
différents, ou comme prononcée, ou comme écrite 5
la Parole écrite eft l ’image de la Parole prononcée :
& celle-ci eft l ’image de la Penfée. Ces deux
points de vue peuvent donc être comme les deux
principaux points de réunion , auxquels on raporte
toutes les obfervations grammaticales j & toute la
Grammaire le divife ainli en deux parties generales
, dont la première, qui traite de la Parole ,
peut être appelée Orthologie ; & la fécondé', qui
traite de l ’Ecriture, fe nomme Orthographe. L a
nécefltté de caraétériler avec precifion les points
lai liants de notre lyftême grammatical, & la liberté
que l ’ulage de notre langue paroît avoir laiffée
fur la formation des termes techniques , nous ont
déterminés à en rifquer plufieurs, que l ’on trouvera
dans le tableau que nous allons préfenter de
la diftribûtion de la Grammaire. Nous ferons en
forte qu’ils foient dans l ’analogie des termes didactiques
ulîtcs , & qu’ils expriment exactement toute
l ’étendue de l ’objet que nous prétendons leur faire
défigner : à mefure qu’ ils fe préfenteront, nousm les
expliquerons par leurs racines. Ainfi , le mot Orthologie
a pour racines , « « , reclus , & Aoyos ,
ferma ; ce qui lignifie manière de bien parler.
D e l ’ Orthologie. Pour rendre la penfée fenfible
par la Parole , on eft obligé d’employer plufieurs
mots, auxquels_on_ attache les fens partiels que.
l ’Ana lyfe démêle dans la penfée totale. C eft
donc des mots qu’ i l eft queftion dans la première
partie de la Grammaire, & on peut les y côn-
Sdérer ou ifblés ou ralfemblés, c’eft à dire, ou
hors de l ’élocution ou-dans l ’enfemble de l ’élocution
j ce qui partage naturellement le traité de
la Parole en deux parties, qui font la L e xicologie -
& la S y n ta x e . L e terme de L e xicologie fignifie
e xplication des mots ; R R . Ae|/«, vocabulum,
& Asysf yfermo. C e mot a déjà été employé par
M. l ’abbé Girard , mais dans un fens différent de
celui que nous lu i aflignons, & que fes racines
même paroiffent indiquer. M. Duclos femble di-
vife r, comme nous, l ’objet du traité de la Parole ;
i l commence ainfi fes Remarques fu r le dernier
chapitre de la Grammaire générale : et L a Gram-
ut maire, de quelque langue que ce f o i t , a deux
» fondements, le Vocabulaire 8c la S y n ta x e ».
Mais l e Vocabulaire n’eft que le catalogue des
mots d’une lan gu e , & chaque langue a le fien 3 au
lieu que ce que nous appelons Lexicologie contient
fur cet objet des principes raifonnés communs à toutes
les langues.
I. L ’office de la Le xicologie eft donc d’expliquer
tout ce qui concerne la connoiffance des
mots ; & pour y procéder avec méthode , elle en
çonfidère l e matériel , la valeur , & Y étymologie.
i ° . L e m atériel des mots comprend leurs éléments
& leur profodie.
Les voix & les articulatidns font les’partie s élémentaires
des mots ; & les fyllabes qui réfultent de
leur combinaifon , en font les parties intégrantes &
immédiates. V o y e f S o ix ôç.Sx l l abe.
L a Profodle fixe les décriions de l ’ufage par rapport
à l ’accent & à la quantité. L ’accent eft la me-
ïiire de l ’élévation, comme la quantité eft la mefure
de la durée de la voix dans chaque fyllabe. Voye%
P rosodie, A ccent, & Q uantité.
Les mots ne confervent pas toujours la forme
matérielle que l ’ufage vulgaire leur a affignée primitivement
; fouvent i l fe fait des changements , ou
dans les parties élémentaires, ou dans les parties
intégrantes qui les compofenc , fans que ces l i cences
avouées de l ’ufage en altèrent la figuification :
comme dans les mots r e llig io , am a f li, amarierf-
au lieu de religio , am a v ïjii, amari. O n donne
communément .le nom de figur es aux divers changements
qui arrivent à la forme matérielle des mots.
V o y e z , au mot F igure , Y article des figures de diction
qui regardent le matériel du mot.
. i ° . L a valeur des mots confifte dans la totalité
dés idées que l ’ufage a attachées à chaque mot.
Les différentes efpèces d’ idées que les mots, peuvent
raffembler dans leur fignification , donnent lieu à
la Le xicologie de diftinguer dans la valeur des
mots trois fens différents j Ie fe n s fo n d am en ta l, le
f e n s fp é c ifiq u e , & le fe n s accidentel.
L e fens fondamental eft celui qui réfulte de
l ’ idée fondamentale que l ’ufage a attachée o r ig inairement
1 la fignification de chaque mot : cette
idée peut être commune à plufieurs mots , qui n’oqt
pas pour cela la même valeu r, parce que l ’efprit
l ’env i& g e dans chacun d’eux fous des points de vue-
différents. Par raport à cette idée primitive , le s
mots peuvent être pris ou dans le fens propre ou
dans le fens figuré. U n mot eft dans le fens propre
, lorfqu’i l eft employé pour réveiller dans
l ’efprit l ’idée qu’on a eu intention "de lui faire
fignifier primitivement j 8c i l eft dans le fens figure ,
lo r fq u i l eft employé pour exciter dans l ’efprit une
autre idée qui ne lu i convient que par fon analo
g ie avec ce lle qui eft l ’objet du fens propre. On
donne communément le nom de Tropes aux divers
changements de cette efpèce , qui peuvent fe faire
dans le fens fondanfentai des mots. 'V o y e^ S zm , &
T rope.
L e fens fpécifique eft celui qui réfulte de la
différence'des points de v u e , fous lefquels l ’efprit
peut envifager l ’idée fondamentale relativement à
l ’analyfe de la penfée. D e là les différentes efpèces
de mots , les noms * le s pronoms, les adje&ifs ,
8cc. ( V o y e \ M o t , N om, P ronom , &c. ) O n
prouve fouvent des mots de la même efpècê >, qui
femblent exprimer la même idée fondamentale &
lé même point de vue analytique de l ’efprit on
donne à ces mots la qualification de fynonyme s
pour faire entendre qu’ils ont précifément la même
* fignification ; & on appelle fynonymie la propriété
qui les fait ainfi qualifier. Nous examinerons ce qu’i l
-y a de vrai & d’utile fur cette matière a u x articles
Synonymes & Synonymie.
L e fens accidentel eft celui qui réfulte de la
différence
différence des relations des mots à l ’ordre de l'énonciation.
Ges diverfes relations font communément
indiquées1 par des formes différentes , telles çjuil
plaît aux ufages arbitraires des langues de les fixer :
de là les genres, les' ca s , les nombres les per-
fonnes, les temps, les modes. ( V oy e \ A ccident ,
& tous les mots que-'nous - venons d’ indiquer ).
Le s différentes lois de l ’ufage fur la génération
des formes qui expriment ces accidents, ,confritu e nt lès
déclinaifons & les cônjugaifons. /'’’. D éclinaison,
& C onjugaison. ■
30. L ’étymologie des mots eft la fource d ou ils
font tirés. L ’ étude de l ’étymologie peut avoir deux
fins différentes. •
L a première eft de fuivre l ’analogie d’une langue
, pour fe mettre .en état d’y introduire des mots
nouveaux , félon l ’occurrence des befoins : c’eft ce
qu’on appelle la formation ; 8c e lle fe fait ou par
dérivation , ou par compojition. D e là les mots prim
itifs , 8c les dérivés , les mots fim p le s . & les com-
pofé s . Voye^ F ormation.
L e fécond objet, de l ’étude de l'étymologie eft
de remonter effectivement à la fource dun mot ,
pour en fixer le véritable fens par la connoiffance
de fes racines, génératrices ou élémentaires , naturelles
ou étrangères : ce&Yar t étymologique, qui
fuppofe des moyens Sin v en tion , 8c des règles de
critique pour en faire ufage. V . Étymologie &
A r t étymologique.
T e ls font les points- de vue fondamentaux auxquels
on peut raporter les principes de la Lexicolo
g ie . C ’eft aux Dictionnaires de chaque langue à :
marquer, fur chacun des mots qu’ils renferment, lés
déçifions propres d e l’ufage relatives à ces points de
vue. V . D ictionnaire , &plüfieurs remarques de
Varticle Encyclopédie.
ÏI. L ’office de la Syntaxe eft d’expliquer tout ce
.qui concerne le concours des mo.ts réunis pour
exprimer une penfée. Quand on veut tranfmectre fa
„penfée par le fecours de la Parole , la totalité des
mots que l ’on réunit pour cette fin, fait une propor
t io n : la Syntaxe en examine la matière 8c la
forme.
i ° . L a matière de la propofition eft la totalité
des parties qui entrent dans fa compofition ; & ees
parties font de deux efpèces, logiques & grammatica
les .
Le s parties logiques font les expreffions totales
de chacune des idées que l ’efprit aperçoit néceffaire-
jnent dans l ’analyfe de la penfée , favoir le f u j e t ,
l ’attribut , 8c la copule. L e fujet eft la partie de
la propofition qui exprime l ’objet dans lequel
l ’efprit aperçoit l ’exiftence ou la non - exiftence
d’une modification ; l ’attribut eft ce lle qui exprime
la modification dont l ’efprit aperçoit l ’exiftence ou
la non-exiftence dans le fujet-, & la copule eft la partie
qui exprime l ’exiftence ou la non-exiftence de l ’attribut
dans le fujet.
Gr a m m . e t L i t t é r a t . Tome I I ,
Les parties grammaticales de la propofition font
les . mots- que les befoins de l’énonciarion & de la
langue que l ’on parle y font entrer , pour conftituer
le totalité des parties logiques. V o y e \ Sujet., 6c
C opule.
Lés différentes manières dont les parties grammaticales
co.nftituent les parties logiques , fom naître
les' différentes efpêcès de propofiiiofts ; les fimples
& les côm p o fé è s le s incomplexes & les complexes,
les principales & les incidentes, Scc. V . P r o po s
it io n , 6* ce q ui en eft dit a l article C onstruction.
i °. L a forme de la propofition confifte dans les
inflexions particulières 8c dans 1 arrangement îcf—
e& if des différentes parties dont e lle eu compofee.
ar raport à. cet objet , la Syntaxe eft différente
dans chaque langue pour les détails ; mais toutes fes
règ le s , dans quelque langue que ce f o i t , fe raportenc
à trois chefs généraux, qui font la Concordance, l e
Régime 8c la Confiruclion.
L a concordance eft l’uniformité dès accidents
communs à plufieurs mots, comme fon des genres ,
les nombres , les ca s , &c. Les regies que la Syntaxe
preferit fur la concordance, ont pour fondement
un raport d’identité entre les m o ts'qu elle fait
accorder, parce qu’ils expriment conjointement un
même 8c unique objet. Ainfi, la concordance èft
ordinairement . d’un mot modificatif avec un mor
fubjeétif, parce que la modification d’un fujet n’eft
autre chofe que le fujet modifié. L e modificatif fe
raporte au fubjeétif, ou par àppofirion, ou par attribution:
par appofition, lorfqu’ils font reunis pour
exprimer une feule idée précife , comme quand on
d i t , Ces hommes fa v a n ts ; par attribution, lo rf-
que le modificatif eft l ’attribut d’une propofition
dont le fubjeétif eft le fujet, comme quand on dît ,
Ces hommes fo n t fa v a n ts . Toutes les langues qui
admettent dans les modificatifs des accidents fem-
blables à ceux des fubjectifs, mettent ces mots en
concordance dans le cas de l ’appofirion, parce que
l ’ identité y eft réelle & néceffaire ; la plupart 1 exigent
encore dans le cas de l ’attribution, parce que
l ’identité y eft^réelie : mais quelques-unes ne l ’admettent
pas, & employent l’adverbe au lieu de 1 ad-
j e d i f , parce q ue , dans l’analyfe de la propofition»
elles envifagent le fujet & l ’attribut comme deur
objets féparés & différents ; ainfi, pour dire ces
hommes fa v a n ts y on dit en allemand (liefe gelehrten
meenner > comme, en latin Ai docli viri ; mais
pour dire ces hommes fo n t fa v a n ts , on dit en
allemand d ie f1 meenner fin d gelehrt, comme on
diroit en latin hi viri fu n t d octe, ou cum doclrina y
au lieu de dire fu n t doéli. L ’une de ces deux pratiques
eft peut-être plus conforme que l ’autre aux
lois de T a Grammaire générale ; mais entreprendre
fur ce principe de réformer ce lle des deux que 1 on
croiroit la moins exaéfce, ce feroi: pecher contre la
plus effencielle des lois de la Grammaire gene-
raie même, qui doit abandonner fans réferve le choix
B b