneur du Bengale avoit, de son côté, défendu l’importation immédiate
des marchandises de 1 Inde en Égypte par des vaisseaux Anglais. Au mépris
de cette défense et du firman du grand seigneur, il arriva à Suez, en 1778,
plusieurs bâtimens dans le chargement desquels le bruit courut que le consul de
France étoit intéressé. On rapporte que, pour faire parvenir au Kaire les marchandises
avec plus de sûreté, ce consul obtint de les y faire transporter par des
chameaux appartenant à l’un des principaux beys. Les Arabes de T o r, qui préten-
doient avoir des droits à exécuter ce transport, demandèrent inutilement d’en
être chargés, suivant l’ancien usage. Refusés sur ce point, ils réduisirent leurs
demandes à celle d’une indemnité en argent, pour le dommage qu’ils disoient
éprouver par l’effet de cette innovation. L e second refus qu’ils essuyèrent les
irrita : ils se mirent en embuscade, et pillèrent la caravane ; ce qui leur fut
d autant plus facile, que les voyageurs de différentes nations qui l’accompa-
gnoient, comptant sur la sécurité dont on avoit joui dans les expéditions précédentes
, n’avoient pris aucune des précautions nécessaires pour se défendre dans
celle-ci.
Les bâtimens venus à Suez furent ensuite confisqués par le pâchâ du Kaire,
ainsi que les marchandises qui y étoient restées ; d’autres gens en place achetèrent
à vil prix celles qui provenoient du pillage de la caravane.
Les bâtimens qu’on avoit expédiés directement de l’Inde pour le port de
Suez, étoient presque exclusivement chargés pour le compte d’officiers militaires
ou civils employés au service de la compagnie Anglaise.
Depuis le mauvais succès de ces expéditions, elles ont entièrement cessé par
cette voie. C est, au surplus, à dater de cette époque que les Anglais ont eu un
vice-consul a Alexandrie ; jusqu’alors la compagnie des Indes n’avoit entretenu
au Kaire qu’un simple agent chargé de faire passer par la voie de terre les
dépêches d Europe dans le Bengale et celles du Bengale en Europe.
E X P O R T A T I O N S .
En échange du café, des drogues de l’Arabie et des marchandises de l’Inde
importés à Qoceyr par les barques Arabes, elles emportent d’Égypte, en retour,
du blc, de la farine, des fèves, des lentilles, du sucre, du beurre, de l’huile
de laitue, des fleurs de carthame et de la toile de lin.
Une partie de ces denrées est expédiée directement à Yanbo’ ou à Geddah
par des commissionnaires établis à Qoceyr ou à Qené, et confiée aux patrons
des bâtimens sur lesquels on les èmbarque, ou bien elles forment le bagage d’un
certain nombre de voyageurs, tous habitans du Sa’yd ou de l’intérieur de l’Afrique,
qui se rendent en pèlerinage à la Mecque. C’est ordinairement pendant les mois
d’avril et de mai que ces exportations se font avec le plus d’activité.
Le blé, et généralement tous les grains exportés par la voie de Qoceyr, sont
mesurés, non pas à l'ardeb du Kaire, mais au tellis, unité de mesure qui est à
cet ardeb dans le rapport de 16 à 9.
Le tellis de froment se vend, à Qené, de 3 pataquès à 4 pataquès
La charge d’un chameau est de trois quarts de tellis, qui pèsent environ
170 kilogrammes. Les caravanes de chameaux ainsi chargés emploient quatre
jours pour aller de Qené à Qoceyr. Il en coûte de transport, par tellis de blé,
de 200 a 380 parats, c’est-à-dire, un prix équivalent à la valeur intrinsèque du
ble pris sur les marchés de Qené, de Qous et d’Abnoud, où se vendent communément
les grains destinés à être exportés en Arabie.
On vend sur les mêmes marchés le tellis d’orge et le tellis de fèves au prix
moyen de 2 pataquès et 60 médins.
Le tellis de lentilles s’élève à 4 pataquès et 4° médins, c’est-à-dire, à peu près
au même prix que le tellis de blé.
Outre sa charge en blé et en lentilles, chacun des chameaux d’une caravane
porte encore la quantité de fèves nécessaire à sa nourriture pendant le voyage.
On comprend toujours dans le prix de la location d’un chameau, qui varie
de 3 à 4 pataquès suivant les besoins du commerce, le salaire du chamelier, qui
est chargé de la conduite et du pansement de six chameaux.
Tout le blé destiné pour l’Arabie seroit réduit en farine sur les lieux méÎhes
ou il est récolté, si I on n y manquoit pas de moulins ; les Égyptiens gagneroient
par cette opération la mam-d’oeùvre de la mouture, qui est de 48 parats par
ardeb du Kaire.
Un qantâr de blé produit communément 90 rotl de farine, dont on paye le
transport de Qené à Qoceyr 100 médins.
Le. beurre est aussi un objet assez considérable d’exportation ; on le tire des
villages de la haute Égypte situés entre Minyeh et Esné ; il se vend de 1000
à 1 y 00 médins le qantâr : on le transporte dans des outres de peau de buffle ;
un chameau peut en porter 4 qantâr.
II en est de même des huiles que l’on extrait des différentes graines oléagineuses.
La cruche de poterie compacte appelée ballas, qui sert à mesurer l’huile,
en contient 23 ou 24 rotl du Kaire, et se vend à Qené de 200 à 240 parats.
Pour transporter l’huile à dos de chameau, on la met dans de grandes outres ;
un chameau en, porte 3 ou 4 qantâr.
Le qantâr de sucre se vend, à Qené, de 9 à 10 pataquès.
Le qantâr de safranon, ou de fleurs de carthame, se vend de 8 à 1 2 pataquès.
Enfin les pièces de toile de lin, de 27 à 28 pyk de longueur, que l’on transÊ.
M. T O M E I I . Oooo 1