
L e s premiers étoient compris fous le nom de Jeux
circenfes , & de J eu x fcéniques : parce qub les
v uns étoient célébrés dans le cirque ; & les autres ,
liir la (cène. A l ’égard des Jeux confacrés aux
dieux j on les divifoit en J eux ƒ acres, en Jeux
v o tif s , parce qu’ils le fefoienc pour demander quelque
grâce aux dieux ; en Jeux funèbres , & en
J e u x divertijfants , comme é to ie n tp a r exemple,
\ z s J e u x compitaux.
Le s rois réglèrent les Jeux romains pendant^
l e temps de la royauté} mais après qu’ils eurent
été chalTés de Rome, dès que la république eut
pris une forme régulière, les confuls & les préteurs
préfîdérent aux Jeux circenfes , apollinaires,
Séculaires. Les édiles plébéiens eurent la direction
des Jeux plébéiens ; le préteur ou les édiles cu-
rules , c e lle des Jeux dédiés à Cé rès, à A p o llo n ,
à Jupiter, à Cyb è le , & aux autres grands dieux ,
fous le titre de J eu x mégaléjîens.
Dans ce nombre de {pe&aeles publics, i l y en
avoit que l ’on appeloit fpécialement Jeux romains, & que l ’on divifoit en grands, magni, & très-grands,
maximi.
L e Sénat & le peuple ayant été réunis, l’an 3 87,
par l’adreffe & l ’habileté de Camille, la joie fut
fi. vive dans tous. les ordres , que , pour marquer
aux dieux leur reconnoiffanfee de la tranquillité
dont ils efpéroient jouïr, le Sénat ordonna que
l ’on fît de grands Jeux â l’honneur des dieux, 8c
qu’on les foiennisât pendant quatre jours, au lieu
qu’auparavant les J eux publics n’avoient eu lieu
que pendant trois-jours j & ce fut par ce changement
qu’on appela L u d i maximi les J eu x qu’on nômmoit
auparavant L u d i magni.
O n célébroit chez le s romains des J e u x , non
feulement à l ’honneur des divinités qui habiroient
l e c iel , mais même à l ’honneur de 'ce lle s qui
régnoient dans les enfers ; & les Jeux inftitués pour
honorer le s dieux infernaux étpient de trois fortes,
connus {bus le nom de taurilia, compitalia, & teren-
t in i Lu d i.
Les J eu x fcéniques comprenoient toutes les
repréfentations qui fie fefoient fur la {cène. Elles
çonfiftoient en tragédies , comédies, fatÿres, qu’on
repiéfentoit fur le théâtre en l ’honneur de Bacchus,
de Vénu s, & d’A po llon . Pour rendre ces diver-
tiffements plus agréables, o n les préludoit par des
danfeurs de corde, des voltigeurs, & autres fpec-
tacles pareils : enfiuite on introduifit fur la ficène
le s mimes & les pantomimes, dont les rômains
s’ enchantèrent dans les temps où la corruption chaffa
le s moeurs & la vertu.
Le s J eu x fcéniques û’avoient point de temps
marqués, non plus que ceux que lès confuls & les
empereurs donnoien: au peuple pour gagner fa
bienveillance , & qu’on célébroit dans un amphithéâtre
environné de loge s & de balcons} là fe
donnoient des combats d’hommes ou d’animaux. Ces
Jeufc étoient appelés a son q lç s ; & quand on couroic
dans le cirque, equeflres ou curules. Les premiers
étoient confacrés à Mars & à Diane} les autres, â
Neptune & au Soleil.
L es Jeux fëculair es en particulier ne fe célébroienC
que de cent ans en cent ans.
O n peut ajouter ici les J eux ac ïiaq ue s, ait-
g u jla u x , 8c p a la tin s , qu’on célébroit a l ’honneur
a’Âugufte } les nérqniens, à l ’honneur de Neàon;
ainfi que les J eux à l ’honneur de Commode ,
d’Adrien , d’Antinous , & tant d’autres imaginas fur
les mêmes modèles.
Enfin , Iorfque les romains devinrent maîtres du
monde, ils accordèrent des J eux a la plupart des
ville s qui en demandèrent 5 on en trouve les noms
dans les marbres d’Arondel, & dans une infeription
ancienne érigée à Mégare, dont parie M. Spon dans
fon voyage de Grèce:.
Comme les édiles, au fortir de charge, donnoienC
toujours des J eu x publics au peuple romain; ce
fut entre L u çu lle , Scaurus , Lentulus , Hortenfius,
C . Antonius, & Muræna, à qui porteront le p lus
foin la magnificence : l ’un avoir fait couvrir le
ç iel des théâtres de voiles azurés ; l ’autre avoit
couvert l ’amphithéâtre de tuiles de çuivre furdo-,
ré e s , &c. Mais Céfar les furpafla tous dans les
J eux funèbres qu’i l fit célébrer à. la mémoire de
fon père : non content de donner les vafes 8c toute
la fourniture de théâtre en argent , i l fit paver
l ’arène entière de lames d’argent ; « de forte , dit
» P lin e , qu’on vit pour la première fois les bêtes
» marcher & combattre fur ce métal ». Cet excès
de dépenfe de Céfar étoit proportionné à fon excès
dambition; les édiles qui l ’avoient précédé n’afpi-
1 oient qu’au confulat, & Céfar afpiroit à l ’empire,
( L e chevalier DE Ja u COURT. )
( N . ) J O I E , G A IE T É . Synonymes.
L a Joie eft dans le coeur ; la G a ie té eft dans
les manières : l ’une confîfte dans un doux fenti-
ment de Famé; l ’autre , dans une agréable fituation 4’efprit. |
I l arrive quelque fois que la poffefllon d’un
bien, dont l ’efpérance nous avoit caufé beàucoup
de Joie , nous procure beaucoup de chagrin. I l
ne faut fouvent qu’un tour d’imagination , pour faire
fuccéder une grande G aieté aux larmes qui paroiffenq
les plus amères. ( L ’ abbé G i r a r d . ) '
Ces deux mots marquent également une fitua-?
don agréable de l ’am e , caufee par le plaifir ou
par la poflfeflion d’un bien qu’elle éprouve. Mais
la Joie eft dans le coeur ; & la G a ie té , dans les
manières. L a Joiç çonfifte dans un fentiment de.
l ’ame plus fo r t , dans une fatjsfa&ion plus pleine ;
la G a ieté dépend davantage du caractère , de l ’humeur,
du tempérament: l ’une , fans, paroîcre tou-»
jours au dehors, fait une vive impreffion au dedans;
l ’autre éclate dans les ieux & fur le viiage. On
agit par la G a k t é ) oa eft affeété par la foie . 9 - * T.pï
L e s âeprés de la G a ie té n e . font ni bien vifs
n i bien étendus : mais ceux de la Joie peuvent être
portés au plus haut période ; ce font alors des
tranfports , des raviffements , une véritable ivreffe.
Une humeur enjouée jette de la Gaie té dans
les entretiens ; un évènement heureux rép and la
Joie jufqu’au fond du coeur. On plaît aux autres
par la Gaie té ; on peut tomber malade & mourir
de Joie. ( L e chevalier DE J AU COU RT. )
L e premier degré du fentiment agréable de notre
exiftence eft la Gaieté. L a Joie eft un fentiment
plus pénétrant.
Les hommes qui ont de la G a i e t é n’ étant pas
d’ordinaire fi ardents que le refte des hommes ,
ils ne font peut-être pas capables des plus vives
Joies : mais le s grandes Joies durent peu , & laiflent
•notre ame épuifée. .
L a Gaieté, plus proportionnée à notre foiblefle
que la Joie, nous rend confiants 81 hardis; donne
un être & un intérêt aux cliofes les moins importantes;
fait que nous nous plaifons par inftinél en
nous-mêmes , dans nos poffeflïons, dans nos entours,
clans notre efprit, dans notre fiaffifanee , malgré d’affez
grandes misères.Cette intime fadsfaétion nous conduit
quelque fois à/ nous eftimér nous - mêmes par de
dès-frivoles endroits ; & i l me femble que les personnes
qui ont de la G a ie té , font ordinairement un
peu plus vaines que les autres. . ( L e Marquis DE
V A U VER ARGUES.)
L a G aieté eft oppofée à la Trijleffe , comme la
Joie l ’eft au Chagrin. L a Joie & le Chagrin font
•des fituations ; la Triftejfe 8c la G aieté font des
caractères. Mais les caractères les plus fuivis lon(t
fouvent diftraitspar les fituations : & c’eft ainfi qu’i l
arrive à l ’homme trille d’être ivre de Joie ; Se à
l ’homme g a i , d’être accablé de Chagrin ( AN ONYME.
)
( N . ) J O U R , JO U R N É E . Sytionymes.
. I l me femble qu’ i l en eft de la Synonymie de
ces deux termes , comme de ce lle d’A n & Année.
V o y e z A n , A n n é e . S y n .
- Le ' Jour eft un élément naturel du temps , comme
V A n en eft un élément déterminé': de là-vient
que l ’on fe fert du mot Jour pour marquer' uné
'époque, ainfi que pour déterminer l’ étendue d’une
durée; de même que l ’on fait abftradtion de l ’ étendue
des points élémentaires, on envifage aufli le Jour
fans attention à fa durée.
L a Journée eft envifagée au contraire comme
une durée déterminée & divifible en plufîeurs parties
, à laquelle on raporte les évènements qui
peuvent s’y rencontrer ; de là vient que l ’on qualifie
la Journée par les évènements mêmes qui en remp
li (Te nt la durée.
t L a femaine eft compofée de fept Jours ; le
jnois ordinaire, de trente Jours ;& l ’année , de trois-
cen.s foixante cinq Jours. Ondéfigne la vie entière
par la pluralité de .fes éléments : nous avons vu 4c nos Jours ‘ade grands évènements : quand oa a
G ram m , et L i t t é r a t . Tome I L *
paifé fes beaux Jours dans l ’oifivété ou dans lu
débauche , ou eft prefque afftïré .de pafter fes vieux
Jours dans la misère ou dans la douleur.
• L a Journée ( Diâr. de l ’Acàd. 1 7 6%) eft l ’efpace de
temps qui s’écoule depuis l ’heure où l ’on fe lève jufi.
qu’à l ’heure où l ’on le couche. Quand le temps eft
ferein & ■ doux , i l fait une belle Journée. Une
Journée eft heureufe ou malheureufe , agréa?-
ble ou trifte , à raifon des évènements qui s*y
paîTent. L a Journée de Malplaquet fut fàcheufé
pour la France ; c e lle de Fontenoy fut glorieuféi
O n donne aufli le nom de Journée au travail que
l ’on fait dans le cours d’une Journée, & fouvent au
falaire même de ce travail.
L e mot c!e Jour fe prend quelque fois pour là
clarté du fo lè il quand i l eft fur l ’horizon ; 8c
quelque fois pour les ouvertures pratiquées dans
un bâtiment à deflein d’y introduire cette c la r té :
dans aucun de ces deux fiens Jour n’eft fynonyme
de Journée ; 8c les exemples qui ne fe prèteroiene
point aux diftinétions que l’on vient d’aflîgner ,
rentreroieat à coup sur dans l’un des deux , foie
proprement foit figurément. { M . B eauzée. )
J O U R N A L , f. m. Littérat. Ouvrage, périodique,
qui contient les extraits des- livres nouvellement
imprimés, avec un détail des découvertes que l ’on
fait tous les jours dans les arts & dans les fciences.
L e premier Journal de cette efipèce- qui ait
paru en France , eft celui qu’on appelle le Tournai
des j'avants , qui a été inventé pour le {oulage-
ment de ceux qui font ou trop occupés ou trop
pareffeux pour lire l e s . liv res. entiers. C ’eft un
moyen de fadsfaire fil eùriofité, & de devenir fa-
vant à peu de frais. Comme' ce dëflein a paru très-
' commode & très-utile, i l a été imité dans la plupart
des autres pays fous une infinité de titres differents.
: ■
D e ce nombre font les A cia eruditorum de
Lé ipfîc; les Nouvelles de la république des Le ttres
, de M. Bayle ; la Bibliothèque univerfelle
choifie y ancienne & moderne , , de M. L e C lerc ;
les Mémoires de T r év ou x , &c. En 16 9 1 , Juncket
a publié en latin un Traité hifiorique des Journaux
des f i v a n t s , publiés en divers endroits de
VEurope ju fq u ’à préfent. Wolfius , Struvius ,
Morhoff , Fabricius , ont fait à peu près la même
chofe.
Les Mémoires l ’Hiftoire de l ’Académie des
Sciences ; ce lle de l’Académie des Belles-Lettres;
les Éphémérides ou Mifceltanea natures curio-
forum ; les S ag gi di naturali efp.erien\e f in ie
nel A c a ie mi a del Ciment o j les A Sla p hilo -
exoticorum natures & a r c s , qui ont paru depuis
Mars 1686 jufqu’en A v ril 16 8 7 , & qui font une
Hiftoire de l ’Académie de Brefcia ; les M ifc eL
lanea berolinenfia, ani font en la tin ; l ’Hiftoire
de l ’Académie royale des Sciences. & Belles-
Lettres 4e Pruife j qui eft en fr an cols ; lés Com-^'