
naifon : mentem eft à l ’accufatif, parce qu’i l eft
le complément de la prépofîtion in .
In mentem ( dans l ’efprit ) eft la totalité du
complément circonftanciel de terme du verbe veniat ,
qui doit par conféquent précéder in mentem dans
l'ordre analytique.
V o ilà donc trois compléments du verbe veniat :
le complément circonftanciel de temps , toties
quotiefcumque fa c iè s gradum ; le complémenr
re la tif tibi 3 8c le .^complément circonftanciel de
terme in mentem : tous trois doivent être après
veniat dans la conftrudtion analytique ; mais dans
quel ordre ? L e complément relatif tibi doit être
le premier, parce qu’i l eft le plus court 3 le
complément circonftanciel de terme in mentem,
doit être le fécond , parce qu’i l eft encore plus
court que le complément circonftanciel de temps
toties quotiefcumque fa c iè s gradum ; celui - ci
doit être le dernier , comme le plus long.
Voye-{ C o m p l é m e n t .
Ainfî , u t recordatio virtumm tuarum veniat
tib i in mentem toties quotiefcumque fa c iè s gradum
( que le fouvenir des vaillances tiennes vienne
à toi dans l ’efprit autant de fois combien de fois
tu feras un pas ) , c’ eft la totalité de la propofition
incidente détermihative de l ’antécédent fouf-
entendu hune finem : e lle doit donc, dans l ’ordre
analy tique , être à la fuite de l ’antécédent hune
fin em .
I l y a donc de foufentendu hune finem. Hune
( cette ) eft à l ’accufatif fingùlier mafculin de
î ’adjeétif hic , heee , hoc. Hune eft à l ’accufa-
t i f fingùlier mafculin pour s’accorder en c a s , en
nombre, & en genre avec le nom f in em , auquel
i l a un raport d’identité; Finem ( fin J 'e f t à Faceufatif fingùlier mafculin de f in is , f s , nom mafculin -de la troifième déclinaifon. ( Hoye\
G e n r e , n. I V . ) Finem eft à l ’accufatif , parce
qu’i l eft le complément grammatical de la prépo-
fition foufentendue in : finem eft auffi l ’antécédent
grammatical de la propofition incidente déterminat
ive ,. ut recordatio virtutum tuarum veniat tibi
in mentem toties quotiefcumque fa c iè s gradum ;
8c hune finem ( cette fin ) en eft l ’antécédent
logique.
Hune finem ut recordatio virtutum tuarum ven
ia t tibi in mentem toties quotiefcumque fa ç ie s
gradum ( cette fin que le fouvenir des vaillances
tiennes vienne à toi dans l ’efprit autant de fois
combien de fois tu feras un pas) ; c’eft le complément
logique de la prépofîtion foufentendue in ,
leq u e l doit être après in par cette raifon.
I l y a donc de foufentendu in ( à ou pour ) , qui
eft une prépofîtion dont le complément eft ici à
J/accufatif, .parce qu’e lle exprime un raport de
tendance vers un terme moral.
In hune finem ut recordatio virtutum tuarum y e niât tibi in mentem toties quotiefcumque fa c iè s
gradum ( à cette f in que le fouvenir des vaillances
tiennes vienne, à toi dans l ’efprit autant de
fois combien de fois tu feras un pas ) ; c’eft la
totalité du complément circonftanciel de fin du
verbe prodis ; donc l ’ordre analytique doit mettre
ce complément après prodis,
Pro quâ eaufâ ne prodis in hune finem ut recordatio
virtutum tuarum [veniat tibi in mentem toties
quotiefcumque fa c iè s ' gradum ( pour la quelle
caufe tu ne vas pas publiquement à
cette f in que le fouvenir des vaillances tiennes
vienne a toi dans l ’efprit autant de fois combien
de fois tu feras un pas ) 3 c’eft la totalité^ de la
propofition incidente’ déterminative de l ’antécédent foufentendu caufam , & doit conféquemment fui-*
vre l ’antécédent caufam dans l ’ordre analytique.
Caufam pro quâ eaufâ ne prodis in hune finem
u t recordatio virtutum tuarum veniat tibi in
mentem toties quotiefcumque fa d e s gradum ( la
caufe pour laque lle caufe tu ne vas pas publique**“
ment à cette f in que le fouvenir des vaillances tiennes
vienne à toi dans l’efprit autant de fois combien de
fois tu feras un pas ) 3 c’eft le complément objeétif
logique du verbe interrogatif foufentendu die ,• &
doit par conféquent être après ce verbe dans la conllruétion analytique.
S p u r i, que l ’on a déjà dit le fujet grammatica
l de la fécondé perfonne , eft donc le fujet
grammatical du verbe foufentendu d ie 3 & par con-*
lequent F ili mi , Spuri (F i ls mien', Spurius) en eft
le fujet logique : donc F ili m i, Spuri doit précéder
die dans l ’ordre analytique.
V o ic i donc enfin la conftruétion analytique 8ç
pleine de toute la propofition : F ili m i, S p u r i, diç
caufam pro quâ eaufâ ne prodis in hune finem u t recordatio
virtutum tuarum, veniat tibi -in mentem
toties quotiefcumque fa d e s gradum ?
En voici la traduction littérale qu’i l faut faire
faire à fon élève mot à m o t , en cette manière : Fil!
m i, Spuri ( F i ls mien, Spurius ) , die ( d is ) caufam
( la caufe) pro quâ eaufâ ne prodis ( pour laquelle
caufe tu ne vas pas publiquement ) in hune finem ( à
cette fin ) ut (que) recordatio [le fouvenir) virtutum
tuarum ( des vaillances tiennes ) veniat ( vienne ) tibi
( à toi ) in mentem ( dans l ’efprit ) toties ( autant de fois ) quotiefcumque [ ç ombien de fois) fq e ie s
( tu feras ) gradum ( un pas ) ?
En reprenant tout de fuite cette traduction littérale
, l ’élève dira : Fils mien , Spurius disvla caufe
pour laquelle caufe tu ne vas p a s publiquement à
cette fin que le fouvenir des vaillances tiennes vienne
à toi-dans Vefprit autant de f o i s combien de f o i s
tii fe ra s un p a s ?
Pour faire paffer enfuite le c om m e n ç a n t de cette
traduction littérale à une traduction raifonnable &
conforme au génie de notre la iîgue, i l faut l ’y
préparer par^quelques remarques; Par exemple ,
i ° . que nous imitons les latins dans nos tours
interrogatifs
interrogatifs, en fupprimant, comme eux, le verbe
interrogatif & l ’antécédent du mot conjon&if par
lequel nous débutons ( voy.e% I n t e r r o g a t i f ) ;
•qu ici par conféquent nous pouvons, remplacer leur
iquin par que n e , & que nous le devons, tant pour
iuivre le génie de notre langue , que pour nous
rapprocher davantage de l’original, dont notre
■ verfïon doit être une copie fidele : %°, qu’ aller
'publiquement ne le dit point en françois, mais
que nous .devons dire paroître , f e montrer en p u blic
: 30. que., comme il feroit indécent d’appeler
nos enfants mon Jacques., mon Pierre , mon Jo-
f e p h , il feroit indécent de traduire mon Spurius ,*
que nous devons dire comme nous dirions à ,nos
enfants, mon f i l s , mon en fa n t, mon cher f i l s ,
mon cher e n fa n t , ou ,du moins mon cher S p u r
iu s : 4°. qu’au lieu de â cette f in q u e , nous
difïons autrefois à icelle f in que , à celle f in que ,•
mais qu’aujôurdhui nous difons afin que : que
mous ne fournies plus dans l ’ufage d’employer les
HdjeCfcifs mien, t ie n , Jien avec le nom auquel ils
ont raport , comme nous fefions autrefois , &
■ comme font encore aujourdhui les italiens , qui
difent i l mio libro , la mia ca fa ( le - mien
livre , la mienne maifon ) ; mais que nous employons
les articles pofTeflifs mon , ton , fo n ,
notre, votre, lèur; qu’ainfî , au lieu de dire des
vaillances tiennes , nous devons dire de ses
vaillances : 6 °. que la métonymie de vaillances
pour actions courageufes, n’eft d’ufage que dans
le langage populaire, & que, fi nous voulons con-
ferver la métonymie de l ’original, nous devons '
mettre le mot au fingùlier & dire de ta v a illan
ce , de son courage , de ta bravoure , comme
a fait l ’abbé d’Olivet [ P e n f de Cic. chap. xij.
Pag° 359 ) : 7°. que, cmand le fouvenir de quelque
choie nous vient dans l ’efprit par une caufe
qui précède notre attention & qui eft indépendante
de notre choix , i l nous en fouvient 3 ic que
c eft precifément le tour que nous devons préférer ,
comme plus court & par la plus énergique 3 ce qui
remplacera la valeur .& la brièveté de l ’ellipfé
latine. r
D e pareilles réflexions amèneront reniant à dire
comme de lui-même : Que ne parois- m en p u b lie ,
mon cher Spur ius , afin qu’à chaque p a s que m
fe ra s , i l tefouvienne de ta bravoure ?
Cette Méthode d’explication fuppofe , comme
«n v o i t , que le jeune élève a déjà les notions
oont on y fait ufage 3 qu’ i l connoît les différentes
parties de l’ oraifon & celles de la propofition j
il a des principes fur les métaplafmes , fur les
tropes, fur les figures de conftru&ion, à plus
orte raifon fur les règles générales & communes
e a Syntaxe. Cette provifion va paroître im-
anen e a ceux qui font paifiblement accoutumés à
voir les enfants faire du latin fans l ’avoir apris : ;
a .ceux q u i., voulant recueillir fans avoir femé, i
que les, procédés ont des apparmenv
ux dëpens IrRéMM, E T L de la f i x i t é , i t t é r a t , Tome I I ,
des progrès j & â ceux enfin q u i , avec [les intentions
les plus droites & les talents les plus décidés, font
encore arrêtés par un préjugé qui n’eft que trop
répandu, lavoir que les enfants ne font point en
état de raifonner , qu’ils n’ont que de la mémoire,
& qu on ne doit faire fonds que fur cette faculté à leur
égard.
Je réponds aux premiers: i° . Que la multitude
prodigieufe de réglés & d’exceptions de toute
efpece qu i l faut mettre dans la tête de ceux que
1 on introduit au latin par la compofition des thèmes
, furpaffe de beaucoup la provifion de principes
raifonnables qu’exige la Méthode analytique.
1 • Que leurs Rudiments font beaucoup plus difficiles
à aprendre & à retenir, que les livres élémentaires
neceffaires a cette M.éthode : parce qu’i l
n’y a d’une part que défordre, que fauffeté , quin-
conféquence , que- prolixité j & que de l ’autre toiit
eft en ordre , tout eft v r a i, tout eft l i é , tout eft
neceffaiie & précis. 30. Que l ’application des rè-
gLes quelconques , bonnes ou mauvaifes , à la com-
pofition des thèmes , eft épineufe , fatiguante ,
captieufe j. dementie par mille & mille exceptions ,
& déshonorée, non feulement par les plaintes des
Savants les plus refpeélables & des maîtres les
plus habiles , mais même par fes propres fuccès ,
qui n’abbutiffent enfin qu’à la ftruéture méchanique
d un jargon- qui n’eft pas la langue que l’on vou-.
lo it aprendre 3 puifque , comme l ’obferve judicieu-
fement Quintilien , aliud eft grammaticè, a liud
latinè loqui : au lieu que l ’application de la M é thode
analytique aux ouvrages qui nous relient du
bon fiecle de la langue latine , eft uniforme &
par conféquent fans embarras , qu’e lle eft dirigée
par le dilcours même qu’on a fous les ieux , &
conféquemment exempte des travaux pénibles de la
production, j ai prefquedit de l ’enfantement ; enfin
que , tendant directement à l ’intelligence de la langue
te lle -qu on 1 é c r ivo it, elle nous mène fans
détour au v r a i, au foui but que nous devions nous
propofer en nous en occupant.
Je réponds aux féconds, à ceux qui veulent retrancher
du aéceffaire , afin de recueillir plus tôt
les fruits du peu qu’ ils auront femé, fans même
attendre le temps naturel de la maturité : Q u e
l ’on affoiblit les plantes & qu’on les détruit en
hâtant leur fécondité contre nature j que les fruits
précoces qu’on en retire n’ont jamais la même fa-
! v e u ï ni la même falubrité que les autres*, fi l ’on
n’a recours à cette culture forcée & meurtrière 3 &
' que la feule culture raifonnable eft ce lle qui ne
j néglige aucune des attentions exigées par la qualité
des fujets & des circonftances, mais qui attend
patiemment les fruits - fpontanés de la nature fécondée
avec intellig ence, pour les recueillir enfuite
avec gratitude.
Je -réponds aux derniers , qui s’imaginent que les
enfants en général ne font guères que des automates
: Qu’ ils font dans une erreur capitale , &
démentie par mille expériences contraires. Je nç
Y y y