
verbes introeat & f u g i a ç , corame i l doit l ’ être ;
& que, fi on alloit le prendre pour régime de f a -
ç iam y cela opèreroit un contre-fens. Raifonnement
admirable, mais dont to*te la folidité va s’évanouir
par un mot : c’eft Plaute qui .parle ainfi ( M o f le lL ) ..
Voulez-vous favoir comme i l l'entend ? le voici ,*
S a t in ’ ha bes ,. J i erga adveràentem p a tr em tu um
fie fa ç ia m ut n on modo ne in t r o e a t , verum u t
f u g i a t : & i l en eft à e fa c iam e rg a p a tr em tu um
f i e u t\ & c , comme de agere cum p â t r e y f i e u t :
o r ce dernier tour eft d’ufàge, & on lit dans Nepos
( C im o n . I. , E g i t cum Cim on e u t eam f i b i u x o -
rem d aret.
I l réfùlte donc de tout ce qui précède , que
Y I n f i n i t i f un mode du verbe qui exprime l ’exif-
tence fous un attribut d’une manière abftraite , &
comme l ’idée d’une nature commune à tous les
individus auxquels elle peut convenir ; d’où i l fuit
que Y I n f i n i t i f eft tout à la fois verbe & n om, & -
ceci eft encore un paradoxe.
O n convient anez .communément que Y I n f i n i t i f
fait quelquefois l ’office du n om , qu i l eft nom fi
l ’on veut , - mais fans être verbe ; & l ’on penfe
qu’en d’autres occurrences i l éft verbe fans être
nom. On cite-ce vers de Perfe ( S a t . I. z ç ) :
S cire tuum nihil ejl nifi te feire hoc feiat alter;
où l ’on prétend que le premier f e i r e eft nom fans
être verbe, parce qu’i l eft accompagné de l ’adje&if
t u u m , & que le fécond f e i r e eft verbe fans être
n om, parce qu’i l eft précédé de l ’accufatif t e , qui
en eft , d i t - o n , le fujet. Mais i l n’y a que le
préjugé qui fonde cette diftinétion. Soye z confé-,
quent, & vous verrez que c’eft comme fi le poète
avoit d i t , N i f i h o c f e i r e tu u m f e i a t a l t e r ; o u ,
comme le dit le P. Jouvency dans fon interprétation
, n i f i a b a l i i s c o g n o f e a t u r ; en forte que la
nature de Y I n f i n i t i f , te lle q u e lle réfulte des
obfervations précédentes ., indique qu’i l faut recourir
à l ’E llip fe pour rendre raifon d e l’accufatif t e ,
& qu’i l faut dire , par exemple , N i f i a l t e r f e i a t
h o c f e i r e p e r t i n e n t a d t e , ce qui eft la même ebofe
que h o c f e i r e tu u m .
N ’admettez fur chaqrTe objet qu’un principe;
évitez les exceptions que vous ne- pouvez juftifier
par les principes néceffairement reçus; ramenez
tout «à l ’ordre analytique par une feule analogie ;
vous voilà fur la bonne voie , la feule voie qui
, convienne à la raifon, dont la Parole eft le miniftre
& l ’image. ( M . B e a u z é e . )
\ IN F L E X IO N , f. f. T e rm e d e G r a m m a i r e .
O n confond affez communément les mots I n f l e x i o n
& T e r m in a i f o n y qui me paroiffent pourtant exprimer
des chofes très-différentes , quoiqu’i l y ait
quelque ebofe fie commun dans leur lignification.
Ces deux mots expriment également ce qui eft
ajouté à la partie radicale d’un mot : mais la T e r -
minaifon n’eft que le dernier fon du mot, modifié
fi l ’on v eu t, par quelques articnlations fubféquentes,
mais détaché de - toute articulation antécédente ; 1 I n f l e x i o n eft ce qui peut fe trouver dans un mot
entre la partie radicale & la T e rm in a i f o n .
Par exemple, a m .eft la partie radicale de tous
les mots qui conftituent la conjugaifon du verbe
A m o . Dans a m a b a m , a m a b a s , a m a b a t , i l y a
a remarquer I n f l e x i o n & T e rm in a i f o n . Dans chacun
de ces mots, la T e r m in a i f o n eft différente, pour
caraélérifer les différentes perfonnes ; ’ a m pour la
première , a s pour la fécondé , a t pour la troi-
fième : mais Y I n f l e x i o n eft vla même,-pour marquer
que ces mots appartiennent au même temps ;
c eft a b partout.
V o ilà donc trois chofes que l ’étymologifte peut
fouvent remarquer avec fruit dans les mots ; la
R a c i t v e , Y I n f l e x i o n , 8c la T e rm in a i f o n . L a R a c
in e eft le type de l ’idée individuelle de la lignification
commune à tous les mots de la même
famille : cette R a c in e paffe eofuite par différentes
métamorphofês , au moyennes additions qu’on y
fait , pour ajouter , à l ’Idée fondamentale & commune
, -les idées acceffoires qui différencient chacun
des mots de. cette famille. Ces additions ne fe
font point témérairement , & de manière à faire
croire que le hafard en ait fixé la lo i ; on y reçon-
noît des. traces d’intelligence & de combinaifon ,
qui dépofen: qu’une raifon faine a dirigé l ’ouvrage*
L ’ I n f l e x i o n - a fa raifon , la T e rm in a i f o n a la
fienne , les .changements de l ’une & de l ’autre ont
auffi la leur ; 8c ces éléments d ’ana logie, entre
des mains intelligentes, peuvent répandre bien de
la lumière fur les recherches étymologiques &
fur la propriété des termes. O n peut v o i r , a r t i c l e
T em p s , de quelle utilité eft cette obfervation pour
en fixer l ’analogie & la nature , peu connue juiqu’à ,
préfent. ( M . B e a u z é e . )
(N . ) IN IM IT IÉ , R A N C U N E . S y n o n y m e s .
In im itié eft plus déclarée ; elle paroît toujours
ouvertement. L a R a n c u n e eft plus» cachée ; elle
diffimule.
Les mauvais fervices & les difeours défobligeants
entretiennent Y I n im i t i é : elle ne finit que lo rfqu e,
fatigué de chercher à nuire, on fe raccommode ;
ou que , perfuadé par des amis communs, on fe
réconcilie. L e fouvenir d’un, tort ou d’un affront
reçu, conferve la R a n c u n e dans le coeur ; elle
n’en fort que lorfqu’on n’a plus aucun de'fir de
vengeance , ou qu’on pardonne fincèrement.
YJInimitié n’empêche pas toujours d’eftimer
fon ennemi , ni de lui rendre juftice ; mais e lle
empêche de le carefïer & de lui faire du bien
autrement que par certains mouvements d’honneur
& de grandeur d’ame, auxquels on fàcrifie quelquefois
fa vengeance, L a Rancune .fait toujours
embraffer avec plaifir Foccafîon de fe venger;
mais elle fait fe couvrir de l ’extérieur de l ’amitié,
jufqu’au moment qu’elle trouve à fe fatisfaire,
I l y a quelque fois de là nobleffe dans Y ln i-
Ünitié; & il feroit honteux de n’en point avoir
pour certaines perfonnes : - mais la Rancune a
toujours quelque chofe de bas ; un courage fier
re.fufe nettement le pardon, ou l ’accorde1 de bonne
grâce.
On a vu les fentiments être héréditaires , &
Y In im itié fe perpétuer dans les familles : les
moeurs font changées ; le fils ne veut du père que’
la fucceffion des biens. Les réconciliations parfaites
font rares : i l refte fouvent de la Rancune après
celles qui paroiffent être les plus fincères ; & la façon
de pardonner qu’on attribue aux italiens , eft allez
Celle de toutes les nations.
Je crois, qu’i l - n ’y a que les perturbateurs du
repos public qui doivent être 1 objet de 1 Inimitié
d’un philofophe. S’i l y a un cas où la Rancune
foit excufable , c’eft à l ’égard des traîtres ; leur
crime eft trop noir pour qu’on puiffe penfer à eux
fa ns indignation. ( Z fa b béG lR A R D . )
(N.) IN IN T E L L IG IB L E , IN C O N C E V A B L E ,
IN C OM P R É H E N S IB L E . Synonymes.
Ces trois mots marquent également ce qui n’eft
pas à la portée de Y Intelligence humaine ; mais
ils le marquent avec des nuancés différentes.
Inintellig ible fë dit par raport à l ’expre filon ;
Inconcevable^ par raport à l ’imagination; Incompré-
henfible , par raport à la nature de l ’efprit humain.
•
C e qui eft inintelligible eft vicieux , i l faut
l ’éviter ; ce qui eft inconcevable eft furprenant,
i l faut s’en défier ; Ce qui eft incompréhenfible eft
fublime, i l faut le refpeâter.
Les athées font fi peu fondés dans le malheureux
parti qu’ils ont pris , que ., dès qu’on les preffe de
rendre compte de leurs opinions , ils ne tiennent
que des propos vagues & inintelligibles. Nonobf-
tant l ’obfcurité de leurs fyftêmes 8c les inconfé-
quences de leurs principes , i l eft inconcevable
combien ils feduifent de jeunes gens, à la . faveur
de quelques plaifanteries ingénieufës & de .beaucoup
d’impudence : comme fi toutes les raiforts
dévoient diîparoître devant l ’effronteriè ; & comme
fi la nature , dans laquelle ils affeélent de fe retrancher
, n’avoit pas elle-même dés myftères aufii
incompréhenfible s que ceux de là révélation.
( M . B e a u z é e . .)
IN IM IT A B L E , adj. Grammaire. Qu’on ne
peut imiter: V o y e z Im it a t io n . L a nature a des
beautés inimitables. T ou t ce qui porte un .caractère
de génie ou d’o rigina lité, ne s imite point. Ce '
font les auteurs inimitables -que les écrivains médiocres
s’efforcent lim ite r .
(N .) IN I T IA L , E , adj. Appartenant au commencement.
Ce mot vient du latin Initium (■ commencement
).
On appelle Lettre initiale , la première lettre
de chaque mot ; comme on appelle f in a l e , la
dernière. Les imprimeurs n’appellent ainfi que le s
premières lettres mâjufcules, & le Dictionnaire
de l ’Académie dit que ce terme n’eft d’ufage qu’à 1 Imprimerie & dans ce fens. Laiffons aux imprimeurs
leur ufagë , s’ ils veulent le garder : mais
employons hardiment ce mot dans le fens qu’indiqué
l ’étymoiogie, puifqué cé fens a befoin d’im
terme propre^ 8c qu’au fonds céhii-ci n’a d’abord
été imaginé que pour cette lignification.
Pour répandre plus de netteté dans les difeours
écrits, en y introduifant des diftinétions fenfibles ,
l ’Orthographe exige que les lettres initiales de
certains mots foient mâjufcules,
i ° . L e premier mot d’un difeours quelconque
& de toute propofition nouvelle qui commence après
un point ou un alinéa , doit commencer par une lettre
in itiale majufcule.
I l en eft de même d’un difeours direét que l ’on
raporte , d’un paffage que l ’on cite , quoiqu’i l
foit précédé d’urie ponctuation plus foible que le
poin t, oornme c’eft l ’ordinaire après l ’annonce qu’on
en fait: Lorfque f entendis les fcène s d u p a y fa n
dans le F aux G é n é r e u x , j e d is : « V o ilà qui
» fe r a fondre en larmes ». ( M* Diderot.) .
U Initiale majufcule f e r t , dans tous ces cas, à
diftinguer lés fêns indépendants l ’un de l ’autre y
8c facilite par conféquent l ’in tellig en c e. de cé qu’on
lit.
Les noms propres d’angè§ ,• d’hommes , de
fauftes divinités , d’animaux-, de royaumes , de provinces
, de rivières , de montagnes, de. villë s ou
autres habitations , de conftellations , de jours, da
mois , & c , doivent avoir fin & initiale majufcule :
comme M ic h e l , . G a b r ie l, B é l ia l , B e lp liég or ,
A dam-, E v e y. Jofeph, M ar ie ; Jupiter y Junon ,
Mercure , Minerve; Encéphale , Amalthée ; E u rope
, A f ie y Allemagne , Fràiicè-, Normandie %
Bourgogne ; R h in , Tibre y Seine y Meufe ; A th o s ,
V îfu v e y Pa rn a jfe , Cithéron; P a r i s , M a d r id ,
Vaug irard f Meudon , Belle-vue , Chambord ; l e
B é lie r y le Verjeau , la grande Ourfe; L u n d i ,
Jeudi ; J u i l le t , Octobre ,\&c.
C ’eft une diftinétion d’autant plus néceffaire ,
que les noms propres étant pour la plupart ap-
pellatifs dans leur or ig in e , une initiale majufcule
lève tout d’un coup lmcëftitude qu’i l pourrôit y
avoir entre le fens-appellatif & le' fens individuel.
Cette utilité de diftinguer les différents fens eft le
fondement des cinq règles qui vont fuivre immédiatement.
3°. L e nom D ie u y quand i l défigne individuellement
l ’être fuprêmè , doit avoir une initiale-
majafcule , parce qu’i l eft alors comme.un nom
propre. C ’efi D ie u qui a créé le monde. V o u s ne
prendre\ p a s le nom de D ieu en vain-.
Mais le nom D ieu rentre dans l ’ordre commun,
s’i l èft appliqué aux fauffes divinités du