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feiubloit. a peine mériter un article ; cependant on
a été forcé de s’y arrêter un peu : rien n’eft à mé-
prifer dans les arcs ; les moindres règles font quelquefois
d’un très-grand détail. Cette obfervation ferc a juftifier Pimmenfité de ce dictionnaire , & doit
inlpirer de la reconnoiflance pour les peines pro-
digieufes de ceux qui ont entrepris un ouvrage ,
leque l doit rejeter à la vérité toute déclamation,
tout paradoxe, toute opinion hafiirdeufo , mais qui
exige que tout foit aprofondi. ( VOLTAIRE.)
H E N D E C A S Y L L A B E , f. m. Littérature,
terme de P o é jie grèque & latine. Vers de onze
fyllabss. V o y e z Vers.
C e mot eft grec 8c compofë d’e»«Tsxcd, on^e, & de
<rvw*lu.$a.nù, j e comprens. Les vers faphiques &
les vers phaleuques font HendécafyUabes.
Saph. Jamfatis terris nivis atque dira.
Phaî. P ajfer mortuus ejï mea puella. -
O n donne plus communément le nom d’Hendéca-
fy lla b e à cette dernière efpèce, la première étant
plus particulièrement affeélée à l ’Ode & au genre
lyrique. Ces HendécafyUabes font les plus doux des
vers latins. L e lecteur en jugera par ceux de Catulle
fur la mort d’un moineau.
Lugete, ô Ve ne res, Cupidinefque,
L t quantum ejt hominum yenujliorum ,•
JPaJfer mortuus ejt mea puella ,
1?ajfer délie.a mea puella,
Quem plus ilia oculis fuis amabat ;
JS'am melli tus erat, fuamque norat
Ipfam , tam béni quam puella, matrem;
ISec fefe a gremio illius movebat :
Sed circumjiliens modo hue, modo illuc ,
A d totam dominam ufque pipilabat.
Qui ruine it per iter tenebricofum ,
I llu c unde ne gant redire quemquam.
A t vobis male f i t , mala Tenebra
Orci , quai omnia bella devoratis ;
Tam hélium mihi pajferem àbjîulijtïs.
O Jaâum male ! 6 mifelle P ajfer !
T uâ mine - opéra mea puella
Flendo turgiduli rubtnt ocelli.
I l eft Vraifonablable que Ca tu lle aurolt perdu
beaucoup , s’i l eut pris l ’hexamètre ou le penta- j
mètre , ou Flambe , au lieu de YHendécafyllabe,
qui a fé a l cette firoplicité profaïque qui va fi bien
avec le fentimen:. [L e chevalier DE J a u c o u r t . )
( N . ) H E N N ÉH ÉM IM È R E , adj. Compofé de
neuf dem:—parties. C eft un terme de Poéfie grèque
& latine , qui fe dit principalement d’une céfure
placée après neu f demi-pieds ou quatre pieds- &
d em i, & coniequemment au milieu du cinquième ;
comme dans ce vers de V irg ile . ( Æ n . iv /6 6 7 .)
Lamen\tisgemi\tuque & Ifeemine|o-ülü|latu.
H É R
Ce mot eft g re c , & a pour racines tma.-, novetrt
( n euf)tf îi^uo-ùs j dimidius [ demi ) , & p.toos, pars:
( partie ). ( A ï. B e a u z é e . ) '
* H E PH TH ÉM IM È R E , adjeél. Semifepte-
narius. Qui a la moitié de fept parties, ou Qu i eft 1 la moitié de fept parties. Ce mot eft compofé
des trois mots grecs j h r k , f e p t , '■ npurvs, demi , &
p-tpos, partie.
Dans la Poéfie grèque & latine on diftingue le
vers hephthémimère, & la céfure hephthémimère.
L e vers hephthémimère a la moitié de fept pieds,
ou trois pieds & une fyllabe ; comme dans Anacréon
f
©€Àw J ÀsT£/y J ArpsV f d'as
©6Àû) j fi.tr/ « j «Teîy, &c.
Boece a fait des vers ïambiquës dimètres , défectueux
d’une fyllabe à la fin , & qui par là font de
véritables vers hephthémimère s à la manière d’A -
nàcréon :
Hahet om- nis hoc vôlupr-
Stimulés agit fur en-
Ap ium que p a r volan-
TJbi gra - ta mel- la f u -
F u g it , & nimis tena-
F er it là - ta cor- d a mor-
L a céfure hephthémimère eft ce lle qui commence
le quatrième p ie d , & qui eft par conféquent le
feptième demi-pied ; & quand cette fyllabe feroic
brève de fa nature, elle devient longue par cette
pofirion j comme dans ce vers de V irg ile . ( Æ n . x .
8 7 - ) - •• ■ ;
E tfu r i | is agi\ tatus a\morch& \ confcia\virtus.
V . C é s u r e , H e n n é h é m im è r e , T r ih é m im è r e .
( M . B e a u z é e . ) ‘
* H É R O S , G R AN D ^H OM M E . Syrien.
( *[L’un & l ’autre ont dès qualités brillantes , qui
excitent l ’admiration des autres hommes , & qui
peuvent avoir une grande influence fur le bien
public : mais l ’un eft bien différënt de l ’autre*
( M . B e a u z é e . )
11 femble que le Héros eft d’un feul métier ,
qui eft celui de la guerre ; & que le Grand-Homme
eft de tous les métiers , ou de la Robe ,- ou de
l ’É p é e , ou du Cab in et, ou de la Cour : F un&
l ’autre' mis enfemble ne pèfent pas un homme de
bien.
Dans la guerre , la diftin&ion entre le Héros
& le Grand-Homme eft délicate : toutes les vertus
militaires font l ’un & l ’autre. I l femble néanmoins
que le premier foit jeune , entreprenant ,
d’une haute valeur , ferme dans les p é r ils , intré-
H É T
•pile' ; que l ’autrè excelle par un grand fens, par
une valte prévoyance > par une haute capacité, &
par une longue expérience. Peut-être qu’Alexandre
n’écoit qu’un Héros, & que Céfaii étoit un Grand-
Homme. ) ( L a. Bruyère , chap. z. )
L e terme de Héros dans fon origine étoit con-
facré à celui qui réiiniffoit les vertus guerrières aux
vertus morales & politiques ;■ qui foutenoit les
revers avec conftance , & qui affrontoit les périls
avec- fermeté. L ’Hérdifme fuppofoit le Grand-
Homme. Dans la lignification qu’on donne à- ce
mot aujourdhui, i l femble n’ être uniquement con-
facré qu’aux guerriers qui portent au plus haut
degré les talents & les vertus militaires ; vertus
qui Couvent, aux yeux de la Sage ffe, ne font que
des crimes heureux qui ont ufurpé le nom de
vertus au lieu de celui de qualités. --
O n définit un Héros , un homme ferme contre
les difficultés ,. intrépide dans le p é r i l, & très-vaillant
dans les combats j qualités qui tiennent plus
du tempérament & d’une certaine conformation des
organes, que de la noblefte de l’ame. L e Grand-
Homme eft bien autre chofe : i l joint aux talents
& au génie la plupart des vertus morales 3 i l n’a
dans fa conduite que de beaux & de nobles motifs j-
i l n’envifage-, que le bien- public, la gloire- de
fon prince , la profpérké de l ’É ta t , & le bonheur
des peuples. L e nom de Céfar donne l ’idée d’un
Héros (x) 3 celui de Trajan , de Marc-Aurèle , ou
d’A lfrèd e , nous préfente un Grand-Hommes Titus
réuniftoit les qualités du Héros & celles du Grand-
Homme.
L e titre de Héros dépend du fuccès : celui de
Grand-Homme n’en dépend pas toujours j fon principe
eft la vertu, qui eft inébranlable dans la prof-,
périté comme .dans les malheurs. L e titre■ de
H é ro s .ne peut convenir qu’aux guerriers : mais i l
n’ eft point d’état qui ne puiffe prétendre au titre
fublime de Grand-Homme j le Héros y a même
plus de droit qu’un autre.
Enfin l ’humanité , la douceur , le patriotifme ,
réunis aux talents.-., font les -vertus d’un Grande
Homme ; la bravoure , le xouràge. ^Couvent la témérité
, la connoiflance de l’art de la guerre, & le
génie militaire, caraftérifent davantage le Héros:
mais le parfait Héros eft celui qui joint. à toute
la capacité & à toute la valeur, d’un grand capitaine
, un amour & un défir fincère de la félicité
publique. ( L e chevalier DE J AU COURT. )
H É T É R O C L IT E , adj; Gra mm. Le s grammairiens
appellent ainfi les noms & les àdjedtifs,
, ,(1) Voici <fur Céfar un jugement différent de celui de
La Bruyère : & je le crois, meilleur. I l eft vrai qu’il y a
de la différence entre Céfar & Alexandre j mais ce qu’il
en faut conclure, c’eft qu’Àlexandre étoit moins Héros
que Çcfar , & que peut-.etre il ne l’étoit point du tout.
Au réfte, La Bruyère ne confidéroit l’ homme fous ces
deux afpefts, que par raport à la guerre; ici, c’eft par ra-
pOTC à l’humanité. ( M . B e AVZSS.)
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qui s’écartent en quelque chofe des règles de la-
déclinaifon à laquelle iis appartiennent ; au lieu
qu’ils appellent anomaux les verbes qui ne fui-
vent pas- ex? die ment les lois de leur conjugaifou.
V o y e^ A nomal.
L ’idée commune attachée ' à cés deux termes eft:
donc ce lle de l ’irrégularité j ce font deux dénominations
fpécifiques attribuées à différentes efpèces
de mots , & également comprifes fous la dénomination
générique d’irrégulier. C ’eft donc fous ce
mot qu’i l convient d’examiner les caufes des irrégularités
qui fe font introduites dans les langue«.
V o y e i Irrégulier.
Pour ce qui concerne les anomaux & les Hétéroclites
propres à chaque langue , c’eft aux grammaires
particulières qui en traitent à les faire con-
noître : les Méthodes de P. R. ont aflez bien
rempli cet objet à l ’égard du g r e c , du la tin , de
l ’italien , & de l ’efpagnpl.
L e mot Hétéroclite eft compofé de deux mots
grecs , "ripas, autrement, & xà/ïm , décliner ,• de là
l ’ interprétation qu’èn Fait Prifoien , lïb. x v i j de
conflr. IrCpcKAira , dit-il , id eft diverficlïnia, des
mots qui fe déclinent autrement que les paradigmes
avec lefquels iis ont de l ’analogie. ( ikf. B é a u z é e . )
H É T É R O G È N E , adj. Grammaire. On appe
lle ainfi les noms qui font d’un genre au,fin-_
g u l i e r & d’un autre auplu riel. RR. "repos, a u tr e ,
& yé'/os, genre. Voye% G enre , n°.: y . ,
Quoiqu’on ne trouve dans cet article que des
exemples latins , i l ne faut pas croire que le ternie
& le fait qu’i l défigne foient exclufivement propres
à la langue latine. On trouve plufîeurs noms hétérogènes
dans, la langue grèque : 0 Ip/lpis, remus ;
r i epe’lp . i , remi : o' .xvxAof., cirçulus ; oî xvxào/ & roî
xuxAi , cir cu it, &c. V o y e% le ch. v i i j , liv . i j de
la Méthode grèque de P. R.
Notre langue elle-même n’eft pas fans exemple
de cette efpeçe : délice au fingulier eft du genre
mafoulin 5 quel d élice, c ’e fl un grand délice : le
même nom eft du genre féminin au p lu r ie l, des
délices infinie s .
L a langue italienne a aufli plufieurs noms hétérogènes
, qui mafeulins & terminés en o au fingulier
, font féminins & terminés en a au pluriel :
i l braccio , le bras 5 le braccia, les bras j Vojfo ,
l ’os ; le o jfa , les os \ i l r ifo , le ris \ le rifa , les
ris j T iio v o , l ’oeuf; le ilo va, les oeufs , &c. V o y .
le Maître italien de V en eron i, traité des n e u f
parties d 3oraij'on, ch. i j des noms en o ; & la
Méthode italienne de P. R. part. I , chap. v ,
régi. v ij.
En un mot , i l peut fe trouver des hétérogènes
dans toutes les langues qui admettent la diftinélion'
des genres ; la feule inftabilité de l ’ufage fuffic
pour y en introduire. ( M . B e a u z é e . )
H E X AM È T R E , Littéral. I l fe dit d’un veis
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