pluie qui tombe toujours en assez grande quantité pour réparer les pertes causées
par l’évaporation.
La digue gauche du canal d’Alexandrie, aux environs des marais salans, est
soutenue, du côté du bas-fond, par une muraille en pierre, que fortifient, de
distance en distance, des piliers battans. Il paroît que cette muraille a été construite
pour défendre la digue contre les eaux du lac Marcotis, qui, a cette epoque,
en conservoit sans doute toute l’année ; ca r, maintenant qu il n a de «1 eau que
momentanément, et qu’elle ne s’y élève pas, une muraille n est plus nécessaire (i).
Lorsqu’on se rend d’Alexandrie à Beydah par le plus court chemin, on tra- j
verse le lit de l’ancien lac Mareotis ; mais cette route n’est praticable qu’en été.
Dans les autres temps, il y a de l’eau dans cette direction, et cette eau s’élève d’environ
un pied : dans l’été même, le terrain est fort humide et le, sel cristallise
par-tout à sa surface.
En allant au sud-ouest de Birket pendant trois lieues et demie, on arrive à
el-Khàzy, village situé à peu près sur la limite cultivable de la province. Il appartient
à des Arabes cultivateurs ; son territoire est arrosé par le canal occidental,
qui fait suite au canal Joseph, et qui est alimenté dans son cours par plusieurs]
dérivations, telles que celle de Terrâneh. Quelquefois il s’y trouve beaucoup d’eau:
en 1800, il en a reçu une grande quantité. Les eaux de ces canaux supérieurs]
se tiennent au-dessus de celles du Nil, et elles s’écoulent en grande partie derrière]
Damanhour, d’où elles tombent dans le lac Mareotis, après avoir arrosé le ]
pays (2). -
En se dirigeant au couchant d’el-Khâzy, et après trois ou quatre, heures de
marche, on commence à entrer dans un terrain humide qui, pendant le temps]
des pluies, est très-fangeux ; c’est le reste de la partie sud de l’ancien lac Mareotis. |
Après avoir marché environ une lieue depuis cet endroit, on se trouve à l’o ri-j
gme de I'Ouâdy-Maryout, ou la vallée de Maryout: là commence la m o n ta g n e ]
qui borne au levant la branche la plus étroite du lac. Cet endroit est mar- j
qué par un petit santon appelé Cheykh-A’ly, élevé sur un rocher. On a exploité]
le roc pour en tirer de la pierre; on y a même taillé des grottes. Près de là, on]
trouve de l’eau douce, provenant, comme celle d’el-Khâzy, des pluies qui tom ben t]
en assez grande abondance dans toute cette région. Depuis ce santon ju sq u a u j
bord de la mer, il y a environ deux lieues perpendiculairement, et cette ligne
perpendiculaire tombe à une lieue environ de la tour du Marabout, d u côté]
d’Alexandrie.
La,vallée de Maryout, que l’on traverse en allant du santon à la mer, est
exactement plane, et paroît de niveau; la terre en est noire, fangeuse,et mêlée
de beaucoup de sable. En approchant de la côte, on voit une grande quantité
de gros blocs de pierre qui ont été taillés.
(1) Voyez ci-dessus la note I , page 484. ture , de litières propres à transporter les femmes sur
(2) Le village d’el-Khâzy est construit un peu diffé- les chameaux, et de ces couvertures que fabriquent les
remment de ceux de l’intérieur ; presque toutes les Arabes. Auprès de ce village , et dans quelques endroits
maisons sont en dôme. Nous avons trouvé dans la aux environs, il y a de grandes flaques d’eau douce,
mosquée an magasin considérable d'instrumens de cul- mais blanchâtre et chargée de craie.
COMPRISE ENTRE RAHMANYEH ET ALEXANDRIE. 4 ^ 9
La terre est tellement couverte de coquillages, qu’elle en paroît toute blanche.
Le terrain de cette vallée et du lac Mareotis est salé, et il ne peut point être
cultivé : aussi les habitans du pays l’appellent-ils sebâkhah.
Les coteaux qui avoisinent le santon, sont probablement ceux où croissoit le
vin Maréotique, si célébré par Horace. La terre en est crayeuse comme en
Champagne. Le terrain des environs de la tour du Marabout est également crayeux;
on y fait croître des melons qui sont réputés d’une fort bonne qualité, analogue
à celle des melons du lac Bourlos. Ce terrain est tout blanc, et il ne semble
formé que de pierres écrasées. On plante les melons dans de grands sillons, de
plus d’un mètre de profondeur.
Les ruines de Maryout, restes de l’ancienne Marea, sont à huit lieues environ
d’Alexandrie; ils seront décrits ailleurs (i).
C’est à l’extrémité orientale d’une longue vallée, que nous avons vue s’étendre
fort loin à l’ouest, qu’est la branche étroite du lac Mareotis appelée Ouâdy-Maryout
parles Arabes, et parallèle aux bords de la mer, dont elle est cependant séparée
par la vallée dite Dtyah el-Bahr : les pluies entretiennent dans la première un
certain état de fraîcheur, indépendamment des eaux du Nil ; cependant on y
voit peu d’arbres ; les seuls qu’on aperçoive dans ces vallées, sont quelques touffes
de dattiers, à de grandes distances les uns des autres; encore ne sont-ce que des
buissons de trois à quatre mètres de hauteur : il y a aussi cinq ou six palmiers
bien développés auprès du santon appelé Qoubbet ou A bon el-Kheyr.
La vallée de Maryout a environ une lieue de large auprès d’Alexandrie : mais
elle se rétrécit peu à peu ; et auprès d’Abousyr, l’ancienne Taposiris, où est située
la Tour des Arabes, elle n’a guère que trois quarts de lieue de largeur.
Toute la colline des Bains de Cléopatre, jusqu’à l’endroit où elle se termine pour
former l’entrée de la vallée appelée Dryah el-Bahr, c’est-à-dire, dans plus-de trois
lieues d’étendue, a été exploitée, du côté du sud, sur une très-grande largeur:
ce sont là les carrières qui ont servi à bâtir les diverses villes d’Alexandrie.
On ne marche pas quatre cents mètres dans la vallée Dryah el-Bahr sans
rencontrer des vestiges de murailles, soit parallèles à la longueur de la vallée,
soit perpendiculaires à, cette dimension : on y voit aussi des traces de rigoles enduites
de ciment et propres à conduire l’eau. Des ruines pareilles se retrouvent
dans la partie de la vallée de Maryout que l’on suit avant d’entrer dans celle de
Dryah el-Bahr. A l’embouchure de la vallée, on remarque , à droite, les traces de
deux murs parallèles, distans l’un de l’autre de cinq à six mètres, et longs de
neuf cents.
Ce seroit imaginer une chose impossible, que de supposer que toutes ces
ruines sont des restes de maisons; car il se trouveroit que, dans une étendue de
dix lieues, il y auroit eu une suite d’habitations continues : mais il est plus probable
que ces vestiges sont les restes d’enceintes, de jardins et de potagers. On,
conçoit comment, au voisinage d’une aussi grande ville qu’Alexandrie , l’industrie
(i) Voye^ le Mémoire sur-la, partie occidentale de la province de Bahyreh, par M. Gratien Le Père. E. Al.
w.vi. I l t pag. 7 .
È. M. T O M E l i . Q<jq