
grèques & latines que les italiens ont prifes., eii
ce que le fon de celles-ci eft coupé.net par 1*articulation
de Y n ou de Y m , au lieu que nous la if-
fons retentir le fon des nôtres jufqu à ce qu’il
expire ; & l'articulation qui le termine eft prelque
inlenfible à l'o re ille . Ceux qui nous en font un
reproche fuppofent que le fon n a f a l eft un Vilain
fon , & en effet, ce fon eft défagré.able à l'o reille ,
lorfqu’i l n'a pas un timbré pur : fur quoi l ’on peut
faire une obfervation aflez fingulière : c'eft qu’un
homme à qui l’on reproche de parler ou de chanter
du n e z , fait précisément tout le contraire , je veux
dire qu’i l a dans le nez quelque difficulté habituelle
ou accidentelle qui s’oppofe au paffage du fon n a f a l ,
& qui le rend pénible & dur.
L e fon n a f a l , de fa nature , reffemble au reten-
tiffè trient dû métal ; & quand l ’organe eft bien
d ifpo fé, Ce timbre de la voix ne la rend que plus
harmônieufe. Mais alors on confond ce refeiitiffe-
menc pur de la voix avec la voix même : i l ne
fait qu’un fon avec elle ; au lieu q u e , s’i l eft pénible
, obfcur, & en un mot déplaifant à l ’o r e ille ,
On aperçoit ce vice', qui n’eft pas dans la voix ,*
mais dans l ’organe auxiliaire ; 8c pour en désigner
la caufe, on appelle cela p a r l e r d u ne% , c h a n t e r
d u 72«??. Mais autant le fon de la n a f a l e eft déplâtrant.
lorfqu’i l eft altéré par quelque vice de
l ’organe , autant i l eft agréable lorfqu’i l eft pur ;
& l ’on verra, dans Y a r t i c l e H a r m o n i e , qu’i l 1 contribue
fenSiblement à rendre une langue fonofe , &
que la nôtre lui d o i t , en pa rtie, l ’avantage d’être
moins monotone, plus m âle, & plus majeftueufe que
ce lle des italiens.
A l ’égard des conSonnes n a fa U s m \ n , i l me
Semble qu'on n’a pas allez distingué les deux fons
qu’elles font entendre : l ’u n , qui précède l ’articulation
, & qui retentit dans le nez ; l ’autre, qui
accompagne l ’articulation , & qui eft le fon pur de la
v o yelle . Que la langue appliquée au p a la is, ou que
les lèvres jointes enfemble interceptent le fon, & qû’il
s?échape p a r le nez ; vous entendez le fon n a f a l , le
bruit confus ou de Y n ou de Y m ; & ce bruit diffère de
celui qui précède l'articulation de 17, en ce que
celui- ci s'échape par la bouche & ne pafTe point
par le nez. Mais que la langue fe détache du palais
, ou que les lèvres fe féparent, le même fouffle
qui paffoit par le nez fort par la bouche', & devient
le fon pur de la v o y elle articulée. A in fi,
le Son n a f a l n’ eft pas le fon produit par l ’articulation
, mais le fon occafionné par la pofition de
la langue ou des lèvres pour articuler Y m oü Y n ;
& M. l ’abbé de Dangeau s'eft trompé lorfqu’i l a dit
que lm n?étoit qu’un h qui paffoit par le nez.
Q u ’on intercepte abfolument le fon du n e z , 8ç
qu’on articule les deux fyllabes m a 8c h a , on
entendra les deux confonnes très diftin&es l ’une dé
l'autre. L a caufe en eft que l ’application des deux
lèvres n’eft pas la même : .pour le b ,. la lèvre
inférieure prend Son appui au dfeflous de l ’inférieure ;
ÿ c pour Y m j les deqx^êvrç§ , d’un moqveiaent é g a l,
ne font que s'unir & fe détacher. L ’m 8c Y h , J
la fin d’ un m o t , ne modifient point la voyelle
précédente ; mais après avoir intercepté le fon
n a f a l , elles donnent une articulation Foible, qui
eft ce lle de 17 muet. ( E x a m e n - e , d e um - e»
( M . M a r m o n t e l . )
( N . ) N A S A L IT É , f. f. Propriété conftitutive
des fons n a f a l s , qui confifte à faire paffer par le
nez une partie de l ’air néçeSfaire à la formation de
ces fons.
M. Harduin eft le premier q u i , dans Ses R e m
a r q u e s d iv e r f e s , publiées en 1757 , & dans d’autres
écrits poftérieurs, ait rifqu.é le mot de N a -
f a l i t é ; parce que les termes abstraits font nécef-
faires à un grammairien philofophe , qui veut diSL
cuter avec précifîon & prononcer en cohnoiSfance
de caufe. J en ai fait ufage à mon tour dans l ’oc-
cafion, fans aucun Scrupule, parce que ce terme
m’a femblé être avoué par l ’ analogie : p a r t i a l ,
a n im a l , b r u t a l , f a t a l , y a j f a l , g é n é r a l , f r u g a l ,
f é o d a l , donnent p a r t i a l i t é , a n im a l i t é , b r u t a l i t é ,
f a t a l i t é , v a j f a l i t é , g é n é r a l i t é , f r u g a l i t é , f é o d
a l i t é ; de même n a f a l peut donner N a f a l i t é .
Cependant l ’abbé d’G liv e t , dans la nouvelle
édition de fa P r o fo d ie f r a n ÿ o i f e en 1767 ( a r t. III.
§. v j . ) , emploie le terme de N a f a l i t é avec toutes
les précautions qu’exige un terme nouveau rifqué pour
la première fois ; c’ eft toujours une autorité de plus.
Voyons le paifage entier ; i l contient, fur la N a f
a l i t é des v o ix , une doétrine particulière, qui mérite
d’ être examinée ici.
Après avoir établi que les terminaifons n a fa le s
font hiatus ( v o y e \ H i a t u s ) devant un mot qui
commence par une vo y e lle ; « Ce pourroit bien
» être, d it- il, l ’opinion la plus sure. Je vais ce -
» pendant hafarder une idée qui m’eft venue depuis.
» Pour peu qu’elle fût goûtée , elle ferviroit à
» diminuer le nombre des entraves poétiques , & à
» ne pas voir des hiatus où Malherbe ; ou R a -
» c in e , où Defpréaux & Quinault n’en ont point
» vu.
» Qu elle eft donc la nature des voyelles n a -
f i l e s ? Je les reconnois pour des fons vraiment
» fîmples & indivisibles; mais de là s’enfuit-il que
» çé (oient de pures 8c franches voyelles ? Pas p lu s ,
» çe me fecnble, que fi l ’on attribuoit cette déno-
» mination aux voyelles afpirées. Toute la difïé-.
» rence que j’y v o is , c’eft que , dans les afpirées ,
» la,conforme H les précède ; au lieu que , dans
» l e s . n a f a l e s , la confonne N les termine ». ~
C ’eft l ’opinion de M. du Boullay, à laque lle j’ai
répondu en expofant le fyftême des. V o ix ( if o y e z
V o i x J : mais l ’abtjé d’O liv e t la foutient à fa manière;
fuivons fon raifonnement.
« Pour caraétérifer les premières, nous avons,
» dit - i l , le terme d’ A f p ï r a t i o n : & puifqu’i l n’y
» en a point encore d’établi pour les fécondés, 0«
» me permettra celui de N a f a l i t é . Par l ’afpiration a
» l a voix remonte de la gorge dans la bouche : .
» par la 'N a f a l i t é , elle redefcend du nez dans la
»bouche. A in f i, le c a n a l.d e la parole ayant deux
» extrémités, ce lle du bas produit l ’afpiration, 8c
» c e lle du haut produit la N a f a l i t é . O r , fi 171-
» piratio.n empêche l ’hiatus, la N a f a l i t é ne l ’em-
» p ê ch e ra - t -e lle pas? C ’eft là précifément ou j’en
» veux venir. Je me pcrfuàde que les voyelles
» afpirées 8c les n a f a l e s étant, les unes aufli bien
» que les autres , non des voyelles pures & fran-
» ches , mais des voyelles modifiées, elles peu-
» vent, les unes comme les autres , empêcher 1 hia-
» tus »,
Qu’i l me foit permis de redtifier la phyfique
de l ’abbé d’O liv è t . Par l ’afpiration, l ’air fonore
pafTe de la trachée - artère dans la bouche avec
i ’explofion produite par rafpiration même : par
la N a f a l i t é , une partie de l ’air fonore fort de la
bouche par le canal du n e z , tandis que le refte
en fort par l ’ouverture même de la bouche , mais
c’eft par les deux canaux une fimple & même émif-
£on ; fi la partie qui pafTe par le nez en fort avec
explofion, i l en eft de même de ce lle qui pafTe
par l ’ouverture de la bouche , 8c cette explofion
vient de quelque mouvement organique. qui a
précédé l ’émiflion, ne pouvant jamais venir du
fimple paflage. Ainfi , l ’afpiration & la N a f a l i t é
ne font plus des modifications de même genre ; 8c
i l n’ y a plus à compter fur la parité, pour en conclure
quoi que ce puiffe être.-
En effe t, fi ces modifications étoient de même
efpèce, l ’afpiration étant une véritable articulation
, comme je l ’ai prouve en fon lieu , la N a f
a l i t é en feroit donc auffi une ; 'e lle ne pourroit
donc appartenir à la voix qui la precederoit, comme
le fuppofe notre académicien ; elle ne pouiroit
modifier qu’une voix fubféquente. Mais c'eft une
ehofe que ni l’abbé d’Olivet. ni aucun autre ne peut
ni foutenir ni concevoir : & i l n’y a pas plus de
reffemblançe entre les voix afpirees & les n a f a l e s ,
qu’entre les voyelles accompagnées de confonnes
& les voyelles longues ou b rèves, quoiqu’elles foient,
les unes auffi bien que les autres, des voyelles modifiées.
s
« A quoi bon biaifer ? continue l ’académicien.
» Ou i l faut adopter le fyftême de M. l'abbé de Dan-
» geau ; & alors t e ïh - u n i fait un hiatus, que la
» Poéfie ne peut fouffrir : ou la N a f a l i t é aura les
» mêmes prérogatives que 1 afpiration; & des lors
»point de cacophonie, point d hiatus .dans le t é in -
» u n i , quoique la deniièré confonne de t e in t foit
» muette. Quand je récite à haute voix ,■ S o u v e n t
» d e t o u s n o s 'm a u x l a r a ilo i\ eft l è p i r e , ou
» J e u n e & vaillant Hé/ûJ ,• je ne trouve pas plus1
» de rudeffe entre ^ o n - e f l , qu’ entre a n t - H e ■ : d ou
» je conclus qu’afpiiâtion & N a f a l i t é opèrent le
» même effet».
Conclufîon inconféquente , qu’on me permette
de le dire, 8c défavouée par tous ceux qui auront
l ’oreille bien organifée., L a raiCon eft l e p i r e ?
choque autant 8c de la même manière que C e
yârdeau eft tr o p l o u r d ; 8c l ’organe etoit egalement
offenfé de l ’un & de l ’autre , avant que
l ’abbé de ÏJangcau eût difcuté la nature des voix
n a f a l e s : au contraire , l ’oreille eft autant fatis-
faite de J e u n e & vaillant H é r o s , que de J e u n e
& v aillant U lo n a r q u e ; . parce que l ’afpiraiion articule
auffi nettement IV de H é r o s , que i'M
articule l ’o de M o n a r q u e . Dans on-ejl, auffi bien
que dans e a u - e f t , i l y a deux voix confécutives,
pouffées, pour ainfi aire , du même je t , qui fup-
pôfent un bâillement fouteau, & qui produifent un
Hiatus choquant : au cpntraire , dans a n t - H è , auffi
bien que dans a n t -M o , les deux voix confécutives
ne font pas contiguës;, e lles ne font pas du même
je t : l ’afpiration dune p a r t , & l ’articulation M
de l'autre , interrompent la continuité de l ’émiffion
& féparent d’une manière fenfible les deux voix con-
féçùtivès*
En vain effaîroit - on d’appuyer l ’opinion que
j’attaque , par les. exemples de Malherbe , de Racine,
de Defpréàux , de Quinault. L ’abbé d’O liv e t
a prouvé lui-même que Racine n’ étoit pas impeccable
:• 8c en général les plus grands hommes font
toujours des hpmmes ; leurs fautes ne font donc toujours'
que des fautes, elles ne doivent jamais devenir
dès principes.
Auffi vainement allègue - t - on les cas , où Y n
qui marque une N a f a l i t é finale fe prononce avec
explofion devant une vo y e lle , comme o n -w - a r r iv a ;
quelquefois même , en fupprimant tout à fait la
N a f a l i t é , comme d iv i - n - a m o u r . Dans le premier
cas , c’eft une 72 euphonique introduite entre o n
8c a r r i v a , précifément^pour fauver l ’hiatus que
l ’abbé d’ O liv e t s’efforce de n’y pas voir ; & le
choix de cette n porte fur l ’analogie de cette confonne
, qui eft n a f a l e , avec la N a f a l i t é de la
vo y e lle précédente : quand notre Orthographe au-
roit admis un accent n a f a l au lieu de n , l ’analo
g ie n’auroit pas dû choifîr, pour l ’exemple dont
i l s’a g i t , une autre lettre euphonique . que cette
confonne. Dans le fécond cas. , l ’horreur pour
l ’hiatu-s eft allée . jufqu’ à altérer le mot d i v i n ,
dont i l ne refte que t l iv i ; 8c il n’y a d’autres tracés
d e là N a f a l i t é finale de ce mot., que la confonne
n a f a l e n , introduite entre les. deux mots, ou fubf-
tituee , fi l ’on, v eu t, à la N a f a l i t é de 17 : c’ eft
la règle générale dé prononciation , toutes les fois
qu’un nom eft précédé immédiatement de fon ad-
jè & i f , dont la dernière .fyllabe eft n a f a l e ; ainfi.,
b o n e n f a n t > m o n a m i , e n p l e i n , é t é , fe prononcent
b 0 - n - e n f a n t , m a - n - a m i y e n p l e i - n - é t é .
( M . B E A p Z É E f ] , !
( N . ) N A T I F , N É . S y n o / iy m e s .
O n diftingue N a t i f de N é , en ce que N a t i f
fuppofe domicile fixe des parents, au lieu que N é
fuppofe. feulement naiffance. C e lu i qui naît dans
un endroit par accident, eft n é dans cet endroit j,