
IN C O N S É Q U E N C E , f. f. IN C O N S É Q U E N T ,'
adj. G r a m m a i r e , L o g i q u e , & M o r a l e A \ y a I n c o n -
f é q u e n c e dans les idées, dans le difcours, & dans
les actions. Si un homme conclut de ce qu’i l
penfé ou de ce qu’i l énonce le contraire de .çe
qu’ i l devroic fa ir e , i l eft ih c o n f é q u e n t dans fon
difcours & dans fes idées., S’i l tient une conduite
contraire à ce lle qu’i l a déjà tenue, ou contraire
à fes intérêts, i l eft in c o n f é q u e n t dans fes aétions.
I l y a encore une troifîème In c o n f é q u e n c e y c’ eft
ce lle des penfées & des actions , & c’eft la plus
commune. I l y a mille fois plus $ I n c o n f é q u e n c e s
encore dans la vie que dans les jugements. I l ne
faut cependant pas dire d’un homme qui tremble
dans les ténèbres & qui ne croit point aux revenants
, qu’i l foit in c ù n f é q u e n t : la frayeur n’eft
pas libre y c’eft un mouvement habituel dans fes
organes, qu’i l ne peut empêcher & contre lequel
là raifon réclame inutilement. ( M. Diderot. ) .
(N . ) IN C O R R E C T IO N , f. f. Défaut de conformité
avec les règles de la Grammaire & les
ulàges de la langue. C ’eft un terme générique,
qui comprend fous foi le foléc ifme, le barbarifme ,
la difconvenance, l ’équivoque ? &c. V q y e \ tous çes
mots.
I l ne faut pas croire qu’i l n’ échape des Incorrections
qu’aux,écrivains médiocres : les auteurs les
plus diftingués , les plus châtiés , peuvent en fournir
des exemples j Voltaire en donnëroit plufîeurs, j’ en
citerai un feul. G en g is , dans T Orphelin d e là Chine
(V . 4* ) , dit â Idamé :
Mon ame à la vengeance eft trop accoutumée.
Et je vous punirois de vous avoir aimée. _
L ’infinitif doit ic i fe raporter à la perfonne p un ie,
parce qu’i l doit énoncer fon crime : i l faut dire ,
par exemple , E t j e m e p u n i r o i s d e v o u s a v o i r
a im é e ; ou bien -, E t j e v o u s p u n i r o i s d e m a v o i r
i n f p i r é d e V am o u r ,. ..
I l faut fans doute éviter les Incorrections ; > mais
i l ne faut pas pouffer le fcrüpule jufqu’à devenir
froid par trop d’exactitude, non feulement en vers ,
mais même en proie.
O n dit Correction & Correct ; pourquoi ne
diroit-oa pas d e 1 même Incorrection & Incorrect?
O n ne trouve cependant l ’adjeétif Incorr'ect dans
aucun Dictionnaire. Mais M. Diderot ( Encyctop.
Incorrection ) a dit, & très-bien dit : « Si le ftylë
» s’écarte fouvent des lois de la Grammaire , on
» dit qu’i l eft incorrect ; fi une figure deffinée
» pèche contre les proportions reçues , on dit
p qu’elle eft incorrecte».- [ -M . B e a v z é e . )
- IN D É C L IN A B L E , adj. T er ftie -d e G r a m m a i r e .
O n a diftingué, à V a r t i c l è F ormation , deux fortes
de dérivation , l ’uiie philofophiqüe, & l ’autre
grammaticale. L a dérivation philofophiqüe fert à
J’exprejfion des idées acceffoires propres à la nature
d une idée primitive : la dérivation grammaticale'
fert a l ’expreffion des points de vue fous lefquels
une idée principale peut être envifagée dans l ’ordre '
analytique de l ’énonciation. C ’eft la dérivatiotv
philofophique qui forme , d’après une même idée
primitive, des mots de différentes efpèces, où l ’on
retrouve une même racine commune , fymbole de
l ’idée primitive, avec les additions différentes def-:
tinées à repréfenter l ’idée fpécifique qui la ma-;
di fie ; comme A M o , A M o r , A M i c i t i a , A M i c u s ,
A M a n t e r , A M a t o r i u s , A M a t o r i è , A M i c è , & c,
C ’eft la dérivation grammaticale qui fait prendrez un
même mot diverfes inflexions , félon les divers
afpeds fous lefquels on envifage, dans l ’ordre ana-'
ly t iq u e , la même idée principale dont i l eft ' le
fymbole invariable j comme A M I C u s , A M I C i ,
A M I C o , A M I C u m , A M I C o r u m , 8 cc . C e n’eft
que relativement à cette fécondé efpèce, que les
grammairiens emploient les termes D é c l i n a b l e 6c
I n d é c l i n a b l e .
U n fîmple coup d’oeil jeté fur les différentes
efpèces de mots 8c fur l ’unanimité des ufages de
toutes les langues à cet égard, conduit naturellement
à les partager en deux claffes générales,
caradérifées par des différences purement matérielles,
mais pourtant effencielles, qui font la D é c l i n a b i l i t é
& V i n d é c U n a b i l i té .
L a première clafle comprend toutes les efpèces
de mots q u i , dans la plupart des langues, reçoivent
des inflexions deftinées à défigner les divers
points de vue £ous lefquels l ’ordre analytique p ré -
lente l ’idée principale de leur lignification : ainfi, les
mots . .d é c l in a b l e s font les noms , les pronoms, les
adjeCtifs, 6C les verbes.
'L a fécondé çlafTe comprend les efpèces de mots,
qui , en quelqne langue que çe foit , gardent dan?
le dififours une forme immuable, parce que l ’idée
principale de leur lignification y eft tpujours envifagée
fous le même afped : ainfi j les mot s in d é - ,
c l i h a b l e s font les prépofitions, les adverbes , le s
conjonctions, & les interjections.
- Les mots confidérés de cette manière font e j f e n -
a ie ll em e n t d é c l i n a b l e s , ou e j f e n c ie l l em e n t in d é c
l i n a b l e s : & fi l ’unanimité des ufàges combinés
des langues, ne nous trompe pas fur çes deux propriétés
oppoféçs, elles naiffent effectivement de
la nature des efpèces de mots qu’elles différencient y
& l ’examen raifonné de ces deux caractères doit
nous conduire à la counoiuançe de la nature, même
des mots, comme l ’examen des effets conduit â la
çonnoiffance des caufes. V o y e \ Mo t .
A u re fte , i l ne faut pas fe méprendre fur le
véritable fens dans lequel on doit entendre la D é c
l i n a b i l i t é 6c V I n d é c l i n a b i l i t é e j f e n c ie l l e . Ces deux
expreflions ne veulent dire que la pofïîbilité ou
l ’impoffibilité abfblue de varier les inflexions des
mots relativement aux vues de l ’ordre analytique ;
mais la D é c l i n a b i l i t é ne fuppofe point du touc
que la yarifttion actuelle des inflexions doive êtrq
à'dmife néceffairement, quoique V I n d é c l i n a b i l i t é
l ’exclue néceffairement : c’eft cpe la non-exiftence
eft une fuite néceffaire de 1 impoffibilité y mais
l ’exiftence , en fuppofant la pofïîbilité, n’en eft pas
«ne fuite néceffaire.
. En effet , les mots effenciellement d é c l in a b l e s
ne font pas d é c l in é s dans toutes les langues y 6c
dans celles où ils font d é c l in é s , ils ne l ’ y font
pas aux mêmes égards. L e verbe , par exemple ,
d é c l in é prefque partout, ne l ’eft point dans la langue
franque, qui ne fait ufage que de 1 infinitif j
la place qu’i l .occupe & les mots qui 1 accompagnent
, déterminent les diverfes applications dont
i l eft fufceptible. Les noms qui;, • en grec , , en
la t in , en allemand, reçoivent des-nombres & des
.ca s , ne reçoivent que des nombres en françois , en
italien , en, e fp agn o l, & en anglois , quoique
maints grammairiens croyènt y voir des cas , au
moyen des prépofitions qui les remplacent effectivement
, mais qui ne le font pas pour cela.
•Les verbes latins n’ont que trois modes perfonnels,
l ’indicatif, l ’impératif, & le fubjonCtif : ces trois
.modes fe trouvent aufti en grec 6c en françois j mais
les grecs ont de plus un optatif qui leur eft propre ,
& nous avons unrnode fuppofîtif qui n’eft pas dans
les deux autres langues.
I l y a dans les diverfes langues de la terre mille
variétés femblables , fuites naturelles de la liberté
de l ’ufage , décidé quelquefois par le génie propre
'de chaque idiome , & quelquefois par le fimple
-hafard ou le pur caprice. Que les noms ay ent, en
•grec , en latin , & en allemand, des nombres & des
cas ; & q u e , dans nos langues analogues de l ’Euro
p e , ils n’ayérit que des nombres y c’eft genie :
mais qu’en latm , par exemple , où les noms 8c
les adjeCtifs fe d é c l i n e n t , i l y en ait que l ’ufage a
privés des inflexions que l ’analogiè leur deftinoit,
e’eft hafard ou caprice.
I l me femble que c’eft auffi caprice ou hafard ,
que ces noms ou, ces adjeCtifs anomaux foient les
feuls qu’i l ait plu aux grammairiens d’appeler fpé-
cialement i n d é c l in a b l e s . J’aimerois beaucoup mieux
que cette dénomination eut été" réfèrvée pour dé-
' ligner la propriété de toute une efpèce, en y ajoutan
t, fi l ’on eut voulu y la diftinCtiôn .de V l n d é -
’c l i n a b i l i t é naturelle & de l ’ I n d é c l i n a b i l i t é ufuelle :
.dans ces c a s , les anomaux dont i l s’agit ic i auroient
du plus tôt fe nommer in d é c l in é s , qu’i n d é c l in a b
le s , parce que leur i n d é c l in a b i l i t é eft un fait
'particulier, qui déroge à l ’analogie commune par
accident, & non une fuite de cette analogie.
Qu oi qu’ i l en foit de la dénomination', ces ano-
.maux in d é c l in a b l e s n’apportent dans l ’élocution
■ latine aucune équivSque y & i l eft d’un üfàge bien
entendu, quand ou fait l ’anâlyfe d’une phrafe la pine
où i l s’en trouve , de leur attribuer les mêmes
; fonctions qu’aux mots: d é c l in é s . Ainfi , jèn, analysant
cette propofition inter jeCtive de V i r g i le , â o fn u
f e r i t i l l e , i l eft fage de dire que c o r n u eft à
l ’ablatif , comme complément de la prépofition
fous-entendue cum ( a v e c ) , quoique cornu n’ait
réellement aucuii cas au fingulier : c’eft faire allu -
;fîon â l ’analogie latine ; & c’ cft comme fi l ’on
difôit que cornu auroit été mié à l ’ab latif, fi l ’ufage
l ’eut décliné comme les autres noms. J’avoue cependant
qu’i l y auroit plus de jufteffe & de vérité
à fe férvir plus tôt de ce tour conditionnel que
dé l ’affirmation pofitive ; & j’en ufe ainfi quand i l
s’agit de l ’infinitif, qui eft un vrai nom indéclinable'.
dans Turpe ejt mentiri , par exemple, je
dis que l ’infinitif mentiri eft le fujet du verbe e j l ,
& qü’i l feroit au nominatif s’i l étoit déclinable ÿ
dans Clamare coepit , que clamare eft le complément
objeCtif de coe p it , & qu’i l feroit à l ’accu-
fa tif s’il étoit d éclinable, 6cc. Vojyei Infinitif.
Mais ce qui eft raifbnnable par raport à la plirafe
latine , feroit ridicule & faux dans la phrafe fran-
çoife. Dire que, dans j ’ obéis au roi, au roi. eft au
da tif, c’eft introduire dans notre langue un jargon
qui lu i eft. étranger , & y fuppofer une analogie
qu’elle ne çonnoîc pas ; 0 ccp£a.f/Çin ( M . B e a ü z é e .)
IN D É F IN I ,, adj.« Gramm. C e mot eft encore
un de ‘ ceux que les grammairiens emploient comme
techniques’ en diverfes occafîons. j & i l fignifîe la
même chofe qu’Indéterminé. On dit fens indéfini ,
article indéfini,, pronom in d é f in i, temps indéfini.
i ° . Sens indéfini. « Chaque m o t , dit M. du
» Marfais ( Trope s , part. l u , a it . i j , p . 3. ) ,
» a „une certaine lignification dans le difcours,
.»"autrement, il.nefignifieroit rien : mais ce fens ,
» quoique déterminé - ( c’ eft à dire , quoique fixé a
» 'être t e l ) , ne marque pas toujours précifément
» u n tel individu , un te l particulier j a in fi, on
» appelle f e n s indéterminé ou in d é fin i, celui qui
» marque une idée, vague , une ,penfée generale ,
» qu’on ne fait point tomber fur un objet parti-
» culier ».
Les adjeCtifs & les verbes, confidérés en eux-
mêmes , n’ont qu’un fens In d é fin i, par raport à
l ’objet auquel leur lignification eft applicable :
grand , durable , exprime à la vérité quelque être
grand , quelque objet durable y mais cet être ,
cet objet, eft-ce un efprit ou un corps? eft-ce un
Corps anirné ou inanimé ? eft-ce un homme ou une
brute ? &c. La nature de l ’être eft indéfinie , &
ce n’eft que par des applications particulières que
ces mots fortiront de cette indétermination,. pour
prendre un: Cens d é f in i, du moins à quelques égards y
un grand homme , une grande entreprife , un
ouvrage durable , Une éjlime durable. C ’eft la
même chofe des verbes confidérés hors de toute application.
Je dis que les applications particulières tirent
ces mots de leur indétermination, du moins a
quelques égards. C ’eft que toute application qui
n’èft pas abfolumént individuelle ou fpécifique ,
c’ eft à dire y qui ne tombe pas précifément fur un