
J e ne reconnnois pour articulations liquidés
<^ue les deux L & R. Cependant les, grammairiens
de toutes les langues cultivées regardent encore
comme liquides les deux nazales M & N :
« parce qu’étant employées à la fuite d’une autre
* confonne dans une même fyllabe , elles font
» fort coulantes , & fe prononcent plus aifément
° aut.res con^°nnes en l a même place. »
~.eft , , .raif° n 9u*en' donne le Di&ionnaire de
a Academie , 1762.
^e. Pei'fifte neanmoins à ne regarder comme
liquid es que L & R : i ° . parce q u e lle s font les
leules qui , dans le fyftême des articulations , ne.
puilient etre ciaffees autrement ou fous un autre
dénomination 2°. parce que M & N , déjà placées
dans d’autres claffes de ce fyftême , ne me
paroiuent pas en effet plus coulantes , par exemp
le , dans agnation, Alcmène , que d dans rabdo-
in a n c ie , s dans pfeaume, t dans Ctéfiphon , 7 dans
C \ a r , &c. x
_ •j avoue j. . j «1 u tL l(U iU I1 5 -tVl j IN j
> K > ont «es caractères communs qui les rapprochent
, & qui ont pu induire les premiers no-
* f es déclarer également liquides.
1 . b ile s font egalement, confiantes , & ce font
le s leules articulations organiques qui ayent ce
caraètere : a0, dans les étymologies , M & N
d une part, fe prennent aifément l ’une pour l ’autre ’,
a xaufe de la nafalité q u i leur eft commune’
i ^ a y e i Nasal); N , L & R , d’autre pa rt, font
commuâmes entre e l le s , parce qu’elles font toutes
trois produites par le mouvement de la pointé
de la langue. Mais tout cela ne fait pas la 71-
g u id i t e .. ( M . B e a u z ê E. )
( id -) L I R E , v. a61. C ’eft rendre les mots
K les difeours entiers, tels qu’ils font repréfentés
par les caraélères & les combinaifons de ces carac-
ïeres autorifées par l'ufage national.
C e n’étoit pas affez d’avoir imaginé de repré“-
len te r , par des lettres , les fons élémentaires qui
«onftituent les fyllabes & les mots ; i l falla it
encore, convenir d’une manière de peindre la fuc-
ceffion de ces éléments de la p a ro le , en fixant aux
jeux ceUe des le tt re s , des fy llab e s , & des mots.
•La lucceffion des caractères fe peint naturellement
en les mettant de fuite & en lig n e s , en remp
i l a n t une page de ces lignes difpofées dans un
certain md re , & en déterminant aufli l ’ordre de
l a lucceffion des pages ; & tous ces arrangements,
eüendettement arbitraires , ne peuvent être fixés
que par l ’ufage national.
O r i l y a vingt quatre manières de difpofer
les lignes pa ra llèlement, fans interrompre la con-
tinuité du difeours écrit , qu’autant que l'exige
U néceffité indifpenfable de changer de lignes
« de pages. Les lignes, en effet font ou horizontales
ou verticales. Dans le premier cas , le*
lettres font difpofées ou feulement de droite
a gauche -, ou feulement de gauche à droite , ou
alternativement de ces deux manières en lillonnant.
Dans chacun^ de ces trois fyftêmes , l ’ordre des
lignes peut etre ou du haut en bas , ou du bas en
haut, ce qui en fait réellement fix. Dans le fe-
cond cas , les lettres vont ou feulement dh
haut en bas, ou feulement du bas en haut , ou
alternativement des- deux manières par filions ;
dans chacun de ces trois fyftêmes , l ’ordre des
lignes peut être ou de droite à gauche , ou de
gauche a droite ; ce qui en fait encore fix. V o ila
donc en effet douze fyftêmes d’écriture qui peuvent
etre doubles & portes à vingt quatre, par la manière
de difpofer les pages ou de droite à gauche,
ou de gauche à droite.
Mais i l ne s’agit point ici du poflîble , i l n’eft
queftion que de ce qui a été réellement ufité dans
1 écriture littérale : & i l n’y a eu que trois de
ces fyftemes qui ayent été adoptés ; car la maniéré
des Ch in o is , qui difpofé les caraélères de
haut en bas par des lignes verticales, ne doit pas
être comptée comme une fyftême d’écriture littérale
, parce que leurs caraélères font fymboliques.
Ces trois fyftêmes ont été expliqués à Y article
B u s t r o p h e : & des trois , i l n’y a plus que le
premier & lé dernier qui méritent aujourdhui attention
; l ’un, parce qu’i l eft propre aux langues
orientales, foit anciennes foit modernes ; l ’autre ,
parce que c’eft celui du grec, du la tin , &des langues
modernes dé toute l ’Europe.
L ’art dé lir e , dans l ’un & dans'l’autre fyftême ,
eft abfolument le même , à l ’ordre près , qui d’un
côté va de droite à gauche , & de l ’autre de gauche
à droite : & tout le mécânifme de cet art fe
trouve dèvelopé dans les articles É p e l e r ,
S y l l a b e , S y l l a b a i r e , &c.
Mais la lecture des langues orientales a une
difficulté qui leur eft propre , en ce que la plupart
des mots y font écrits fans voyelle s .; C ’ eft
pour y fuppléer en quelque, forté , . qu’on a introduit
, dans récriture hébraïque dès livres fàints,
une foulé de points prefque imperceptibles, diver-
fement- arrangés & combinés ;, auxquels’oh a donné
le nom de points- voyelles' ( punéta Vocalia ). O n
peut voir ( art. P o i n t ) le détail dé ces'fignes
ce qu’on en a penfé dans les derniers temps , 8c
la méthode - imaginée par Mafclef pour lire fans
ces points-voyelles lés langues orientales. E l le
confifte à fuppofer ' après chaque confonne la
voyelle a u xiliaire dû nom alphabétique de cette
confonne , quand elle n ’eft p a s fu iv ie d ’un autré
voyelle écrite.
- Pour donner une idée de cette méthode , je
vas préfenter ici l ’alphabet hébraïque moderne ,
avec les noms & les valeurs de chaque le t t r e ,
d’après^ les obferyations mêmes de Mafclef , &
quelques autres.
A
Lettres.
L t* H A B
Noms. I
E T ; H E B R
V aleurs .
EU»
Epellation.
N Ateph. B a. a.
3 Be th . b. bé.
x Ghimel. g guttur. - 7. ß k ‘ .
*T . Dctleth. a. da..
n H i . é j *• é.
1 Oiiaou» | ou» v . ou.
r Za 'in . z. \a.
n . Heth. h e ; hé.
u Tech. t. té*
Jod. i. i,
3 Chaph. k h , x* kha.
i b Lamed. 1. la.
a Mem. m. mé.
3 N o u n . n. non.
D Samech. ‘ •s'-; ^ sa.
y A m . h a ; a. ||i ha.
a P h i . pb , f j p h é ou f é .
X Tsade. ts. 11 tsa.
P K o u p h . k , c dur. kou. B Refch. . r. ré.
. w Schin. ch fran çois . B m 1
n Thau. th ; 0. thau.
* I l faut remarquer i ° . que Mafclef a été mon
guide fur les noms & fur la valeur des lettres en
g é n é r a lm a is que j’ai pourtant cru devoir l ’abandonner
fur la valeur du ^ , que je regalde comme
notre ch françois dans cheval, chôpine, ch ute, &c.
Je fuis autorifé en cela , non feulement par l ’exemp
le des hébraïfants attachés à la pon&uation maf-
forétique , mais' par la comparaifon des 'remarques
mêmes . dé Mafclef ( Gram, héb'r. cap. T.
n. i j . litt. ). Saint’ Jérome , félon lu i , re-
connoît que les hébreux avoient trois S , qui
avoient des fons différents , & que le repréfentoit
un fifflernent qui ne fe trouve point en la t in ,
Jlridor quidam non noftri fermonis .inte rfl répit :
or le fon de SS , adopté par le chanoine d’Amiens,
n’ étoit pas inconnu en latin» > & le fon de notre
ch n’y étoit point connu 5 pourquoi ne feroi't-ce
pas. celui du des hébreux , de qui nous pourrions
bien l ’avoir, emprunté, comme bien d’autres
chofes que nous tenons d’eux ? Si l e s , Septante
& autres anciens interprètes ont repréfenté ce caractère
par le 2 grec ou par le S latin , c’ étoit
uniquement faute d’un caradère plus propre.
I l faut remarquer 20. qu’en conféquence de la
règle propofée par Mafclef pour lire l ’hébreu fans
jo in t s , iorfque les confonnes n’y font fuivies d’aucune
v o y e lle écrite , i l faut les prononcer avec
la v o y e lle qui fe trouve au nom qu elles ont dans
l ’alphabet, ainfi que je l ’ai marqué dans la quatrième
colonne fous le titre É p e lla tion . I l eft
feulement néceffaire d’obferver qu’on ne’ doit rien
ajouter après une confonne finale , que le fimple
fehéva ou e muet qui fert à la faire fonner. A in f i ,
pour lire le mot ^ n>Y a cl ue <l uatre con“
fonnes ,• i l faut commencer par la droite, & prononcer
P h è - la -ch i- th , & de fuite Phélachith.
D e même pour lire le mot o S l A , i l n’y a à
fuppléer qu’après les deux premières confonnes en
commençant par la droite , parce que la troifieme
eft: fuivie-d’un t . i l faut donc dire G h i-d a - lim ,
& fans interruption Ghidalim.
Quoique je ne prétende pas juftifier ici le fyf-
terne de M a fc le f, dont Les fondements font fuffi-
famment établis dans l ’édition de fa Grammaire ,
terminée en 1731 par les foins de M. de la B l e t -
te r ie , qui en a mis la juftification à la fin du
tome fécond, fous le titre de Novoe Grammaticce
argumenta ac vindicice , ce qui a encore été
traité fommairement & favamment dans la préface
des Rac ines hébraïques fa n s points-voyelles par
le P. Houbigant de l ’Oratoire 5 je né peux me
difpenfer d’obferver qu’anciennement les latins
n’écrivoient pas , après une confonne , la v o y e lle
dont elle eft fuivie dans fa dénomination alphabétique
: iis écrivoient deimus pour decimus ;
bne pour bene ; cra pour cera ; krus , knus , pour
ca ru s , canus ; 8cc. Nous tenons cette obfervation
de Scaurus ( D e Orthogr.). E lle eft d’un préjugé
favorable pour le fyftême dont i l s’agit ; & i l
pourroit bien n’être pas fi éloigné qu’on l ’ima-
' gine de l ’ancienne manière d’écrire & de lire. C ’eft:
un motif de plus pour défirer qu’on l ’adopte uni-
yerfellement ; parce que fefant difparoître les difficultés
très-grandes & très-nombreufes qui furchar-
gent l ’art de lire fuivant la méthode manorétique,
i l feroit aifé d’initier, de bonne heure & par degrés ,
dans la lecture & l ’écriture des langues orientales
anciennes , & fpédalement de l ’hébreu , les jeunes
gens que l ’on deftine au cours ordinaires des études :
car on ne fauroit fe diffimuler que le la t in , le
o re s , & l ’hébreu font des mines riches , qui renferment
les fources de l ’érudition la plus agréable ,
la plus utile , & la plus précieufè tout à la fois.
( M . JB E A U Z É E . )
( N ..) L I T O T E , f. f. Figure de penfée par
fift io n , qui confifte à déguifer une affirmation po-.
fitive par la fimple négation du contraire, &
dont 1 effet eft de donner à l ’affirmation ainfi dé-
guifée plus d’énergie & de. poids. Ce tour pris à
la lettre paroît affoiblir la penfée j mais on fait
bien que les idées acceffoires en feront fentir toute
la forceN
Quand Chimène dit a Rodrigue ( Cid. III. 4 . )
V a j j e ne te hais p oint ; elle lui fait entendu