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4°. Quand deux propofitions négatives (ont jointes
par i i i , on ne fe fcrt que de ne dans chacune. Je ne
L'aime ni ne Vefiime.
On ne fe fert aufli que de n e , lorfque ni eft
redoublé Toit dans le fujet (bit dans l ’attribut. N i
le sb ien s ni les honneurs ne valent la fa n t é . I l
r i eft ni heureux n i fa g e . Heureux qui n ’ a ni dettes
n i procès.
5°. Devant un que reftriétif, qui peut toujours
fe changer en excepté-, quelquefois Amplement ,
quelquefois en mettant devant ou rien ou perfonne.
I l ne f a i t que rire. Je ne fouhaite que le nécej-
fa ir e . I l n’ e jl f a i t mention que de mademoifelle ,
parce qu’ i l ri y avoit qu’elle d’ aimable dans là
compagnie. Une Jeunejfe qui f e livre à f e s pajfions
ne tranfmet à la vieilleffe qu’ un corps ufé. I l ne
tient qu’ à vous.
. 6°. Après que commençant une phrafe interrogative
ou une phrafe optative. Que r i êtes - vous
arrivéplus tôt? Que ne vous occupez-vous mieux ?
Que n ’e jl-il à cent lieues de moi i Que ne m’e jl-il
permis de dire mon avis !
On dit aufli optativement, N ’en deplaife à . . . .
; 7°. Après à moins que , & après f i . ayant le
même fens. Je ne fo r s p a s , à moins qu’ i ln e fa jfe
beau. Je ne fortira i p o in t , f i vous ne vene^ me
prendre.
8°. Quand ne eft avant doute r, nier , difcon-
v en ir , défejpérer, fuivis de que , la phrafe amenée
par que demande ne tout feul avec le fubjonélif.
On ne doutoit p a s que cela he fu t . Je ne nie p a s
que j e ne l ’aye dit. Je ne difconviens. p a s que
vous ne fo y e z inftruit. On ne défefpéroit p a s que
vous ne devin (fiez riche._
III. I l eft des circonftances on la phrafe négative
prend quelquefois ne & quelquefois ne p a s
ou ne point ; & a autres fois la phrafe incidente eft
affirmative.
i ° . Après depuis q u e , ou i l y . a ( fuivi d’une
quantité déterminée de temps ) q u ç , la phrafe négative
qui fuit ne prend que n e , pourvu que le
verbe foit au ptétérit. D ep u is que j e ne l ’a i vu.
I l y a f îx mois que j e ne lu i ai parlé. l l y avoit
lon g temps que nous n é nous étions rencontrés.
Qu an d i l y aura vingt ans que vous n’ aure\ vu
votre patrie.
Car fi le verbe eft au .préfent, on doit mettre ne
p a s , ou ne p o in t , ou ne p lu s . D ep u is que nous
ne nous voyons pas. I l y a f i x mois que nous ne
nous parlons point. I l y avoit long temps que
nous ne nous cherchions point. Qu and i l y aura
vingt an s que vous ne verrez P^us votre patrie.
2°. Lorfque i l s ’en fa u t (dans toute fa conju-
gaifon ) eft accompagné de peu ou de ne , i l faut
mettre ne après le que fuivant. I l s ’ en fa llo ir p eu
qu’ i l n’ eût achevé. I l ne s ’en fa llu t guère qu’i l rien
vînt à bout. I l ne s ’en fa u d ra p a s beaucoup que le
compte n’y fo it .
Mais s’i l n’y a ni peu ni ne avec i l s’ en f a u t ,
en fupprimé rie après le que fuivant. I l s ’en fa u t
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beaucoup que l ’ u n fo i t d u ‘mérité de l ’ aittre. I l
s ’en fa llo ir cen tpifioles que la fomme entière y
fû t .
3°. Avec ne on peut mettre ou ne pas mettre
p a s ou p oint devant les verbes cejfer, o fe r , pouvoir.
I l r i a ce fie ou I I n’ a p a s cefié de gronder.
V o u s n’ osâtes ou V o u s ri osâtes p oint tenter
Vaventure. Je ne p eu x ou Je ne p eu x p a s m’y ré-
foudre.
On dit au fli, mais dans la çonverfation feulement,
Ne bougez , pour Ne bougez p a s , qui eft également
bon.
4°. Lorfque fa v o ir eft pris dans le fens de pouvoir
, on exprime la Négation par ne feulement. Je
ne fau rois en venir à bout.
Lorfque fa v o ir fignifie être incertain , on peut
a ne ajouter p a s ou point ; mais i l vaut mieux les
fupprimer. Je ne f a i s pas où le prendre, & mieux
Je ne fa i s où le prendre. Je rie fa i s p a s , ou mieux
Je ne f a i s f i j ’ irai à la cariipagne. .
Mais i l faut ne p a s , o u ne p o in t , ou ne p lu s ,
fi l ’on prend fa v o ir dans fon ‘vrai fens , le'fens
oppofé à l ’ignorance, Je ne f a i s p a s l ’anglois.
Je ne fa v o is p a s ce que vous'venez de raconter.
Je ridvois p oint f u votre départ. Je ne fa i s p lu s ce
que j ’ a i a'pris dans ce temps-là.
5°* Après prendre garde , dans le fens de prendre
f e s mefures , on n’emploie que ne avec le fub-
jonétifjfî lachofe ne doit pas être. P renez garde qu’ i l
ne fo r te , N ou s prendronsgarde q u o n ne nous prévienne
; parce qu’i l ne doit pas fo r t ir , 8c qu’on ne
doit pas nous prévenir,
Mais fi la chofe doit être , on met p a s ou poin t
après ne. Prenez g ar<I e qu’ i l ■ ne comprenne p a s ,
Nous prendrons garde qu’ on ne nous appelle
p o in t j parce qu’i l doit comprendre, & qu’on doit
nous appeler.
Dans le fens de fa ir e réflexion , i l faut
ajouter p a s ou p o in t , mais ayec l ’indicatif. Prenez
garde que l ’ auteur ne dit p a s ce que vous lu i
prêtez.
6° . Après les verbes qui lignifient obftacle ou
empêchement*, s’ils font affirmatifs, le que doit
être accompagné-de ne feulement. Ijmpéchezqu on
ne m’ interrompe. J ’ ai défendu qu’on ne le la ifsà t
fo r tir .
Mais s’ils font employés négativement, le que
fuivant rejette la Négation. N ’empêchez p a s qu’ on
fa jf e le bien. Je n’ a i p a s défendu qu’ on le laifsât
fo r tir .
O n dit néanmoins, H rie tiendra p a s à moi qu’on
ne vous rende ju ftice. Ç e f l à vous qu’ i l tient qu’ on
ne parte demain.
7 ° . Si les verbes craindre, appréhender, trembler
^ éviter , avoir peur , avoir crainte , font
accompagnés de ne p a s ou de ne p o in t , la phrafe
amenée, par le que fuivant eft ordinairement affirmative
8c rejette, la Négation. Je ne crains point
qu’on blâme Céfar. Je riàppréhtndois p a s qu’il.
tn prît connoijf une e. Ne , tremblons p a s qu on
nous furprenne dans cette occupation. Nous r iév iterons
p a s qu’ i l nous trompe. N ’ayez p a s peur
ou crainte qu’on vous reconnoifie.
Si toutefois on vouloit donner à la phrafe incidente
un fens contraire, ■ en confervant le fens nég
a t if du premier verbe , i l faudrôit mettre ne p a s
ou ne point avec le fécond* Je ne- crains, point
qu’ on ne blâme p a s Céfar. - Je ji’ appréhendais pas
qu’i l n’en p r ît p a s connoijfance, &c.
Si les premiers verbes fönt employés affirmativement
, &• i l faut !:dire la même dhofè de ces
manières de parler de crainte que ,■ de peur que ;
le fécond verbe prend ne feulement, s’i l s’agit d’une
chofe qu’on ne délire point. Je crains que vôus
ne fuccorribiez• Tremblons que D ieu ne nous,
punifie. Év iton s que notre perféyéranCe, ne p a fié
pour obfiination. Suiver-le , de crainte ou de peur
qu’i l ne s ’égare.
Mais le fécond verbe prend ne p a s ou ne p o in t-,
s’il s’agit d’une chofe qu’on délire. Je crains que
vous ne réufjijfiez p a s . Tremblons que D ie u ne
nous exauce p a s . Éviton s qu’on ne nous intro-
duife p a s . S u ivez -le, de crainte ou de peur qu’ i l
ne prenne p a s le bon chemin. ; -
• 8°. Dans ces fortes 'd’ interrogations, qui ont
évidemment un fens n é g a tif , on peut mettre, avec
ne y p a s ou p oint i mais i l eft plus élégant de les -
fupprimer. Y a - t - i l un homme dont elle ne
médife p oint , ou dont elle ne médife 1 A v e z -
vous un ami qui ne f o i t p a s ou qui ne-foit des
miens ?........ »
Pour achever ce qui concerne les Négations y i l
faudrôit décider le choix entre p a s 8c p oint : on le
trouvera ailleurs. V o y e z^ k S , Point, (ikf. B e a z j -
zée.)
N É O G R A PH E , adj. pris fubftantivement. O n
nomme ainfi celui qui affecte une manière d’écrire
nouvelle & contraire a l ’Orthographe réçue. L ’O rthographe
ordinaire; nous fait écrire françois, an-
glois.y j ’étois, ils aimeroient ( voyez I ) ; Voltaire
-écrit français, anglais j ’étais, ils aimeraient,
en mettant ai pour oi dans ces exemples , & partout
où l ’oi eft le figne d’un- e ouvert. Nous employons
des lettres majufcules à> la tête de chaque
phrafe qui commence par un point,- à la tête de
chaque nom propre, & c . ( V oy e z I n i t i a l ) ;
Voltaire rayait fupprimé toutes ces capitales dans
la première édition de fon Siècle dé Louis X I V ,
publié fous le nom dé M. de Francheville. Du
Marfais a fupprimé, fans reftriéfion , toutes,les lettres
doubles qui ne f e . prononcent point. & qui
ne font point autorifées par l ’Étymologie j. & i l
a écrit home , corne T aréter, douer, anciène ,,
condânez , &c. Eludas n’a , pas même égard à
celles que l ’Étymologie ou l ’Analogie femblent au-
torifer; i l {ûpprime toutes les lettres muettes, &
i l écrit diférentes , litres , admetejit} è l e t é â t r e ,
i l ut ( au-fubjonétif pour i l eû t) , c ite , indépen-
dament, &c ; il change p h en f , orthografe , j i lo -
fo fiq u e , d ifto n g u e , ■ 8cc. Ainfi , V o lt a ir e , D u
Mariais', Duclos font des Néographes modernes.
( M . B e a u z é e . )
-. * ,N É Q G R A PH ISM E , f. m. C ’eff une manière;
i d’écrire -nouvelle 8c. contraire à l ’Orthographe reçue.
Ce tçrïpe. vient de, l ’adjeiftif. g recj l r i , .nouveau g
& du verbe , j ’écris. L e Néographïfme de
V o lta ir e , en ce qui concerne le changement à’oi
en a l pour repréfenter Ye ouvert, a trouvé parmi le s
gens de Lettres quelques imitateurs.
« Si l ’on établit pour maxime générale, dit
» l ’abbé Desfontaines ( Obfervations fu r les écrits
w modernes , tom. XXX , pag. Z55 ) , que la pro--
» nonciation doit être le modèle de l ’Orthographe ;
» le normand le picard, le bourguignon y. le pro-
» vènçal écriront. Comme ils ' prononcent ; car dans
» lè fyftême du Néographifme , cette liberté doit
» conféquemment leur être accordée ». I l me fèmble
que l ’abbé Desfontaines ne combat ici qu’un fantôme
, & qu’i l prend dans un fens trop étendu le
principe fondamental de N éographifme. Ce: n’eft
point toute prononciation n que les Néographes
prennent pou r. règle de leur maniéré d’écrire , c e
feroit proprement écrire fans règle ils ne confi-
dèrent que la prononciation autorifée par le même
ufage qui eft reconnu pour légiflateur exclufif
dans-les langues relativement aux choix des mots,
au fens qui- doit y être attaché , aux tropes qui
peuvent en changer l a lignification, aux alliances,
pour ainfi dire , ! qu’i l leur eft permis ou défendu
de c o n t r a c te r&c. Ainfi', le picard;n?a pas plus de
droit d? écrire gambe pour jambe, ni le gafeon d’écrire
hure pour heure', fous prétexte que l ’on prononce
ainfi-dans leurs provinces.-
Mais on peut,faire aux Néographes unTeproche
mieux fondé; c’eft qu’ils violent les lois de l ’ufage
. dans le temps même qu ils affeélfent d’en confulter
les décifions & d’en reeonnoître l ’autorité. C ’eft à
Eu fage légitime qu’ils s’en- raportent fur la prononciation
, & ils font très — bien ; mars c*eft au
même ufage qu’ils doivent s’en' raporter pour l ’O r thographe
: loir autorité eft la même, de part &
d’autre; de part 8c d’autre e lle eft fondée fur les
mêmes titres, & l ’on court le même rifque à s’y
foufttaire dans les deux points, le rifque d’être ou
ridicule ou inintelligible.
Les lettres, peut-on dire, étant ' inftituées pour
repréfenter les éléments de la v o ix , l ’écriture doit
fe conformer à la prononciation :- c’eft-là le fondement
de la véritable Orthographe , 8c le prétexte
du Néôgraphifme : mais i l eft aifé d’en
abufer. Le s lettres , i l eft vrai , font établies pour
repréfenter les. éléments» de la voi-x ; mais, comme
elles n’en font pas les fignes naturels , elles ne
peuvent les fignifier qu’en vertu de la convention
la plus unanime , qui ne peut jamais - lé recon