
a u ill, ne. manquera pas de donner le change a
Tefprit.
J’avoue encore que ces de, i e , u e , dans la
fuite du difcours , même fans é lifîo n , ne me choquent
pas tant que bien des gens, dont l ’organe
eft peut-être plus délicat que le mien. Je prends
garde que la langue grèque abonde en ces concours
de vo y elle s; f lom è r e , l ’harmonieux Homère en
eft plein. O r la langue grèque e f t , de l ’aveu des
anciens & des modernes , la langue du monde la
plus douce : donc, &c. C e n’eft qu’une induftion ,
une préfomption ; mais les précomptions bien fondées
valent mieux que les raifonnements, quand
ceux-ci portent fur des circonftances douteufes, &
dont i l eft trop difficile d’affigner le dénombrement;
du refte, i l ne faut que faire attention aux
trois prétérits , aux trois futurs, & à cent autres fineffes
de la langue grèque , pour fentir combien le
peuple chez qui elle s’eft formée doit avoir eu les
organes de l ’oreille & du cerveau Toupies & délicats.
I l n’eft pas étonnant que l ’angldis, qui n’a ni
conjugaifon ni terminaifon diftinétive des verbes,
où Ton ne dit prefque que moi aujourdhui amour,
moi hier amour, moi demain amour; pour j ’aime
au jourd hu i, j ’ aimois hier , j ’ aimerai demain ,
n’ait point aufll de genres ni de terminaifons dif-
tin&ives pour fes àdjeéfifs féminins ; elle n’en a
pas même pour défîgner le pluriel de fes adjeftifs
quelconques, quoique fes fubftantifs ayent un p lur
ie l , philofophical tranfacïions. Seroit-ce à l ’intelligence
de leurs ancêtres que les anglois doivent
en faire honneur ? Rien ne marque mieux au
contraire une origine de payfons groffiers; on y
a fuppléé fans doute par quelques lignes , par des
enclitiques : i l en a pu même quelquefois naître
des commodités & des grâces; i l en naît tout comme
des défauts; & ce n’eft pas merveille qu’un peuple ,
devenu depuis fi recommandable, & qui ne le
cède à aucun autre dans les Sciences ni dans les
A r t s , non plus qu’en Éloquence & en Poéfie, ait
trouvé le moyen de s’expliquer en fa langue ; mais
le vice d’origine y demeure empreint.
Quant à la difficulté d’apprendre une langue qui
a des genre s, o’eft encore â la balance des. inconvénients
& des avantages à décider la queftion.
( M . d e M .A i r a n . )
G R AM M A IR IE N , adj. qui eft fouvent pris
fubllantivement. I l fe dit d’un nomme qui a fait une
étude particulière de la Grammaire.
Autrefois on diftinguoit entre Grammairien &
Grammatifle : on entendoit par Grammairien ce
que nous entendons par homme de L e ttr e s , homme
a érudition, bon critique ; c’eft en ce fens que
Suétone a pris ce mot dans fan livre des Grammairiens
célèbres. V o y e \ c i-devant Varticle G ens de
JuETTRES.
Quinciliep dit qu’un Grammairien doit être
ph ilo foph e, orateur; avoir une vafte connoiffance
de l ’Hiftoire ; être excellent critique, & interprète
judicieux des anciens auteurs & des poètes ; i l veut
mcme que fon Grammairien n’ ignore pas la Mu-
fique. Tout cela fuppofe un difeernement jufte &
un efprit philofophique , éclairé par une faine L o gique
& par une Métaphyfique folide. M ix tum in
his omnibus ju d ic ium eft. Quintil. in jl. orat. lib. i .
c. iv.
Ceux qui n’avoient pas ces connoiflances & qui
étoient bornés à montrer par état la pratique des
premiers éléments des Lettres , étoient appelés
Grammatifle s .
Aujourdhui on dit d’un homme de Le ttres , qu’/Z
e fl bon Grammairien, lorfqu’ i l s’eft appliqué aux
connoiflances qui regardent l ’art de parler & d’écrire
correctement.
Mais s’i l ne connoît pas que la Parole n’eft que
le figne de la pen fée, que par conféqueht Tart de
parler fuppofe l ’art de penfer ; en un mot, s’i l n’ a
pas cet efprit philofophique qui eft l ’inftrument
univerfel & fans leq u e l nul ouvrage ne peut être
conduit à la perfection; i l eft â peine Grammatifle
: -ce qui fait voir la vérité de cette penfée de
Qu intiiien, « Que la Grammaire au fond eft bien
au deflùs de ce q u e lle paroît être dfobord » : F lu s
habet in receffu quam in fron te promittit. Quintil.
in jl. orat. lib. I . c. iv. 'mit.
Bien des gens confondent les Grammairiens avec
les Grammatijles : mais i l y a toujours un ordre
fupérieur d’hommes ; q u i , comme Quintiiien, ne
jugent les chofes grandes ou petites que par ra-
port aux avantages réels que la fociété peut en
recueillir : fouvent ce qui paroît grand aux yeux
du vulgaire , ils le trouvent petit , fi la fociété
n’en doit tirer aucun profit ; & fouvent ce que le
commun des hommes' trouvent petit , ils le jugent
grand, fi les citoyens en doivent devenir plus
éclairés & plus inftruits , 8c qu’i l doive en réfultcr
qu’ils en penferont avec plus d’ordre & de profondeur
; qu ils s’exprimeront avec plus de juftefle , de
précifion , & de clarté ; & qu’ils en feront Bien plus
difpofés à devenir utiles & vertueux. [M. du M ait-
8aïs.. )
( N . ) G R A M M A T IC A L , E , adj. Conforme
aux règles de la Grammaire. Conflruclïon~grammaticale.
Exa ctitu d e grammaticale.
I l n’y a point de langue qui fe foit çonftam-
ment aflervie à l ’exa&itude grammaticale : les
vides de l ’E llip fe , les rédondances du Pléonafme ,
la plupart des idiotifmes en font des tranfgreflions ,
qui toutefois , loin d’être nuifibles dans les langues,
y Tont au contraire des fources précieufcs de beauté &
d’énergie. ( M . B e a u z é e . )
( N . ) G R AM M A T IC A L EM E N T , adv. Conformément
aux règles de la Grammaire. C e n’eft
pas aflez qu’un difcours foit grammaticalement
irrépréhenfible ; i l y faut de l ’élégance , de la noble
fie , & quelquefois de ces écarts heureux qui
s’élèvent au defius de la rigide inflexibilité des
règles. Qu are, dit Quintiiien ( In jlit . orat. I. vj.) ,
mihi non invenujlè dici videtur , a liud effe
latinè , a liud grammaticè loqui. Ce que dit ce
fage rhéteur de la langue la t in e , doit fe diré fans
exception de toutes les langues, (ikf. B e au zé e .)
G R A V E , adj. E n terme de Grammaire, on.
d i t , accent grave , accent a ig u , accent circonf
le x e ; & cela fe dit également & des différentes
élévations de la v o ix , & des lignes profodiques qui
les cara&érifent dans les langues anciennes , & des
mêmes caractères tels que nous les employons.au-
jourdhui, quoique deftinés à une autre fin. V oy e \
A ccent-. (M M . B eauzée & D o u e h e t . )
O n fe méprendroit au fens de ce mot , fi Ton
croyoit que , dans notre langue, les voyelles graves
ont un fon plus bas que les voyelles claires. L e
caraCtère de nos voyelles graves n’eft pas l ’abaif-
fement, mais le volume , la qualité du fon : par
exemple , dans repâffer, détrôner , g o û te r , Va ,
T o & Vou font plus renflés & plus fourds que dans
pla ce ry raifonner, d ou te r, mais l ’intonation eft
la même.
Les fons g ra v e s , pour la même caufe, font naturellement
longs ; mais ce caractère ne les diftingue
pas des Tons clairs qui peuvent auifi s’alonger , &
c’eft à quoi Ton s’eft mépris : le fon grave ne peut
pas être bref à caufe de fon renflement ; mais le fon
clair peut être lon g . Par exemple, Vo de v o le r ,
dérober, eft long , & n’eft point grave ; & foit dans
l a prononciation naturelle, foit dans lé chant, rien
n’empêche la voix d’appuyer fur Va de bocage &
fur Vo de couronne. L e ion c la i r , en fe prolongeant
, ne devient pas pour cela plus grave , parce
que l ’émiflîon en eft toujours éga le , & que fa
durée n’ajoute rien â fon volume naturel. Ain fi , en
donnant la même durée au fon clair & au fon g ra vé,
à Va de fa g e & â celui d’â g e , à Vo de couronne,
& â .celui de trône , à Vé de tê te , & à Ve de mu-
f e u e , on les diftinguera toujours. ( M . M a r m o n -
tel. ) .
G R A V E , SÉ R IEU X . Synonymes.
' U n homme grave n’eft pas celui qui ne rit
jamais ; c’eft celui qui ne choque point les bien-
Téances de fon état , de fon âge , & de fon caraélè're.
L ’homme qui dit conftammeur la vérité , par haîne
du menfonge ; un écrivain qui» s’ apuie tou jours fur
la raifon ; un prêtre ou un magiftrat attachés aux
devoirs aüftères de leur profeflîon ; un citoyen
obfcur , mais dont les moeurs font pures & foo-e-
ment réglées ; font des perfonnages graves .- fi leur
conduite eft éclairée & leurs difcours judicieux ,
leur témoignage & leur exemple auront toujours du
poids.
L ’homme fé r ieu x eft différent de l ’homme grave ;
témoin don Quichotte, qui médite & raifonne f é -
rieufement fes folles encreprifes & fes aventures
périllcufes. Un prédicateur qui annonce (les vérités
terribles fous des images ridicules, ou qui explique
des myftères par des comparaifons impertinentes ,
n’eft qu’un bouffon fér ieu x . { A n o e y m e . )
( N . ) G R A V E , S É R I E U X , P R U D E .
Synonymes.
O n eft Grave par fageffe & par maturité d’efprit.
O n eft Sérieux par humeur & par tempérament*
On eft Brade par goût & par affectation.
L a Légèreté eft l ’oppofé de la Gravité ; l ’Enjouement
l ’eft du Sérieux ; le Badinage i ’eft de la
Pruderie.
L ’habitude de traiter les affaires nous donne de
la Gravité. Les réflexions d’une Morale févère rendent
Sérieux. L e défir de paffer pour Grave fait qu’on
devient Pru de. ( L ’ abbé G i r a r d . )
G R E C , f. m. Grammaire , ou langue grèque
ou Grec ancien, e ft.la langue que parloient le s
anciens G r e c s , te lle qu’on la trouve dans les ouvrages
de leurs auteurs, Platon , A rifto te, ïfocrate,
Démofthène , Thucydide -, Xénophon, Homère 9
Héfiode , Sop h o c le, Euripide , &c. V . L a n g u e .
L a langue grèque s’eft confervée plus long temps
qu’aucune autre , malgré les révolutions qui font
arrivées dans le pays des peuples qui la parloient.
E lle a été cependant altérée peu à peu , depuis
que le fiège de Tempire romain eut été transféré
à Conftantinople dans le quatrième fiècle : ces
changements ne regardoient point d’abord l ’analyfe
de la langue , la conftruélion, les inflexions des
mots, &c. Ce n’étoit que de nouveaux mots qu’e lle
aquéroit, en prenant des noms de dignités , d’offices ,
d’emplois , &c. Mais dans la fuite , les incurfîons
des barbares, & furtout Tinvafion des turcs, y ont
caufé des changements plus confidérables. Cepenr
dant i l . y a encore à plufieurs égards beaucoup de
reffemblance entre le G r e c moderne & l ’ancien*
V o y e \ l ’ a r tic le f u i v a n t G r e c v u l g a i r e .
L e Grec a une grande quantité de mots; fes
inflexions font autant variées , qu’elles font fimples
dans la plupart des langues de l ’Europe. V o y e£
I n f l e x i o n .
I l a trois nombres ; le fingulier , le d u e l, & le
pluriel. ( Voye-{ N o m b r e ) : beaucoup de temps
dans- les. verbes ;• ce qui répand de la variété dans
le difcours, empêche une certaine sèchereffe qui
accompagne toujours une trop grande uniformité , &
r e n d cette langue propre â toutes fortes de ^ers- Voye-^
T e m p s .
L ’ufage des participes, de Taôrifte , du prétérit,
& les mots compofés qui font en grand nombre
d'aüs cette langue , lui donnent de la force & de
la brièveté, fans lui rien ôter de la clarté riécefi
foire.