
S S ö B r f f iS
il
G . U . genio urbis : G . P . R . gloria populi
romani. V o y e z Us A ntiqu aires, & particulièrement
le Traité d’Aldus Manucius de veter. n o t.e xplan a-
tîone.
G , chez les anciens, a lignifié quatre-cents, fui- ,
van: ce vers,
G juadringentos dcmonftrativa tenebit:
& même quarante-mille\ mais alors elle étoit chargée
d’un tiret G.
G , dans le comput eccléfîaftique, eftla feptième &
la dernière lettre dominicale.
< Dans les P o id s, elle fignifie un g r o s ; dans la
Mufique, elle marque une des clefs g -r é -fo l; 8c far
• nos monnoies, elle indique la v ille de Poitiers.
{MM. Douchet 8c Beaüzêe. }
(N .) G A I , EN JO U É , RÉ JO U IS SAN T,
Synonymes.
C ’eft par l ’humeur, qu’on e f t g a i; par le c a r a c t è r e
• «fefprir, qu’on eft enjoué; 8c par les façons d’agir,
qu’on eft téjouijfant. Le trifte, le- férieux, & l ’ennuyeux
font, précifément leurs oppofés.
Notre g a ieté tourne prefque entièrement a notre
profit : notre enjouement fatisfait autant ceux avec
qui nous nous trouvons que nous-mêmes : mais
nous fbmmes uniquement réjouiffants pour les
autres.
U n homme g a i veut rire. U n homme enjoué eft
de bonne compagnie. Lin homme réjouijjant fait
rire.
3 11 convient d’être g a i dans les diverti ftements ;
^ être enjoué dans les conventions libres 3 & i l .
ftut éviter d’être réjoui f a u t par le ridicule. ( L ’abbé Girard. )
(N . ) G A I , GAIL LARD. Synonymes.
. Ce s deux adjectifs marquent également cette
cifpofition d’efprit qui fuppofo une grande liberté ,
du penchant pour la jo ie , de l ’éloignement pour la -
triftefle : c’eft en quoi ils font fynonymès. ( M . Beauzée. )
Mais G a illa rd différé de G a i} en ce qu’il préfente
l ’idée de l* gaieté jointe à celle de la bouffonnerie,
ou même de la duplicité dans la perfonne , de la
licence dans la chofè. I l eft peu d’ufage, & les
occafions où il puifle être employé avec goût font
rares.
^ O n dit très-bien, i l a le propos g a i\ 8c familièrement
, i l a le proposgaillard.
U n propos g a illa rd eft toujours g a i; un propos
g a i n’ tftpas toujours gaillard.
On peut avoir à une grille de religieufes le propos
g a i ; fi le propos g a illa rd s’ y trouvoit, il y feroit
déplacé. { M. Diderot. )
G A L A N T , adj. pris fubft. Grammaire.. Ce
paot vient de Gai, qui d’abord fignifia Gaiçté &
Réjouiffance , ainfi qu’on le voit dans Alain Chartier
8c dans Froiffard : on trouve même dans le
roman de la R o fe , G alajidé, pour lignifier orné 3
paré.
La belle fut bien atome«
Et d’un filet d’ or galand.se.
I l eft probable que le G a la des italiens & le
G alan des efpagnois font dérivés du, mot G a i , qui
paroît originairement celtique : de là fe forma in-
feniiblemenc G a la n t , qui lignifie Un homme em-
P rejjé à plaire : ce mot reçut une lignification plus
noble dans les temps de chevalerie , on- ce défit
de plaire fe fignaloit par des combats. Je conduire
ga lam m ent, f& tirer d ’ affaire^?alamment, veut
même encore dire , f e conduire en homme de coeur.
Un g a lan t homme , chez les an g lo is , fignifie
Un homme de cou rage: en France, i l veut dire
de pius Un homme à nobles procédés. Un homme
g a la n t eft toute autre choie qu’un g a lan t homme :
celui-ci tient plus de l ’honnête homme 3 ce lu i-là
fe rapproche-pius du p e t it -m a ît re , de l ’homme
à bonnes fortunes. Etre G a la n t , en général, c’ eft
chercher à plaire par des foins agréables , par des
eraprefiements fia,teurs. I l a-été créj-galanc avec
ces dames , veut dire feulement, I l a montré quelque
choj'e de p lu s que de la politeffe. Mais être U
G alant d ’ une dame , a une lignification p ius forte ;
cela lignifie Ê tr e f o n amant. Ce mot n eft prefque
pius d’ufage aujourdhui que dans les vers familiers.
Un G a la n t eft non feulement un homme à bonnes
fortunes 3 mais ce mot porte avec foi quelque idée
- de hardieffe & même d’effronterie 3 c’eft en ce fens
que L a Fontaine a' dit:
Mais un Galant chercheur de pucelages.
Ainfi , le même mot fe prend en piufîeurs fens. I l en
eft de même de G a la n te r ie, qui fignifie tantôt
coquetterie dans i ’efprit, paroles flatteufes , tantôt
préfent de petits bijoux , tantôt intrigue avec unè
temme ou piufieursj & même, depuis p eu , i l a
fignifie ironiquement fa v eu r s de V én u s . Ainfi ,
dire des galanteries, donner des galanteries, avoir
des galanteries, attraper une galanterie , font des
choies toutes différentes. Prefque tous les termes
qui entrent fréquemment dans la converfation, reçoivent
ainfi beaucoup de nuances qu’i l eft difficile
de déméier : les mots techniques ont une lignification
plus précife & moins arbitraire, ( V o ïx -
TAIRE. )
(N.) G A L A N T . B e lle s - Lettres. On appelle
poéfiesga lantes celles où domine le défir de p la ire ,
& qui expriment avec grâce un fentimènt doux 8C
léger. Rien dé paffionné , rien de fombre dans ce
genre de Poéfie : ce font les plaintes, les carénés ,
les badinages de l ’amour enfant 3 c’ eft le langage
de la fédÿL&fon qui haute ; de la volupté qui jouît 2
©U d'une fenfibilité timide qui fe décèle fans deffein ',
& qui fe défend de i ’amour. .
Sur le veftibuie du temple d’ Id a lie , l ’auteur de
la Henri-ide fembie avoir voulu peindre le concours
des poètes ga lants .
Chaque jour on les voie, le front pare de fleurs.
De leur aimable maître implorer les faveurs>
Et dans l’art dangereux déplaire & de feduire,
Dans fon temple, à l’envi , s’empreffer de s inftruire.
La flatteufe Efpérance, au front toujours ferein,
A l’autel de l’Amour les conduit par la main, A
Près du1 temple facré les Grâces demi-nues
Accordent à leur voix leurs danfes ingénues ;
La molle Volupté , fur un lit de gazons,
' Satisfaite & tranquile écoute leurs chantons.
On voit à fes côtés le Myftère en filence,
Le Sourire enchanteur, les Soins, la Complaifance ,
Les Plaifîrs amoureux, &c les tendres Défirs,
Plus doux , plus féduifants encor que les Plaifîrs.
. Parmi les anciens, Anacréon, Catulle , Ovide >
Horace dans quelques-unes de fes odes, ont ece
des poètes ga lants .
Sapho, T ib u lle , Properce, ont parlé d’amour d’un
ton plus férieux 3 & leur Poéfie a trop de chaleur
pour ne s’appeler que galante. V o y e \Élégie.
Parmi nous , l ’Épitre amoureufe , l ’Élég ie e lle -
même , n’ont prefque jamais le cara&ère d’un fen-
timent profond & paffionné : elles ne fon t, comme
le Madrigal , que l ’expreffion ingénieufe ou des
défirs ou des penfées d’une ame légèrement émue.
L à délicateffe , la fineffè, quelquefois la naïveté,
le plus fouvent un certain mélange de férieux &
d’enjouement, où l ’on croit voir 1 Amour en même
temps pleurer & rire 3 voilà ce qui caraétérife nos
Poéfies ga lantes.
Revenez charmante Verdure ,
Faites régner l’ombrage &c l’amour dans nos bois.
A quoi s’ amufe la nature î
Tou t eft encor glacé dans le plus beau des mois.
Si je viens vous prefler de couvrir ce bocage,
Ce n’ eft que pour cacher aux regards des jaloux
Les pleurs que je répands pour un berger volage.
A b ! je n ’aurai jamais d’ autre befoin de vous.
De s Roulures•
Lorfque le vieux Damon dit que d’un traie mortel
L ’âmour bleffe les coeurs, fans qu’ils ofent fe plaindre,
Que c’eft un dieu traître & cruel,
L’ amour pour moi n’eft point à craindre.
Mais quand le j eune Atys vient me dire à fon tour j
(Ce dieu n’eft qu’ un enfant , doux , careflant, aimable,
Plus beau mille fois que le jour j
Que je le trouve redoutable !
M lle, Bernard*
V o i la , pour le fentiment & poils l ’efprit, le caractère
de ces Pcc'fies.
Marot , V o itu re , Madame des Houlières dans
fes id y lle s , L a Motte dans fes odes anacréontiques,
Fon'renelle dans fes églogues , ont pris le ton de
la galanterie : M a ro t , avec naïveté 3 V o itu re , avec
l ’alfeélarion du bel efprit 3 madame des H ou lières,
avec la délicateffe du fentiment & une ingénuité
aimable 3 L a M o tte , avec tout l’efprit & le goût
qu’on peut avoir en Poéfie ..--fans être poète 3 Fonte-
n e lle , avec tous les raffinements d’une naïveté étudiée
, & toutes les recherches d’un naturel dont i l
n’avoit pas le fentiment.
M. de V o lta ire , q u i, fans jamais avoir été tourmenté
d’un amour v io len t, l ’a conçu , pour le peindre,
avec une fenfibilité fi profonde & une chaleur
fi brûlante, a excellé encore à exprimer ce fentiment
doux & paifibje , ce défir de plaire délicat 8c
lé g e r , cette fleur de galanterie , qui n’ écoit qu’ un
jeu pour fon am e , pour cette ame où l ’amour de
la gloire, ne fouffroit de rivalité avec nulle autre
pafhon. Mais une extrême mobilité d’imagination,
une facilité prodigieufe à s’affecter comme i l vouloir
& quand i l v o u lo ir , lui fefoit prendre, dans
fes Poéfies lég ère s, tantôt le tonde la Galanter ie,
tantôt celui de l ’amour férieux. ■ Son efprit & fon
goût favoient placer toutes les nuances 3 fon ftyle
prenoit toutes les couleurs. Jamais l ’àmoar paft-
fionné n’eut un peintre plus énergique 3 jamais le s
grâces nobles de la Galanterie n’eurent un peintre
plus charmant.
Mais au lieu de cette politeffe noble , de cette
tendrefïe flatteufe , quoique fe in te , qui régnoit
autrefois dans les Poéfies g a la n te s , & qui du moins
honoroit les femmes en les trompant 3 quelques
jeunes écrivains de nos jours ont pris un ton de fatuité,
qui feroit rifîble , s’i l n’ étoit pas fi pitoyable.
A les écouter, on diroit que les jolies femmes fe
les difpucent , qu’ils ne favent à laquelle, entendre ,
& qu’ils leur demandent du relâché, fatigués de tant
de conquêtes & excédés de tant de faveurs. ( M . M a r -
MORTEL.)
(N . ) G A L IM A T IA S , f. m. V ic e de ftyle ,
oppofé à la netteté , & qui confifte dans un mélange
confus de paroles & d’idées incohérentes , que l ’ on
néfâuroit entendre quoiqu’elles femblent dire quelque
chofe.
L e caractère de cette forte de vice , c’ eft l ’obf»
cùricé : non cette obfeurité. qui vient de l ’ignorance
des circonftances hiftoriques , auxquelles un
écrivain fait quelquefois allufion & que fes commentateurs
devinent tantôt heureufement & tantôt
d’une manière impertinente 3 ni cette autre
forte d’obfcurité qui gâte l ’élocution, & qui vient
d’un mauvais arrangement de paroles, d une conl-
truéüon lo u ch e , d une équivoque , ou d’un mot
barbare 3 mais une obfeurité qui eft dans la penfee
même, que ceux qui lifent ou qui entendent ne peuvent
concevoir, parce que celui qui parle ae la