
guidé par l’analogie de parabole| p&ràlogifme &<J,
ckercheroit dans la prépofition grèque »«p* i origine
de para fol & p a ra plu ie , fe rendroit ridicule. - _
4°. Cette Etymologie devroit être encore rebutée
par une autre règle prefque toujours fû re , quoiqu’e
lle ne foit pas entièrement générale : c’eft qu’un
mot n’ eft jamais compofé de deux langues differentes,
a moins que le mot étranger ne foit naturalife par
un lonCT ufage avant la compofition , en forte que
ce mot n’ait befoin que d’être prononce pour etre
entendu : ceux même qui compofent arbitrairement
des mots fcientifiques, s’affujettiffent a cette réglé ,
guidés par la feule analogie, fi ce neft lorfqu’ils
joignent a beaucoup de pédanterie beaucoup d ignorance
; ce qui arrive quelquefois : c’ eft pour cela
que notre règ le a quelques exceptions.
5 °. C e fera une très-bonne lo i à s’ im p o f e r f i 1 on
veut s’ épargner bien des conjectures frivoles, de ne
s ’arrêter qu à des fuppofitions appuyées fur un certain
nombre d’ inductions , qui leur donnent déjà un commencement
de probabilité, & les tirent de la claffe
trop étendue des fimples polfibles : ainfi, quoiquil
doit vrai en général que tous les peuples & toutes
le s langues fe font méiés en mille manières, & dans
des temps inconnus, on ne doit pas fe prêter volontiers
à faire venir de i ’hébreu ou de l ’arabe le nom
d’un v illa g e des environs de Paris. L a diftanee des
temps & des lieux eft toujours une raifon de douter ;
& i l eft fage de ne franchir, çet intervalle, qu’en
s’ aidant de quelques connoiffances pofitives & hif-
toriques des anciennes migrations des peuples, de
leurs conquêtes, du commerce qu’ ils ont entretenu
le s uns chez les autres j & au défaut de ces connoif-
fances, i l faut au moins s’appuyer fur des Etymolog
ies déjà connues, aflez certaines, & en affez
grand nombre pour établir un mélange des deux
langues. D ’après ces principes, i l n’y a aucune difficulté
à remonter du francois au la t in , du tudefque
au ce ltiq u e , du latin au grec. J’admettrai plus
aifément une Étymologie orientale d’un mot efpa-
g n o l , que d’un mot françois ; parce que je fais que
le s phéniciens, & fiirtout les carthaginois, ont eu
beaucoup d’établiffements en Efpagne ; qu’après la
prife de Jérufalem, fous Vefpafien, un grand nombre
de juifs furent tranfportés en Lufitanie , & que
depuis toute cetre contrée a été poffédée par les
arabes.
6°. O n puifera, dans cette connoiflance détaillée
des migrations des peuples, d’excellentes règles de
Critique pour juger des Étymologies tirées de leurs
langues , & apprécier leur vraifemblance : les urtes
feront fondées fur le local des établiffements du peuple
ancien ; par exemple, les Étymologies phéniciennes
des noms de lieux feront plus recevables, s’i l s’agit
d’une côte ou d’une v ille maritime, que fi, cette v ille
droit fituée dans l ’intérieur des terres : une Étymolog
ie arabe conviendra dans les plaines & dans les
parties méridionales de l ’Efpagne j on préférera,
pour des lieux voifîns des Pyrénées, des Étymolog
ies latines ou bafques.
7°. L a date du mélange des deux p eu p le s , 81 du
temps où les langues anciennes ont été remplacées
par de nou ve lles, ne fera pas moins utile ; on ne
tirera point, d’une racine celtique, le nom d’une v ille
bâtie, ou d’un art inventé fous les rois francs.
8°. O n pourra encore comparer cette date a la
quantité d’altérations que le primitif aura du fouffrir
pour produire le dérive $ car les mots, toutes chofes
d’ailleurs ég a le s , ont reçu d’autant plus d’altérations
qu’ils ont été tranfmis par un plus grand nombre de
générations, &' furtout que les langues ont effuyé
plus de révolutions dans cet intervalle. U n mot
oriental qui aura pafle dans l ’efpagnol par l ’arabe,
fera bien moins éloigné de fa racine que celui qui
fera venu des anciens carthaginois.
5>°. L a nature de la migration, la forme,, l a
proportion, & la durée du mélangé qui en a réfulté,
peuvent auffi rendre probables ou improbables p la neurs
conjectures ; une conquête aura apporté bien
pius de mots dans un pays , . lorfqu’e lle aura, été
accompagnée de tranfplantation d’habitants une
pofleffion durable , plus qu’une conquê:e panagère j
pius lorfque le conquérant a donné fes lois aux
vaincus, que lorfqu’i l les a laifies vivre félon leurs
ufages "y une conquête en général,, plus qu’un fimple
commerce. C ’eft en partie a ces caufes combinées-
avec les révolutions poftérieures, qu’i l faut attribuer
les differentes proportions dans le mélange du latin
avec les langues qu’on parle dans les, différentes
contrées foumifes autrefois aux romains } proportions
d’après lefquelles les Étymologies tirées, de
cette langue auront, tout le reftë é g a l, plus- ou.
moins de probabilité : dans le mélan ge, certaines
claffes d’objets garderont-les noms que leur donne,
le conquérant \ d’autres, celui de la langue des
vaincus : & tout cela dépendra de la forme dur
fouvernement, de la diftribution de l ’autorité, &
e la dépendance entre les deux peuples ; des idées
qui doivent être plus ou moins familières aux- uns
ou aux autres, fuivant leur état &. les moeurs que leur
donne cet état.
io ° . Lorfqu’i l n’y a eu entre deux peuples"
qu’une fimple liaifon fans qu’ils fè foient mélangés,
les mots qui paftent d’une langue dans l ’autre font
le plus ordinairement relatifs à l ’objet de cette
liaifon. L a religion chrétienne a étendu la con-
noiffance du latin dans toutes les parties de l ’Europe
, où les armes des romains n adorent pu pénétrer.
Un peuple adopte plus volontiers un mot
nouveau avec une idée nouvelle , qu’i l n’abandonne
les noms des objets anciens auxquels il. eft accoutumé.
Une Étymologie latine d’un mot polonois
ou irlandois, recevra donc un- nouveau degré de
probabilité , fi ce mot eft relatif au culte-, aux
myitères, ■ & aux autres objets de la religion. Par
la même raifon, s’i l y a quelques mots auxquels
on doive fe permettre d’afligner une origine phénicienne
ou hébraïque,- ce font les noms de certains
objets relatifs aux premiers arts & au eommerce;
i l n’eft pas étonnant que tes peuples, qui
les premiers ont commercé fur toutes les côtes
de la Méditerranée , & qui ont fonde un grand
nombre de colonies dans toutes les îles de la G rèce ,
y ayent porté les noms des chofes ignorées des
peuples feuvages chez lefquels ils tranquoient, &
furtout les termes de commerce. I l y aura même
quelques-uns de ces mots que le commerce aura
fait paffer des grecs à tous les européens , & de
ceux-ci à toutes les autres nations. T e l eft le mot
de f a c , qui fignifie proprement en hébreu une
étoffe groffière, propre à emballer des marchan-
difes : de'tous les mots qui^ ne dérivent pas immédiatement
de la nature, c e ft peut-etre le plus
univerfellement répandu dans toutes les langues.
Notre mot £ arrhes , arrhabon ,e ft encore purement
hébreu, & nous' eft venu par la même voie. Les
termes de commerce parmi nous font portugais ,
hollandois, a n g lo is ,& c , fuivant la date! de chaque
branche de commerce, & le lieu de fon origine.
n 0. O n peu t, en généralifent cette dernière
©bfervation , établir un nouveau moyen d’ eftimer
la vraifemblance des fuppofitions étymologiques ,
fondée fur le mélange des nations & de leurs
langages j c’eft d’examiner quelle étoit au temps
du mélangé la proportion des idées des deux
peuples , les objets qui leur étoient familie rs,
leur manière de vivre , leurs arts , & le degré de
connoiftance auquel ils étoient parvenus. Dans les
progrès généraux de l ’efprit humain, toutes les
nations partent du même point , marchent au même
bu t, fuivent à peu près la même route’ , mais d’un
pas très-inégal. Les langues, dans tous les temps,
font à peu près la melure des idées actuelles du
peuple qui les parle j & fans entrer dans un grand
d é ta il, i l eft aifé de fentir qu’on n’invence des
jaoms qu’à mefure qu’on a des idées à exprimer.
Lorfque des peuples inégalement avances dans
leurs progrès fe mêlent, cette inégalité influe à
plufieurs titres fur la langue nouvelle qui fe forme
du mélange. L a langue' du peuple policé , plus
riche/ fournit au mélangé dans une plus grande
p r o p o r t io n & le te in t , pour ainfi dire , plus fortement.
de fa couleur ; elle peut feule donner les
noms de toutes les idées qui manquoient au peuple
feuvage. Enfin, l ’avantage que les lumières de
Tefprk donnent au peuple policé;, le dédain q u e lles
lu i infpirent pour tout ce qu’i l pourrait emprunter
des barbares , le goût de l ’imitation que l ’admiration
fait naître dans: ceux-c i, changent encore la»
proportion du mélange en faveur de la langue
policée , & contrebalancent fouvent toutes les autres
circonftances favorables à la langue, barbare ,
ce lle même de la difproportion du nombre entre
les^ anciens & les nouveaux habitants. S’i l n’y a
cu u n des deux peuples qui fâche écrire, cela foui
donne a fa langue le plus prodigieux, avantage ,
■ parce | que rien ne fixe plus les imprèffions dans
i a jnemoire que 1 écriture. .P our appliquer cette
Confidération générale , i l faut la détailler i l faut
Comparer les nations aux nations fous les différents
points de vue que nous offre leur hiftoire >,
apprécier les nuances de la politefle & de la
barbarie. L a barbarie dès; gaulois n’étoit pas la
même que celle des germains , & ce lle-ci n’étoit
pas la barbarie des fauvages d’Amérique j la po-
lite ffe des anciens tyriens, des * g rec s, des européens
modernes, forment une gradation au fit fen-
b le ; les mexiquains barbares , en comparaifon des
efpagnols ( je ne parle que par rapport aux
lumières de i ’ efprk ), étoient polices par rapport aux
caraïbes. O r l ’inégalité d’influence des deux peuples
dans le mélange des langues n’eft pas^ toujours
relative à l ’inégalité réelle des p ro g rè s, au nombre
des pas de l ’efprit humain, & à la durée des fiècles
interpofes entre un progrès & uri'autre progrès:
parce que l ’utilité des decouvertes 1 & furtout leur
effet imprévu fur les moeurs , Tes'idées , la manière
de vivre , la conftitution des nations, & la
balance de leurs forces, n’eft en rien proportionnée
à la difficulté de ces découvertes', à Ta profondeur
qu’i l faut percer pour arriver: à la mine au
temps néceffaire pour y parvenir : qu’on en juge
par ia poudre .& l ’Imprimerie. I l faut donc fuivre
la comparaifon des nations dans un détail plus
grand encore:, y faire entrer T a eénnoiffanee de
leurs arts refpèdfifs, des p rogrès de leur Éloquence,
de leur Phiiofophie, &e ; v o ir . quelle forte d’idée
elles ont pu fe prêter [les ; unes aux autres , -diriger
& apprécier fes conjectures'd’après toutes ces con-<
noifiances , & en former ?„utant de règles de Critique
particulières.
n 0. O n veut quelquefois donner à un mot d’une
langue moderne, comme le françois , une origine
tiree d’une langue ancienne , ■ comme le la t in , qui ,
pendant que la nouvelle fe formoic, étoit parlée
& écrite dans le même pays en qualité de langue
favante. O r i l faut bien prendre garde“ de prendre
pour des mots: latins les mots nouveaux , auxquels
on ajoutoit des terminaifons de cette langue, foit
qu’i l n’y eût véritablement aucun mot latin cor—
refpondant, foit plus t ô t . que ce mot fût ignoré
des écrivains du- temps. Faute d’avoir fait cette
légère attention, Ménage a dérivé m'arcaffin de
marcaffnus , & i l a perpétuellement affignépour
origine à des mots françois de prétendus mots latins,
inconnus lorfque la langue latine étoit .vivante ,
& q ui ne font que ces mêmes mots françois latinifés
par des ignorants : ce qui eft , en fait d’Étymologie y
un cercle vicieux.
, 1 3 °. Comme l ’examen attentif de la chofo dont
on veut expliquer le nom , de fes qualités, foit
abfolues foit relatives, eft'une des plus riches
fources de l ’invention*, i l eft auill un des moyens
les plus sûrs pour juger certaines Étymologies.
Connpent fera - 1 - on venir le nom d’une v ille ,
d’un mot qui fignifie p o n t , s’ i l n’y a point de
rivière? M. Freret a employé ce moyen avec le
plus grand fuccès, dans fe Differtation fur V Éty