
L a gloire qui vient de la venu a un éclat immortel
, on ne peut pas dire , L a gloire vient de
la vertu , parce que ce feroit affirmer que toute
gloire en général a fa fource dans la vertu , ce
que ne diloit point la proportion incidente, &
qui eft faux en foi. Vqye \ la Logique de P o r t-
R o y a l y P a r t . J , ch, v iij. & P a r t , J J , ch, v.
& v j, ‘
M. du Mari àis définit la propofition incidente,
celle qui fe trouve entre le lu jet perfonnel &
l ’attribut d’une autre propofition qu’on appelle
propofition principale ( voye\ C onstruction)}
& il ajoure que le mot incident vient du latin
incidere ( tomber dans ) parce que la propofition
incidente tombe en effet entre le fujet & l ’attribut
de la propofition principale. La définition &
l ’érymologie du mot incidente font également er-
ronnées.
Le mot latin incidere fignifie autant tomber fu r
que tomber dans ; Sc c’eft aflurémenr dans ce
premier fens que l’on a donné le nom d’incidente
a une propofition partielle , liée à un mot dont
elle dèvelope la compréhenfion, ou dont elle ref
treint l ’étendue : toute propofition incidente tombe
fur 1 antécédent ; elle eft amenée pour lui dans la
propofition principale; & c’eft par raport à lui
qu’elle doit prendre un nom qui cara&érife fa
deftinarion : pourquoi feroit - elle nommée relativement
à la propofition principale , puifque , quand
elle eft fimpiement explicative, elle n’apporte ab-
iolumenr aucun changement au fens de la prin-
çïpale ? - S P
Four ce qui regarde l ’affertion de M. du Mariais
, qui prerend que la propofition incidente fe
trouve encre le fujet perfonnel & l ’attribut de la
propofition principale ; il me femble que c’eft une
opinion bien furprenante dans ce grammairien phi-
lofophe, pour quiconque a lu ce qu’on a cite ci-
deflus de la Logique de P o r t - R o ya l. I l y eft
dit , & la chofe eft évidente , qu’une propofition
incidente peut tomber ou fur le fujet de la propofî-
tion principale, ou fur l ’attribut, ou for l ’un & 1 autre. L a gloire qui vient de la vertu a un
éclat immortel y propofition dont le fujet eft mo-
diné par une incidente. Céfar f u t le tyran d un e
république dont i l devoir être le défenfeur , proportion
dont l ’attribut renferme une incidente. L e s
Grands qui oppriment les fo ib le s fe ron t p un is
de D ie u y qui eft le protecteur des opprimés ,
propofition qui renferme deux incidentes , l ’une
qui tombe fur le fujet, & l’autre qui modifie l ’attribut.
Ce n’eft donc pas au fujet feul de la principale
qu’i l faut raporter l ’incidente; c’eft à tout
mot dont on veut dèveloper la compréhenfion ou
reftreindre l ’étendue.
J’ajouterai encore une remarque : c’eft que les
mots çofljonftifs q u i , que , d o n t , lequel y &c ,
ne font pas, comme on le penfe ordinairement,
les fouis mois qui fervent à lier les propofitioas
in c id e n te s déterminatives à leurs antécédents.' Dans
cette p lu a fe , par exemple, L ’é ta t préfer it d es
j u i f s p r o u v e q ue notre R e l ig io n e j l d iv in e y i l y
a une propofition in c id en te , favoir , notre R e l ig io n
ef t d iv in e ; e lle eft l ié e ! foa antécédent fous-entendu,
u n e v é r ité y par la conjonction q ue y équivalence à
q u i e j l ou à que v o ic i ; & c’eft comme fl l ’ o n diloit,
L ’ é ta t p r é fen t d e s j u i f s p ro u v e une vérité -• qui
e ft , notre R e lig io n e j l d iv in e . Cette manière
d analyfer explique aufii naturellement la phrafo
italienne , l ’allemande, & l ’angloife : Je c r o is que
f a im e , c’eft à dire, j e c r o is une chofe qui eft
f a im e : en italien , credo ehe amo , c’eft à dire ,
credo cofa ehe è àmo ; en allemand , ick g la u b e
d a f t ich l ie b e , c’eft à dire , ich gla u be eine dinge
daß ift ich lieb e : en an g lo is , i th in k th a t i lo v e ,
c’eft à dire, i th in k d thing that is i lo v e . Les
anglois vont même plus loin , ils fiippriment tout
ce qui n’eft pas la propofition in c id e n t e , qu’ils
envifageut alors comme un feul mot complément
du premier verbe ; i th in k i lov e y comme fi l ’on
difoit en allemand ich g la u b e ich lieb e ; en italien,
credo amo y & en français, j e c r o is j ’aime.
J J In c r é d u lit é e f t f i in ju f t e q u ’ e lle co n d a n n e
la r e lig io n f a n s la co n n o ît r e , c’eft a dire , L ’ In c
r é d u lité e ft in ju f t e d un point qui e f t , e lle cond
a n n e la R e l ig io n f i n s l a co n n o ître : la pro-
pofition in c id en te déterminative , e lle co n d a n n e
La R e lig io n f a n s la co n n o ître , eft donc liée par
la c o n jo n c t io n que d l ’antécédent vague un p o in t
renfermé dans l ’adverbe f i : tout adverbe équivaut
, comme on fait , a une prépofition avec fon
complément , f i ( tellement, d un point. )
P e r fo n n e n e f a i t f i le len d em a in lu i f e r a donné?
c’eft d dire, P e r fo n n e ne f a i t cette chofe incertaine
qui e f t , f i le len d em a in lu i f e r a donné*
L e génie du latin confirme ce tour analytique'} on
s’y fort du même mot a n pour le doute - & pour
l ’interrogation", & cet uiage eft très-raifonnabie.
Ajoutons un exemple latin : P a u f a n ia s u t a u—
d iv it A r g i l iu m c o n fu g ij fe in a r am , p e r tu r b a tu s
eo v en it ( N ep. P a u f a n . IV . ) ; i l y a de fous-
entendu f t a t im ( in tempore f t a n t e , a d fta n te ,.
p roe fen te , dans l ’inftant même ) J quel inftant ?
u t P a u fa n ia s a u d iv i t , & c } ainfi, P a u fa n ia s a u -
d iv i t A r g il ium co n fu g ijfe in a r am , eft une propofition
in c id e n te déterminative de l ’antécédent
fous-entendu f t a t im , dont la lignification eft en foi
indéterminée.
Ori ne doit donc pas avancer généralement & fans
reftriétion , comme a fait l ’auteur de la L o g iq u e
ou J A r t de p e n f e r , que les p r o p o s it io n s in c id e n te s
font celles dont le fu je t eft q u i. Outre que l ’on
vient de voir qu’une fimple c o n jo n c t io n eft fou-
vent le lien de la propofition in c id en te avec fon
antécédent, i l eft certain encore que l e mot
conjonéljf n’eft pas toujours fujet de Y in c id en te ,*
i l eft quelquefois le déterminatif d’un nom qui
eft une partie quelconque de Y in c id en te : .Lest
écrivains dont la, fo i eft fufpe& e , L e s J u g e s dont
on acheté les fu ffra g e s , L e s philofophes fé lon
Vopinion dejquels Vame e jl immortelle y Sec.
Quelquefois i l eft le complément du verbe ou
d’une prépofition : L a ju f t ic e , que vous v io le r , L e s
nioy.ens p a r le f quels vous vous foutetie\ , Sic.
’ Quoi qu’i l en foit, i l eft eflenciel d obferver .
i ° . que la propofition incidente , foit explicative
foit déterminative , forme ,,avec fon antécédentun
Tout qui eft une partie logique de la propofition
principale } l ’antécédent en eft la partie grammaticale
correfpondante. L a Religion que nous
profejfons efi divine ; dans cette phrafo, la Religion
eft le fujet grammatical de la propofition
principale , & prendrait en latin la terminaifon
du nominatif pour caraélerifer cette fonélion que
la Grammaire lu i aÆgne; la. R eligion que nous
profejfons eft le fuje. logique , parce que c ’eft
l ’expreifioB totale de l ’idée unique dont la propofition
principale énonce un jugement , afture q u e lle
e jl divine : la Grammaire n’envifage comme fujet
que le mót R e lig io n , pour le reveti.r de la livrée
relative a cette dêftination} la raifon, | Ao-yos, fans
compter les móts , envifage une idée totale. H
fa u t que j e cède; i l ( M ud ,.illu d negotium , cela ,
Cette chofe ) , fujet grammatical de fa u t ; i l que
j e cédé \ fùjet logique } • i l que j e cède fa u t ( eft
néçeffaire ) , . propofition .totale/ Ce- que l ’on vient
de voir de la propofition incidente qui tombe
fur le fujet, eft encore le même quand elle tombe
fur le: complément J d’ une prépofition ou d’un verbe ,
ou fui; le complément déterminatif d’un nom appellat
i f , &ç. '
v°'. II faut récdnnoîrre dans toute propofition.
incidente les. mêines parties ’ effencièlles que dans
la principale , le fuje t, l ’attribut, les divers compléments
, &c. Par exemple', Céfar f u t le tyran
d ’ une république dont i l clevoit être le défenfeur y
c’eft une propofition totale '& principale } dont i l
devait être le d éfenfeur, eft incidente : i l ( Céfar )
fujet ;de Y incidente ; devoir, verbe qui renferme
l ’attribut grammatical devant ( étoit devant ) } de-'
vant être le défenfeur dont ou de laquelle y attribut
lo giqu e } dont (d e la q u e lle ) , complément
déterminatif du nom ap pella tif le défenfeur : telles
font les parties de la propofition incidente déterminative
de Tantécéd'erit d’une répiùblique. Dans
la propofition principale , d une république eft le
complément déterminatif grammatical du nom ap~
p e lia tif le tyran ; d’ une république dont i l devait
être le défenfeur y en eft le-complément déterminatif
logique ; le tyran , attribut grammatical
de la propofition principale } le tyran d’ une république
dont i l - d ew i t être le défenfeur , attribut
logique : Çéfar eft le#fujet de la propofition
totale:;
; ;3°* L e mot conjonétif qui; fort à lier lia proportion
incidente à fon antécédent , doit toujours,
ecre à la tête de la proposition incidente, & immédiatement
après l ’antécédent foit ; grammatical
foit logique } fans c e la , le raport de liaifon ne
feroit pas allez fonfible , & l ’énonciation en feroit
moins claire. Cependant dans notre langue même,
dont la marche eft analogue à l ’ordre ana ly tiqu e,
le mot conjonétif peut être après une prepo-
fixian dont i l eft complément , L e s amis fu r qui
vous compte^ j ou même après le complément gram-
ma-foal d’une prépofition , s’i l eft déterminatif de
ce complément, L e s amis fu r le fecours defquels
vous c.ompte\.
4°. En conféquence de la diftinélion des incidentes
en explicatives & déterminatives , M. l ’abbé
Girard ( V ra is p r in c ip e s , dife. x y j . ) établit une
règ le dé popéiuation qui me paroît très - r„ifon-
nable : c’eft de inettre entre deux virgules la propofition
incidente • explicative , & de mettre de
fuite fans virgule la déterminative. En effet , l ’ex-
plicatiyë eft une efpèce de remarque interjective
mifo en parenthèfe, que l ’on peut ajouter ou retrancher
a la propofition principale fans en altérer
le fons } elle n’a donc pas avec l’antécédent une
liaifon logique bien néçeffaire : mais la déterminative
eft une partie effe ack lie du Tout logique
qu elfe conftiçue avec foa antécédent ; fi on la
rètEàaçhe, op change le fons de la principale au
peint cl’eh altérer la vérité } ainfi, i l ne faut pas
mêfce la féparer de l ’antécédent par une virgule ,
qui indiqueront fauftement la féparabilité des deux
idées. I l faut écrire avec la virgule , I l e jl rare
q u e h mérite, f u i perce- à la Ç ou r , où. rien ne
réujfit fa n s prouc lipn ; Sc fans -virgule , I l eft
rare que le f e u l mérite réujfijfe dans une Çour
où tout f e f a i t p a r intrigue : ce font les exemples
de M. l ’abbé Girard. ( M . B e AUZÉe . )
* IN C L IN A T IO N , P E N C H A N T . Synon.
\ ( q \JInclination dit quelque choie de moins
fort que le Penchant. L a première nous porte
vers un o bjet, & l ’autre nous y entraîne.
II .femble aûïfi que Ylnclhxatzon doive beaucoup
à l’éducation} & que le Pen chan t tienne plus du
tempérament.
L e ohoix des compagnies eft effenciel pour les
jeunes gens; parce qu’ à ,cet âge on prend aifément
les Inclinations de ceux qu’on fréquente. L a nature
• 2k mis ;dam l ’homme un Penchant infurmon-
tabJe v.èijs le piaifîr; i l l e cherche même au moment
qu’i l croit fo faire violence.
Q n d&npe ordinairement à Y Inclination un
objet honnête à mais on fuppofe celui du P e n chant
plus fenfuel , & quelquefois même hon-
ceux. A in f i, l ’on dit qu’un homme a 4e Y Inclination
pour les arcs Sc pour le s fciences ; qu'il a
du P enchant à la débauche &, au libertinage. ^
( Ljabbe G i r a r d , j
L a vérité- eft qp’il's fe prennent l ’un & l ’autre
en -.boppe St en piauvaife part. On a des Penchants
honnêtes-j Sç des Inclinations droites; des Inclinations
perverfes , Sc des P ençhants honteux.
Ç À r QRYMEt)