
efl epiflola: ce font probablement ces expre (fions qui
auront fait croire que les Gérondifs ne font que
ce participe employé fé lo n ie s règles d’une Syntaxe
particulière.
Mais en premier lieu , .on doit voir que la même
Syntaxe n’eft pas obfervée dans ces deux manières
d’exprimer la même phrafe; ce qui doit faire au
moins foupçonner que les deux mots verbaux n’y
font pas exactement de même nature , & n’expriment
pas précifément les mêmes points de vile. En
fécond l ie u , ce n’elt jamais par le m atériel des mots
qu’i l faut juger du fens que l ’ ufage y a attaché ,
c e f t par l ’emploi qu’en ont fait les meilleurs auteurs.
O r dans tous les paffages que nous avons
cités dans le cours de cet a r tic le , nous avons vu
que les Gérondifs tiennent très -.fouvent lieu de
"l’infinitif aétif : eri conféquence nous Concluons qu’ils
ont le fens a c tif, & qu ils doivent y être ramenés
daçs les phrafes ou l ’on s’eft imaginé voir le fens
palfif. Cette interprétation eft toujours poffible ,
parce que les verbes au Gérondif n’étant déterminés
en eux-mêmes par aucun fu je t , on peut autant
les déterminer par le fujet qui produit l ’aétion,
que par celui qui en reçoit l ’effet : de plus cette
interprétation eft indifjpenfable pour fiiivre les errements
indiqués par l ’u fage; on trouve les Gérondifs
remplacés par l ’infinitif aétif; on les trouve
avec le régime de ï ’àCtif, & nulle part on ne les
a vus avec le régime du paiïîf ; cela paroît décider
leur véritable état. D ’ailleurs les verbes •abfolus,
qu’on nomme communément verbes nêutres , ne
peuvent jamais avoir le fens paflif, & cependant
ris ont des Gérondifs ; dormiendi, dormiendo ,
dormiendum. Le s Gérondifs ne font donc pas des
participes paffifs, & n’en font point formés ; comme
eux ils viennent immédiatement de l ’infinitif aCtif ,
ou, pour mieux dire, ils ne font que cet infinitif même
fous différentes termiiiaifons relatives à l ’ordre de
l ’énonciation.
Ceux qui fuppléent le nom général negotium.t
en regardant le Gérondif comme adjeétif ou comme
participe, tombent donc dans une erreur avérée 5
& ceux qui fuppléent l’ infinitif même , ajoutent à
cette erreur un véritable pléonafme : ni les uns ni
les autres n’ expliquent d’une manière fatisfaifante
ce qui concerne les Gérondifs. L e grammairien
philofophe doit conftater la nature des mots par l ’ana-
lyferaifonnée de leurs ufages. (M M . DOUCHE T 3c
B e a u z é e . )
(N . ) G L O IR E , H O N N E U R . Synonymes*
L a Gloire dit quelque chofe de plus éclatant que
Y Honneur» C e lle - là fait qu’on entreprend , de ion
propre mouvement & fans y être o b lig é , les chofes
les plus difficiles. C e lu i-c i fait qu’on exécute, fans
répugnance & de bonne grâce, tout ce que le devoir
le plus rigoureux peut exiger.
L ’homme peut être indifférent pour la Gloire ;
mais i l ne lui eft pas permis de l ’être pour Y Honneur*
L e défit tfaquérir de la Gloire pouffe quelque*
fois le courage du foldat jufqu’à la témérité ; &
les fentiments d’Honneur le retiennent fouvent
dans le devoir , malgré les .mouvements de la
crainte.
I l eft affez d’ufage , dans le difeours , de mettre
l ’intérêt en antithèie avec la G lo ir e, & le goût
avec 1 Honneur. A in f i, l ’on dit qu’un auteur qui
travaille pour la Gloire s’attache plus à perfectionner
fes ouvrages,que celui qui travaille.pour l ’intérêtj
& que , quand un avare fait de la dépenfe , c’ eft
plus par Honneur que par goût. ( L ’ abbé G i r
a rd ).
(N.) G L O R IE U X ,F IE R , A V A N T A G E U X ,
O R G U E IL L E U X . Synonymes.
L e Glorieux n’eft pas tout à fait le F i e r , ni
Y A v a n ta g eu x , ni Y Orgueilleux. L e F ie r tient
de l ’arrogant & du’ dédaigneux , & fe communique
peu. U A v a n ta g e u x abule de la moindre déférence
qu’on a pour lui. U Orgueilleux étale l ’excès de
la bonne opinion qu’i l a de lui-même. L e Glor
ieu x eft plus rempli de vanité ; i l cherche plus
à s’établir dans l ’opinion des hommes; i l veut réparer
par les dehors ce qui lu i manque en effet.
L e Glorieux veut paroître quelque chofe. L ’ Or-
g u e illeu x croit être quelque chofe. ( VOLTAIRE.),
U A v a n ta g eu x agit comme s’ i l étoit quelque
chofe. L e F ie r croit que lui feul eft quelque chofe ,
& que les autres ne font rien. ( M . B e a u z é e ).
G L Y C O N IE N c m G L Y C O N I Q U E , adf.
Littérature. ‘Terme de Poéfie grèque & latine.
U n vers glyconien , félon quelques-uns , eft com-
pofé de deux pieds & d’une fyllabe ; c’ eft le fentiment
ae Scaliger , qui dit que le vers glyconien a'été appelé
euripidien. V oy e\ V ers.
D ’autres difent que le vers glyconien eft compofé
de trois pieds , qui font un fpondée & deux daétyles,
ou bien un fpondée , un coriambe, &un pyrfhique :
ce fentiment eft le plus fuivi. C e vers,
Sic te diva potens Cypri,
eft un vers glyconique. Chambers. ( L ’ abbé MAL*
LE T. )
G O U T , f. m .Grammaire, Littérature, & P h i -
lofophie. C e fens, ce don de difeerner nos aliments,
a produit dans toutes les langues connues la métaphore
qui exprime par le. mot Goût le fentiment
des beautés & les défauts dans tous les Arts : c’eft:
un difeernement prompt comme celui de la langue
& du p a la is , & qui prévient comme lu i f i a réflexion
; i l eft comme lui fénfible & voluptueux à
l ’égard du bon $ i l rejette comme lui le mauvais
avec foulèvement ; i l eft fouvent comme lui incertain
& égaré , ignorant même fi ce qu’on lui préfente doit
lu i pla ire , & ayant quelquefois befoin comme lu i
d’habitude pour fe former.
I l ne fuflît p a s , pour le G o û t , de v o ir , de con-
noître la beauté d’un ouvrage | i l faut la fentir , en
être touché. I l ne' fuffit pas de fentir, d’être touché
d’une manière, cônfufe ; i l faut déméler les différentes
nuances : rien ne doit échaper à la promptitude
du difeernement ; & c’ eîc encore une reffem-
blance de ce Goût ’ intellectuel, de ce Goût des
Artsi avec le Goût fenfuel : car f i le gourmet fent
& reconnoît promptement le 'mélange de deux li-
uéurs, l ’homme de G oû t, le connoiffeur; verra
’un coup d’oe il prompt le mélange de deux ftyleS;
i l verra un défaut à côté d’un agrément ; i l fera faifi
d’enthoufiafme à ce vers des HoraCes ;
Que vouliez-vous cju’il Fît contre trois? Qu’il mourût:
ilfentira un dégoût involontaire au vers fuivant ;
Ou qu’un beau défefpoir alors le fecourut.
Comme le mauvais Goût au phyfique confifte a
n’être flatté que par des affaifonnements trop p iquants
& trop recherchés, au (fi Te mauvais Goût
dans les Arts' eft de ne fe plaire qu’aux ornements
étudiés, & de ne pas fentir la belle nature.
L e G oû t dépravé dans les aliments, eft de choifir
ceux qui dégoûtent les autres hommes ; c’eft une
efpèce de maladie. L e Goût dépravé dans les Arts
eft de fe plaire à des fujets qui révoltent les efprits
bien faits ; de préférer le burlefque au noble , le
précieux & l ’affeCté au beau fimple & naturel : c’eft
une maladie de l ’efprit. O n fe forme le Goût
des Arts beaucoup plus que le Goût fenfuel : car
dans le Goût phyfique, quoiqu’on finiffe quelquefois
par aimer les chofes pour lefquelles on avoit
d’abord de la répugnance , , cependant la nature n’a
pas voulu que les hommes en général appriffent à
fentir ce qui leur eft nécefiaire ; mais le Goût intellectuel
demande plus de temps pour fe former.
U n jeune homme fenfible, mais fans aucune con-
noiffance, ne diftingue point d’abord les parties
d’un grand choeur de mufique ; fes yeux ne diftin-
guent point d’abord, dans un tableau, les dégradations,
le clair-obfcur, la perfpeCtive , l ’accord des couleurs
y la correCtiorr du deffin: mais peu à peu fes
oreilles apprennent à entendre,, & fes yeux avoir;
i l fera émii à la première repréfentation qu’i l verra
d’une belle tragédie ; mais i l n’y démêlera ni le
mérite des unités , ni cet art délicat par leque l aucun
perfonnage n’entre ni ne fort fans raifon, ni cet
art encore plus grand qui concentre des intérêts
divers dans un f e u l , ni enfin les autres difficultés
fur montées; C e n’eft qu’avec dé l ’habitude & des
réflexions qu’i l parvient à fentir tout d’un coup avec
plaifir ce qu’i l ne “déméloit pas auparavant. L e
Goût fë forme infenfiblement dans'une nation qui
n’en avoit p a s , parce qu’on y prend peu à peu
l ’efprit des bons artiftes : on s’accoutume à voir des
tableaux avec les-yeux de L e Brun, du Pouffin-,
Gr a m m . e t L i t t é r a t . Tome IL
de L e Sueur ; on entend la déclamation notée
des (cènes de Quinault avec l ’o reille de L u li i ;
& les a ir s , les fymphonies, avec ce lle de Rameau.
O ri lit les livres avec l ’efprit des bons au-
teursi *•
Si toute une nation s’eft réunie , dans les premiers
temps de la culture des beaux A n s , à aimer des
auteurs pleins de défauts & méprifés avec le temps ,
c’ eft . que ces auteurs avoient des beautés naturelles
que tout le monde fen to it, & qu’on n’étoit pas
encore à portée de déméler leurs iroperfeétions ;
ainfi , Lucilius fut chéri des romains avant qu’Ho-
race l ’eut fait oublier; Regnier fut goû té des fran-
çois avant que Boileau parût ; & fi des auteurs
anciens , qui bronchent à chaque p a g e , ont pourtant
conferyé leur grande, réputation , c’eft qu’i l
nè s’eft point trouvé d’écrivain pur & châtié chez
Ces nations, qui leur ait deffillé les y eux , comme i l
s’ eft trouvé un H orace chez les romains, un Boileau
chez les fr an cois.
O n dit qu’i l ne faut point difputer des G oûts , &
on a raifon quand i l n’eft queftion que du Goût fenfu
e l, de la répugnance que l ’on a pour une certaine,
nourriture',; de la préférence qu’on donne à une autre;
onn’en difpute point, parce qu’on ne peut corriger
un défaut d’organes. I l n’en eft pas de même
dans les Arts : comme ils ont des beautés réelles ,
i l y a un bon Goû t qui les difeerne, & un mau--
vais Goût qui Tes ignore; & on corrige fouvent le
défaut, d’efprit qui donne un Goût de travers. I l y
a aufli des âmes froides, des efprits fau x, qu’on ne
peut ni échauffer ni redreffer ; c’ eft avec eux qu’i l ne
faut point difputer des Goûts , parce qu’ils n’en ont
aucun.
L e Goût eft arbitraire dans plufieurs chofes, comme
dans les étoffes, dans les parures, dans les équipages
, dans ce qui n’eft pas au rang des beaux Arts :
alors 41 mérite plus tôt le nom defa n ta ifie . C ’eft la
fantaifie, plus tôt que 1 e Goût, qui produit tant de modes
nouvelles.
L e Goût peut fe gâter chez une nation; ce malheur
arrive d’ordinaire après les fiècles de perfection.
Les artiftes, craignant d’être imitateurs, cherchent
des foutes éCartees ; ils s’éloignent de la belle
nature que leurs prédéceffeurs ont faifie : i l y a du
mérite' dans leurs efforts; ce mérite couvre- leurs
défauts; le Public, amoureux des nouveautés , court
après eux ; i l s’en dégoûte bientôt , & i l en paroît
d’autres qui font de nouveaux efforts, pour plaire ;
ils s’éloignent de la nature encore plus que les
premiers r le Goût fe p erd, on eft entouré de nouveautés
qui font rapidement effacées les unes par
les autres; le Public ne fait plus où i l en e f t , &
i l regrette en vain le fiècle du boni Goût qui ne
peut plus revenir ; c’eft un dépôt que quelques bons
efprits confervent alors loin de la foule. j T
I l eft"de vaftes pays où le Goût n’ eft jamais
parvenu; ce font ceux où la foçiété ne s’eft point
perfectionnée, où les hommes & les femmes ne