
.ajoutait ce Logogriphe latin de fa façon, qui eft
véritablement le chef-d’oeuvre d’un maître.
Cortice fub gel:do référant mea vifcera fiammam.
A capite ad calcem refecare ex ordine membrà
S i libeat , varias ajfumam ex ordtne formas i
Spiffa viatori jam nunc protenditur umbra ;
R une defendo bonos & amo terrere nocentes ;
M o x intrare veto i fum denus denique & unus•
Unica f i défit mihi cauda, fitlere jübebo.
( S i le x , qui-, par le retranchement focceflif d’une
lettre , donne i l e x , l e x , e x , x ; & f i l e , en n ôtant
que la dernière lettre. ( M . M a r m o n t e l . )
L O G O M A C H IE , f. f. Littérat. C ’ eft un
mot qui vient du grec ; i l fignifie D ifpu te de
mots : i l eft compofé .de Ao?os , verbum , & de
futxtpai, pugno ; de la Atyop.à.x^ » verborum, ou
de verbis p u g n a . Je ne fais pourquoi ce mot ne
fe trouve ni dans Furetière ni dans Richelet. I l
fe prend toujours dans un fens défavorable ; i l eft
rare qu’i l ne foit pas appliqué à l ’un & l ’autre
parti : pour l ’ordinaire, te l qui le donne le premier,
eft celui qui le mérite le mieux.
O n ne peut qu’admirer l’efprit philofophique
de S. P a u l , cet illuftre élève de G am a lie l, q u i,
déclamant contre toutes les frivoles queftions qu’on
agitoit -de fon temps dans' les écoles d’un peuple
greffier , d’un peuple qui ne connut jamais les
premières notions d’une faine Philofophie , parle*
des Logomachies comme d’une maladie funefte ,
( I . T im oth . V'j. 4 . ) s t f 1 £ * t « « « xai Noyo/u.a.xia; :
maladie qui eft devenue en quelque forte épidémique
, & qu’on peut envifager en quelque façon
comme un apanage de l ’humanité; puifque toute
la fagefle de l ’O r ien t , une philofophie fondée for
l ’expérience', la révélation divine même, n’ont pu
en tarir le cours. Mais pourquoi-, d i r a - t - o n , ce
mal fâcheux attaque-t-il fortout les gens de Lettres
? pourquoi de vaines difputes fur les chofes
les plus viles & les plus ridicules occupent-elles
la majeure partie des ouvrages des Savants ? C’eft
qu’ i l eft peu de vrais Savants, & beaucoup de gens
qui veulent pafler pour l ’être.
L e mot de Logomachie peut fo rendre en trois
divers fens : i ° . Une difpute en paroles ou injures
; z°. une difpute de mots , & dans laquelle
le s difputants ne s’entendent pas; 50. une difpute fur
des chofes de nulle importance. ' *
Homère parle du premier fens, lorfqu’i l d i t ,
| lliad. I . |
' w fis * rte V arr//8<om Mittfan A ir r r nw i
L o g o m a c h i e , que toute la politeffe du fîècle Ce
des moeurs douces n’ont encore pu bannir de la
Littérature > toujours malheureufement en proie à
des frelons, à des âmes baffes, qu’une lâche envie
porte à injurier le petit nombre de ceux dont le
vrai mérite les offufque & dont la fopériorité les
humilie.
On trouve des exemples de la fécondé efpèce
de Logomachie, c’eft à dire, des pures difputes
de m o ts , dans tous les fié clés & dans tous les
divers genres de fciences. Les écrits des anciens
philofophès, partagés fur le fouverain bien , en
fourmillent : les jurifconfultes de tous les pays , fe
difputant for les premiers principes du Droit , &
venant tous par des routes différentes au bonheur
de la fociété , feul Ce vrai fondement des obligations
de ceux qui la compofent; tous ces divers
jurifconfultes, qui s’échauffent parce qu’ils ne s’entendent
p a s , ont extrêmement multiplié les éternelles
Logomachies littéraires.
Mais i l en eft une fource inépuifable dans la
fureur de vouloir expliquer ce qui de fa nature
eft inexplicable , je veux dire les myftères que la
Re ligion propofe à notre foi. Combien de volumes
pour Ce contre , immenfes recueils de Logomachies
, n’a pas produit le zèle indiferet de ceux
qui ont voulu démontrer ce qu’on devoit fe contenter
de croire? comment en effet ne pas bégayer
fur des chofes, que ceux même qyi font inlpirés
ne voient que confufément & comme à travers
un miroir ? Attendons prudemment. â en p a rle r ,
que, foivant les flatteufes efpérances que nous donne
l ’efprit divin, nous ayons le privilège de les voir
clairement & face à face.
Mais i l fa u t , nous dit l ’efprit de Dieu , qu i l
y ait des difputes. Sachons donc refpeCter une
néceffité ordonnée par la fageffe fouveraine, fi
même nous ne comprenons pas fon but : mais plus
prudents que les faux dévots, foyons juges plus
tôt qu’aCteurs dans ces difputes ; nous entendrons
beaucoup de Logomachies, Ce l ’on ne pourra
point nous en reprocher.
O n ne voit que Lomogachies de ce genre dans
les écrits des logiciens , des métaphyficiens , 8z
fortout des Critiques & des commentateurs.
L e troifième fefis qu’on peut donner au mot de
Logomachie -, eft des chofes futiles Ce d’une petite
importance , foivant en cela la-force du mot grec
\oyoç, qui fignifie , non feulement des 'paroles ,
mais auffi des bagatelles , des chofes viles. Les
Logomachies, dans ce dernier fens , feront donc
ce que Flaccüs appelle R ix a s de lana çaprina ,*
difputes qui font fans nombre dans' tous les fiec les,
& dont on peut dire qu’ i l n’eft aucune fcience qui
en foit exempte, & aucun Savant qui a cet égard
n’ait du plus au moins des reproches à fe faire.
Qui pourroit s’empêcher de r ire , lorfqu’on voit
_des Critiques, qui ont la réputation de Savants,
difputer avec chaleur , pour lavoir fi le poiflon
qui engloutit le prophète Jonas étoit mâle ou
femelle; lequel des deux pieds Énée mit le premier
fur le territoire latin ; quelle étoit la véritable
forme des'agraffes que portoient les anciens romains ;
8c une multitude d’autres queftions toutes auffi importantes
?
O n n’auroît jamais fait fi on vouloît raporter
toutes les queftions frivoles qui ont été agitées
dans la république ‘ des Le ttres, & qui ont toujours
dégénéré en miférables Logomachies : i>ca-
lig e r & Cardan aux prifes fur cette queftion Ues-
jinportante , A n hoedus tôt habeat pilas- quoi
caper : les jurifconfultes partagés fur celles - c i ,
A n ju s in bruta quoque animalia c a d a t S i t ne
a liq u id ju r is naturalis , nec ne i Sic'. L a P hyfiqu e
efl-elle une fcience ou un art 1 Sic.
L a nouvelle Philofophie nous promettoit, en
définiffant tous les termes , de prévenir toutes
Logomachies : mais c’e ft guérir une migraine
périodique par un mal de tête habituel ; p u i lq u en
multipliant les mots dans les définitions, on m ult
iplie néceffairement les difputes.
Le s fenfations ont produit beaucoup de Logomachies
; c’ eft que tous les hommes ne Tentent pas
de même , & qu’ i l eft difficile d’ exprimer ce qu’on
^ 1 1 fau t , dit-on dans l ’É c o le , pour prévenir des
Logomachies, bien établir l ’état de la queftion: !
mais le petit nombre de ces queftions , dont 1 état
peut bien s’étab lir , font précifement celles for
lefquelles i l n’y a pas lieu de difputer , & fur
l e f q u e l l e s même on ne pourroit pas le faire rai-
fonnablement. A u r<?fte, vu les travers de l ’efprit
humain, la vérité eft au"bout d’une route emba-
raffée de ronces & d’épines; 8c on n’y parvient
qu’après bien des Contradictions & des Logomachies
: mais prétendre que ces contradiétions & ces ;
difputes ont conduit les hommes à la vérité , ce
feroit vouloir, fe perfoadèr que, fans les inondations
& les naufrages, l ’animal appelé homme .n’auroit
pas fo nager. ( A n o n y m e . )
( N . ) L O I S IR , O IS IV E T É . Synonymes.
Tous deux font relatifs au temps & à la faculté
d’agir. L e Loifir eft un temps de liberté ; on peut
en difpofer p o u r agir ou* pour ne pas agir , pour
un gênee daétion ou pour u n autre. L 'Oifiveté
eft un temps d’inaétion; la liberté pouvoit en difpofer
autrement, mais elle a fait fon choix. U O i-
five té eft l’ abus du Loifir.
L e Loifir d’ un homme de bien occafîonne fouvent
beaucoup de bonnes aétions. L ’Oifiveté ne peut
occafionner que des maux.
Les troubles de la république romaine nous ont
-valu les oeuvres philofophiques de Cicéron : quelles
leçons nous aurions perdues, fi ce grand homme
s’étoit livré à ÏO ifiv e te ', au lieu de confacrer fon
Lo ifir à l ’étude de la fagefle 1 (ik?. B e a u z é e .I)
L O N G U E , adj. f. Grammaire. O u appelle
Longue une fyllabe relativement a une a u t r e , que
l ’on appelle brève , & dont» la durée eft de m o i t ié
lus c o u r t e , P ’oye^ B r è v e . L a longueur & la
rièveté n’ a p p a r t ie n n e n t jamais q u ’ à la v o y e l le ,
•ou plus tôt à la voix qui eft l ’âme de la fyllabe ;
les articulations font eflenciellement inftantanées Ce
indivifibles. ,
O n met un trait droit couché au deflus dune
v o y e lle , pour marquer qu’elle eft longue , comme
on y met un c couché, pour marquer qu’e lle eft
brève. Ainfî , on écriroit tempora., pour marquer
que la première fyllabe eft longue, Ce les deux
dernières brèves. ( M- B eAUZÉE.)
(N . ) L O U C H E , adj. C e mot fignifie, en
Grammaire. Qu i paroît d’abord annoncer un fens ,
& qui finit par en déterminer un autre tout différent.
11' fe dit particulièrement des phrafes, dont
la conftruétion a un certain tour amphibologique,
très-nuifible à la perfpicuïté de l ’élocution.
Ce qui rend une phrafo louche , vient donc de
la difpofition particulière des mots qui la compofent,
lorfqu’ils femblent au premier afpeét avoir
un certain~raport ,• quoique véritablement ils en
ayent un autre : c’eft ainfî que les perfonnes^fow^
paroiffent regarder d’un cô té , pendant qu en effet
elles regardent d’un autre.
Si l ’incertitude du raport d’un mot dans la coni-
tmétion caüfe une ambiguïté difficile à démeler ,
la phrafe eft équivoque : fi l ’incertitude n eft que
momentanée , & que bientôt après on découvre
clairement le véritable raport, la phrafe n eft que
louche. O n peut donc dire qu’une phrafe louche.
eft équivoque , mais à un moindre degré que c e lle
dont l ’ambiguïté ne peut pas fe demeler alternent.
_
Si , en* parlant d’Alexandre , on difoit ; Germa--
nicus a égalé f a vertu , & f o n bortheur n a fo r mais
eu de pareil : ce feroit , feion la remarque
1 151 de Vaugeias , une phrafe louche ; parce
que la conjonction & femble d abord reunir f a vertu
& fo n bonheur, comme complément du même
verbe a ég a lé , au lieu que fo n bonheur eft l e
fojet d’une fécondé propofition reunie à la première
par la conjonction copulative. Mais cette phrafe
n eft que louche i parce que l ’ambiguité qui le pre-
fente d’abord, difparoît dès que la période eft entièrement
prononcée. '
Je fais bien , continue Vaugeias , en parlant de
ce vice d’élocution ( & fon obfervation doit etre
adoptée ) : a Je fais bien qu’i l y aura allez de
a o-ens qui no-mmeront ceci un forupule, Ce non
» pas une faute ; parce que la lcCture de toute la
» période fait entendre le fens & n e permet pas d en
»douter! Mais toujours ils ne peuvent pas nier
» que le iefteur Ce l ’auditeur n’y foient trompes
» d’abord ; & quoiqu’ils ne le 'foient pas lon g
» temps, i l eft certain qu’ils ne font pas bien^ailes
» de 1 avoir été , & que naturellement on n a ime
» pas à fe méprendre : enfin c’eft une imperfection
» qu’ i l faut éviter , pour petite q u e lle fo i t ; s i l
» eft vrai qu’i l faille toujours faire les chofes de
» la façon la plus parfaite qu’i l fe peut , fortout
» lorfqu’en matière de langage i l s agit de la clarté
» de l ’expreflion ».
R r r 2,