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xence que ce lle qu’i L j a du fort au foible. Si le
àigamma de Claude ne' fit point fortune, c’eft que
cet empereur n’avoit pas enrijiain un moyen de
communication auffi p rom p t, auffi su r , & auffi
efficace que notre imprefijon : c’éft par là que nous
avons connu dans les derniers temps, & que nous
avons en quelque manière été contraints cfadopter
tes caraéteres diftinéfs que les imprimeurs ont
affeéles aux voyelle s i 8c u , 8c aux confonnes j
& v. J
I l femble . donc néceffaire de conclure de fout
c e c i , que les romains prononçoient toujours i de la
même manière., aux différences profodiques près.
Mais fi cela étôit, comment ont-ils cru & dit eux-
mêmes quris avôient un i çonfonne ? c’eft q u ils
avoient fur cela lès mêmes principes , .ou , pour
mieux dire , les memes préjugés què M. Bomdin,
que les auteurs du di&ionnaire: de Trévoux , que
M . du Marfais lu i-m êm e , qui prétendent dlfcerner
un i çonfonne, différent de notre/*, par exemple,
tlans les mots a ïeu x , fo y e r , moyen , p ty e u r ;
voyelle , que nous, prononçons a - ie u x , fo i- ïe r
m o i-ïen , p a i-ïeu r , voi-ïelle g M M. Boindin & du
Marfais appellent cette prétendue çonfonne un
■ mouille'-faible.- Voye^ C o n so n n e . Les italiens 8c
le s allemands nappellèntrils pas çonfonne un i
ree l qu ils prononcent rapidement devant une autre
v o y e lle ? 8c ceux-ci n’ont-ils pas adopté à peu près
notre ƒ pour le repréfenter ? ' . - /
... ™oi 5 Ie avoue; j je n’ai pas l ’oreille affez
cfelrcate pour apercevoir1, dans tous les exemples
que I on en pite,^ autre çhofe que le Ton fôlble
& rapide -d un i,* je ne me doute pas même de la
moindre preuve qu on pourroit me donner qu’il-y
5 ^ Je n’en ai encore trouvé que
des afferrions fans preuve. Ce feroit un argument
bien foible que- de prétendre que cet i , par exemp
le , dans p a y é -, eft çonfonne., parce..que le fon
ne peut-en être continué par une caden® mufieale ;
comme celui de toute autre v o y e lle . Ce qui emi
-pêche cet z d’êtrè-cadencé, é.’eft qu’i l efi la v o y elle
prépo-fitive ; Tune diphtlionguè ,. qu’i l ? dépend pair
confequent *d’une fîtuatîon momentanée dès organes V
fubitement remplacée par une autre fituation qui
produit la v o y e lle poftpofitive ;. & q u e . ces fit.ua-
jions doivent en effet Ce fuccéder rapidement, parce
qu elles ne doivent produire qu’un fon , quoique
compofe. Dans lu i ,* dira-t-on que u fait une: con-
lo n n e , parce .quon .eft forcé de paffer rapidement
lur la^ prononciation de.cet; zzrpo.iir prononcer i dans
•le même inftant ? Non ; u i dans lu i eft une diph-
rhongue compofée des deux voyelles u 8c i ; ïé dans
p a i- ïe en eft une autre , compofée de i 8c de é.. i,-.
Je reviens aux latins : un préjugé pareil fuififoit
pou r décider chez eux toutes lès difficultés dè Pro,
lodie qui naitroient d’une affertïon contrairé ; Sc
les preuves que j’ai données glus haut de Texif-
tence d un i çonfonne parmi eux , démontrent plus
tôt la réalité de leur opinion que ce lle de la
I
choie : mais!
ont cru.
me fuffit ic i d’avoir établi ce qu’ils
Quoi qu’i l en f o i t , nos pères, en adoptant Tal-
phabet latin , n’y trouvèrent point de cara&ère
pour notre articulation je ' : les latins leur annon-
çoient un z çonfonne , & ils ne pouvoient le pro-
noncer que par j e ; ils en conclurent la néceffité
d employer I2 la tin , & pour le fon i 8c pour l ’ar-«'
ticulation j e . Ils eurent donc raifon de diftinguer
12 vo y e lle de l ’i çonfonne. Mais comment' gardons
nous encore le même langage ? Notre orthographe
a changé, le bureau typographique indique
les vrais noms de* nos lettres , & nous n’avons pas
le tourage d’être conféquents & de les adopter.
( ? L e D iffion ri.de l ’Académie feroit l ’ouvrage
le plus propre a introduire avec fuceès un changement
fi raifonnable. O n y a véritablement diT
tmgue ces deux lettres , & féparé eh deux articles
les mots qui commencent par l ’une ou par l ’autre;
& ôn a fait la même chofe de u 8c àebv : mais
on n’a pas fuivi cette diftindion pour régler l ’ordre
alphabétique des mots fous les autres lettres. O n
fuit ngoureufement , dans ce Dictionnaire, ce
lyfteme alphabétique ).
J eft. donc la neuvième lettre & la troifième
vo y e lle de l ’alphabet françois. L a valeur primitive
& propre^ de ce caractère eft de repréfenter le fon
fo ib le , Qèlie , & peu propre au port de. voix que
prefque tous les peuples de l ’Europe font entendre
dans ,lçs fyllabes du mot latin inimici. Nous >re-
prefent.ons ce.fon par um-fimple trait perpendicu-*
laire , & dans 1 écriture courante nous mettons un
point au. ;denus , afin d’empéçher qu’on ne le prenne
pour le jambage de quelque lettre voifine. A u
refte., i l eft fi, aifé- d’omettre ce p o in t , que l ’attention
à le mettre eft regardée comme le fymbole
d’une exaditude vétiJleufe ; c’eft pour cela qu’ en
parlant d un homme exaCt dans les plus petites
chôfes, on dif qu’i l met le s points fur les 2.
i Les imprimeurs appellent ï tretna- , celui fur
leq u e l on met deux points difpofés horifontalemenc
: quelques grammairiens donnent à. cès deux
points le nom de dierèfe ; & j’approuverois affez
cette dénomination, qui ferviroit à bien caraCté-
rifer un fîgn.e orthographique, leque l fuppofe effectivement
une^ feparation, , çn e divifion Centre deux
.voyelles: divijîc',.de JWf/w,.diyido.. 11 y a
deux cas ou i l faut mettre la diérèfc fur une
v o yelle . L e premier, eft quand i l faut la détacher
d’une vo-yélle précédènte , avec laque lle e lle feroit
une diphtlionguè fans cette marque de féparation :
ainfi, i l faut écrire L a is , M o ïje avec la diérèfe,
afin que 1 on ne prononce pas comme dans les
mots la id , moine.
L e fécond cas eft quand on veut indiquer que
la v o y e lle precedente n eft point muette comme
elle a coutume de l ’être en pareille pofition , $ç
qu’elle doit Ce faire entendre avant ce lle où l ’on
met les deux points.; àinfi, i l faut é cw e x o n tig u ü ê
I I
avaCjdlérèfe, afin qu’on le pronôttéê autrement que le
rooe guidé. V ôy e\ D i é r è s e .
I l y a quelques auteurs qui fe fervent de l ’ z
tréma dans les mots où l ’ufage le plus univerfel
a deftiné Yy à tenir la place de deux i i : c’eft un
abus qui peut occafîonner une mauvaife prononciation
; car ii au lieu d’écrire pay e r , envoyer, moyen,
o n écrit païer:, envoler , moïen, un leCïeur con-
féquent peut prononcer p a-'ier, envo-ïer, -mo-ïen ?
jde même que l ’on prononce p a -ïen , a - jeu x .
C ’eft encore un abus de la diérèfe que de la
mettre fur un 2 à la fuite d’un e accentué , pvarce
que l ’accent fuifit alors pour faire détacher les
deux voy elles ; ainfi i l faut écrire athéifme, réintégration
, déifié 3 & non pas athéifme, ré'inté-
g ra tio h , déifié.
Notre orthographe affujettit encore la lettre 2
à bien d’autres ufages, que la raifon même veut
que. l ’on fuive , quoiqu’elle les défaprouve comme
ihcoliféquents.
i ° . Dans la diphtlionguè oculaire A I , on n’entend
le fon d’aucune des deux voyelles que l ’on y
voit.
Quelquefois a ï fe prononce de même que Ve
muet; comme dans fa i fa n t , nous fa ifo n s , que
Ton prononce f e f a n t , nous fe fo n s : i l y a même
quelques auteurs qui écrivent ce mot avec l ’e
muet , de même qüe j e fe ra i s nous fe r ion s . S’ils
s’écartent en cela de l ’étymologie latine face re
& de l ’analogie 'des temps qui confervènt a i ,
comme f a i r e , f a i t , vous fa i t e s , 8cc ; ils fe
raprochent de .l’analogie de. ceux où l ’on a adopté
univerfellement Ve muet , & de la vraie prononciation.
D ’autres fois a i fe prononce de même que Y é
fermé; comme dans ) adorai, je commençai, fa d o-
fe rd i, je commencerai, & les autres temps fembla-
bles de nos. verbes en er.
Dans d’autres mots, ai tient la place d’un è peu
ouvert ; comme dans les mots p la ir e , fa ir e ., m B
fa ir e y corj.traire , vainement, 8c en général partout
où la v o y e lle de la fyllabe fuivante eft un e
muet,
Ailleurs ai repféfente un è fort ouvert; comme
dans les mots d a is , f a i x , m a is , p a ix , p a la i s ,
portraits , fou h a its . A u refte , i l eft très-difficile,
pour ne pas dire impoffible , d’établir des règles
générales de prononciation, parce que la même
diphthongue, dans des cas tout à fait femblables ,
fe prononce diverfement ; on prononcé je f a i s ,
comme je f é s ; 8c je f a i s , comme je f ê ï .
Dans le mot douairière , on prononce zzi comme
a i douarjère.
Ç e^c enc6re a peu près le fon de Ye plus ou i
moins ouvert, que repréfenre la diphthongue oculaire
a i , lorfque fuivie- d’une m ou d’ une n , elle
doit devenir nazale ; comme dans fa im ,p a in , a in f i,
maintenant, ,&c. ' T?
^ L a diphthongue oculaire £ 1 eft à peu près
g P
affujettie aux mêmes ufages que A I , Ci ce n’eft
qu’e lls ne repréfente jamais Ye muet. Mais e lle
fe prononce quelquefois, de même que Y é fermé ;
comme dans v e in é , p e in e r , fe ign eu r , 8c tout
autre mot où la fyllabe qui fuit ei n’a pas pour
Voyelle un e muet. D ’autres fois ei fe rend par
un è peu ouvert ; comme dans veine , peine ,
' enfelgne , '& dans tout autre mot où la v o y elle de la
fyllabe fuivante eft un e muet : i l en faut feulement
excepter reine, fe in e 8c fei-^e , où. ei vaut
un | fort ouvert. Enfin Yei nazal Ce prononce comme
a i en pareil cas : p le in , f e i n , é te in t , $cc.
3 °. L a v o y elle 2’ perd encore fa valeur naturelle
dans la diphthongue O I , qui eft quelquefois impropre
& oculaire , 8c quelquefois propre & auriculaire
.“ •
Si la diphthongue oi ri’eft qu’oculaire, e lle repréfente
quelquefois Yé moins ouvert ; comme
dans fo ib le , i l dirait ,•1 8c quelquefois Yé fort
ouvert, comme dans anglais , j’a v o îs , ils avoient.
Si la diphthongue oi eft auriculaire, c’ eft à dire,
qu’e lle indique deux fons effectifs que l’ o reille
peut difeerner; ce n’eft aucun des deux qui font
repréfentés naturellement par les deux voyelles o
Sc i : au lieu de o , qu’on ■ y prenne bien garde ,
on prononce toujours ou; & au lieu de i , on prononce
un è ouvert qui me femble approcher fou-
vent de Y a : devoir, fournois , lo i s , moine, p o i l ,
poivre, 8cc.
Enfin , fi la diphthongue auriculaire oi , au
moyen d’uné n , doit devenir n a za le , l ’z y défigne
encore un e ouvert ; loin , fo in , témoin; jo in ture
, &c.
C ’eft donc également un ufage contraire à la
deftihation primitive des lettres 8c à l ’analogie de- 1 Orthographe avec la prononciation , que de repré-
fentes le fon de Yé ouvert par a i , par e z , & par oi ;
8c les. écrivains modernes qui ont fiibftitué a i à oi
partout où cette diphthongue oculaire repréfente
Yé ouvert, comme dans ang lais , fr a n ç a is , je i
l i f i i s , i l p o u r ra it, connaître, au lieu d’écrire,
a n g lo is fr a n ç o i s j, je lifo is , i l pour ro jt, con
noitre ; ces écrivains, dis - jé , ont remplacé un
inconvénient par un autre auffi réel. J’avoué que
Ton . évite par là l ’équivoque de Yoi purement
o culaire , & de i ’oz auriculaire : mais on fe charge
du rifque de choquer -le s yeux de toute la nation,
que l ’habitude a affez prémunis contre les embarras
de cette équivoque'; & l ’on s’expofe à une jufte
cenfore , en prenant en quelque forte le ton ié-
giflatif dans une matière où aucun particulier ne
peut jamais' être légiflateur , parce que l ’autorité
iouveraine de l ’ufage eft incommunicable.
Non feulement là lettre i eft feuvent employée
à lignifier autre chofe que le fon qu’elle doit primitivement
repréfenter ; i l arrive encore qu’on
joint cette lettre à quelqu’autre pour exprimer
Amplement cé fon primitif. Ainfi , les lettres Ui,
ne repréfentent que le fon fimple de l ’ z dans les mots
M m • a.