
 
        
         
		Parmi  les  voyageurs  du  commencement  du  x v i i i . '   siècle,  Delacroix  ( i ) ;   Paul  
 Lucas  (2 ),  envoyé dans  le  Levant  à  diverses reprises  par  ordre de Louis XIV,  et  
 qui  a  visite  lËgypte  en  1714»  le P.  Sicard  (3),  qui  y  a  séjourné  plusifeurs  années  
 comme missionnaire ;  Charles Perrÿ  (4 ) , Granger  (y ),  n’ont  recueilli aucune  inscription  
 des  anciens  Arabes  :  tous  semblent  avoir  été  dirigés  par  les mêmes  vues  
 que  les voyageurs  précédens,  et n’avoir  èu  d’autre  dessein  que  celui  de  ramasser  
 des médailles Grecques  ou  Romaines,  des  pierres gravées, et  quelques manuscrits  
 souvent  achetés au  hasard, presque  toujours  sans  choix  et  sans  discernement. 
 Maillet  (6 ) ,  qui  a  été  si  long-temps  consul  de  France  au  Kaire,  n en  a  point  
 rapporte  d inscriptions,  malgré  les  facilités  que  devoient  lui  donner  pour  cela  
 les  fonctions  diplomatiques  qu’il  y  a  exercées ;  il  ne  paroît avoir profité  du  titre  
 dont  il  étoit  revêtu,  que  pour  visiter  et  examiner  dans  le  plus  ample  détail  1  
 grandes  pyramides,  à  la  description  desquelles  il  s’est  attaché  presque exclusivement  
 ,  ou  pour  recueillir  les  faits  qui  pouvoient  lui  servir  à  établir  le  système  
 géologique  qu’il  a  depuis  développé  dans  un  ouvrage  célèbre  par  sa  singularité  
 et  la  hardiesse  de  ses  hypothèses  (7). 
 (1)  L’Egypte  ancienne  et  moderne, par  le  S/De!a-  
 éroix,  1704 ;  manuscrit  de  ma  bibliothèque. 
 (2) Voyage du S.r Paul Lucas, fait en M. DCC; XI v ,  &c»,  
 par ordre de Louis XIV, dans la Turquie, l’A sie, Sourie,  
 Palestine,  haute et  basse  Egypte,  &c.  où  l’on  trouvera  
 des remarques très-curieuses, comparées à ce qu’ont écrit  
 les anciens sur  le  labyrinthe d’Egypte;  un  grand nombre  
 d’autres  monumens  de  l’antiquité,  dont  il  a  fait  la  découverte; 
   une description du gouvernement,  des forces,  
 de  la  religion,  de  la  politique  et  de  l’état  présent  des  
 Turcs; une relation de leurs préparatifs  faits pour  la  dernière  
 guerre  contre l’Empereur;  et  un  parallèle des  coutumes  
 modernes  des Egyptiens  avec  les  anciennes,  &c.  
 Paris,  1724. 
 Voyage du S.r Paul  Lucas au Levant. Paris, ¡731. 
 Ces  voyages  ont  été  rédigés  par  Bonnier. 
 (3)  Claude  Sicard  étoit  né  à  Aubagne,  petite  ville  
 voisine  de  Marseille,  en  1677;  ^  entra  chez les Jésuites  
 d’Avignon  en  1699,  et  prononça  ses  voeux  en  17c  
 Après  avoir professé  les  humanités  pendant  sept  ans,  il  
 fut  envoyé  comme  missionnaire  en  Syrie,  et  de  là  en  
 Egypte:  il est mort au Kaire  le  12 avril-de l’an  1726. S’il  
 faut  en  croire  le P.  Ingoult  (préface  du  tome VIII  des  
 Mémoires des Jésuites missionnaires), « le P. Sicard étoit  
 »exact  dans  ses  recherches,  juste  dans  ses  réflexions,  
 »judicieux  dans  sa  critique,  heureux  dans  ses.décou-  
 » vertes;, et  tout  ce qui sortoit de sa  plume étoit marqué  
 » a un  coin qui  lui  étoit  propre  et  singulier,  et qui étoit  
 » toujours  le coin du  vrai  beau. » 
 On  trouve  quelques  lettres  du  P.  Sicard  dans  les  
 tomes II  et V   des  nouveaux  Mémoires  des  missions  de  
 la  compagnie  de  Jésus  dans  le  Levant,  publiés à  Paris  
 en  1717  et  1725 :  on  a  intercalé  dans  ce  dernier  -volume  
 un  plan rédigé parle  P.  Sicard, d’un  ouvrage  sur  
 l’Egyple  ancienne  et  moderne;  plan  que  Jean-Albert  
 Fabricius  a fait réimprimer  dans  le  46.c chapitre  de son  
 livre publié à Hambourg en  1731, sous le titre de Sa lu taris  
 lux Evangelii toti  orbi per divinam gratiarn exoriens.  On 
 a prétendu que ^ouvrage même dont;  le P.  Sicard a tracé  
 le plan,  avoit été achevé; et le P. lngoült, après avoir  dit,  
 dans  la préface  ci-desius  citée i  que’ l’on  n’a  pas  perdu  
 toute  espérance de  le  recouvrer, ajoute :  «  Nous  serions  
 » d autant plus sensibles à la perte de cet ouvrage, qu’outre  
 »  l’utilité qu’on  retirerait  de  cette  description,  nous  sa-  
 » vons que le Roi,.protecteur  des  beaux  arts,  ayant  été  
 » informe du dessein du missionnaire,  et voulant en faci-  
 »  Iiter l’exécution, donna onze  à douze mille livres, pour  
 »  entretenir des dessinateurs qui accompagneront le P. Sir  
 »  card dans ses voyages, et qui, sous sa direction, lèveront  
 »  des plans, et dresseront des  cartes dans tout  le pays.  » 
 Dans  les  tomes  VI  et  VU   de  ce  même; recueil,  on  
 trouve  une  dissertation  du  P.  Sicard  sur  le  passage  de  
 la  mer  Rouge  par  les  Israélites,  et  tout  ce  qu’on  a  pu  
 recueillir  de  ses papiers  sur  I’Égypte.  Les  Mémoires  de  
 Trévoux, du  mois de décembre  1719,  contiennent  aussi  
 une  lettre de  lui  sur  le  même  sujet. 
 (4)  A   View  o f the  Levant,  by  Charles  Periy.  Lon-  
 don,  1743- 
 (5)  Relation  d’un  voyage  fait en  Egypte par le  sieur  
 Granger,  en  l’année  1730.  Paris,  1745. 
 (6)  Description  de  l’Egypte,  contenant  plusieurs  remarques  
 curieuses sur la géographie  ancienne et moderne  
 de  ce pays,  sur  ses  monumens  anciens,  sur les  moeurs,  
 les coutumes  et  la  religion  des  habitans,  sur  le  gouvernement  
 et  le  commerce, sur les  animaux,  les arbres,  les  
 plantes;  composée, sur les  mémoires  de  M.  de Maillet,  
 ancien  consul  de  France  au  Caire,  par  M.  l’abbé  le  
 Mascrier. Paris',  1733. 
 La  seconde  édition  de  cet  ouvrage  a  été  imprimée à  
 la  Haye,  1740. 
 (7)  M. de Maillet donna à son ouvrage le  titre de  Tel-  
 liamed,  anagramme  de  son  propre  nom.  La  première  
 édition  en  fut  publiée  par  l’auteur  même ;  la  seconde  
 l’a  été  par  M.  Guer,  qui  l’augmenta  d’après  les  originaux, 
  de  sa  main.  Cette  édition,  à  laquelle  l’éditeur  a  
 ajouté  une vie  dé M.  de Maillet,  porte'le  titre  suivant : 
 Fourmont  ( i ) ,   interprète  du  Roi  pour  les  langues  Orientales,  qui  av'oit  déjà  
 voyagé  dans  le  Levant,  par  ordre  de  Louis  X V ,  en  1729  et  1730,  avec  son  
 oncle,  ainsi  qu’avec  l’abbé  Sevin (2),  membre  pensionnaire  de  l’Académie  royale  
 des  inscriptions  et  belles-lettres,  et  qui  a  suivi  en  M.  de.  Lironcourt  
 nommé consul général  au  Kaire,  paroît  bien avoir  remarqué  en  Egypte  quelques-  
 unes  des  inscriptions  des Arabes; mais son  ouvrage ne  présente la copie d’aucune,,  
 et  la  traduction  abrégée  qu’il  en  donne  est  vicieuse  et  inexacte. 
 Pococke (3), membre de  la société royale et de  celle des antiquités de Londres,  
 qui  joignoit  à  la  plus  vaste  érudition  un  désir  insatiable  de  s’instruire,  a  voyagé  
 dans  tout  le Levant,  dans  les  années  1737  et  suivantes.  Son Voyage contient  des  
 observations  intéressantes  sur  les moeurs,  la  religion,  les  lois,  le gouvernement,  
 les  sciences,  la  géographie  et  l’histoire  naturelle  des  nations  qu’il  a  visitées •-  
 mais  il  paroît  avoir  également  négligé  de  recueillir  les  inscriptions  de  cette  
 êspece  ,  qu il  a  pourtant  dû  rencontrer  en  grand  nombre  dans  les  diverses  contrées  
 qu’il  a  parcourues. 
 Vers  le milieu  de  ce  siècle,  ou  peu  de  temps  après,  se  présentent  deux  voyageurs  
 assez  célèbres  qui  ont  visité  l’Égypte;  je  veux parler  du baron  de T o tt  ( 4 )  
 et  de  Bruce  (j).  Le  premier,  après  avoir  très-Iong-temps  séjourné  en  Turquie,-  
 où  la  cour  de  France  l’avoit  envoyé  en  1755  à  la  suite  de  M.  de  Vergennes *  
 parcourut  à  son  retour  l’Égypte  et  les  divers  royaumes  des  côtes  Barbaresques  ;•  
 le second  traversa  l’Égypte pour se rendre en Abyssinie,  où  l’appeloit son désir dé  
 découvrir les  sources  du  Nil,  et où  il s’arrêta pendant plusieurs années  :  mais leurs  
 ouvrages  contiennent  peu  de  choses  importantes  sur  l’Égypte,  et  ne  renferment  
 aucune  inscription. 
 Parmi  les  derniers  voyageurs  qui  ont  visité  i’Égypte  vers  la  fin  de  ce même  
 siècle,  j’aurois encore  à  citer Ynvin  (6) ,  Rooke  (7 ) ,  Sestini  (8)  et  Niebuhr  (9);  
 mais  celui-ci  esHe  seul  qui  ait  rapporté  un  assez  grand  nombre  d’inscriptions  
 Karmatiques,  qu il  avoit  recueillies  dans  son  voyage  en Arabie. 
 Telliamed,  d’un  philosophe  Indien  are'c  (6)  Voyage  à  la  mer  Rouge,’  sur  les côtes  de  I’A- 
 "■  mZ ' 07 Z  . f T ' V I   diminu,i°n * la  ’« h ie ,  en  Egypte  et dans  les  déserts  de  la  Thébaïde, 
 par M   de Maillet  Us  Haye,  177;.  suivi  d’un autre,  de  Veuise  à  Bassorah  par  Latiquée 
 g H M B  historique et géographique des plaines  Alep,  les  déserts,  &c.  dans  les  années  1780  et  1781  
 dHehopoIis et de Memphis, par Fourmont. Par is ,  ,7SS.  par M.  Eyles  Yrwin;  traduit,  sur  la  troisième  édition  
 ■  (2)  Voypz, P.J44,  le tome VII de l’Histoire de l’Aca-  Angloise,  par  Al.  Parraud ; avec  deux  cartes  géogra-  
 demie royale des inscriptions et belles-Iettres.  phiques.  Paris  r -tr 
 (3)  Description  ofthe Eus,  by  Richard  Pocoche.  (7)  Voyages'sur  fes  côtes  de  l’Arabie  heureuse, sur 
 intitulée me ■   SerV1  q" '   traduC,i° n  Fra"Saise>  >n  "1er  Rouge  et  eu  Egypte,  contenant  le  récit,  d’un 
 C "  ,  .  ,  combat  des Anglois  avec M.  de  SufFrein,  et  leur expédilion  
 contre  le  Cap  de  Bonne-Espérance  en  .7 8 ,,  
 lA roh e  la Palestine,  la Syne,  la Grèce, la Tl,race,¿Te.,  par  M.  Henri  Rooke,  écuyer,  ma jor   d’in&nterie;  ,rai  
 " T  descr,PJ'°n M !  de l  Orient,  et de plusieurs  duit de i’anglois  d’après  la seconde édition.  Paris, ,7 SS  
 autres  contreesy traduits de  l anglois  par  une  société de  (S)  Voyage  de  Constantioople  à  Bassora  en  1781  
 gens  de  lettres  T par de  la Flotte!.  Paris  mm  ,  r   ,  /Ü1  » 
 ü$  Mnrrtnirn  A  i  j   nr  ’ ,  P  e  ^*8**  et  1 Euphrate,  et  retour  a  Cons'tantinopie 
 Tottsur* Turcsetfa  r ! eDf .  .  , ,   put  , .   oesttni,  traduit  de rr1 it.al-ie1n“.  rPa-nise, ■apn arvii'.acad" 
 Air  °}7 Se en  r   f  f n  yssinie>  entrePris Pour  (9)  Description de l’Arabie, faite sur des observations 
 d  couvrir  les sources  du Nil,  pendant  les  années  „ 6 8 ,   propres  et  des  avis  recueillis dans  les  lieux  „ 1 ^   par  
 7  9,  1770,  1771,  1772 et  1773,par Jantes Bruce; tra-  Carsten  Niebuhr.  Amsterdam  et  Utrecht  1774  
 du,t de  1 angles  par M. Castera.  Paris,  ,7 po et  ty y ,  Une  seconde  édition  a  été  publiée  à  PaiS,  en  ■ 7 ,0 . 
 É .  Mo  T O M E   IL 
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